leral.net | S'informer en temps réel
Vendredi 2 Mars 2018

Fausse vie, vide existentiel, fuite de la réalité, manque de maturité et de confiance en soi…: La mythomanie, une « folie des grandeurs » Partie I


Le mythomane, victime d’une pathologie du narcissisme, ne supporte pas la réalité et lui-même. Indiscutablement, ces personnes mythomanes au psychisme subjectif parviennent toujours, à surprendre des victimes idéales, à vampiriser ceux qui deviennent leurs suiveurs. Leral a cherché à cerner les contours de la mythomanie. Enquête…



La vie avec un mythomane est un vrai calvaire. Il s’invente en permanence une fausse vie, de fausses origines pour combler son propre vide existentiel. Et, pour un menteur, les mensonges et les simulations sont au départ, conscients et utilitaires.

Contrairement au menteur, le mythomane est inconscient de son mensonge. Il croit vraiment à ce qu’il raconte, il est sincère avec lui-même. Le mensonge lui permet de fuir une réalité qu’il ne peut accepter ou affronter sans souffrir. Cette fuite de la réalité traduit généralement, un manque de maturité affective et de confiance en soi. « La fabulation du mythomane est le fait de présenter comme une réalité vécue, ce qui est purement imaginaire. Et, aux questions qui lui sont posées, il donne des réponses qui ne sont ni claires ni plausibles. Tout n'appartient qu'au monde intérieur du malade », révèle-t-on.

Certains trouvent qu’il y a dans le lot des mythomanes, ceux qui enjolivent la réalité ou ceux qui ont tendance à l'exagérer. Et puis, il y a les vrais mythomanes, plus rares, mais bien plus dangereux. Le mythomane souffre invariablement de ce qu’on appelle la « folie des grandeurs ».

La mythomanie, constate une source médicale, est une maladie épuisante pour les proches. « On se sent impuissant quoi qu'on fasse. Cette pathologie entraîne un handicap social important dans les cas où le malade procède à des altérations mineures et crédibles de la réalité. Suivre le patient systématiquement dans ses mensonges pour ne pas le heurter, ne l’aide pas. Cela contribue à l’enfermer dans son monde imaginaire. Dénoncer les mensonges pour le forcer à accepter la réalité, est également une action inefficace. Le mythomane a trop besoin de fuir la réalité. C’est pour lui une question de survie », analyse la source médicale, contactée par Leral.

Anomalie du système nerveux 

Ce mensonge pathologique désigne chez certains psychiatres comme dans le grand public, une propension au mensonge compulsif. 40 % des cas rapportés proviendrait d'une anomalie du système nerveux. 

Les mythomanes passent ensuite leur vie entière à reproduire ce processus. Admettre la réalité d’aujourd’hui, telle qu’elle est, les obligerait à accepter ce qu’elle fut. Ce qui leur est impossible. La vie en commun avec ces personnes est totalement impossible. Certains mentionnent qu'ils sont en mesure de saccager un domicile commun et de s'auto-mutiler pour ensuite faire croire à un cambriolage.

Un mythomane, renseigne la source, n’est pourtant pas un menteur. Puisqu’un menteur est en mesure de savoir qu'il ment et le fait avec l’intention délibérée de tromper l’autre. Le sujet mythomane croit à ce qu’il raconte. Sauf dans le cas de la mythomanie perverse qui n’a pas l’intention de tromper.

« Il a seulement besoin que l’autre croit ce qu’il dit pour y croire lui-même. Il n’est cependant pas pour autant un délirant. Il n’est ni totalement enfermé dans ses certitudes ni coupé des autres », explique la source.

Ainsi, les psychiatres déduisent que la mythomanie traduit une organisation névrotique de la personnalité. Ce fait est qualifié d’hystérique, pouvant être présent lors des troubles psychotiques.
 
« Le mythomane est un habitué des services psychiatriques hospitaliers, à cause de ses crises d’angoisse qui l’y amène en urgence. Et, il arrive que ses mensonges le mettent en difficulté avec la loi et qu'il soit déclaré irresponsable », renseigne la source.
 
La psychothérapie semblerait toutefois être la seule voie efficace pour remédier au mensonge pathologique. Aucune recherche, prévient-on, n'a été menée concernant un éventuel traitement pharmaceutique. Actuellement, il n'existe aucune étude sérieuse, concernant un traitement efficace de la mythomanie.
 
Seul un bon examen psychologique du malade, avertit-elle, pourra l’aider à comprendre sa maladie pour se soigner. « Cependant, pour vouloir guérir, il faut que le mythomane se sente malade. Or, ce n’est pas toujours le cas. Il semblerait qu’au lieu de souffrir de cette situation, le mythomane en tire une grande fierté », reconnaissent des psychologues.

Les mythomanes se valorisent sur le passé et sur les valeurs. Ils ont de grands rêves avec vous. Ils sont très rapides et empressés dans leur amour. Quand ils ont des dettes, ils affirment le contraire, tout en se considérant très intelligents. Se sentant uniques, ils créent une sorte d’addiction.

Le moins dangereux de ces persécuteurs ne s’aime pas et ne peut pas imaginer que quelqu’un puisse l’aimer comme il est. Alors, le mythomane se présente sous un autre jour, comme s’il revêtait un déguisement. Il s’invente un personnage, incarne un héros pour plaire à l’autre afin de ne pas être rejeté. Il se montre charmant, attentionné… Mais, laisse entendre à son conjoint, comme l’écrit Isabelle Levert, que pas le croire signifie ne pas l’aimer.

Et pour continuer à rêver, son partenaire amoureux, adhère à son mythe et devient en quelque sorte complice de la supercherie. «Il en résulte, quand le pot aux roses est découvert, un sentiment de malaise d’avoir été trop naïf, de s’être laissé bercer et berner», déduit-on.






O WADE Leral