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Dommages collatéraux de l’autoroute Dakar-Saint-Louis à Keur Mbir Ndao : 385 impactés vont perdre 150 hectares

L’autoroute à péage Dakar-Saint-Louis va traverser la zone stratégique des Niayes, communément appelée le grenier du Sénégal. Toutefois, le comité d’urgence et de veille de Keur Mbir Ndao, a décelé des dommages collatéraux qui risquent d’être lourds de conséquences pour les populations. Une situation qui, aux yeux de Pape Ciss (adjoint au secrétaire administratif du Comité d’urgence et de veille), doit être prise en compte dans les indemnisations. Rien que pour Mbir Ndao, souligne-t-il, 385 impactés vont perdre leurs terres agricoles, soit 150 hectares et un chiffre d’affaire annuel de 19 milliards FCfa. "L'As"


Rédigé par leral.net le Mardi 16 Mai 2023 à 11:35 | | 0 commentaire(s)|

Lors d’un point de presse tenu le week-end dernier, à Keur Mbir Ndao, les populations de la zone des Niayes n’ont pas craché sur le projet de réalisation de l’autoroute à péage Dakar-Saint-Louis dont les travaux ont été lancés récemment à Tivaouane par le Président Macky Sall. Au contraire, souligne Pape Ciss, adjoint au secrétaire administratif du Comité d’urgence et de veille de Keur Mbir Ndao, il constitue un bon projet, qui peut contribuer à désengorger davantage Dakar, dont la démographie est devenue galopante.

Ce projet est également ambitieux, parce qu’il participe au développement économique et social de la zone et du Sénégal, à travers le gain de temps qu’il procure aux usagers, mais aussi la mobilité. Cependant, Pape Ciss estime que les dommages collatéraux sont très pesants, car l’infrastructure autoroutière traverse une zone particulière. Il s’agit d’une zone d’agriculture, d’élevage, de culture maraîchère par excellence, en l’occurrence la zone des Niayes, considérée comme le grenier du Sénégal, au regard de sa capacité de production en fruits et légumes.

«C’est cette zone stratégique dans le processus de développement du pays, fort dépendante de l’agriculture et de l’élevage, qui est traversée par l’autoroute à péage Dakar-Saint-Louis», indique M. Ciss. De Dakar à Saint-Louis, ajoute-t-il, les terres ont plus de valeur que dans quelque autre localité du pays, notamment dans la zone de Keur Mbir Ndao.

A Keur Mbir Ndao seulement, révèle-t-il, l’autoroute a impacté 385 personnes, qui vont perdre leurs terres de culture d’une superficie de 150 hectares, soit une longueur de 15 kilomètres. Les activités agricoles permettaient à chacune de ces 385 personnes, d’assurer la nourriture à au moins 6 personnes, soit au total 2310 personnes qui vivaient de l’exploitation de ces terres. Chaque année, il est enregistré en ce qui concerne la production horticole, une récole de 5.000 tonnes d’oignons, 40.000 tonnes de tomates, 50.000 tonnes de choux, 18.000 tonnes de poivrons, 900 tonnes d’aubergines amères, 5.000 tonnes d’aubergines, 2.000 tonnes de pommes de terre, soit au total une valeur marchande de 19 milliards FCfa.

«C’est dire que si l’autoroute à péage Dakar-Saint-Louis est réalisée, les populations de la zone vont perdre chaque année, une manne financière de 19 milliards FCfa», explique-t-il. En ce qui concerne les cultures fruitières, la zone produit 27.000 tonnes de mangues et 200 tonnes de citrons, soit un coût de 12 milliards FCfa par année.

Par la voix du Comité d’urgence et de veille de Keur Mbir Ndao et de l’ensemble des collectifs des impactés de Dakar à Saint-Louis, dit-il, les populations sont prêtes à donner leurs terres pour la réalisation de ce projet, mais pas dans des conditions qui vont les mener directement vers l’abîme. A l’en croire, il n’est pas question de céder les terres et de tendre ensuite la main sur l’autoroute, pour demander l’aumône. C’est pourquoi, il déclare que les propriétaires refuseront le barème local pour toute indemnisation et le seul document de base qui sera accepté, c’est celui qui a été validé entre l’Etat du Sénégal et la Banque Africaine de Développement (Bad), pour une indemnisation juste et équitable.

Depuis que le projet est agité, il indique qu’aucune concertation directe et claire avec les populations de Keur Mbir Ndao n’a été jusqu’ici menée, alors que la moindre des choses était de prendre langue avec les propriétaires des terres, ne serait-ce que pour leur expliquer l’importance du projet. Ce qui permettrait, à l’en croire, de sceller des consensus forts, autour de la mise en place des passerelles et des bretelles, qui doit se faire dans la concertation, pour éviter des erreurs commises ailleurs et qui ont isolé des populations, par rapport à leurs champs. Pour lui, les impactés réclament aussi la restitution de leurs terres dans les zones sous contrôle des Eaux et Forêts.

Ndèye Fatou Kébé