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Chutes de neige : la France gère-t-elle vraiment moins bien que les autres pays ?

Rédigé par leral.net le Mercredi 7 Février 2018 à 18:45 | | 0 commentaire(s)|

C’est la même rengaine dès qu’un épisode neigeux en plaine paralyse des agglomérations : les autorités publiques en France sont taxées «amateurisme» et de «manque d’anticipation». Qu’en est-il ?


Chutes de neige : la France gère-t-elle vraiment moins bien que les autres pays ?
Chutes de neige : la France gère-t-elle vraiment moins bien que les autres pays ?

Deux mille automobilistes qui passent la nuit dans leur voiture, 900 véhicules bloqués à la mi-journée, le tout pour une quinzaine de centimètres de neige : à l’image de la N118, la France était paralysée, ce mercredi matin , après deux jours de chute de neige consécutifs.

Le mécontentement ne s’est pas fait attendre. Sur les réseaux sociaux, de nombreux usagers se sont rapidement insurgés contre l’incurie présumée des autorités publiques avec, pour certains, en tête la dernière crise similaire, en 2013. Dans la journée, plusieurs cadres du parti Les Républicains ont à leur tour accusé le gouvernement d’avoir fait preuve d’«amateurisme » et de « manque d’anticipation », pointant une situation « invraisemblable » et « inadmissible ».

« Un tel épisode, c’est d’abord ingérable. Partout. Toujours »

Alors, la France se débrouille-t-elle vraiment plus mal face aux chutes de neige qu’à l’étranger ? Pierre Serne, conseiller EELV en région Ile-de-France spécialisé dans les transports, est formel : « Un épisode neige + verglas, dans un premier temps, c’est ingérable en terme de transports, écrit-il sur son compte Facebook . Partout. Toujours. »

Pour appuyer son propos, ce membre du mouvement Génération-s de Benoit Hamon  relève notamment plusieurs cas de pays en partie bloqués par la neige, y compris dans les régions les plus exposées à ces épisodes et donc supposément mieux préparées.

En novembre 2017, le Journal de Québec  évoque par exemple « quelques centimètres » de neige en ville. « Les précipitations collent à la chaussée glissante, s’alarme le quotidien. Les autoroutes Henri-IV, Robert-Bourassa et Charest sont très encombrées […]. Le réseau urbain tourne également au ralenti et des problèmes sont à prévoir au centre-ville ».

Le salage peut être contre-productif, voire dangereux

L’élu francilien cite également des villes paralysées par la neige en Suède, en Russie ou encore en Allemagne. « Même à Moscou, les gens peuvent se faire surprendre, appuie Olivier Razemon, dont le blog sur Le Monde  est spécialisé dans les transports. Il suffit par exemple les chutes de neige se produisent plus tôt, ou plus tard que d’habitude. »

Lundi, nous revenions en détail sur les moyens mis en oeuvre par la Direction des routes d’Ile-de-France, la Sanef ou encore Vinci , comprenant notamment des milliers de tonnes de sel stockés et des passages préventifs de saleuse. Mais comme le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux le rappelait ce mercredi matin, il est techniquement « difficile d’anticiper le nombre de centimètres de neige qu’il va tomber ».

Or, un salage non adapté peut être inutile, contre-productif ou même dangereux, créant des « bouillies de sel » ou même du « verglas », selon le chef du pôle entretien et exploitation des routes du département de l’Ariège, interrogé par Ouest France.

« Au Canada, il tombe 60 cm et tout le monde roule... »

Au niveau des transports, les mêmes techniques semblent être employées par la SNCF  et les Chemins de fer fédéraux suisses  (CFF) pour maintenir leurs réseaux en état de marche en période de grand froid : déneigement, chauffage des aiguillages et équipes prêtes à intervenir sont notamment mis en avant.

Interrogé sur BFM TV , le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a néanmoins reconnu que la France ne pouvait « acheter beaucoup de matériel » pour une utilisation « une fois tous les trois ans ». « Au Canada, il tombe 60 centimètres et tout le monde roule, a-t-il relevé, simplement parce qu’ils ont investi des milliards et des milliards ».

Pour Olivier Razemon, qui a écrit sur l’impact de la neige dans plusieurs villes du monde, une meilleure prévention de ces perturbations ne sera possible qu’à partir du moment où les Français, et notamment les Franciliens, auront vraiment pris l’habitude d’y être confrontés.

« En Allemagne, mettre ses pneus-neige marque le début de l’hiver »

« A Montréal, tout le monde s’organise pour les chutes de neige à venir, pointe-t-il. En Allemagne, les automobilistes mettent leurs pneus-neige dès la fin octobre. Pour eux, le fait de mettre ces pneus-neige marque même le début de l’hiver... que certains repoussent au maximum ! »

En France, où le dernier épisode neigeux comparable remonte à 2013, il serait donc « normal d’être dépassé ». « Les gens qui ne sont pas habitués ne peuvent pas anticiper », conclut-il. Mais pas sûr que cela ne réconforte beaucoup les milliers d’automobilistes qui ont passé la nuit de mardi à mercredi dans leur voiture, au milieu d’une route verglacée.

leparisien.fr