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Affaire Habré : Me Assane Dioma Ndiaye annonce un procès "complaisant ou expéditif"

Lors d’un atelier de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires (CAE), qui a regroupé 20 journalistes, Me Assane Dioma Ndiaye, coordonnateur sénégalais des victimes de Habré, a dit tout le mal qu’il pense du procès des co-prévenus de l’ex-président tchadien au Tchad.


Rédigé par leral.net le Mercredi 19 Novembre 2014 à 06:52 | | 0 commentaire(s)|

Affaire Habré : Me Assane Dioma Ndiaye annonce un procès "complaisant ou expéditif"
L'atelier de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires, organisé hier, a servi de tribune à Me Assane Dioma Ndiaye, coordonnateur sénégalais des victimes de Habré, pour fustiger l’attitude du gouvernement tchadien dans l’affaire Habré. L’avocat regrette que le régime d’Idriss Déby n’ait pas procédé à la remise des co-prévenus Saleh Younouss et Mahamat Djibrine aux Chambres africaines.

Selon Me Ndiaye, compte tenu de la connexité des faits, il aurait été important que ces personnes soient jugées en même temps que Hissein Habré. Saleh Younouss était le directeur de la DDS, la police politique de Hissein Habré, tandis que Mahamat Djibrine était, selon la Commission d’enquête nationale, l’un des "tortionnaires les plus redoutés du Tchad". Leur procès a démarré au Tchad, le 14 novembre 2014.

Me Assane Dioma Ndiaye estime que le procès ne sera pas équitable ou risque d’être complaisant. "Tout le monde sait que le système judiciaire tchadien n’offre pas de garantie. Au-delà de ces deux personnes, nous pratiquons la justice tchadienne et nous savons que c’est une justice qui n’est pas aux normes, même de façon ordinaire, indépendamment des questions liées à ce qui s’est passé de 1982 à 1990".

L’avocat d’ajouter : "Nous sommes sûrs et certains que ce procès ne sera pas équitable ou bien sera un procès expéditif. D’ailleurs, c’est prévu. On a fixé le procès du 14 novembre au 14 décembre. Donc, ça veut dire que c’est des personnes qui sont renvoyées avec un objectif bien précis".

Me Ndiaye renseigne que "les plaintes ont été déposées en 2000. Moi-même, dit-il, je me suis rendu au Tchad. J’ai rencontré le doyen des juges et nous nous plaignions qu’aucun acte d’instruction, jusqu’en 2008 2009, n’ait été fait". "Et brusquement, on renvoie ces personnes en audience. On ne les a jamais confrontés avec les victimes. Même pour les chambres africaines, il y a eu des confrontations. On a fait venir des victimes ici, qui ont été confrontées à Habré, même si ce dernier a observé le silence", s’insurge-t-il.

Tout ceci pour dire qu’ils ne se font pas d’illusion sur l’issue du procès. "Soit ils seront condamnés à mort soit ils seront acquittés, mais dans des conditions qui ne permettent pas vraiment un procès juste et équitable".

Mimi Touré

En outre, l’avocat des victimes s’est prononcé sur la polémique autour de l’ancien Premier ministre Aminata Touré. "Nous savons déjà que dans son calendrier de candidature, le président Macky Sall s’était engagé, une fois élu, à faire en sorte que ce procès se tienne, comme d’autres candidats qui étaient dans l’opposition à l’époque", a déclaré l’avocat, pour dire que ce procès résulte, au-delà de l’arrêt de cours de la CEDEAO, d’une volonté politique au plus haut niveau.

"Je ne pense pas que tout ce qui s’est passé soit l’œuvre unique de Mimi Touré. Et sur le fait que certains disent qu’elle est "incompétente", c’est une allégation d’une partie. L’Etat Sénégalais s’est engagé, à travers la ratification de l’accord avec l’Union Africaine. Mieux, l’Assemblée nationale l’a ratifié. Comment concevoir que l’Assemblée nationale ratifie un accord qui ne serait pas valable ? Je pense que c’est une guerre de clochers", a fait comprendre M. Ndiaye.

Idriss Déby

En ce qui concerne l’implication d’Idriss Déby dans le procès, Me Assane Dioma Ndiaye a souligné que la plainte a été axée sur la responsabilité la plus grande, sur celui qui avait la possibilité de faire en sorte que tout ce qui s’est passé arrive, et celui qui avait la possibilité de faire en sorte que tout ce qui s’est passé ne se passe pas.

"C’est vrai que M. Déby était à un certain moment chef d’état-major, conseiller militaire de Habré, mais nous savons que l’essentiel des accusations reposent sur les actes commises par la DDS et celle-ci était sous le commandement direct de M. Habré", a t-il dit.

Ainsi, même s’ils n’excluent pas la responsabilité de Déby, aujourd’hui dit-il : "le plus important, est que le procès serve d’exemple. C'est-à-dire de faire en sorte que tous les chefs d’Etat, responsables au plus au niveau, sachent qu’ils ont la responsabilité première de protection de leurs citoyens et de ne pas réprimer leurs populations au nom de la conservation du