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YACINE DIOP, AILIERE UNIVERSITE DE LOUISVILLE (ETATS-UNIS) « Mon rêve, c'est d'intégrer la Women National Basketball American (WNBA) »

Marquer plus de 1000 points en trois saisons, c'est une performance qui n’est pas donnée à tout le monde. Yacine Diop, internationale sénégalaise de basket-ball et sociétaire de Louisville, l’a réussie lors de son passage à Pittsburg. L’ailière qui dispute sa première année avec la Team Cards et la dernière de sa carrière universitaire, caresse le rêve d’intégrer la WNBA (Women National Basketball American), l'équivalent de la NBA pour les femmes.


Rédigé par leral.net le Mercredi 28 Novembre 2018 à 12:54 | | 0 commentaire(s)|

 
Parlez-nous de vos débuts dans le basket.
J'ai commencé à jouer depuis l'âge de 12 ans à la Jeanne d'Arc de Dakar. J'ai fait toutes mes catégories là-bas jusqu'en seniors. En 2011, j'ai quitté le Sénégal pour venir ici aux Etats-Unis.
Qu'est-ce qui vous a motivé à changer de cap ?
Au fait, ma première motivation était de jouer en WNBA, J'ai toujours eu l'idée selon laquelle pour jouer en WNBA, il faut aller aux Etats-Unis. Donc, venir ici était ma priorité numéro 1. Et je l'ai finalement réalisé.
Comment avez-vous contacté le virus du basketball ?
Mes grands-parents étaient basketteurs. Ma grand-mère Aissatou Sarang Konaté a joué pour l'équipe nationale du Sénégal. Elle a joué au niveau international aussi, en France. Mon grand-père, Joseph Dieng, a été le capitaine de l'équipe nationale de basket de la Guinée. Je viens d'une famille sportive, puisque ma mère a été footballeuse. Quand j'étais petite, ma maman ne m'a jamais parlé de basket. Cette passion est venue toute seule. Je suis partie à la Jeanne d’Arc vers les années 2005-2006. J'étais élève à Lamine Guèye et j'avais une copine qui jouait au basket à la JA. A l'époque, c'était ma meilleure amie. Elle m'a demandé de venir jouer pour la Jeanne d'Arc et je n’ai pas hésité.
Que gardez-vous de votre séjour chez la Vieille Dame ?
C'était bien, car on me surclassait toujours en catégorie supérieure. C'était très motivant et bien, parce que cela démontrait que j'avais le niveau très élevé par rapport à mon âge. Quand j'étais minime, on me surclassait chez les cadets, ainsi de suite. Mes performances étaient bonnes, car on disputait des finales de petite catégorie chaque année. Même en senior, j'ai disputé et gagné la finale de la coupe Arc-en-Ciel. J'ai été désignée MVP de cette finale. Cela a été une carrière remarquable.
Aux Etats-Unis également... ?
J'ai débarqué en 2011 à Oak Hill Academy, en Virginie, pour mes débuts en High School (lycée). J'y ai fait un an, avant d'être transférée à Pittsburg (Grande université à vocation sportive, où sont passés Carmelo Anthony et Rojan Rondo).
Comment s’est passée votre intégration aux Etats-Unis.
Pour dire vrai, cela n'était pas difficile du tout sur le plan sportif, car le basket est un langage universel quand on sait le jouer. Maintenant, par rapport à l'Anglais, ce n'était pas facile du tout. Je ne parlais pas cette langue en venant ici et ça me posait énormément de problème durant mes débuts. Je n'étais pas trop imprégnée du langage et de la culture américaine.
Quand est-ce que le déclic est arrivé ?
J'ai disputé les tournois IAO, mais je n'avais pas bien joué là-bas, parce que n'étant pas adaptée au style de jeu américain, c'est à dire jouer trois matchs par jour devant les coaches des grandes universités des Etats-Unis. Ce n'était pas évident. Je n'étais pas habituée à une pression pareille. Seulement, j'avais eu la chance de décrocher par la suite une très grande université, où le coach m'a bien formée et m'a beaucoup aidée à progresser durant les championnats universitaires.
Yacine est créditée d'une belle performance avec plus de 1000 points inscrits lors de son passage à Pittsburg. Comment êtes-vous parvenue à réaliser cela ?
C'est grâce au soutien de mes coéquipières et à mon coach qui m'ont mise dans les conditions de réussite parfaite et j'ai pu réaliser cette performance. Je donne tout le crédit à mes "teammates" (coéquipières). Without them, I couldn't make it. (Sans elles, je n'allais pas le faire). Marquer plus de 1000 points en trois saisons, c'est cool.
Vous disputez votre dernière année de votre carrière universitaire. Pouvez-vous nous parler de vos ambitions ici, aux Etats-Unis ?
Je dois finir d'abord ma dernière année de collège avec Louisville. Mais mon plus grand souhait, c'est d'intégrer la WNBA (Women National Basketball American, l'équivalent de NBA chez les femmes). Pour l'instant, je n'ai aucune équipe dans ma tête. D'ailleurs, le règlement nous l'interdit. Mais ce qui est important pour moi, c'est d'y intégrer. Quelle que soit l'équipe qui me prendra. Naaa Dougou rekkk (Eclats de rire !).
Vos débuts avec Louisville ont été grandioses. Quelle appréciations en faites-vous ?
C'est vrai que j'ai réussi un double-double lors du premier match. Mais, lors du second, je n'ai pas été trop performante. C'est encore le début du championnat. En plus, c'est une nouvelle équipe. Je dois réussir mon intégration d'abord. It's a learning process first (c'est d'abord un processus d'apprentissage).
Quel est l’objectif cette année avec la Team Cards ?
L'objectif, c'est de gagner le championnat Final Four et le National Championship....
Gardez-vous des souvenirs du passage de Gorgui Sy Dieng ici à l'Université de Louisville ?
Non, je ne le suivais pas quand il évoluait à Louisville. But, I heard like he was very good (J'ai entendu dire qu'il était très bien).
Comment trouvez-vous la vie à Louisville ?
La vie ici, j'aime bien, parce qu'il y a un restaurant sénégalais. C'est ce qui m'a le plus procuré du bonheur.
Le monde du basketball sénégalais vous a découverte en 2012, lors des championnats d'Afrique U18 disputés à Dakar. Pouvez-vous revenir sur cet événement-là ?
C'était un événement incroyable. Ça fait partie des moments qui ont marqué ma carrière. Je ne l'oublierai jamais. Gagner la Coupe d'Afrique chez soi, au Sénégal, était une première pour moi, notamment avec le soutien de tout un peuple. C'était des moments extraordinaires et cerise sur le gâteau, j'ai été désignée meilleure joueuse du tournoi.
De 2012 à 2016, cela fait 4 ans. Vous revenez encore en sélection, mais cette fois-ci avec les A....
C'était différent, parce qu'en 2012, on ne m'a pas appelé pour une présélection. J'étais venue pour intégrer l'équipe des jeunes. En 2016, c'était l'équipe A. Il a fallu que je vienne en tant que jeune pour me battre et prouver que j'avais ma place dans l'équipe. Finalement, ça n'a pas marché, parce qu'on m'a recalé au dernier moment.
Etiez-vous déçue ?
C'est vrai que cela m'a fait mal un peu, mais c'était le choix du coach. Il fallait donc le respecter. Je pensais que j'avais ma place dans l'équipe, mais le technicien en avait décidé autrement.
Il en est de même pour les Jeux Olympiques de Rio 2016, de l'Afrobasket 2017....
Au fait, après la présélection en 2016, je suis retournée aux Etats-Unis et je me suis blessée. Je suis restée une année sans jouer et quand l'équipe nationale m'a appelée, je leur ai fait savoir que je n'étais pas prête pour rejouer. Il fallait que je me remette de cette blessure. C'est la raison pour laquelle j'ai manqué ces deux compétitions majeures. J'étais plus focalisée sur mon rétablissement. Donc, pas vraiment déçue.
Maintenant revenons au mondial qui s’est déroulé en Espagne en septembre dernier. Vous avez été l’une des attractions côté sénégalais lors de cette compétition. Comment avez-vous vécu cette première?
C'était vraiment bien, parce que le coach m'a donné une chance d'exprimer mon talent et de montrer à tout le monde ce que je sais apporter à l'équipe nationale du Sénégal. Je le remercie au passage de m'avoir accordée sa confiance et me donner la liberté d'expression dans le terrain.
Sur le plan personnel également, qu'est-ce que vous en dites ?
Personnellement, c'était cool. Mais j'étais à la fois déçue parce qu’à mon avis, pouvait aller beaucoup plus loin. Malheureusement, Dieu en a décidé ainsi.
Vous avez été l'une des joueuses importantes de cette équipe, pourquoi ça n'a pas marché... ?
Il y avait un problème de mentalité. On y croyait, mais on n'y croyait pas vraiment. Je veux dire par là, si on y avait cru depuis le début, je pense qu'on pouvait aller beaucoup plus loin. On a commencé à y croire après le match contre la Lettonie. Même contre l'Espagne, on avait une chance de les battre. Il faut tenir compte aussi des blessées qui nous ont beaucoup handicapées.
Qu'est-ce que cela vous fait d'entendre que Yacine est le chouchou du public sénégalais ?
(Elle s'éclate de rire !) Chouchou du public sénégalais ? Non, je ne pense pas.
De toute façon, c'était l'effervescence au mondial et tout le monde ne parlait que de Yacine...
Mais, ça je ne sais pas. C'est peut-être par rapport à mon style. I don't know au fait. De toute façon, je ne suis pas une star et je ne me considère pas comme telle. Yacine, c'est juste une joueuse de l'équipe nationale de basket du Sénégal. C'est tout.
Vous êtes le symbole de la jeunesse du basketball sénégalais quand même...
Oui, on peut dire ça, parce que je fais partie des plus jeunes joueuses de l'équipe à l'heure actuelle.
Alors, comment entrevoyez-vous l'avenir ?
Je pense que cette équipe a de l'avenir, mais il va falloir qu'on donne aux jeunes basketteuses leur chance. On a beaucoup de talents au Sénégal qui s'éclatent au niveau local et sur le plan international. Il faut qu'on arrête cette mentalité de "Non, ils sont encore jeunes". Le basket est une affaire de jeunes. Une jeune joueuse qui joue 40 minutes a plus d'expérience qu'une joueuse âgée qui joue 20 minutes ou moins. Pour moi, l'expérience c'est le temps de jeu.
A vous entendre parler, c’est comme si vous prônez une politique de rajeunissement de l'équipe nationale...
Oui, mais avec le temps. Parce qu'on ne peut pas tout raser d’un seul coup. On n'a qu'à prendre plus de jeunes et les faire intégrer progressivement au sein de l'équipe nationale.
Qu’en est-il de votre problème avec Astou Traore durant le mondial ?
Astou et moi, nous n'avons jamais eu de problème en équipe nationale. C'est une grande sœur pour moi et je la respecte beaucoup. On n'a jamais eu de problème, franchement. C'était seulement des rumeurs sorties dans la presse.
Avez-vous été surprise après avoir eu écho de ces rumeurs-là ?
Effectivement, j'étais surprise, mais je ne savais pas les sources qui ont révélé ce problème. Mais, ce n'était vraiment pas bien.
Quels souvenirs gardez-vous des basketteuses qui ont eu à marquer de leur empreinte l'équipe nationale du Sénégal ?
Je n'ai vraiment pas de souvenir. Je me souviens d’Aya Traoré et l’équipe nationale de 2007 qui a perdu la Coupe d’ Afrique au Sénégal. Ça m'a fait beaucoup pleurer, je vous jure. Cela m'a fait vraiment mal, puisqu'on a perdu devant la star malienne là. Je ne sais plus comment elle s'appelle encore (Ndlr : Amchetou Maiga, qui a évolué sur les couleurs de la Jeanne d'Arc de Dakar).
Quel regard portez-vous sur le basket sénégalais qui n'est pas totalement stable ?
A mon avis, le problème principal, c'est un manque d'organisation. On n'est vraiment pas organisé. C'est notre premier problème. Si on était plus organisé, je pense qu'on allait avoir de meilleurs résultats. Il nous avoir faut des gens qu'il faut à la place qu'il faut. Si chacun faisait son travail comme il le fallait, il n'y aurait jamais eu de problème. Malheureusement au Sénégal, on ne veille jamais sur les taches qu'on nous confie. Tout le temps, ce sont des histoires de copinage. Parfois, des gens sont payés à ne rien faire et les contrôles qui s'imposent ne sont jamais faits. Tout le monde fait ce qu'il veut.
Certainement, il y'a de jeunes basketteuses qui veulent devenir de futures Yacine. Quel conseil leur donnez-vous ?
Je leur dirai d'aimer ce qu'elles font et de croire en leur talent. Au Sénégal, on a ce problème là aussi. On veut souvent quelques choses, mais on n'y parvient jamais à cause d'un défaut de croyance. Faisons ce qu'on a à faire et croyons-y. C'est tellement important.
SENEBA...
Oui, Seneba... Merci... (Eclat de rire!)
Parlons coté mode avant de terminer... Yacine est une passionnée, est-ce le cas ?
J'ai toujours eu mon propre style depuis Sénégal. Côté mode, je fais tout ce que je ressens. Je ne copie sur personne.
Un dernier message pour les sportifs sénégalais qui vous suivent....et qui ont envie de vous lire à travers ces colonnes...
Keep going, keep believing and never give up. (Allez-y, croyez en vous et n'abandonnez jamais).






 
Réalisé par Papa Waly NDAO, depuis Louisville, Kentucky (Etats-Unis)
 



Mame Fatou Kébé