Leral.net - S'informer en temps réel

Analyse de la dette publique du Sénégal : ce que je reproche à Mamadou DIOP DECROIX (Par Hady Touré Canada)

Rédigé par leral.net le Vendredi 3 Novembre 2017 à 15:17 | | 0 commentaire(s)|

 
De manière récurrente, la dette de notre pays est remise en cause, au regard de l’importance de son volume, jugée excessive par certains. C’est le cas de Mamadou Diop Decroix qui s’est fendu d’un texte intitulé « Un mot sur la dette publique du Sénégal » qui est en réalité, une compilation de chiffres nullement documentés.

A l’endroit de Decroix, je voudrais dire que la dette publique obéit à d’autres facteurs que la seule arithmétique des dépenses. Ce point me semble déterminant pour un jugement sérieux.

Je suis toujours surpris, que ceux qui dénoncent notre niveau d’endettement, n’abordent jamais la question sous l’angle dynamique.

En effet, le volume de la Dette ne veut rien dire en lui-même, tant qu’il n’est pas mis en relation avec l’économie. Or, en considération des bonds significatifs engrangés par notre économie depuis 2012, rien dans les paramètres de celle-ci ne permet d’affirmer qu’il y a un dérapage.

A ce jour, les partenaires au développement se disent satisfaits de la gestion et du niveau de la dette Extérieure du Sénégal

Il est prématuré de juger comme dangereuse notre politique d’endettement à ce stade de notre processus d’émergence.

De plus, depuis son arrivée au pouvoir, le Président Macky SALL s’est volontairement engagé dans la définition du PSE qui commence à porter ses fruits, avec une économie dont le taux de croissance a dépassé le cap de 6 %, pas loin de l’objectif de 7 % qui favorisera la création de richesse à même de rembourser les emprunts tout en boostant l’emploi

Au regard du bon comportement de notre économie, et ce dans un contexte de découverte de pétrole et de gaz, la dette permet de soutenir cette dynamique.

C’est pourquoi, l’économiste allemand, Adolphe Wagner, a même formulé à la fin du XIXe siècle, une théorie de la croissance continue des dépenses publiques ou des besoins financiers de l’État. La « loi de Wagner » stipule qu’à long terme, le progrès économique s’accompagnerait d’une hausse importante des dépenses publiques dans l’économie.

Le Plan Sénégal Émergent en constitue une confirmation pratique. En effet, de nouveaux besoins se développent en infrastructures et en services qui exigent, pour le bon fonctionnement de l’économie, de lourds investissements.

De fait, les gains de ces investissements permettent de rembourser les emprunts.
En définitive, la dette n’est pas un problème en soi. Celle qui est mauvaise est la dette utilisée pour faire du fonctionnement ou des dépenses de prestige comme d’autres régimes nous y avaient habitué.

Rappelons que le Sénégal présente un profil de risque de surendettement faible, en deçà du taux d’endettement fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui est de 70 % du PIB.  A l’heure actuelle, notre niveau d’endettement est de 60 % du PIB, comparé à celui de la Côte d’Ivoire qui est de 65 %, après le PPTE.



 
Hady TRAORE
Évaluateur de politiques publiques
Coordonnateur fédéral de la DSE APR Canada
Alerte cessation de paiement : Symptômes d’un État en faillite (Par Mamadou Diop Decroix)
" Un mot sur la dette publique du Sénégal. Au titre du service de la dette, nous paierons 840 milliards cfa en 2018. Ainsi on va décaisser 2 milliards 300 millions cfa par jour tout au long des 365 jours de 2018 pour payer des dettes. Comparé à l'année dernière, là où les richesses créées ont progressé de 6,5%, la dette à rembourser a progressé de 23,5% soit plus de 300%. Ce qui est plus grave c'est que nous empruntons pour payer des dettes. Rien que sur les dernières années la situation se présente ainsi :
en 2014, ils ont emprunté 544 milliards pour un remboursement de 523 milliards.
en 2015, ils ont emprunté 570 milliards et ont remboursé pour 598 milliards.
en 2016 on a remboursé 596 milliards et en 2017 le montant est de 680 milliards. le rythme d'endettement est trop rapide. avec l'initiative PPTE (pays pauvre très endetté) le Sénégal avait pu bénéficier de mesures d'annulation de la dette si bien qu'en 2011, le ratio de la dette sur le pib était de 34% et en 2017 on est autour de 60%.
si on ajoute 785 milliards de budget de fonctionnement aux 840 milliards ci-dessus cela donne 1625 milliards soit près de 44% du budget global. difficile dans ces conditions d'avoir un pays qui avance. le débat budgétaire permettra d'aller plus au fond sur ces questions qui gouvernent le développement d'un pays. "