Le 26 février dernier, le président sortant Abdoulaye Wade remportait le premier tour de l’élection présidentielle au Sénégal avec 34,81% des voix. Macky Sall, son ex-Premier ministre, arrivait second avec 26,58%.
Depuis, les deux candidats ont tenté de convaincre les électeurs indécis jusqu'à vendredi, dernier jour de la campagne électorale pour le second tour.
Macky Sall a notamment su rallier autour de sa candidature l'ensemble des douze candidats éliminés au premier tour et obtenu le soutien du chanteur Youssou N'Dour, écarté du scrutin par le Conseil constitutionnel. Le front commun "anti-Wade" ainsi formé a fait naître au sein d’une partie de l'opinion publique l'idée que le président sortant pourrait ne pas remporter l’élection.
Le Sénégal, nouveau modèle démocratique dans la région ?
En Afrique et ailleurs, ce second tour sera suivi de près, quelques jours après qu'un coup d'État militaire - toujours en cours - au Mali voisin a rappelé la fragilité démocratique de certains États africains. La région abrite en outre le mouvement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dont l’extension des activités dans la bande sahélo-saharienne inquiète.
"C’est le pays le plus stable d’une région en train de s’écrouler. Le président qui sera élu dimanche bénéficiera donc d’un soutien international", estime Mamadou Diouf, directeur de l'Institut d'études africaines à l'Université de Columbia, à New York, interrogé par FRANCE 24.
"Il faut souhaiter que le Sénégal devienne un exemple démocratique, que les Sénégalais règlent leurs problèmes par les urnes", déclare-t-il. Comme lors du premier tour, plus de 90 observateurs de l’Union européenne ont été déployés dans les 45 départements du pays vendredi, y compris en Casamance où sévit depuis 1982 une rébellion armée.
L’opposition entre les deux candidats est frontale mais il ne faut pas craindre de coup de force du chef de l’État sortant en cas de défaite, estime Mamadou Diouf : "Si Wade est battu, il devra partir. Il n’aura pas le choix car il n’aura pas les moyens de rester du point de vue politique", explique l’historien. Macky Sall a tout de même demandé à ses partisans de rester "vigilants", craignant des fraudes du camp du président sortant.
Le professeur de l’université de Columbia reste confiant quant au déroulé du second tour : "Le Sénégal a déjà montré dans des situations similaires que ses institutions lui permettaient de traverser ces épreuves." Le 19 mars 2000, battu par Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle, Abdou Diouf avait accepté sa défaite et quitté le pouvoir.
Un second tour dans la sérénité ?
Si, courant février, l’annonce de la candidature du chef de l’État sortant, Abdoulaye Wade, avait donné lieu à de violentes manifestations au cours desquelles au moins six personnes avaient trouvé la mort et 150 autres avaient été blessées, le premier tour s’était toutefois déroulé dans une relative sérénité. "Dès le premier tour, les Sénégalais ont montré leur capacité à faire se tenir dans le calme un scrutin démocratique", explique Mamadou Diouf. Et selon lui, il en sera de même pour le second tour.
Lors de l'ultime journée de campagne, Abdoulaye Wade a organisé "une balade de la victoire" - menant une caravane de véhicules dans les rues de Dakar. La veille, il avait attaqué son adversaire, le qualifiant d’"apprenti sorcier qui n'a pas assimilé ses cours".
"Si l’on regarde la campagne de Wade, on se rend compte qu’il est au bout du rouleau. Il a perdu la main politiquement", analyse Mamadou Diouf. "Il est dans une situation très défavorable, dans une phase continue de perte d’électorat, au point de n’avoir plus recours qu’à des menaces. En faisant cela, il prend les Sénégalais au mieux pour des immatures, au pire pour des idiots." Le 21 mars, devant les habitants de Podor et Matam (nord), Abdoulaye Wade a menacé de ne plus aider les localités qui ne voteraient pas pour lui : "Si vous prenez l’option de voter pour Macky, je vous laisserai entre les mains de ce dernier et je reprendrai tous mes projets entamés pour les amener dans d’autres localités qui méritent autant que vous des ponts, des routes et autres chantiers. (…) Je ne peux pas aider des gens et qu’ils aillent voter ailleurs."
Pour sa part, Macky Sall doit son score au premier tour à son investissement politique contre le système Wade. "Quand il s’est émancipé en 2008, quittant le Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade, il a fait le travail de base, à la différence de la plupart des autres candidats, se rendant dans tout le pays. (…) Macky Sall a un programme très simple contre Wade et son système de gouvernance qu’il connaît pour y avoir participé". Au cours des deux mandats présidentiels d’Abdoulaye Wade, Macky Sall a été successivement ministre de l’Énergie, de l’Intérieur (supervisant l’élection de 2007), puis Premier ministre, enfin directeur de campagne et président de l’Assemblée nationale. En outre, son projet présidentiel regroupe les demandes communes des principaux courants d’opposition, à une seule exception : la suppression du Sénat sur laquelle il hésite.
S’il bénéficie bien dimanche du report des voix des 12 candidats éliminés au premier tour, qui lui ont tous apporté leur soutien, Macky Sall pourrait l’emporter avec 60 % des suffrages. Ce dimanche, nombre de regards seront tournés vers le Sénégal.
FRANCE24
Depuis, les deux candidats ont tenté de convaincre les électeurs indécis jusqu'à vendredi, dernier jour de la campagne électorale pour le second tour.
Macky Sall a notamment su rallier autour de sa candidature l'ensemble des douze candidats éliminés au premier tour et obtenu le soutien du chanteur Youssou N'Dour, écarté du scrutin par le Conseil constitutionnel. Le front commun "anti-Wade" ainsi formé a fait naître au sein d’une partie de l'opinion publique l'idée que le président sortant pourrait ne pas remporter l’élection.
Le Sénégal, nouveau modèle démocratique dans la région ?
En Afrique et ailleurs, ce second tour sera suivi de près, quelques jours après qu'un coup d'État militaire - toujours en cours - au Mali voisin a rappelé la fragilité démocratique de certains États africains. La région abrite en outre le mouvement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dont l’extension des activités dans la bande sahélo-saharienne inquiète.
"C’est le pays le plus stable d’une région en train de s’écrouler. Le président qui sera élu dimanche bénéficiera donc d’un soutien international", estime Mamadou Diouf, directeur de l'Institut d'études africaines à l'Université de Columbia, à New York, interrogé par FRANCE 24.
"Il faut souhaiter que le Sénégal devienne un exemple démocratique, que les Sénégalais règlent leurs problèmes par les urnes", déclare-t-il. Comme lors du premier tour, plus de 90 observateurs de l’Union européenne ont été déployés dans les 45 départements du pays vendredi, y compris en Casamance où sévit depuis 1982 une rébellion armée.
L’opposition entre les deux candidats est frontale mais il ne faut pas craindre de coup de force du chef de l’État sortant en cas de défaite, estime Mamadou Diouf : "Si Wade est battu, il devra partir. Il n’aura pas le choix car il n’aura pas les moyens de rester du point de vue politique", explique l’historien. Macky Sall a tout de même demandé à ses partisans de rester "vigilants", craignant des fraudes du camp du président sortant.
Le professeur de l’université de Columbia reste confiant quant au déroulé du second tour : "Le Sénégal a déjà montré dans des situations similaires que ses institutions lui permettaient de traverser ces épreuves." Le 19 mars 2000, battu par Abdoulaye Wade au second tour de la présidentielle, Abdou Diouf avait accepté sa défaite et quitté le pouvoir.
Un second tour dans la sérénité ?
Si, courant février, l’annonce de la candidature du chef de l’État sortant, Abdoulaye Wade, avait donné lieu à de violentes manifestations au cours desquelles au moins six personnes avaient trouvé la mort et 150 autres avaient été blessées, le premier tour s’était toutefois déroulé dans une relative sérénité. "Dès le premier tour, les Sénégalais ont montré leur capacité à faire se tenir dans le calme un scrutin démocratique", explique Mamadou Diouf. Et selon lui, il en sera de même pour le second tour.
Lors de l'ultime journée de campagne, Abdoulaye Wade a organisé "une balade de la victoire" - menant une caravane de véhicules dans les rues de Dakar. La veille, il avait attaqué son adversaire, le qualifiant d’"apprenti sorcier qui n'a pas assimilé ses cours".
"Si l’on regarde la campagne de Wade, on se rend compte qu’il est au bout du rouleau. Il a perdu la main politiquement", analyse Mamadou Diouf. "Il est dans une situation très défavorable, dans une phase continue de perte d’électorat, au point de n’avoir plus recours qu’à des menaces. En faisant cela, il prend les Sénégalais au mieux pour des immatures, au pire pour des idiots." Le 21 mars, devant les habitants de Podor et Matam (nord), Abdoulaye Wade a menacé de ne plus aider les localités qui ne voteraient pas pour lui : "Si vous prenez l’option de voter pour Macky, je vous laisserai entre les mains de ce dernier et je reprendrai tous mes projets entamés pour les amener dans d’autres localités qui méritent autant que vous des ponts, des routes et autres chantiers. (…) Je ne peux pas aider des gens et qu’ils aillent voter ailleurs."
Pour sa part, Macky Sall doit son score au premier tour à son investissement politique contre le système Wade. "Quand il s’est émancipé en 2008, quittant le Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade, il a fait le travail de base, à la différence de la plupart des autres candidats, se rendant dans tout le pays. (…) Macky Sall a un programme très simple contre Wade et son système de gouvernance qu’il connaît pour y avoir participé". Au cours des deux mandats présidentiels d’Abdoulaye Wade, Macky Sall a été successivement ministre de l’Énergie, de l’Intérieur (supervisant l’élection de 2007), puis Premier ministre, enfin directeur de campagne et président de l’Assemblée nationale. En outre, son projet présidentiel regroupe les demandes communes des principaux courants d’opposition, à une seule exception : la suppression du Sénat sur laquelle il hésite.
S’il bénéficie bien dimanche du report des voix des 12 candidats éliminés au premier tour, qui lui ont tous apporté leur soutien, Macky Sall pourrait l’emporter avec 60 % des suffrages. Ce dimanche, nombre de regards seront tournés vers le Sénégal.
FRANCE24