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Dakar-Bango, un creuset de l?excellence militaire sénégalaise

Rédigé par leral.net le Vendredi 18 Juillet 2025 à 13:04 | | 0 commentaire(s)|

À sept kilomètres de Saint-Louis, le 12e Bataillon d’Instruction de Dakar-Bango s’affirme comme un passage obligé pour tout jeune Sénégalais aspirant à une carrière dans les forces armées. Egalement connu sous le nom de ‘’Bat 12’’, ce centre d’instruction militaire est un creuset d’excellence pour les jeunes souhaitant entrer sous les drapeaux.

Une équipe de l’APS a eu le privilège d’y séjourner, du 23 au 27 juin 2025, en immersion, au plus près de la vie de ces nouvelles recrues.

Elle a été accueillie par le lieutenant Alpha Ba, au poste de commandement (PC) du centre d’instruction niché au camp militaire de Dakar-Bango, baptisé capitaine Deh Momar Gary, du nom d’un ancien enfant de troupe.

 

Après une réunion de coordination détaillée, les journalistes ont eu un aperçu clair des activités rythmant la journée d’un militaire en formation.

Ici, tout est réglé comme une horloge et les tâches bien définies et réparties.

Le colonel Famory Traoré, chef de corps du 12e Bataillon d’instruction, est chargé de la prise de contact avec les visiteurs, qu’il invite à le rejoindre dans son bureau pour une réunion de coordination avec le commandement.

Les activités de la journée d’une recrue

Au 12e Bataillon d’instruction, la journée d’une recrue est marquée, entre autres, par plusieurs activités. Déjà, peu après le réveil à 4 heures du matin, c’est la corvée, une activité marquée par des nettoyages.

Deux heures plus tard, les recrues, boule à zéro, prennent leur petit déjeuner, avant le début du rassemblement, un quart d’heure plus tard.

À 6 heures 30 minutes démarre la séance du rapport de la 3e compagnie, suivie d’un départ pour le circuit sport de huit kilomètres sous la supervision du commandant d’unité, le capitaine Diarra.

En treillis militaire, les recrues de la 3e compagnie baignent dans une ambiance bon enfant, en dépit de l’heure matinale. Le capitaine Diarra donne les dernières instructions à sa troupe et lance le top départ.

 

 

’Le circuit du huit kilomètres est une activité phare au 12e Bataillon d’instruction. C’est l’une des activités mythiques de la vie d’un militaire. Donc, au-delà du sport et de l’activité physique, il y a ce sentiment de cohésion’’, commente le lieutenant Bâ, officier du rang rigoureux et courtois.

De l’autre côté du camp militaire, la première compagnie, sous les ordres du commandant d’unité, capitaine Diop, est en pleine séance de lancer grenades, qui a débuté à 7 heures 30 minutes.

Sous un ciel nuageux, des chansons et quelques pas de danse militaire rythment le retour, aux environs de 8 heures, des recrues de la 3e compagnie, qui viennent de terminer leur circuit de huit kilomètres. C’est au tour de la 1ère compagnie du capitaine Diop de s’acquitter de l’activité ‘’Inter douze-quatorze’’, c’est-à-dire des activités physiques et morales qui se déroulent dans l’intervalle de 12h à 14 h.

Formation Civique et morale du combattant

Au-delà des activités physiques et sportives essentielles à la formation du militaire, le 12e Bataillon d’instruction dispense également des cours dits ‘’Formation Civique et morale du combattant’’ (FCMC).

En ce jeudi soir, à 20 heures sonnantes, le sergent Ndao est chargé de dispenser le septième cours de cette matière aux recrues de la 2e compagnie. L’indépendance nationale, l’unité et la cohésion nationale, entre autres thématiques, sont abordées.

Dans chaque salle de cours, le règlement est placardé au mur, juste à l’entrée principale. La tenue impeccable reste la première image du militaire et le premier signe de respect.

 

 

Concernant la discipline et l’éthique, le règlement rappelle que le militaire est une référence et doit être jaloux de son honneur et être toujours en quête de moral.        

Le bivouac, une activité majeure pour une recrue

La vie des recrues s’organise aussi autour du bivouac, dans l’optique de les préparer pour les missions ou opérations sur le terrain.

Pendant 48 heures [mercredi 25 et jeudi 26 juin 2025], la zone du bivouac a accueilli la 3e compagnie du capitaine Diarra et la 1ère compagnie du capitaine Diop. Les exercices ont été clôturés le vendredi 27 juin, par la traditionnelle marche de 15 km.

En cette fin d’après-midi de mercredi, elle a reçu le chef de corps du 12e Bataillon d’instruction, le colonel Famory Traoré, pour une visite. Dès son arrivée, les honneurs militaires lui sont rendus par toute la 3e compagnie dirigée par le capitaine Diarra. Il a ensuite procédé à une séance de présentation de sa troupe.

‘’Nous occupons un périmètre de 500 mètres. La zone du bivouac est limitée au nord par le Prytanée militaire de Saint-Louis, au sud par la poudrière, à l’est par le Bat 2 [2e Bataillon d’infanterie], et à l’ouest par l’aéroport international Ousmane Masseck Ndiaye’’, détaille-t-il, sous le regard attentif du chef de corps du 12e Bataillon d’instruction.

‘’Donc, pour ce qui est du programme, on a débuté ce matin à 6 heures après le rassemblement et le déploiement sur le site du bivouac. On a effectué une infiltration vers notre zone de bivouac. Arrivés sur place, nous avons mis en place un dispositif de 360 degrés. Les recrues ont procédé au creusage des emplacements d’urgence, mais aussi au montage et à l’installation des tentes’’, fait-il savoir.

 

La troisième compagnie est composée de six sections, soit un effectif de 456 recrues dont 29 filles, a-t-il rappelé au colonel Traoré.

Aussitôt après leur installation, ils démarrent par des causeries portant sur un certain nombre de thématiques, dont l’exploitation des réseaux sociaux.

Elles visent à les sensibiliser la manière d’utiliser les réseaux sociaux à bon escient, les dangers des jeux de hasard, la drogue, selon lui. Le rapport entre le militaire et la politique, entre autres thématiques, est aussi abordé, poursuit le capitaine Diarra.

Peu après cette séance de présentation, le chef de corps du 12e Bataillon d’instruction, le colonel Traoré a effectué une visite dynamique sur le site du bivouac.

Les différents ateliers du bivouac

Sur le site du bivouac, six ateliers sont montés portant sur le combat, la topographie, l’armement autrement appelé Instruction sur le tir (IST), la transmission (TRPP13), les grades et appellations et l’ordre serré (OS).  

Très à l’aise, le capitaine Diarra explique que dans l’atelier de combat, il était question de voir si les recrues ont compris les 12 actes réflexes, à savoir la théorie et la pratique sur le terrain.

Pour ce qui est de l’atelier de la topographie, souligne-t-il, ils verront comment s’orienter mais aussi les procédés d’orientation sommaire, l’utilisation de la boussole. Bref, des éléments basiques.

Dans l’atelier sur l’armement, ils seront initiés au démontage et remontage du M16, ses parties principales, de même qu’aux règles de sécurité relatives au tir et mesures de sécurité sur le champ de tir, renseigne l’officier.

Pour l’autre atelier de transmission à ce stade de la formation, ils verront la mise en œuvre du TRPP13.

De l’avis du commandant d’unité de la 3e compagnie, à travers l’atelier ‘’Grades et appellations’’, il s’agit d’amener la recrue à faire la distinction entre les différents grades mais aussi les différentes appellations.

 

 

Le dernier atelier, ‘’Ordre serré’’, permet de savoir si la recrue maîtrise le ‘’repos, le garde à vous, le salut en marchant, entre autres’’.

Durant 48 heures, le bivouac reçoit la troisième compagnie du capitaine Diarra, avec comme activité de clôture la traditionnelle marche de 15 kilomètres.

La FIC, première étape de la formation du militaire

À la place d’armes capitaine Deh Momar Gary (DMG), plus précisément au ‘’Bat 12’’, la Formation initiale du combattant (FIC) constitue une étape importante. Il s’agit d’inculquer aux recrues les rudiments de base militaire durant une période de quatre mois de formation.

‘’Le 12e Bataillon d’instruction particulièrement assure d’abord la Formation initiale du combattant (FIC), qui est la première étape de la formation du militaire durant laquelle on lui inculque les rudiments de base’’, confie le chef de corps du 12e Bataillon d’instruction, le colonel Traoré. Il fait référence au bon comportement, aux notions tactiques et techniques, à la discipline générale des Forces armées.

L’officier ajoute que tous les appelés du contingent passent à Dakar-Bango pour un séjour d’imprégnation de quatre mois. A l’issue de la formation, ils seront tous affectés à la Gendarmerie, à la Brigade nationale des sapeurs-pompiers ou dans les autres corps de l’Armée (Terre, Air et Marine), et également dans les différents corps et services, lance-t-il d’une voix perçante.

‘’Le 12e Bataillon d’instruction, point de passage obligé, est bien sûr un centre très stratégique pour les Forces armées. On y encadre les nouvelles recrues, en leur inculquant la vertu, le savoir-faire et le savoir-être nécessaires’’, assure le colonel Traoré. Mais, la formation ne se termine pas à Dakar-Bango”, s’empresse-t-il de préciser.

Après les quatre mois de formation et d’encadrement sur les notions tactiques et techniques, elles vont rejoindre leurs prochaines entités pour un approfondissement. Donc, le 12e Bataillon fonctionne comme un réceptacle, selon le colonel Traoré.

‘’Nous préparons et façonnons le réceptacle pour que le garçon ou la fille soit bien outillé sur le plan physique, sur le plan mental et sur le plan comportemental avec le savoir-faire et le savoir-être’’, souligne-t-il.

Ayant pris le commandement de ce prestigieux centre d’instruction depuis août 2023, le colonel Traoré va bientôt fêter ses deux ans à la tête de ce bataillon d’instruction.

Les 4 compagnies du 12e Bataillon d’instruction

Le 12e Bataillon d’instruction de Dakar-Bango, un creuset de formation pour l’essentiel des personnels militaires du rang, comprend quatre compagnies d’instruction et une compagnie de commandement et de service. Ce centre d’instruction des armées assure également la formation de la compagnie des élèves gradés de l’armée de terre, détaille le chef de corps.

Au 12e Bataillon d’instruction, chaque compagnie est reconnaissable à une couleur et à une devise, bien que la cohésion et l’esprit d’équipe constituent son socle.

La première compagnie dont la couleur est rouge a comme devise ‘’Au bout de l’effort’’. La deuxième, qui arbore le jaune, a pour devise ‘’L’effort fait les forts’’.

‘’Toujours faire face’’ est la devise de la troisième compagnie qui se distingue par la couleur verte’’, alors que la quatrième compagnie, reconnaissable à sa couleur bleue, a pour devise ‘’Oser et y croire’’.

Le personnel féminin appelé ‘’carré’’

Le 12e Bataillon d’instruction de Dakar-Bango a son propre jargon. Dans ce centre d’instruction, le personnel féminin est affectueusement appelé ‘’carré’’.

Les filles, à l’image des garçons, ont décidé d’embrasser le métier des armes pour servir avec loyauté et dignité leur Nation.

 

 

Le lieutenant Bèye, commandant de section de la 3e compagnie d’instruction pourrait servir d’exemple à ses congénères, qui seront plus tard peut-être de futures gradées ou même de futures cheffes. 

Six mille jeunes formés chaque année à Dakar-Bango

Le 12e Bataillon accueille chaque année environ 6 000 jeunes répartis en trois factions de contingent de 2 000 membres. Pour chaque contingent, la formation dure quatre mois.

‘’Le 12e Bataillon d’instruction accueille chaque année environ 6 000 jeunes Sénégalais et Sénégalaises, mais en factions de contingent de 2 000. Donc, c’est le Sénégal en miniature’’, résume le chef de corps du 12e Bataillon.

Ces jeunes viennent de toutes les régions du Sénégal après le recrutement effectué par le ministère des Forces armées, précise le colonel Traoré.

Selon lui, le 12e Bataillon d’instruction, aidé d’un personnel mis à sa disposition, est capable de faire une transformation merveilleuse au profit des jeunes recrues qui n’ont pas encore les rudiments militaires durant leur séjour d’incorporation.

 

Les jeunes recrues doivent au début de leur séjour d’incorporation passer des tests psychotechniques, une visite médicale pour jauger leur aptitude médicale, avant de démarrer les formations, explique l’officier.

Mais, s’empresse-t-il d’ajouter, ils s’adaptent de ‘’façon merveilleuse’’ pour acquérir ‘’les réflexes et comportements attendus d’un militaire’’. ‘’C’est une transformation merveilleuse, une alchimie que le 12e Bataillon sait faire avec un personnel de qualité mis à sa disposition’’, se réjouit-il.

Au 12e Bataillon d’instruction, la formation des recrues est aussi marquée par des activités de cohésion destinées à leur inculquer l’esprit militaire, comme le feu de camp.

”C’est pour cela qu’on leur fait travailler l’esprit d’équipe. Ils ont des activités de cohésion, des activités d’endurance pour les pousser jusqu’à leur dernier retranchement à atteindre leurs limites’’, dit le chef de corps.

Ce dernier commande ce prestigieux centre d’instruction, lequel est placé directement sous la tutelle du Chef d’état-major général des armées (CEMGA).

”En tant que chef de corps du 12e Bataillon d’instruction, je suis un privilégié, parce que j’ai eu la chance, après le commandement d’un Bataillon d’infanterie, de venir commander l’un des plus prestigieux centres d’instruction placé directement sous l’autorité du chef d’état-major général des armées, à l’image des autres écoles de formation pour les cadres’’, s’enthousiasme-t-il.

Une mission qui lui procure une grande joie, mais surtout la fierté d’être au contact de ces milliers de jeunes recrues qui ont choisi de servir leur pays par le métier des armes. 

‘’Ils ont eu le courage, l’engagement et la bonne volonté de venir avec leurs efforts, leur intellect, leurs capacités physiques pour servir leur pays’’, s’exclame-t-il.

Les différents chefs de corps du 12e Bataillon d’instruction

Au total, 35 chefs de corps ont eu à commander ce prestigieux centre d’instruction militaire, du commandant Abdourahim Wane (16 décembre 1960 -1er juillet 1964), à l’actuel chef de corps, le colonel Famory Traoré.

Parmi eux, on peut aussi citer le général Meïssa Cellé Ndiaye, ancien aide de camp du président Macky Sall, (1er juillet 2009 – 30 mars 2012), le colonel Papa Birane Dièye (1er août 2019 – 16 août 2020), actuel aide de camp du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, le colonel Thiendella Fall (août 2020 – 31 juillet 2021), commandant de la zone militaire N°2.

Capitaine Deh Momar Gary, ‘’une carrière courte maisbrillante’’

Le camp militaire de Dakar-Bango est baptisé place d’armes capitaine Deh Momar Gary, du nom d’un ancien enfant de troupe dont ‘’la carrière dans le métier des armes est courte mais ô combien brillante’’.

‘’Le capitaine Deh Momar Gary est un ancien élève de l’École des enfants de troupe de Saint-Louis du Sénégal (EETS) en 1946’’, indique une note biographique du commandement du 12e Bataillon d’instruction.

Né à Thiaye Fally, dans le département de Mbacké, le 7 octobre 1928, il faisait partie de ces privilégiés que l’histoire a choisis pour vivre le transfert de 1946, du camp Auedoud au camp ‘’Ardant du Picq’’, à Dakar-Bango, renseigne la même source.

Il quitte l’École militaire préparatoire africaine (EMPA), à l’âge de dix-huit ans, pour embrasser le métier des armes, lit-on dans la note biographique.

Après de brillantes études au Maroc, il fut envoyé à l’école des fils de chefs, puis au Prytanée militaire, alors dénommé École militaire préparatoire africaine.

Décédé le 30 octobre 1966, dans un accident, à l’âge de 38 ans, le capitaine Deh Momar Gary a eu une carrière courte mais combien brillante.



Source : https://senemedia.com/annonce-82009-dakar-bango-un...