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Ainsi donc la Famille socialiste n’aurait pas appris que le Sénégal a besoin de tous ses fils… ( Par Jean-Marie François BIAGUI)

Une bonne (re)lecture des « événements de décembre 1962 » nous apprendrait certainement que Mamadou Dia n’était coupable ni de près ni de loin des faits qui lui étaient reprochés et qui lui avaient valu un long séjour carcéral dans le bagne de Kédougou.


Rédigé par leral.net le Vendredi 13 Janvier 2017 à 15:26 | | 0 commentaire(s)|

Jean Marie François Biagui, président-fondateur du Mouvement pour le fédéralisme et la démocratie constitutionnels (MFDC-fédéraliste)
Jean Marie François Biagui, président-fondateur du Mouvement pour le fédéralisme et la démocratie constitutionnels (MFDC-fédéraliste)
Mais une telle (re)lecture nous apprendrait, aussi, assurément, qu’avec l’ancien président du Conseil banni, nous avons perdu à tout jamais, de par justement son bannissement notamment des sphères du pouvoir, l’opportunité à nous offerte en ce temps-là par la nature (d’autres diraient par le destin voire Dieu) de découvrir le développement ou, à tout le moins, d’engranger une qualification certaine du Sénégal à « l’émergence socio-économique ».
Sauf qu'avec la Famille socialiste, nous n’aurions appris que cela, pour n’en tirer aucune leçon. Sinon comment comprendre ce qui se passe de nos jours au sein du vieux parti du président Léopold Sédar Senghor ?

Un vieil ami camerounais me témoignait tout récemment, lors de mon tout dernier voyage à Lyon, en France, de sa volonté tenace, quand il mourra, d’être inhumé dans son pays natal. ‘‘As-tu jamais croisé un cadavre d’homme ou de femme qui n’ait point trouvé de mortels pour l’enterrer humainement, dignement ?’’ lui dis-je. Mais j’omis, bien volontiers, d’ajouter : ‘‘A moins que, de son vivant, il/elle ne se fût payé le luxe d’euthanasier sa progéniture, fût-elle simplement spirituelle’’. Auquel cas, les chiens, les hyènes et autres chacals seraient les bienvenus, avant d’éventuelles bonnes consciences de l’espèce humaine. Et ce ne serait là que la loi sinon la rançon de la nature, se déployant dans toute sa force et sa radicalité.
Or, en milieu politique, ce ne sont pas les chiens, les hyènes et autres chacals politiciens qui manquent. Bien au contraire, ils y sont légion.

Que Moustapha Niasse hier, ou Ousmane Tanor Dieng aujourd’hui, considèrent que leur avenir politique est désormais derrière eux et qu’il faille ainsi abdiquer leurs ambitions pour le Sénégal à l’autel de la coalition Benno Bokk Yakaar, cela n’est qu’une option ou une préférence parmi tant d’autres. Ça ne saurait être, en soi, une valeur. Mais ce peut être un acte subversif.
En fait, ce qui se joue ici, à n’en point douter, est grave et hors entendement.

En effet, en faisant allégeance à Macky Sall, président de la République et chef de parti, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ont posé, ès-qualité, un acte subversif (quoiqu’apparemment sympathique), en tant qu’il procède d’un anachronisme ahurissant et renversant, s’il l’on sait par ailleurs que leurs partis respectifs existent (pour) et n’ont pas d’autre vocation que la (re)conquête du pouvoir. Qu’ils soient parvenus, a posteriori, à faire « valider » leur acte, celui-ci n’en reste pas moins un acte subversif au regard de l’histoire, de la philosophie (de l’idéologie !) et de la vocation de leurs formations politiques.
Mais nous savons par expérience qu’un acte subversif a toujours un prix, sinon un coût : un contre-acte, ou une réaction, tout aussi subversif.

Au demeurant, qu’est-ce qui peut bien expliquer ce qui apparait, notamment chez ces deux leaders de la Famille socialiste, comme une inclination naturelle à vouloir « euthanasier » leurs progénitures spirituelles respectives ? (Ceux qui le désirent pourront trouver le même écueil avec les mêmes effets chez d’autres leaders de la Famille socialiste). N’est-il pas vrai que c’est une manifestation doublée d’une preuve d’affection que de léguer un héritage, en l’espèce politique, à sa progéniture ? Encore qu’il faille s’assurer que l’héritage en question ait une valeur avérée, réelle.

Il est manifeste, en l’occurrence, que pour Moustapha Niasse hier, et pour Ousmane Tanor Dieng aujourd’hui, avec apparemment la bénédiction du président Abdou Diouf, le président Macky Sall et son Alliance pour la République (APR) s’en chargeront. Ils disposeront à cet effet, et à bon compte, de l’avenir de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) et du Parti Socialiste (PS), ainsi que du destin politique de leurs progénitures spirituelles respectives ou, plus exactement, de ce qu’il en restera.

Qu’est-ce que c’est donc que le « socialisme à hauteur d’homme », s’il n’y en a guère que les tout premiers dépositaires de l’héritage senghorien pour s’évertuer allègrement à « euthanasier » tout un pan de la jeunesse socialiste ?
Non ! Les jeunes militants socialistes embastillés n’ont rien à faire en prison, mais beaucoup à la Maison du parti.

On a choisi pour eux la mort douce (euthanasie), qui plus est prématurée, et les jeunes socialistes l’ont rejetée sans appel. Et ils ont bien raison, d’autant plus que la mort douce n’a pas d’autre avenir possible que la mort elle-même, ad vitam aeternam. Et pour cause, la perpétuité qu’on leur promet avec jouissance, à l’issue du procès tant attendu et désiré par ses initiateurs, n’a pas d’autre synonyme possible que la mort douce.

Aussi, les jeunes socialistes sont-ils en prison, mais guère à la Maison du parti, parce qu’on a voulu voir, dans leur extraordinaire résilience face aux actes réitératifs d’« euthanasie » à leur encontre, une ou plusieurs tentatives d’assassinat. Cela s’appelle une double peine arbitraire, qui éclaire par elle-même, et de manière parfaitement obscure, l’injustice-par-excellence dont ils sont les victimes.

C’est tout simplement politiquement scandaleux et humainement inacceptable.

Dakar, le 13 janvier 2017.
Jean-Marie François BIAGUI