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Yaxam C.N. Mbaye, porte-parole démissionnaire du Comité pour la protection et la défense des journalistes

Le Populaire - À situation inédite et grosse de périls, posture inédite. C’est dans les colonnes du journal qu’il dirige que le Directeur de la Publication du journal « Le Populaire », porte-parole démissionnaire du Comité pour la protection et la défense des journalistes (Cpdj), a décidé de dire sa part de vérité. Au moment où la crise entre la presse et le pouvoir a atteint son paroxysme. Et que nombre de contrevérités sont distillées ça et là sur les réelles motivations d’un combat articulé autour d’idées et de valeurs. Entretien…


Rédigé par leral.net le Samedi 9 Août 2008 à 14:54 | | 0 commentaire(s)|

Yaxam C.N. Mbaye, porte-parole démissionnaire du Comité pour la protection et la défense des journalistes
Le Populaire - Pourquoi vous avez brusquement démissionné du poste de porte-parole du Comité pour la protection et la défense des journalistes, juste au moment où on constate un regain de tension dans les rapports entre la presse et le pouvoir ? N’est-ce pas une reculade, un lâchage ?


Permettez-moi d’abord de présenter mes excuses aux lecteurs qui peuvent s’étonner de voir le Directeur de publication d’un journal s’exprimer au moyen d’une interview dans les colonnes de l’organe qu’il dirige. Mais à situation exceptionnelle, comportement exceptionnel qui, cependant, ne froisse ni la morale ni l’éthique, encore moins la légalité. Car, aujourd’hui, un pouvoir singulièrement liberticide a pour projet, au Sénégal, de museler la presse et les professionnels de l’information et de la communication. Alors, il nous faut riposter à cette forfaiture avec les armes qui sont en notre possession. Non ! Ce n’est absolument pas un lâchage, encore moins une reculade. « tre porte-parole oblige à une posture qui me désarme, au regard de la menace qui se précise sur l’entreprise que je dirige. tre porte-parole lie mes mains. Je veux retrouver une marge de manœuvre complète, être capable de faire face, pour répondre du tic au tac, débarrassé d’une relative hantise qui fait que durant ces quarante derniers jour, chacun de mes actes était lié à une interrogation : qu’en dira-t-on ? » Voilà, résumé, le propos que j’ai tenu aux membres du Comité, vendredi dernier, à 19 heures 30. Un peu moins de cinq heures après, à 23 heures 50, les faits me donnaient raison avec la matérialisation de la menace précitée : la police investit nos locaux à la Médina.


Le Populaire : Aviez-vous eu vent de cette descente de la police ?


Vous savez très bien qu’ils sont nombreux parmi nos dirigeants qui ne sont pas réputés être des muets. Pour dire le moins… Ils usent et abusent des leviers dont ils disposent et s’en vantent.


Le Populaire : Donc, on ne manquera pas d’analyser ce retrait comme une radicalisation de votre part dans le combat auquel vous participez.


Quand est-ce qu’on arrêtera dans ce pays de taxer de radicaux ceux qui résistent à la tyrannie ? L’attitude idoine serait-elle de toujours courber l’échine pour recevoir les coups du Prince ou de ses « cuillères » ? Dans une République, dans une démocratie, lorsque les gouvernants dérivent, les citoyens desquels ils tirent leur légitimité, par le suffrage universel, doivent toujours être prêts à s’opposer. Jusqu’à preuve du contraire, la République n’est pas abolie dans ce pays, et même si la tentation est grande, la royauté n’a pas encore droit de cité. Alors n’étant pas un sujet, encore moins un serf, je me dois de faire face à ceux qui tentent de factoriser les droits que me confèrent la Constitution et les lois du Sénégal.


Le Populaire : C’est cette conviction qui a fait que vous vous êtes opposé aux policiers qui ont investi nuitamment les locaux du journal « Le Populaire », vendredi dernier ?


Absolument !


Le Populaire : Comment s’est déroulée cette affaire pour le moins rocambolesque ?


Résumons-la : trois agents de police assermentés, dont une femme, à la mise et aux propos policés, sont entrés par effraction dans un lieu privé, en dehors de l’heure légale de visite, pour expliquer à l’occupant qu’ils veulent violer la loi ; et qu’à cette fin, ils apprécieraient sa collaboration. C’est aussi simple. Et dites-vous qu’avant de faire remarquer finalement à un de ces policiers qui tentait une lecture à sa guise de la loi 96-04 du 22 Février 1996, relative aux organes de communication sociale et aux professions de journaliste et de technicien, qu’il n’avait pas un cancre devant lui, j’ai éprouvé, en écoutant mes interlocuteurs, une réelle honte.


Le Populaire : Comment ça ?


J’ai eu honte pour mon pays. Pour la police de ce pays, qui, reconnaissons-le, regorge d’hommes de talent, instruits, qui ne méritent nullement que des politiciens les obligent à des rôles de factotum, d’hommes qui s’occupent un peu de tout, notamment de tâches mineures et dégradantes. Je suis resté inquiet aussi, car le citoyen a lu dans le regard de ces visiteurs du soir la gêne de ceux qui se forcent au forfait. Ou sont forcés au forfait. Et lorsque, entre les citoyens et ceux qui sont censés les protéger, on en vient à ce type de rapports, ça devient extrêmement grave car c’est l’autorité dont nous avons tous besoin qui se délite. Et je vais vous faire une confidence : à un moment de nos échanges, appréciant la masse d’arguments charmants de mes interlocuteurs qui, à la limite, me suppliaient de les laisser entrer dans la salle de montage du journal « Le Populaire » pour, je les cite, « jeter un coup d’œil sur la maquette », j’ai failli leur dire : « Allez-y ! » Oui ! Manifestement, ils avaient une obligation de résultat vis-à-vis du commanditaire de cette opération. Leur embarras était saisissant. Mais l’affaire était tellement sérieuse qu’aucune place ne pouvait être faite aux sentiments. On ne renonce pas à ses droits. Et je vous assure que si ces tentatives passent, les commanditaires sortiront des buissons pour siéger, dans les prochains jours, aux réunions de Rédaction des organes de presse et concocter le menu avec les journalistes.


Le Populaire : Qui sont les commanditaires de cette opération de musellement de la presse exécutée par des policiers envers qui vous semblez être indulgent ?

Ce n’est pas de l’indulgence. Sinon nos avocats n’auraient pas initié à leur encontre une procédure judiciaire pour qu’ils répondent du forfait d’avoir exécuté des ordres illégaux. Mais, nous autres journalistes ne devons pas nous tromper de cible. Au début et à la fin de cette fitna qui ronge le Sénégal, il y a un homme : le président de la République. Et un exécuteur : Cheikh Tidjane Sy. Le ministre d’État ministre de l’Intérieur est un allumeur de brasiers. Jetez un rapide coup d’œil dans le rétroviseur, puis arrêtez-vous sur le présent : depuis qu’il est aux affaires – Justice et aujourd’hui Intérieur –, il fait œuvre de pyromane. Fitna, encore fitna, toujours fitna, semble être son slogan. C’est sa nourriture, il en vit. Il est parmi les hommes les moins bavards du gouvernement – ces prises de parole ne sont pas légion –, mais ces quatre dernières années, tous les foyers de tensions qui ont embrasé nos langues, nos cœurs et nos esprits portent sa signature incendiaire. Il passe outre la hiérarchie judiciaire pour envoyer dans des Rédactions des policiers, sans mandat, à des heures indues. En somme, dans cette affaire Kambel-Karamokho, c’est cet homme aux convictions multiples et ondoyantes qui a tour à tour servi les régimes socialiste au Sénégal, mobutiste dans l’ex-Zaïre, et aujourd’hui, de l’Alternance, encore au Sénégal, qui alimente le foyer en fagots. Autant d’actes qui ont participé à asseoir dans l’opinion sa réputation de premier faucon du pouvoir. Mais elle est surfaite cette réputation, car avec les moyens dont il dispose, avec le cercle préventif qu’il a établi pour se protéger des conséquences de ses actes, même le dernier des couards aurait pu se prévaloir de l’étiquette de faucon. En vérité, Cheikh Tidjane Sy est un barreur de petit temps qui se prend pour un timonier. Mais c’est quoi la finalité du destin d’un exécutant ou d’un exécuteur, sinon que d’être exécuté.


Le Populaire : Ne craignez-vous pas que vos déclarations vous attirent des ennuis ?


Une grande Américaine des XIXe et XXe siècles, femme de lettre, Ella Wheeler Wilcox disait : « Prêcher par le silence alors qu’ils devraient protester, transforme les hommes en lâches ». En d’autres termes, lorsqu’un gouvernant s’arroge le droit de faire ce que bon lui semble, le citoyen a le droit et le devoir de dire ce qu’il pense de cette méconduite. À cet égard, feu Ibou Sakho a enseigné une leçon à mon oncle Lamine Diack qui me l’a rapportée lors d’une discussion que nous avons eue, il y a quelques semaines : « Dieu, en faisant roi un humain, lui inculque la pitié à l’égard de ses sujets et fait en sorte que ces derniers lui vouent respect et dévouement. Mais il suffit que le monarque soit inique pour qu’Il réduise à néant ces sentiments du peuple. Ce qui fait le lit de toutes les révoltes ». Oui ! J’ai des craintes en pensant à l’inquiétude qu’installent les actes que je pose dans les cœurs de ceux qui me sont proches. Mais il y a une autre crainte, celle-là infamante, contre laquelle je me bats : figurer, demain, dans le troupeau de ceux qui se sont tus alors qu’ils devaient dire : « Non ! » Je ne suis ni un téméraire ni un guerrier, encore moins un candidat au suicide. D’ailleurs, le Prophète des musulmans, Mohamed (Psl), nous enseigne que « le courage n’existe pas, car nous ressentons tous la peur, c’est seulement notre capacité à dominer nos peurs qui fait la différence. »


Le Populaire : Comment avez-vous ressenti le fait que Sidy Lamine Niasse se soit désolidarisé de votre combat, avant de taxer les membres du Comité de politiciens doublés d’affairistes ?


Sidy Lamine Niasse, je le respecte pour sa contribution historique à la consolidation d’une presse libre au Sénégal. Pour ce combat, il s’est assumé jusqu’à la prison. Cela dit, autant je peux m’abstenir de commenter sa position de retrait par rapport à notre combat – refus de participer à la « Journée sans presse » lors de l’affaire Madiambal Diagne en 2004, et cette fois-ci –, autant ces propos diffamatoires à notre égard me révulsent. Dire sur le plateau de « Actu en 7 », il y a un peu plus de trois semaines, que ceux qui sont engagés dans le combat pour que justice soit faite dans l’affaire Kambel-Karamokho sont mus par des intérêts inavouables, c’est scandaleux. Sidy est allé jusqu’à affirmer : « tel est virulent parce que son patron est confronté à la délocalisation de ses entreprises » ; « tel veut que Zidane revienne avec une mallette contenant deux cent cinquante millions » ; « tel qui avait demandé trois cent millions à Karim, veut cette fois-ci six cent millions ». C’est de la méchanceté, digne d’un primate.


Le Populaire : Pourtant il n’est pas le seul à dire que votre radicalisation a quelque chose à voir avec le sort que le régime fait à Bara Tall…


Tous ceux qui lisent « Le Populaire » savent que sa ligne éditoriale, constante depuis plusieurs années, n’est pas portée par des girouettes. Et que les hommes qui animent ce journal ne sont pas des laudateurs. Bara Tall a été la victime d’un banditisme d’État, l’écrasante majorité des Sénégalais en convient, alors pourquoi « Le Populaire » qui dénonce quotidiennement les torts faits à Nogaye Diop et Samba Fall, nourrirait le complexe de porter à l’attention de l’opinion ceux faits à Bara Tall, au motif qu’il est actionnaire dans ce journal ? En vérité, nous avions commis cette monumentale erreur au début de l’affaire des « Chantiers de Thiès ». Au pire du lynchage médiatique subi par Bara Tall, au moment où les profanes en Btp, mis en train par des manipulateurs hors pair, ricanaient à propos d’arbres abattus moyennant cinq cent mille francs Cfa ; alors que le purgatoire était promis à ceux qui s’essayaient au démontage de cette grosse farce, « Le Populaire », pour diverses raisons, s’était montré prudent. Trop prudent. Ce « complexe » nous a coûté. Et nous ne répéterons plus jamais cette erreur. Au-delà de la loyauté qui nous lie à notre employeur, et tout en ne renonçant à aucune de ces parcelles qui fondent la déontologie et l’éthique dans notre profession, nous continuerons de traiter ce contentieux avec professionnalisme. N’en déplaise à certains. Et j’en reviens à Sidy Lamine Niasse ! Que ceux qui peuvent se procurer l’enregistrement de cette émission le fassent et ils sauront que c’est lui qui a inspiré le discours servi par Farba Senghor à la Rts, le lendemain dimanche. Propos que le ministre des Transports aériens et de l’Artisanat allait répéter à l’émission « Pencoo » de Pape Ngagne Ndiaye. Et le mensonge pointe son nez lorsque Sidy Lamine Niasse affirme sans ciller, toujours à l’émission « Actu en 7 », que « le Comité ne l’a pas associé à ses activités ». Ce qui est absolument faux ! Je le défie de nier l’entretien téléphonique que nous avons eu et au cours duquel il m’a fait part de ses griefs – au demeurant fallacieux – à l’encontre du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics) avant de me dire, je le cite : « Je suis à 200% avec vous, d’ailleurs, dorénavant, je me ferai représenter par Abdourahmane (ndlr : Camara, le Directeur de la publication du quotidien « Wal Fadjri ») ». Et son émissaire a participé à quelques réunions du Comité qui ont précédé la marche organisée en fin juin 2008. Avant de disparaître.


Le Populaire : Il vous reproche aussi d’avoir manqué de solidarité lorsque des journalistes de Wal Fadjri ont été violentés.


L’argument, ou plus exactement le prétexte de Walf pour habiller son refus d’adhérer au Comité : « Il y a deux poids, deux mesures. Lorsque nos journalistes ont subi la furie policière durant les émeutes de la faim, vous ne nous avez pas soutenus », ne tient pas la route. Il est même trop gros ! Par quelle magie, le Comité pour la protection et la défense des journalistes (Cpdj), qui est né le 24 juin 2008, peut prendre position sur des cas de violences faites à des journalistes lors d’événements qui se sont produits… début avril ? Quant aux événements relatifs à des actes de violences exercés par des disciples de Serigne Béthio Thioune, je ne suis pas le défenseur du Synpics, loin s’en faut, mais il est établi que lorsque le syndicat s’est constitué partie civile pour entamer la procédure judiciaire, c’est le journaliste de Wal Fadjri qui s’est désisté, avant que le chef religieux ne clame sur les ondes qu’il est son marabout. Donc, que Sidy Lamine Niasse fasse bande à part, mais qu’il n’essaye pas de rouler le monde dans sa salive. Les faits sont têtus et cruels. Dans ce combat qui s’articule autour de valeurs, il a le droit de nous refuser sa contribution qui serait considérable, mais il n’a pas le droit de nous diffamer car personne ne s’est permis de lui faire la leçon lorsque, pour des raisons bassement pécuniaires, il avait décidé de boycotter la couverture du sommet de l’Oci. C’était en janvier dernier. En somme, ses leçons de morale, il peut les garder dans les poches de son kaftan pour son auditoire de « Diinee ak Jamono ».


Le Populaire : Malgré vos différends avec le Walf, le Comité a pris position dans l’affaire Pape Ngagne Ndiaye – Farba Senghor.


C’est notre devoir. Le Comité est là pour tous les professionnels de l’information et de la communication. Raison pour laquelle, il a été prompt à réagir pour condamner les propos ignobles de Farba Senghor. Pour le reste – Walf qui nie l’existence du moindre incident sur le plateau de l’émission « Pencoo » –, chaque Sénégalais a pu se faire sa propre opinion. Et je vous dis deux choses : primo, Farba Senghor se serait permis de discourir sur l’état des relations de mes parents en direct à la télévision que j’aurai réglé cette offense en direct, quitte à en assumer toutes les conséquences ; secundo, mon patron se serait désolidarisé de moi après que j’ai reçu des menaces de mort, le seul démenti à lui opposer serait ma lettre de démission en pleine figure. Comprenons que la loyauté entre un employeur et un employé, c’est dans les deux sens.


Le Populaire : On vous dit opposé à des négociations dans l’affaire Kambel-Karamokho.


Je fais partie de l’écrasante majorité, pour ne pas dire de la quasi-totalité des membres du Comité qui ne veulent pas de négociations dans cette affaire Kambel-Karamokho. J’assume et je m’en explique. Nombreux parmi ceux qui parlent de négociations ne sont pas clairs. Pour ne pas dire qu’ils ont quelques idées derrière la tête. Soyons conséquents ! Dans ce pays, ils sont légion ceux qui appellent, lorsque les principes sont en cause, à une négociation. Et pourtant, ce sont les mêmes qui dénoncent le fait que tous les conflits et les contentieux partent du Palais avant d’y revenir, pour un éventuel règlement qui laisse souvent la place à de fortes polémiques puant l’argent. Et au cours de ce processus, la réputation de la Justice aura été piétinée. J’ai une peur bleue des rencontres entre la presse et le président Wade. Souvenez-vous de la dernière rencontre, en novembre 2007. Nous avons passé les deux semaines qui ont suivi dans des querelles au ras des pâquerettes : nombre de confrères qui n’étaient pas de la rencontre n’ont pas pris de gants pour accuser la délégation d’être partie au Palais quémander des sous. Dans l’affaire Kambel-Karamokho, nous avons demandé deux choses : que l’Exécutif prenne des sanctions contre les policiers tortionnaires en attendant que la plainte introduite en Justice aille à son terme. Et au moment où la Justice pose des actes encourageants (croisons les doigts) : ouverture d’une information judiciaire, audition de Kambel, on nous demande d’aller négocier avec cet Exécutif qui nous a répondu : « Vous êtes des agresseurs. Vous êtes des destructeurs ». Qu’est-ce qu’on va négocier ? Le retrait de la plainte ? L’accélération du processus judiciaire ? Et après ça, qui oserait se fendre d’éditoriaux pour exiger le respect scrupuleux de la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire et dénoncer les immixtions scandaleuses du premier dans le travail du second ? Soyons sérieux ! Les mêmes qui disent : « Ne faites pas pression sur la Justice », nous demandent de négocier avec l’Exécutif, qui ne manquera pas de faire pression sur la Justice. Dans l’affaire Madiambal Diagne, on nous avait servi le même discours : « Il faut apaiser, négocier » Et lorsque nous sommes allés à la rencontre du pouvoir, le principal (Madiambal) a failli très vite devenir accessoire. On a commencé à évoquer d’autres dossiers : les « Conclusions du séminaire de Saly » perdues depuis une demi-décennie dans les tiroirs du pouvoir ; la nécessité de libéraliser les fréquences télé ; de donner plus de fréquences radio aux uns et aux autres etc. Et ce qui devait arriver arriva : quelques apartés nocturnes qui ont suivi cette rencontre installèrent la zizanie et la discorde. Heureusement que la pression internationale hâta la libération de Madiambal Diagne, pour sauver le Collectif de l’implosion. En somme, je suis convaincu que ceux qui appellent aux négociations sont les pires ennemis du devenir des journalistes, de ce combat mené par le Comité. Cependant, ils sont différents des facilitateurs. Des personnalités comme Son Éminence le Cardinal Théodore Adrien Sarr, un homme fabuleux qui, jusqu’ici, nous a soutenus d’une manière admirable et qui, j’en suis convaincu, s’investit pour faciliter le règlement de cette affaire. C’est-à-dire la prise en compte de nos exigences par celui qui détient le monopole légitime de la violence, mais en use et en abuse contre les faibles, ceux-là qu’il a l’impérieuse obligation de protéger. Que ceux qui veulent voir le président Wade pour régler des affaires privées prennent leur courage à deux mains et qu’ils aillent au Palais en plein jour ou à l’heure où tous les chats sont gris. Après tout, ce n’est pas interdit. Mais qu’ils arrêtent de se planquer derrière des causes nobles et communes pour tenter de tromper les gens. Cependant, qu’ils se détrompent, s’ils croient que là-bas, ils trouveront des gens qui sont dupes. Déjà, certains qui ne savent même pas où se réunit le Comité, mais qui sont tellement futés qu’ils flairent l’imminence d’une audience, ont commencé à toucher le pouvoir et sa périphérie avec ce discours : « Je suis un ancien, les gosses vont m’écouter, faites en sorte que je sois de l’audience. » C’est honteux. Et ces gens-là méritent d’être dénoncés. En huit ans de cohabitation, je n’ai pas éprouvé le besoin de demander une audience au président Wade, car j’estime que ce n’est pas à lui de régler mes problèmes. Mais si demain, je changeais d’avis, je n’aurais pas besoin de me planquer pour y aller.

Senegal Leral