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Ces politiciens ratés et rentiers de l’activisme qui méprisent le peuple

Rédigé par leral.net le Vendredi 12 Février 2021 à 17:56 | | 0 commentaire(s)|

Ces politiciens ratés et rentiers de l’activisme qui méprisent le peuple
Le peuple est en train de suivre l’affaire Ousmane Sonko. Il constate que l’univers des petits politiciens aigris, des activistes professionnels et autres rentiers de l’agitation, s’est mobilisé pour blanchir l’homme politique des accusations de viol portées contre lui. Ils ne veulent entendre parler ni d’enquête ni de procès. Ils appartiennent à un monde qu’ils s’évertuent de rendre inaccessible à l’autorité de la loi et à l’emprise de l’État de droit. Autant ils sont prompts à exiger procès et emprisonnement pour les autres, sur la base de la plus petite allégation, du moindre soupçon, de la plus insignifiante impression, autant ils sont prompts à proclamer l’innocence d’un des leurs quelle que soit la qualité de l’accusation.

Le peuple a surtout subi les violences perpétrées dans la journée du lundi 8 février dernier par des hordes d’écervelés, répondant à l’appel à l’insurrection de Ousmane Sonko. Des citoyens dont la seule faute est d’avoir celui-ci comme voisin ont subi d’importants dégâts matériels de la part d’individus qui, de toute évidence, déshumanisés par la passion, ont cassé et brûlé sans discernement, en proie à une furie dirigée contre tout ce qui n’était pas emblématique de leur foi obscure.

Malgré la gravité des faits et leur caractère totalement inadapté dans une société organisée, aucun de ces imposteurs prompts à usurper la voix du peuple ne s’est fait entendre pour les condamner ni même pour manifester la moindre compassion pour les victimes.

Le peuple a vécu cette réalité et son silence ne doit tromper personne. C’est l’expression d’un mépris radical vis-à-vis de gens dont l’existence se réduit désormais à une masse de ressentiments qui a consumé en eux toute valeur. S’ils pouvaient voir dans un miroir la réalité de leur personnalité, ils se rendraient compte que le seul effet de leur discours public sur l’État de droit, la démocratie, la justice, c’est de les enfoncer un peu plus régulièrement dans le ridicule de l’incohérence chronique et de l’indécence assumée.

Ces individus de peu de foi, désespérés politiques en quête de sauveur, rivalisant d’ardeur dans leur volonté de blanchir leur nouveau gourou, se révèlent assez obtus pour croire qu’ils comptent encore aux yeux d’un peuple qu’ils méprisent et qu’ils s’entêtent à vouloir dresser contre lui-même.

L’affaire Ousmane Sonko rappelle à s’y méprendre l’affaire Me Babacar Sèye. Près de 30 ans après son lâche assassinat, le regretté juge constitutionnel continue de hanter les Sénégalais. Ils en parlent à chaque occasion sur fond de controverse. La dette morale, judiciaire et sociale est lourde et n’a jamais été soldée, ce qui explique l’inefficacité du temps sur un deuil qu’on portera encore dans un long futur.

En son temps, l’activisme politique avait dicté sa loi à l’État de droit et à la justice républicaine, en blanchissant par la pression de la rue, les commanditaires, vrais coupables, pour ne condamner finalement que de petits exécutants à des peines qu’ils ne purgeront d’ailleurs que partiellement, ayant bénéficié eux aussi de cette connivence malsaine qui constitue la véritable face hideuse du système.

Quelques années plus tard, ceux qui avaient manifesté, saccagé et brûlé, se sont retournés et ont renié leurs positions initiales, ravalé leurs déclarations de jadis, pour mettre cet acte infâme sur le dos de ceux-là qu’ils avaient protégés du glaive de la justice. Ils ne se sont pas pour autant ni amendés ni autocritiqués. De toute évidence ni conscience ni vergogne ne les étouffent et devoir assumer avoir assuré l’impunité à des assassins, semble être le moindre de leur souci.

Mais le peuple, lui, a vu, a vécu et a pris bonne note. Il a remarqué la désinvolture avec laquelle certains politiciens et activistes sont prompts à se renier sur leurs accusations et leurs jugements, à sanctuariser leur univers, s’érigeant des espaces de non droit, se garantissant mutuellement l’impunité pour des faits qui conduisent quotidiennement les citoyens ordinaires devant les tribunaux où ils sont parfois blanchis, condamnés quand cela s’impose, le tout sur la seule base de la loi.

Le peuple a entendu le coordonnateur du mouvement Y en a marre sortir de chez Ousmane Sonko et déclarer sans frémir que Karim Wade et Khalifa Sall ont été des prisonniers politiques. Or le peuple se souvient qu’il y a huit ans, ce même mouvement Y en a marre s’était particulièrement distingué par ses sorties démesurées pour exiger l’arrestation et l’incarcération de Karim Wade qu’il avait déjà jugé, reconnu coupable des pires méfaits et condamné sans appel. A l’époque, l’emprisonnement de celui qu’on surnommait sous la présidence de son père, ministre de la Terre et du Ciel était présentée par Y en a marre, comme un critère irréductible de bonne gouvernance du Président Sall. Le peuple est témoin de cette contradiction flagrante de Y en a marre sur le cas Karim Wade, et a de bonnes raisons de se demander à quel Y en a marre se fier.

Le peuple a suivi l’affaire Khalifa Sall et a pu constater que celui-ci a eu à recourir à répétition, pendant de nombreuses années, à du faux, de fausses factures établies au nom d’un fournisseur tout ce qu’il y a de plus fictif, portant sur des livraisons qui n’ont jamais eu lieu, pour s’approprier près de 2 milliards de francs de la mairie de Dakar. Il s’agit de faits d’une constance implacable. Ce peuple a de bonnes raisons de s’interroger en entendant des agitateurs professionnels prétendre que cette personne a été emprisonnée injustement, au moment où des milliers de citoyens croupissent dans les prisons dans l’indifférence la plus totale, pour des faits apparaissant comme la miniaturisation de l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar.

Le peuple a vu dernièrement des gens qui jugent quotidiennement des citoyens ordinaires devant les tribunaux, s’agiter énergiquement pour s’opposer à ce qu’un des leurs soit jugé par ses pairs malgré l’existence d’un motif et des poursuites. Ce peuple se retrouve ainsi à se demander finalement qui sont ces élites et autres acteurs publics, prompts à défier l’État, à dénoncer de prétendus abus et dérives, et qui évoluent dans une spirale de connivence malsaine, indécente et immorale.

Le peuple en a marre de tout cela et derrière son silence, bouillonne un profond sentiment de révolte contre les imposteurs bruyants.






Samba Laobé Niang
Enseignant en retraite
Militant de l’État de droit