leral.net | S'informer en temps réel

AVICULTURE : INTENSE LOBBYING AUTOUR D’UN CHIFFRE D'AFFAIRES QUI TRUSTE PLUS DE 200 MILLIARDS

Le poulet sénégalais dont le prix de revient unitaire moyen du kilogramme est de 1700 Fcfa ne pourra pas concurrencer celui français à 521 Fcfa, hollandais à 498 Fcfa, brésilien à 354 Fcfa, nord-américain à 345 Fcfa et marocain à 700 Fcfa. Telle pourrait être l’explication du climat délétère qui sévit, depuis peu, au ministère du Commerce. Il s'y ajoute que des Français (Doux) et des Marocains (Zalar) sont annoncés dans notre pays, plus précisément à Sandiara. Quid du géant américain Kfc ? Toutes choses qui font que l'État doit prendre toutes ses responsabilités. Et, c’est pour dire le moins.


Rédigé par leral.net le Mardi 17 Juillet 2018 à 02:56 | | 0 commentaire(s)|

ALIOUNE SARR PROPOSE UN CADRE DE CONCERTATION ÉLARGI

Le ministre du Commerce a annoncé, ce mercredi 20 juin, qu’il comptait proposer prochainement au Premier ministre, la mise sur pied d’un Cadre de concertation élargi sur la filière avicole, parlant d’une "coalition" entre le gouvernement et les acteurs pour sauvegarder cette filière mais aussi aller à l’assaut du marché africain et international.

Alioune Sarr a fait cette annonce à la fin d’une visite à la Sedima. Le ministre a visité des sites de reproduction, un couvoir, une ferme d’abattage et l’usine de fabrique d’aliment de volaille. Dans ses différents sites, l’entreprise a consenti d’importants investissements qui permettent une production respectant les standards de sécurité et de qualité internationaux.

Pour le ministre du Commerce, une fois mis sur pied, ce cadre de concertation élargi réfléchira sur la commercialisation, la fiscalité, les prix, etc. L’objectif étant selon lui de sauvegarder cette "filière porteuse", mais aussi de "veiller à ce que le pouvoir d’achat des Sénégalais ne soit pas dégradé". Alioune Sarr a promis que le gouvernement va commencer à y travailler avant la Tabaski.

"Le but est d’avoir un bon poulet à un prix compétitif", a-t-il dit. Le ministre a insisté sur la qualité, estimant que cela permettra d’exporter sur le marché africain, dans le cadre par exemple de la Zone économique de libre échange continentale (Zleca). Par rapport aux normes de qualité, Alioune Sarr dit avoir trouvé à la Sedima des installations qui n’ont rien à envier à ce qui se fait dans les pays développés, soulignant que cela est important pour faire face à la concurrence.

Le ministre dit avoir été "émerveillé" par ce qu’il a vu à la Sedima, où d’importants investissements ont été faits ces dernières années pour relever le niveau de la qualité. Alioune Sarr a qualifié la filière avicole de "filière porteuse" et réaffirmé que la politique d’interdiction d’importer la volaille et des produits dérivés, "reste inchangée". Il a souligné que la filière bénéficie des mécanismes de régulation sectorielle mis en place par le gouvernement et "consignés dans les engagements internationaux" du Sénégal.

L’aviculture génère 50.000 emplois directs et 200.000 emplois indirects, a rappelé le ministre, assurant que le gouvernement va continuer à accompagner le secteur qui connaît déjà une "autosuffisance". Le gouvernement va tout mettre en œuvre pour accompagner cette filière, a soutenu le ministre, estimant toutefois que les acteurs ne doivent pas dormir sur leurs lauriers.

"Ils peuvent compter sur le gouvernement", a dit Alioune Sarr, qui a appelé les acteurs à mettre l’accent sur la qualité, l’innovation et la compétitivité dans le secteur. La vice-présidente de la Sedima, Seynabou Seck, s’est réjouie de la visite du ministre, saluant les mesures de protection dont bénéficie le secteur. La Sedima dispose aujourd’hui de deux couvoirs d’une capacité de production de 30 millions de poussins par an, extensible à 45 millions, a-t-elle dit, rappelant que les besoins du marché sénégalais sont évalués à 45 millions de poulets. L’usine de fabrique d’aliment de volaille produit 1000 tonnes par jour. Toutefois, elle a évoqué un problème d’intrants. Les aliments de base dont le maïs qui rentrent dans la fabrication du produit étant importés, il se pose alors un problème de compétitivité, a-t-elle déploré. Elle a aussi plaidé pour une exonération de la Tva.

«L’OUVERTURE AU MARCHÉ EXTÉRIEUR EST INÉLUCTABLE»

Curieusement, l’avant-veille, lundi 18 juin, Augustin Faye, directeur de cabinet du ministre du Commerce, avait parlé de l’ouverture prochaine de la filière avicole sénégalaise au marché extérieur, qui était liée à la volonté de notre pays de respecter ses engagements commerciaux internationaux. ‘’Le ministère du Commerce est en train de se préparer à cette ouverture qui est inéluctable si on veut être en phase avec nos engagements commerciaux internationaux’’, avait-il déclaré en marge d’un atelier régional dédié aux normes de la concurrence.

‘’Notre marché avicole doit s’ouvrir à l’extérieur pour davantage accroître la compétitivité de nos entreprises. C’est l’effort que l’Etat doit fournir pour mettre nos producteurs à niveau pour pouvoir affronter cette ouverture des marchés’’, avait-il expliqué. ‘’Il s’agira d’un travail d’équipe permettant d’accompagner l’ensemble des acteurs. Le Sénégal a fait le choix de diversifier ses partenaires étant donné l’étroitesse de son marché’’, a-t-il souligné, réagissant ainsi à la réticence manifestée par les acteurs locaux après l’annonce de cette ouverture du marché avicole.

‘’La filière avicole a fait l’objet d’une certaine réglementation qui a permis d’asseoir un secteur dynamique. L’Etat du Sénégal avait pour y arriver, mis en œuvre des restrictions sur certains produits. Cela a permis de rendre compétitive l’aviculture locale’’, a rappelé M. Faye. Le directeur de Cabinet du ministre du Commerce, du Secteur informel, de la Consommation et de la Promotion des Pme faisait allusion à certaines mesures protectionnistes prises à partir de 2005 pour protéger la filière locale. Il s’agit, entre autres, de l’interdiction d’importation de certains produits de la volaille.

UN CHIFFRE D’AFFAIRES DE PLUS DE 200 MILLIARDS DE FCFA

Le secteur de l’aviculture a généré un chiffre d’affaires de plus de 200 milliards de Fcfa en 2017. Dans la même année, la production de viande de volaille a représenté 36% de la production nationale de viande, toutes espèces confondues, qui était à plus de 250.000 tonnes. Une moyenne de progression de 15% par an est notée. La production en œufs de consommation a été évaluée à 615 millions d’unités, avec une moyenne annuelle de progression de sept ans.

Des résultats possibles grâce à l’important tissu industriel et d’entreprises mis en place autour de l’aviculture, notamment dans les domaines de l’alimentation, de la production de poussins, de la santé et de la transformation. Depuis 2005, la filière avicole évolue dans un contexte de protection due à la menace liée à la grippe aviaire. Cela a été renforcé encore en 2012 par le président de la République, Macky Sall qui, à plusieurs reprises, au niveau des instances internationales, a exprimé sans équivoque, sa ferme volonté de maintenir le statu quo, afin de donner le temps nécessaire à notre filière avicole, pour qu’elle s’organise, se renforce et soit, à terme, en mesure de faire face à la rude concurrence du marché international.

Depuis lors, d’énormes efforts ont été faits par le privé national et les producteurs, qui ont consenti beaucoup d’investissements pour relever le défi de l’approvisionnement correct du marché national en poulets et en œufs. Ainsi, la filière avicole n’a cessé de progresser. Le gouvernement enregistre avec beaucoup de satisfaction toutes ces performances tangibles et loue l’engagement des acteurs qui investissent dans ce domaine. Car, ils ont pris des risques importants face aux menaces extérieures pour la satisfaction des besoins de la nation et l’autonomie alimentaire du pays en produits avicoles. C'est dire...

Ndèye Fatou Kébé