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Construction : De nouvelles mesures douanières contre le fer importé

Pour protéger la production locale, qui serait désormais aux normes internationales, le chef de l’Etat a ordonné, mercredi en Conseil des ministres, que de nouvelles mesures douanières soient appliquées au fer importé. Une volonté étatique non sans risque, selon le Syndicat des travailleurs de la construction, des bâtiments et travaux publics.


Rédigé par leral.net le Samedi 6 Juin 2020 à 17:46 | | 0 commentaire(s)|

Construction : De nouvelles mesures douanières contre le fer importé
Ça avait tout l’air d’une phrase cosmétique, d’un passage superfétatoire auquel on prête peu d’intérêt. «Le ministre de l’Industrie a rendu compte au Conseil de sa visite aux trois industriels du fer au Sénégal», lit-on dans le communiqué du Conseil des ministres de mercredi dernier. 19 mots sur les milliers que comporte le texte qui font se poser des questions. Qu’est-ce qu’une visite d’un ministre à des acteurs de son département vient faire dans un compte rendu de réunion d’un gouvernement presque aux abois, attendu sur des décisions importantes, sur des questions aussi vitales que la (sur)vie des Sénégalais en ces temps de pandémie ? Est-ce pour soulager un texte à la teneur infectée par le Covid-19 ? Ou pour donner un coup de gloss à une action gouvernementale secouée par l’onde de choc, aussi violente qu’inattendue, provoquée par les manifestations de la veille contre les mesures de restriction du Transport interurbain et le couvre-feu ?

Nouvelles taxes

A y regarder de près, cette phrase cache une volonté gouvernementale, pas encore traduite en acte, mais qui pourrait impacter demain beaucoup de Sénégalais. Surtout que le secteur concerné, le bâtiment, est une super priorité pour des millions de compatriotes qui ne rêvent que d’un toit. Selon des informations de L’Observateur, après la visite du ministre aux industries métalliques, Moustapha Diop s’est présenté, mercredi, en Conseil des ministres en avocat de ces chefs d’entreprise, dont il a «vendu» la qualité de la production, qui serait aujourd’hui «parmi ce qui se fait de mieux dans le monde». Le ministre de l’Industrie a, ensuite, fait part de leurs plaintes au chef de l’Etat. Des doléances conditionnées en trois points : le paiement des primes fixes, la cherté des factures d’électricité et la protection de la production. Répondant au ministre Moustapha Diop, le président de la République a été concret. Sur la première demande, le Président Sall a demandé de voir les possibilités d’échelonnement des primes fixes. Il a ensuite, ordonné que de nouvelles taxes douanières soient appliquées sur le fer importé pour protéger la production locale.

La sécurité avant tout

Seulement, cette volonté du président de la République ne rencontre pas l’assentiment du secteur des Bâtiments et travaux publics (Btp) qui émet des réserves sur le bien-fondé de la prochaine mesure. «Le problème principal avec le fer local, c’est la qualité qui n’est pas souvent aux normes. Il y a un sérieux problème de sécurité. Nous n’avons aucun problème pour l’utiliser, s’il est aux normes. C’est même une aubaine pour le secteur des Btp qui a toujours réclamé sa part des chantiers de l’Etat. Maintenant, il ne suffit pas de vouloir protéger pour protéger. Il faudra que cette chance se mérite. Il faut savoir que les entreprises du Btp sont suivies par des Bureaux de contrôle et elles ne peuvent pas utiliser n’importe quel matériau», a d’emblée réagi Diaraf Alassane Ndao, Secrétaire général national du Syndicat des travailleurs de la construction, des bâtiments et travaux publics. Soulignant que l’Etat ne peut pas aller dans ce sens, avant d’en discuter avec les partenaires, dont le syndicat des Btp, Diaraf Alassane Ndao prévient : «Quelle que soit la mesure de l’Etat pour protéger la production locale, il doit être certain que la qualité y est. Sinon, cette mesure ne va servir à rien. Parce que peu importe le nouveau prix du fer importé (440 000 FCfa les 100 Kg contre 400 000 FCfa pour le fer local, Ndlr), les entreprises vont l’acheter pour des raisons de sécurité.» Une augmentation qui, à coup sûr, se répercutera sur le coût déjà exorbitant de la construction au Sénégal.