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Cinquante ans après l’assassinat d’Amilcar Cabral : Des universitaires préconisent la réactualisation de sa pensée

Rédigé par leral.net le Vendredi 20 Janvier 2023 à 21:12 | | 0 commentaire(s)|

Figure emblématique, combattant de la liberté, défenseur des masses opprimées, leader incontesté du 20ème siècle, Amilcar Cabral était un intellectuel qui a donné sa vie pour les peuples de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert pour s’être battu, des années durant, pour libérer ses deux pays de la puissance coloniale portugaise. Cinq décennies après la disparition […]

Figure emblématique, combattant de la liberté, défenseur des masses opprimées, leader incontesté du 20ème siècle, Amilcar Cabral était un intellectuel qui a donné sa vie pour les peuples de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert pour s’être battu, des années durant, pour libérer ses deux pays de la puissance coloniale portugaise. Cinq décennies après la disparition du fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (Paigc), des universitaires, intellectuels et penseurs venus d’horizons divers se retrouvent à Ziguinchor autour d’un symposium international au cours duquel ils recommandent la « réactualisation » de sa pensée « universelle » afin de permettre aux pays africains d’asseoir une véritable politique de développement socio-économique endogène au profit des citoyens de ce continent. 

Par Gaustin DIATTA (Correspondant)

ZIGUINCHOR – Révolutionnaire panafricaniste, Amilcar Cabral, assassiné le 20 janvier 1973, soit deux ans avant l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert, était le héros de la libération des peuples de ces deux pays « frères ». Son combat de longue haleine a abouti à ce résultat positif. Amilcar Cabral n’avait pas qu’une vision politique. De son vivant, il a eu à axer ses travaux et réflexions sur l’économie, l’agriculture, la culture, etc. En un mot, sur le devenir de l’Afrique et le meilleur être de ses populations. Tué il y a 50 ans, Amilcar Cabral est un combattant hors pair. D’où ce colloque international qui se tient à l’Université Assane Seck de Ziguinchor à son honneur. Pendant trois jours, des universitaires et intellectuels venus de 10 pays du monde vont se pencher sur l’héritage du fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (Paigc).

Hier, à l’ouverture dudit symposium international, il a beaucoup été question de sa pensée et son œuvre. Venu de la Guinée-Bissau pour prendre part à cet événement, le Pr Carlos Cardoso du Centre d’études sociales Amilcar Cabral (Cesac), a demandé aux uns et aux autres d’aller même au-delà de la « réactualisation » de l’œuvre de Cabral et de recourir à une méta-analyse « solide » de la pensée du fils de Bafata. « Cabral a été de toutes les batailles », a-t-il salué. Aussi, Carlos Cardoso a-t-il affirmé que le discours d’Amilcar Cabral est toujours d’actualité, 50 ans après sa disparition. « Il nous a laissé tout son héritage. Donc, il appartient à tous les peuples de l’Afrique de se l’approprier. Je pense que sa pensée, qui est toujours d’actualité, peut permettre aux Africains d’entrevoir un avenir meilleur. D’où la nécessité de réactualiser toute sa pensée », a souligné le Pr Cardoso.

Pour mettre l’Afrique sur les rampes du développement socio-économique, il a appelé à se focaliser sur l’interprétation profonde des textes, de la méthode et la démarche de celui qui a été assassiné pour ses idées, à l’image du capitaine feu Thomas Sankara mais aussi, Patrice Lumumba. « Cabral s’est battu pour une Afrique libre. Il était très animé à l’esprit de la pratique. Dans la continuité de sa pensée, nous devons recourir à la méta-analyse », a soutenu le Pr Carlos Cardoso, estimant que le combat de Cabral doit être valorisé au profit des générations futures.

Cabral, une figure vivante et un héritage sûr

De son côté, le panafricaniste basé à Toronto, au Canada, Ameth Lô, a salué le rôle qu’a joué Amilcar Cabral dans la lutte pour la libération de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert. Selon lui, le défunt fondateur du Paigc « n’est pas mort » parce qu’il continue « d’inspirer beaucoup d’intellectuels africains et du monde entier ». Poursuivant, il a rappelé que Cabral a fait un travail de longue haleine. « Amilcar est parti il y a de cela 50 ans. Mais, quand on aborde les thèmes qu’il a eu à développer avant sa disparition, on se rend compte qu’il a été un grand penseur sur qui l’Afrique pouvait compter pour enclencher son processus de développement. Malheureusement, il fut assassiné très tôt. L’Afrique va continuer à pleurer ce grand homme », a insisté M. Lô. Cette thèse d’un homme toujours vivant est corroborée par Fabio Gomes de la Fondation Amilcar Cabral du Cap-Vert. D’après lui, Cabral est mort. En revanche, a-t-il dit, « sa pensée sera toujours d’actualité dans la mesure où la question de l’unité de l’Afrique qu’il a eu à théoriser de son vivant reste encore au centre des débats ». « L’essentiel de la démarche de Cabral était la promotion de l’unité africaine », a lancé de Fabio Gomes, sous les applaudissements des participants. De Praia, où il se trouve, l’ancien Président de la République du Cap-Vert, par ailleurs, président de la Fondation Amilcar Cabral, Pedro Pères, a envoyé un speech lu devant l’assemblée et dans lequel il demande à tout le peuple africain de préserver l’héritage d’Amilcar Cabral.

Pour sa part, le Pr François-Joseph Cabral a axé sa communication sur le modèle économique d’Amilcar Cabral. De l’avis de l’enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le fondateur du Paigc recommandait aux dirigeants du continent de s’appuyer sur l’agriculture pour développer leurs pays. Quant au Pr Nouha Cissé, il a demandé à ce que les masses s’approprient davantage l’héritage de Cabral ô combien important pour la marche de l’Afrique vers le développement. Né à Bafata, en terre bissau-guinéenne, Amilcar Cabral a été assassiné le 20 janvier 1973. Cinq décennies après son rappel à Dieu, il continue d’inspirer une jeune élite africaine qui veut essayer de travailler à rendre le continent autonome.

La mémoire d’un penseur innovant saluée

Recteur de l’Université Assane Seck, hôte du symposium international, le Pr Mamadou Badji s’est félicité de l’organisation de cet événement qui, selon lui, permet de questionner l’œuvre d’Amilcar Cabral. De plus, M. Badji se dit fier du regard du fondateur du Paigc, par rapport au marxisme du côté de l’Afrique, combattant « infatigable de la liberté ». Venu présider la cérémonie d’ouverture de ce colloque international dédié à Amilcar Cabral, le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a magnifié le rôle qu’a réussi à jouer Amilcar Cabral pour l’indépendance de la République de Guinée-Bissau et du Cap-Vert.

Pour le Pr Moussa Baldé, le fondateur du Paigc qui s’est « beaucoup battu pour une Afrique unie et prospère » est un penseur innovant, un héros panafricain. Évoquant la profondeur de la pensée d’Amilcar Cabral, le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a indiqué que celle-ci constitue « une source d’inspiration pour les générations actuelles et futures, même si sa destinée exemplaire fut brutalement interrompue ». Aussi, le Pr Moussa Baldé a salué « l’œuvre politique d’un grand africain, chantre de la philosophie de l’unité africaine, concepteur d’un modèle économique local ».

 



Source : https://lesoleil.sn/cinquante-ans-apres-lassassina...