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Abdou Khadr Sanoko, sociologue: «Un ministre de l'Intérieur annonce l’arrestation de Branco, en bombant le torse et 72 heures après, on libère l’avocat, c'est flou...»

Le sociologue Abdou Khadr Sanoko se désole du dénouement de l’affaire Juan Branco. Il rappelle être parmi les gens qui ont eu à applaudir après son arrestation. Le sociologue indique que Branco avait véritablement défié ce qu’il y avait de plus sacré dans la République, les institutions. Il estime que cette défiance de l’avocat français, allait donner un mauvais signe aux fondements et aux principes sacro-saints qui garantissent la sécurité intérieure et extérieure de notre pays.


Rédigé par leral.net le Mardi 8 Août 2023 à 18:11 | | 0 commentaire(s)|

Abdou Khadr Sanoko, sociologue: «Un ministre de l'Intérieur annonce l’arrestation de Branco, en bombant le torse et 72 heures après, on libère l’avocat, c'est flou...»
D’après M. Abdou Khadr Sanoko, la collaboration entre les forces de sécurité sénégalaises et mauritaniennes a permis à ces dernières d’arrêter l’avocat franco-espagnol pour le remettre aux autorités sénégalaises. Cette arrestation a été positivement appréciée par des secteurs de l’opinion puisque, si l’avocat avait réussi à rentrer tranquillement dans son pays sans être arrêté, cela aurait pu être un affront qui pouvait être lancé à l’ensemble de la République sénégalaise. Donc, c’est une bonne chose qu’on l’arrête et qu’on puisse l’entendre et le sanctionner.

« Au Sénégal, il y a des gens qui ont été arrêtés aussi, approximativement, pour les mêmes... Enfin, pas exactement pour les mêmes faits. Mais, pour des faits similaires. Avec tous les chefs d’accusation qui pesaient sur lui, surtout avec l’article 80, c’est stupéfiant de se réveiller un beau matin et qu’on nous dise qu’il a été libéré. Forcément, il y a eu la pression de la France ou de l’Espagne, qui a dû pousser les autorités à lâcher prise. Mais il me semble que, maintenant, ces mêmes autorités auront du mal à pouvoir justifier l’arrestation de ceux qui avaient aidé Branco à entrer dans notre territoire », estime le sociologue Abdou Khadr Sanoko.

Selon "Le Temoin", le sociologue a évoqué le cas de Me Babacar Ndiaye et autres (qui ont été finalement libérés). « J’ai envie de dire tout ça pour ça. C’est-à-dire, faire tout ce bruit, en nous présentant Branco comme quelqu’un qui était venu déstabiliser l’équilibre et l’harmonie de notre République. Maintenant, laissez filer le Franco-Espagnol comme ça. J’observe tout ce qui aurait tendance à pouvoir fragiliser notre République. Surtout quand ça vient de quelqu’un qui a écrit des ouvrages clairement où il théorise ce genre de procédés. C’était l’occasion rêvée pour donner une grande leçon à cet avocat », soutient notre interlocuteur.

M. Abdou Khadr Sanoko dit peiner à trouver une appellation à ce nez thyroïdien. « D’autant que l’avocat franco-espagnol a fait la même chose dans d’autres pays et ça a marché. Il l’a fait chez nous, les gens ont encore subi des pressions diplomatiques, ils l’ont libéré. C’est sûr qu’il va récidiver. Je suis plus ou moins gêné par cette libération, où ils théorisent ce genre de procédés. Maintenant, il faut aussi comprendre que nous appartenons à une société internationale et les rapports multilatéraux font que dans certains traités internationaux, il y a aussi ces possibilités-là, qui font qu’on peut céder à une demande ou à une intervention d’un pays ami ou d’un pays avec qui on est en coopération internationale. Donc, ça a dû être ce qui a poussé les autorités sénégalaises à laisser Branco ».

En conclusion, le sociologue regrette la posture du ministre de l’Intérieur, qui bombait le torse, pour annoncer l’arrestation de Juan Branco à Rosso. Et 48 heures après, l’avocat était libéré. Sanoko trouve que c’est flou. Et lorsque, c’est flou, déduit-il, c’est qu’il y a un loup !

Ousmane Wade