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DSE: “Sénégal n’est pas un champ de règlements de comptes personnels”


Rédigé par leral.net le Samedi 15 Novembre 2025 à 21:07 | | 0 commentaire(s)|

“Le Sénégal n’est pas un terrain de vengeance privée. Le Sénégal n’est pas une terre à conquérir par intimidation. Depuis Dakar, lors du Tera meeting du 8 novembre, Ousmane Sonko s’est autorisé en public à menacer de dissoudre un parti politique légal et d’emprisonner des citoyens, à désigner des individus comme cibles, annoncer des représailles futures… et tout ça après avoir théorisé l’idée que le chef de l’État actuel pourrait — et même devrait — démissionner pour qu’il prenne sa place. Cela n’est pas une opinion politique ; c’est une dérive institutionnelle profonde. Cette dérive apparaît d’autant plus préoccupante pour notre démocratie que le Président de la République, dépositaire de la légitimité populaire, observe un silence qui ne contribue en rien à rassurer quant à la stabilité de nos institutions.

Le Sénégal est une République constitutionnelle dans laquelle aucun responsable politique n’a le pouvoir de dissoudre un parti pour motif idéologique ou par représailles. Aucune Constitution démocratique ne légitime l’extorsion politique par la menace. Les libertés publiques ne sont ni optionnelles ni négociables. Elles ne sont pas ajustables selon l’humeur du moment. Dans une vraie démocratie, on n’arrête pas des journalistes, des chroniqueurs, et des opposants pour délit d’opinion. Une démocratie n’a pas le droit d’abolir la liberté pour sauver son récit, même si celui qui n’a d’autre arme qu’un marteau ne voit que des clous à enfoncer.

Factuellement et juridiquement, on ne dissout pas un parti parce qu’on a perdu le débat politique ; on ne menace pas des citoyens parce qu’ils ont servi un autre projet ; on ne tente pas d’installer une destitution politique par suggestion médiatique. Démocratiquement, c’est irrecevable ; juridiquement, c’est intenable ; institutionnellement c’est dangereux.
Le Sénégal a traversé des crises et en a surmonté autant. Mais il y a eu aussi une période longue de stabilité, de construction, de rationalité, de politiques publiques cohérentes, qui ont bâti, transformé, relié, modernisé, projeté le pays vers le XXIᵉ siècle, particulièrement ces douze dernières années. Ce n’était pas parfait, comme du reste ne l’est aucune œuvre humaine. Mais c’était une voie choisie par l’État et suivie par des hommes et des femmes d’Etat et non un chemin d’exaltation d’un ego.

Aujourd’hui, 18 mois après l’arrivée de Pastef au pouvoir, le pays attend encore que le fameux Projet commence à se transformer en réalité. Le peuple attend les réformes concrètes. Il attend la gouvernance. Il attend les résultats. À la place, il reçoit des menaces, entend des autorités étatiques servir la même ritournelle de l’existence d’ennemis tapis dans l’ombre, des procès d’intention, des divertissements politiques permanents, la construction de frayeurs artificielles, la fabrication de coupables de substitution.

Le Sénégal n’a pas besoin qu’on lui invente de nouveaux ennemis. Il a besoin d’avenir. Le Sénégal n’a pas besoin de vendetta. Il a besoin de solutions. Le Sénégal n’a pas besoin d’un leader qui rêve de remplacer son propre président, il a besoin d’un Président qui gouverne, et d’un Premier ministre qui respecte l’équilibre institutionnel. La démocratie sénégalaise n’est pas un tremplin personnel. C’est un héritage précieux acquis de hautes luttes à transmettre intact.
On ne construit pas un avenir en effaçant des adversaires. On ne gouverne pas un peuple en le terrorisant. On ne peut aimer son pays et haïr la moitié de ses habitants. Un État n’est pas un camp de guerre psychologique. Quand la menace remplace le programme, le pouvoir n’est plus un service, c’est une dérive. La démocratie sénégalaise n’a pas vocation à devenir la propriété émotionnelle d’un seul homme ni la chasse gardée de pseudo patriotes dont l’objectif exprimé est de secouer les fondements de la patrie.

Et la diaspora, les médias internationaux, les citoyens lucides doivent le redire clairement :
Le Sénégal n’appartient pas au dernier qui crie. Le Sénégal appartient aux sénégalais.
La vigilance citoyenne est devenue non pas uniquement un droit — mais un devoir national.”

Fait à Atlanta le 10 Octobre 2025
Pour la Délégation des Sénégalais de l’Extérieur DSE
Alliance Pour la République (APR)
États-Unis d’Amérique


Ousseynou Wade