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Dialogue Opposition-Pouvoir : L'impossible confiance

Entre le pouvoir et l'opposition, le manque de confiance est la chose la mieux partagée. Chaque camp trouve à accuser l'autre de faire trop dans les manoeuvres inavouables, pour ne pas aller aux élections. Comme toujours, le fichier électoral constitue la pomme de discorde, alors que ce problème devait être dépassé depuis belle lurette. Mais, c'est comme si la classe politique était incapable de progresser.


Rédigé par leral.net le Mardi 11 Mai 2021 à 09:44 | | 0 commentaire(s)|

Dialogue Opposition-Pouvoir : L'impossible confiance
L'audit du fichier est actuellement l'objet de contestation de la part de l’opposition. Selon l'opposition, regroupée autour du Frn, ce fichier «ne permet pas d’organiser des élections équitables » et ne «reflète pas la démographie du pays». Pis, elle considère ce fichier comme «une niche de fraudes», car plus de 900. 442 personnes (soit 13,5% de l’électorat) se sont inscrites de manière illégale sur les listes électorales, «avec des extraits de naissance».

Plus de 400.000 autres ont été inscrites entre le 25 février 2019 et le 25 février 2021, alors qu’aucune révision ou refonte n’a été autorisée pendant la période mentionnée. 214.199 autres (soit 3,2% de l’électorat) sont inscrites électeurs sur le fichier sans données biométriques. Au total, près d’un million et demi «d’électeurs illégaux» ont été recensés, selon l'opposition.

Quant au pouvoir, il soutient que le fichier est fiable, c'est plutôt l'opposition qui n'est pas fiable. Du déjà vu et entendu, sommes-nous tentés de dire. Mais, quoi qu'il en soit, il appartient au pouvoir de donner des gages de transparence ; et tant qu'il n'aura pas adopté des principes de gestion transparente, il y aura toujours problème ; et c'est à lui de poser les jalons de la restauration de la confiance.

Car, force est quand même de reconnaître que le pouvoir ne rate jamais l'occasion de tenter de rouler son opposition dans la farine, parce qu'étant toujours dans la ruse. Ce qui est regrettable et désolant, c’est le fait qu'avec l'alternance survenue en 2000, tout le monde croyait en avoir terminé avec ces genres d'histoires.

La nomination d'une personnalité neutre à la tête du ministère de l’Intérieur avait beaucoup contribué à apaiser les craintes de l'opposition et à la transparence du scrutin. Ce qui avait permis l'alternance. Mais depuis, le Sénégal est retourné à la case départ.

Pour calmer les esprits et dissiper les suspicions, le pouvoir doit mettre à la disposition de l’opposition le fichier comme ce fut le cas sous Diouf

Comme l'opposition et le pouvoir ne se sont jamais entendus sur la transparence des élections, seule une administration neutre pouvait calmer les esprits. Parce qu'un ministre de l’Intérieur partisan ne peut pas être impartial quand il s'agit d'organiser des élections, car obligé de prendre en compte les intérêts de son clan. Mais cela, les dirigeants ne veulent pas en entendre parler et continuent de nommer des ministres de l'Intérieur partisans.

Aujourd'hui, c'est encore le fichier électoral qui soulève les inquiétudes de l'opposition, et le pouvoir ne fait rien pour les dissiper. Étant donné qu'elle n'a pas accès à ce fichier, les conditions de contestations sont dès lors posées. Pour calmer les esprits et dissiper les suspicion, le pouvoir pouvait mettre à la disposition de cette opposition le fichier, comme ce fut le cas avec Diouf, où ce fichier était sur internet et consultable par tous.

Mais aujourd'hui, beaucoup d'anomalies ont été décelées, et on a refusé l'inscription dans les listes électorales à des milliers de Sénégalais, avec des mentions "ne vote pas" sur les cartes d'identité. Pourtant, avec 17 millions d'habitants, le Sénégal devrait avoir au moins 10 millions d'électeurs. Tout est question de volonté politique !

Malheureusement, il semble que chaque régime qui vient aux affaires, essaie de jouer au plus fin et verse dans la ruse pour tenter de s’éterniser les plus longtemps au pouvoir. En tout cas, il est grand temps que ce problème soit dépassé et qu'il soit réglé en amont, c'est-à-dire, constituer un état-civil irréprochable, géré simultanément par les collectivités et l'administration centrale, et ça, et ils le savent tous, mais ils ne font rien pour.

En tout cas, les dirigeants ont intérêt à faire dans la transparence au risque de braquer les populations, parce que le manque de clarté et de confiance poussent les citoyens à se mobiliser pour faire changer eux-mêmes les choses, car n’ayant plus confiance ni en leurs institutions ni en ceux qui les incarnent.





Tribune