Afrique du Sud I Nathi Mthethwa : La chute d'un vétéran de l'ANC à Paris

Né en 1967, Nathi Mthethwa a commencé son engagement politique dans les syndicats et l'aile clandestine de l'ANC (Congrès national africain) en lutte contre le régime d'apartheid, une période qui l'a conduit à être arrêté lors de l'état d'urgence en 1989. Cet engagement initial, noble et risqué, lui a ouvert les portes du nouveau gouvernement démocratique.

Après l'accession de l'ANC au pouvoir, il a gravi les échelons, de la Ligue de jeunesse de l'ANC à l'Assemblée nationale en 2002. Sa carrière ministérielle a été fulgurante, le propulsant à la tête de portefeuilles clés sous différentes présidences :

• Ministre de la Sûreté et de la Sécurité, puis Ministre de la Police (2008-2014) ;
• Ministre des Arts et de la Culture, puis Sports, Arts et Culture (2014-2023).
Cependant, le passage de Mthethwa au gouvernement n'a pas été sans polémiques.

Son mandat au ministère de la Police, notamment sous la présidence de Jacob Zuma, est associé à des événements marquants qui ont entaché sa réputation. Son rôle dans des épisodes controversés, tels que le massacre de Marikana en 2012 (où 34 mineurs grévistes ont été tués par la police), continue de susciter le débat dans le pays.

Non reconduit lors du remaniement ministériel de mars 2023, il quitte le gouvernement et l'Assemblée nationale. Sa nomination comme ambassadeur à Paris en février 2024, lui offrant un rôle de délégué permanent auprès de l'UNESCO, avait été interprétée par certains comme une mise à l'écart, après une longue carrière aux affaires intérieures.

C'est cette dernière affectation qui s'achève par un drame personnel. Retrouvé au pied de l'hôtel Hyatt Regency Paris Étoile, après avoir été porté disparu par son épouse suite à un message inquiétant, la thèse du suicide est actuellement privilégiée par le parquet de Paris, qui a ouvert une enquête. Des sources évoquent le fait que l'ancien ministre, âgé de 58 ans, souffrait de dépression.

Que son geste soit lié à des pressions politiques, à de vieilles affaires ou à une souffrance personnelle, la mort de Nathi Mthethwa est une fin douloureuse pour un homme qui a dédié sa vie au service du régime post-apartheid, mais dont l'héritage reste complexe. Le président Cyril Ramaphosa a exprimé sa « profonde douleur » face à ce décès survenu dans des circonstances « prématurées et traumatisantes ».

Fred KOUMBA