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Arrestation du capitaine Dièye : le déserteur remis à la prévôté, l’armée porte son masque de « Grande muette »

Le capitaine Mamadou Dièye est aux arrêts pour avoir quitté l’armée sans autorisation. Il ne faudra pas compter sur la Grande Muette pour parler du sort qui est réservé au capitaine « saint-cyrien », qui est passé par le Bataillon de reconnaissance et d’appui (Bra). Mais, sur les cas de désertion, des exemples de sanction, allant de la prison ferme à la radiation, ne manquent pas. En outre, le cas du capitaine Dièye est d’autant plus curieux, qu’après avoir déposé sa démission depuis plus d’un an, il n’a jamais reçu la réponse, qui devrait lui être servie dans les deux mois suivants.


Rédigé par leral.net le Lundi 14 Mai 2018 à 11:11 | | 0 commentaire(s)|

Le capitaine Mamadou Dièye a été arrêté vendredi dernier. Et selon les dernières informations, la Section de recherche qui l’avait cueilli l’a remis à la prévôté qui devra le remettre à son corps d’appartenance. Mais on en saura pas plus. En tout cas, pas du côté de l’armée. Interpellé sur l’affaire, le patron de la Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (Dirpa) a donné sa langue au chat. « Je n’ai pas de commentaire à faire là-dessus. Je suis désolé », a tranché net le colonel Abdou Ndiaye. Une autre source militaire abonde dans le même sens, en confortant la position du chef de la Dirpa. « Ces genres de cas sont traités de manière confidentielle. S’il y a une sanction, elle est également confidentielle, surtout quand il s’agit de sanction négative », soutient notre interlocuteur.

Déjà plusieurs radiations et condamnations pour désertion

S’il est arrêté comme déserteur, le capitaine risque une peine de prison ferme ou la radiation. En effet, sur la question, selon que la désertion est faite en temps de paix ou de guerre, le code militaire (article 107à 108) prévoit des sanctions dont des peines de prison ferme. En temps de paix, la sanction est comprise entre 6 mois et 3 ans. Et si le déserteur est parti avec des équipements de travail (armes, vêtements…) la peine minimale est d’un an.

Pour le cas précis du capitaine Dièye, ill risque plus la radiation que la peine de prison. En effet, selon le code militaire, un officier coupable de désertion, peut être destitué. Il y a déjà eu des précédents en 2015, le médecin-capitaine Thierno Bocoum et le colonel Matar Thioune ont été radiés pour désertion. Moins d’un an auparavant (août 2014), trois soldats El Hadji Coly, Abdou Ndiaye et Daly Diallo ont été condamnés à un an de prison ferme pour la même raison.

Beaucoup de questions autour d’une démission demandée depuis plus d’un an

Ayant déposé sa démission, le capitaine Dièye a quitté les rangs sans obtenir la réponse de l’autorité. Ce qui fait de lui, aux yeux de l’armée, un déserteur. Et c’est fort de cela que la Section de recherche a été actionnée pour l’arrêter. Mais on ne peut manquer de se poser des questions, vu le contexte de l’arrestation. Celle-ci est intervenue lendemain d’une sortie médiatique du concernée (interview avec DakarTime) dans laquelle il explique les raison de son départ de l’armée qu’il n’a pas ménagée, et ses ambitions politiques, notamment son désir de participer à la Présidentielle de 2019.

Mieux, son arrestation est intervenue de justesse, alors qu’il s’apprêtait à entrer dans les locaux de DakarActu pour un autre entretien médiatique. Si tant qu’il était considéré comme un déserteur, pourquoi avoir attendu ce moment précis, alors qu’il a déposé sa lettre de démission depuis le 22 janvier 2017, pour l’arrêter ? Pourquoi l’a-t-on laissé quitter le territoire national, alors qu’il était dans une position de déserteur ? En outre, on s’explique mal la lenteur constatée dans son dossier.

Pourquoi, depuis janvier 2017, soit un an et 4 mois, on n’a pas daigné donner suite à sa lettre de démission, alors qu’une réponse devrait lui être servie dans les deux mois qui ont suivi sa saisine ? Et dans ce cas, la hiérarchie militaire qui transmet la demande et l’autorité qui doit valider ou non la démission, n’ont-elles pas tort ? L’absence de réponse dans les délais n’équivaut-elle pas à une acceptation de la démission ? Pour ce soutien du capitaine Dièye, il n’y a pas d’équivoque : « c’est l’Etat du Sénégal qui est dans l’illégalité, pour n’avoir pas répondu à sa demande », clame-t-il. Avant d’ajouter que « le capitaine Dièye a respecté les deux mois d’attente au cours desquelles une réponse devait lui être servie ».






Les Echos