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Carrefour-Citoyens met en garde l’État : "Les oubliés des zones rurales ne resteront plus silencieux"

Le mouvement Carrefour-Citoyens, regroupant plusieurs localités rurales des régions de Thiès et de Diourbel, a tenu une conférence de presse ce mardi 29 juillet 2025, au siège du FRAPP à Dakar. À travers une déclaration lue par son porte-parole, Massaër Ndiaye, le mouvement a dressé un tableau sombre des conditions de vie dans les communes de Baba-Garage, Lambaye, Koul, Gawane, Dinguiraye, Keur Samba Kane et Touba Lapé. Face à la presse, les membres ont décidé de sortir du silence, pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’oubli systématique de leurs territoires par les politiques publiques.


Rédigé par leral.net le Mardi 29 Juillet 2025 à 16:30 | | 0 commentaire(s)|

« Aujourd’hui, en ce moment crucial, nous avons décidé de briser le silence, de faire entendre la voix des oubliés, celle des territoires et des populations délaissés à eux-mêmes et abandonnés par des politiques publiques trop souvent déconnectées de la réalité du terrain », a déclaré Massaër Ndiaye. Il a dénoncé une injustice structurelle, qui se traduit par un accès inégal aux services de base, renforçant un sentiment d’abandon dans ces communes rurales.

Le mouvement s’est particulièrement attardé sur la question de l’enclavement routier. La route Mékhé–Baba Garage, considérée comme un axe vital pour l’accès aux services sociaux, est à l’arrêt depuis la chute du régime de Macky Sall. « Les travaux sont restés bloqués à 50 % de réalisation, sans aucune explication officielle », a déploré le porte-parole, dénonçant une situation dramatique, surtout en saison des pluies, où l’état dégradé de la route complique le transport des personnes, des biens, mais aussi des malades vers les structures de santé. M. Ndiaye a également souligné l'absence totale de programmation pour le tronçon Baba Garage – Keur Nguana, pourtant crucial pour désenclaver plusieurs villages.

Cependant, le mouvement a reconnu des avancées sur l’axe Touba Toul–Baba Garage–Bambey, où 23 kilomètres de route ont été réalisés. « C’est un pas dans la bonne direction, mais le travail reste inachevé, tant que l’ensemble des liaisons stratégiques ne sont pas bouclées », a également affirmé Massaër Ndiaye.

Sur le plan énergétique, les membres de Carrefour-Citoyens ont tiré la sonnette d’alarme face au retard criant de l’électrification dans leurs zones. « Ce n’est pas un luxe, mais une nécessité : c’est une question de dignité, de sécurité, d'éducation et de santé », a déclaré le porte-parole. Il a accusé la politique énergétique nationale, d’ignorer délibérément ces zones rurales, où des centaines de villages vivent encore dans l’obscurité, comme si leur sort importait peu.

Le mouvement a aussi dénoncé la gestion qu’il juge défaillante, de l’hydraulique rurale. Il a pointé du doigt la société Aquatech, à qui il reproche une logique de rentabilité au détriment de l’intérêt public. « Trop de familles parcourent encore des kilomètres pour accéder à une eau potable, parfois à des coûts inacceptables », a fustigé Massaër Ndiaye. Selon lui, cette situation a conduit plusieurs populations à reprendre la gestion des forages, en raison du manque de transparence et de performance de l’opérateur. Le mouvement plaide désormais pour une gestion communautaire et citoyenne de ces infrastructures hydrauliques.

Dans le domaine de la santé, Carrefour-Citoyens déplore une précarité inquiétante. Les postes de santé sont débordés et mal équipés, incapables de répondre à la demande. « Il est urgent de les ériger en centres de santé de plein exercice, avec du personnel qualifié, du matériel médical adapté et une dotation en médicaments », a insisté le porte-parole, appelant à faire de la santé un droit effectif pour tous et non un privilège pour quelques-uns.

Sur le volet sécuritaire, le mouvement a exprimé sa vive préoccupation face à l’absence d’infrastructures de protection dans certaines zones. Il a révélé avoir adressé une lettre officielle aux ministères des Forces armées et de l’Intérieur, pour demander l’implantation d’une brigade territoriale de gendarmerie à Baba-Garage. « Cette démarche, bien que motivée par le bon sens et les alertes du terrain, est restée sans réponse à ce jour », a regretté le porte-parole, qui y voit un signe clair du désengagement de l’État face à ses responsabilités régaliennes.

Le mouvement a aussi dénoncé un dialogue institutionnel totalement rompu. Aucun des courriers adressés à plusieurs ministres, n’a reçu de réponse, selon le porte-parole. « Comme si les préoccupations des territoires ruraux n’étaient pas dignes d’attention », a-t-il lancé.

Face à ce constat accablant, Carrefour-Citoyens formule des exigences fermes, qualifiées de « claires et non négociables ». Il exige la reprise immédiate des travaux sur la route Mékhé–Baba Garage, l’inscription du tronçon Baba Garage–Keur Nguana dans le programme routier national, l’électrification urgente des villages concernés, la gestion communautaire des forages, la transformation des postes de santé en centres de santé modernes, l’installation d’une brigade de gendarmerie à Baba-Garage, ainsi que le respect du dialogue républicain, à travers des réponses systématiques aux sollicitations citoyennes.

« Carrefour-Citoyens n’est pas un mouvement de contestation vaine. C’est un mouvement de veille, d'alerte, de proposition et de revendication juste », a conclu Massaer Ndiaye, réaffirmant l’engagement sans faille du collectif. « Nous sommes debout, et nous le resterons », a-t-il martelé.








Birame Khary Ndaw

Ousseynou Wade