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[Feuilles d’hivernage] Ndombo Nana: Le hameau parfumé au cœur du Walo

Rédigé par leral.net le Mercredi 29 Septembre 2021 à 21:30 | | 0 commentaire(s)|

Dans la commune de Richard Toll, une localité étonne par la maîtrise de ses populations de la culture bio de la feuille de menthe (nana), utilisée pour le thé et la boisson. Depuis des lustres, elles perpétuent ce savoir-faire ancestral, même si les écueils ne manquent pas.  SAINT-LOUIS –  En route pour Ndombo Nana, on […]

Dans la commune de Richard Toll, une localité étonne par la maîtrise de ses populations de la culture bio de la feuille de menthe (nana), utilisée pour le thé et la boisson. Depuis des lustres, elles perpétuent ce savoir-faire ancestral, même si les écueils ne manquent pas. 

SAINT-LOUIS –  En route pour Ndombo Nana, on embarque un collègue-passager, novice de l’axe Saint-Louis-Richard Toll. La mission fut pour lui, comme une découverte, avec plein de questions pour satisfaire sa curiosité de…commercial. Adama Traoré, c’est également la perspicacité et la générosité, puisqu’il s’occupe du calepin, pour griffonner nos impressions de voyageur. Il demeure, néanmoins, une machine à questions. Il veut tellement comprendre, lui l’administratif, qui n’a l’habitude de ces genres de virées, propres aux journalistes. Surtout que la veille, les pluies ont considérablement adouci la température. Le voyage fut doux, et la route excellente, pour les automobilistes. Pas de stress naturellement. Adama voulait comprendre le visage qu’offre Ross Béthio, commune du défunt maire Bécaye Diop, gorgée d’eau. Les inondations et le manque d’assainissement sont passés par-là. Un peu plus loin, le village peul de Colona offre la même carte postale : sous les eaux. Mais notre passager n’a pas eu le temps de poser davantage de questions, que Richard Toll se pointe à l’horizon. Il a tellement entendu parler des champs de cannes à sucre, dont les plants sur une belle symétrie et les boutures crinière au vent offrent un beau tableau. Adama Traoré est baba d’admiration, et à l’entrée de la ville, il découvre avec joie la cité ouvrière, qu’il traverse pour la première fois. Les chaumières fumantes avec la cuisson des cannes, les bâtiments de la Compagnie sucrière sénégalaise, tout lui est si étranger. On lui fait un peu d’histoire en lui parlant de la Taouwey, cette étendue d’eau qui alimente le lac de Guiers, ce réservoir qui étanche la soif des Dakarois et autres parties du pays. Il découvre la Laiterie du Berger de Bagouré Bathily avec joie. Son contact avec ses produits, c’était seulement le super marché et autres grandes surfaces.

Richard-Toll – Ndombo Nana : routes inondées et défoncées

Quand on sort du tronçon Richard-Toll – Ndombo, on ressemble à un cycliste ayant sillonné Paris-Roubaix, la célèbre course sur les pavés surnommée « l’enfer du Nord ». Tellement le parcours est lourd avec des crevasses, de la boue et des dénivellements. Parfois, le passager s’agrippe, de peur de se retrouver dans le décor. Le pauvre ! La végétation drue qui borde la Taouwey n’est pas de nature à rassurer les couards. Après la pluie, la galère. La voiture, elle, se retrouve badigeonnée avec l’argile qui forme des croutes. Au bout de quelques mètres de supplice, enfin le pont qui mène à Ndombo Nana apparaît. Cette bourgade lovée au bout du goudron, en paix avec elle-même, se laisse découvrir. Ici, les pluies des dernières heures ont adouci le mercure, rendu le ciel azuré et assurément beau. Notre contact est tiré du lit à la hâte. Elle convoque ces braves dames qui, depuis plus de 50 ans, exploitent différentes saveurs de nana. Généreuses, elles donnent temps, force et engagement à la terre « qui ne nous le rend pas, actuellement, car avec les averses, le fleuve déborde de son lit et inonde nos plans de nana », souligne Diariatou Taye, d’un âge assez avancé. La saison des pluies reste problématique à Ndombo Nana. Entre inondations et présence des serpents, et autres reptiles, il est difficile de travailler. Et pourtant, sur cette vaste étendue, les effluves du nana montent à plein nez, avec divers parfums. Parfois c’est la menthe, parfois l’ordinaire, le Fès, la pastille… Un ensemble de types de nana peuplent le paysage, pour le bonheur des narines. Cette belle alchimie faite de bonnes senteurs et une belle verdure est une aubaine pour le visiteur. Petit à petit, le périmètre se peuple de ces braves dames qui, à la force de leur poignet, tirent leur subsistance de la terre. Les complaintes sont nombreuses, mais le sourire orne ces visages sereins. Dans la douleur, elles ne perdent jamais leur humanité. En effet, même assaillies par une horde de problèmes, ces femmes telles des pieux droits plantés restent dignes et inoxydables.

Congés forcés durant l’hivernage

Le rituel est le même tous les jours. Dès le matin à 7 heures, elles sont au champ, se reposent le temps de la prière de 14 heures, puis repartent, et restent jusqu’en début de soirée au champ. Un emploi du temps chargé, confie Diariatou Taye qui, depuis plus de 50 ans, exploite une parcelle de Nana. Selon elle, cette activité a permis à des populations de se marier, de baptiser leurs enfante et de payer les scolarités et autres dépenses. Mais, après les pluies, « il est difficile d’exploiter nos parcelles inondées par les crues, ou en proie aux reptiles ». Et pourtant, poursuit-elle, l’hivernage est le meilleur moment pour la culture du nana ; mais cela nécessite des ressources pour un bon entretien. La vieille Diariatou, la mort dans l’âme, le moral au plus bas, souligne que, chaque année, c’est comme cela, et « on se retrouve avec 3 mois de congés forcés ». Et pourtant, informe-t-elle, « nous n’avons que cette activité pour notre subsistance, et depuis plus de 50 ans, notre vie tourne autour de la culture de nana ».

La discussion est rythmée. Les autres responsables de la parcelle rappellent les complaintes liées à l’hivernage, avec les mauvaises herbes tenaces, qui les indisposent, mais également le manque d’appui de la part des autorités locales. Des griefs gérables, comme une digue pour retenir les eaux en cas de crues, des motopompes pour vider les champs ou faire venir le liquide précieux, lors de la saison sèche. Mais le plus important, « nous devons nous organiser, afin de bénéficier d’appui, mais également exploiter de nouveaux créneaux comme le séchage du nana, pour une utilisation future par les hôtels et autres structures qui travaillent dans l’alimentaire », souligne Diariatou Taye.

Travailler sur le conditionnement

Diablo Menthe, thé à la menthe, assaisonnement pour salade de fruits, dessert et autres gâteaux, les feuilles peuvent être utilisées, dans bien des domaines de la cuisine. Ce qui devait être une aubaine pour ces populations productrices de nana bio de bonne qualité. Mais aujourd’hui, à Ndombo, les femmes peinent à tirer leur épingle du jeu, malgré leurs efforts. « Nous n’utilisons pas de pesticides, ce qui fait que notre production est très saine », souligne Bineta Thiam. Aujourd’hui, à l’image de ce qui se fait avec les autres produits, ces femmes veulent se structurer, pour capter des financements, ou encore bénéficier de formations dans la cadre de la transformation. Mieux encore, poursuit Bineta Thiam, beaucoup de personnes, de manière informelle, viennent s’approvisionner en quantité. Mais « une unité de séchage et de conditionnement serait une bonne chose, afin que dans les périodes de grande production, l’on puisse sécher la production, pour une utilisation future par les usagers. Ou, mieux, exporter avec le label Ndombo Nana, au-delà de nos frontières et faire davantage connaître notre savoir-faire, acquis depuis des dizaines d’années », soutient Bineta Thiam.  Elle pense également qu’il est important de ne pas être tributaire de la pluie, et avoir la possibilité d’exploiter durant l’hivernage. Mais, ceci passe par une gestion concertée, avec la mise en place d’une organisation, capable de fédérer les femmes de Ndombo Nana. Aujourd’hui, poursuit-elle, la feuille de menthe est consommée partout à travers le monde et est très appréciée pour sa fraîcheur inégalable. En cuisine, elle se glisse facilement dans les plats et desserts auxquels elle apporte une agréable saveur. Côté nutrition, la menthe est un véritable allié santé puisqu’elle favorise la digestion et nous fait profiter de sa teneur intéressante en vitamines et minéraux.

Des prix variés

La dame Ndèye Diop est à l’aise dans sa position. Accroupie, un couteau à portée de main, elle coupe tige par tige les brins de menthe, pour, après, les mettre en motte. Sans se lasser, avec une belle prestance, elle maîtrise sa partition comme un as. Après récolte, le produit est envoyé à Richard-Toll, Ross Bétio et même au-delà, pour écoulement. Et souvent, « nous pouvons avoir 10 000 FCfa le jour, mais de plus en plus, le travail rapporte peu ». La ressource devient rare, le travail prenant, pour ces quelques 350 femmes qui exploitent différentes surfaces à Ndombo Nana.

 À côté d’elles, des hommes également tirent leur subsistance de la culture du nana, comme Cheikh Mbodji, relai communautaire, qui est venu appuyer ses sœurs et mamans dans le plaidoyer. « Depuis des décennies, nous maitrisons la culture de la feuille de menthe et avons capitalisé beaucoup d’expériences dans ce domaine. Il ne nous reste maintenant qu’un accompagnement pour être plus autonome », souligne Cheikh Mbodji. En effet, durant la saison sèche, les femmes puisent l’eau du fleuve, dans les récipients parfois inadéquats, qu’elles portent sur la tête jusqu’à leurs champs, distants quelquefois de plusieurs centaines de mètres. Cette activité destinée à la consommation familiale et à diversifier les ressources du ménage n’est pas économiquement rentable, pour permettre à ces femmes de se payer une motopompe, d’où la nécessité pour les pouvoirs locaux de les appuyer dans ce sens. Cette motopompe aura un double usage. D’abord pour « amener l’eau au niveau des périmètres maraîchers durant la saison sèche, mais également permettre de lutter contre les crues lors de l’hivernage », souligne Cheikh Mbodji, pour qui les femmes ont une importance capitale dans l’économie au sein de Ndombo Nana. C’est pourquoi, pense-t-il, « le développement de la filière nana va impacter positivement la vie de toutes les populations de la localité ».

On rentre sur le même tempo à Saint-Louis, la tête dans les étoiles, l’âme laissée dans ces champs parfumés, avec des interrogations plein la tête. Il suffit de peu pour ces dames, afin d’avoir une réelle autonomie. C’est sur cette cogitation que l’on arrive à la ville tricentenaire. On s’affale de fatigue et pique un somme réparateur, avant qu’Adama Traoré ne nous réveille avec du thé fumant, bien assaisonné à la menthe de Ndombo Nana. Ça a du bon, ces types de reportage.

Amadou Maguette NDAW (Correspondant)

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Histoire de la localité

Il se raconte que Ndombo, petite de par son étendue territoriale, présente une histoire particulière tant sur le plan éthique que sur le plan culturel. En effet, dit-on, la famille Diop, fondatrice de Ndombo, et originaire du Ghana, est constituée de quatre frères de même père et de même mère. Il s’agit, selon l’histoire, de Sope Gana, Samane Gana, Ndiane Gana, Touré Gana. De ces 4 frères, seul Ndiane va rester à Ndombo ou il aura un fils du nom de Birane. Ce dernier, qui a grandi dans la localité, s’y installera avec sa femme. Un jour, il envoya sa femme enceinte lui chercher de l’eau à boire au fleuve. Sur le chemin, elle souffrit de maux de ventre et commença à accoucher dans la solitude. La légende raconte qu’elle s’était arrêtée sous un tamarinier d’où apparut un génie sous une forme humaine. Finalement, elle accoucha d’un garçon, et le génie sortit un « ndombo » (gris-gris) qu’il fit porter au bébé au cou. Par la suite, le génie ordonna à la femme de baptiser le garçon sous le nom de Sandjiry et de parcourir avec le gris-gris l’endroit qu’elle habitait. Sur le chemin du retour, la femme rencontre son mari Birane qui l’interrogea, et la femme lui expliqua son aventure et lui fit savoir que c’est le génie qui lui avait ordonné de baptiser l’enfant Sandjiry et lui avait donné ce « ndombo ». C’est d’ailleurs ce qui explique le nom de Ndombo.

A.M. NDAW avec le net

 

Texte 2

PETIT MÉTIER, GROS PROFIT

DIARIATOU BA, GARGOTIÈRE

La reine du « Fouti »

À Vélingara, la gargotière Diariatou Bâ est considérée comme la « reine » du « Fouti », plat guinéen cuisiné à base de riz blanc mélangé à de l’huile de palme et aromatisé au gombo et au poivre ou à l’oseille. Grâce à ce mets, elle vit et fait vivre sa famille.

 

En une poignée de minutes, Diariatou Bâ a écoulé tout son « Fouti ». Une spécialité guinéenne concoctée à base de riz blanc mélangé à de l’huile de palme et aromatisé au gombo et au poivre… Sa cantine de fortune plantée à bordure de route au quartier Sinthiang Woulata de Vélingara refuse du monde. Le « Fouti » de Diari est prisé dans ce populeux quartier. Le matin, aux premières lueurs, les gens accourent de partout pour se procurer ses plats servis à chaud et à souhait. Chez la « reine » du « Fouti », son nom d’emprunt, il faut de la patience pour être servi. Les clients se bousculent au portillon. « La satisfaction de la clientèle est mon secret. Beaucoup disent que j’ai un marabout ou que j’attache des gris-gris autour de ma taille qui attirent les clients. C’est faux ! Je sers justement de la bonne nourriture aux clients », lance-t-elle, scotchée à son bol de riz fumant.

Diariatou n’a pas le temps de beaucoup palabrer, elle est ceinturée par une dizaine de clients qui attendent patiemment d’être servis. Le sourire en coin, ils rient de bon cœur et passent un à un devant la gargotière. La gargote de Diari respire un parfum de gourmandise mais aussi de profits ! « Chaque petit matin, je quitte la maison pour venir vendre ici. Mais je me repose le dimanche pour me concentrer sur les tâches ménagères. Je me retrouve au moins avec 10 000 FCfa de vente par jour. Soit 5 000 FCfa pour la dépense et 5 000 FCfa de bénéfices. Comme tout business, il y a des hauts et des bas. Mais honnêtement, je ne suis jamais rentrée bredouille à la maison. Même si les affaires ne marchent pas, j’empoche au minimum 3 000 FCfa de bénéfices ; et cela m’arrive rarement », confie-t-elle.

La quarantaine révolue, le teint noir, Diariatou Bâ est une femme mariée et mère de plusieurs enfants (elle refuse de donner le nombre). Façonnée à la manière ancestrale, des principes avaient guidé ses premiers pas. Mariée très tôt à un commerçant, elle quitte son village natal Timbi Madina en Guinée pour rejoindre la ville de Vélingara. Une fois au Sénégal, elle s’adonne rapidement à la vente du « Fouti » pour ne pas dépendre d’un mari dont le business n’est pas trop florissant. Ce petit métier de débrouillard lui rapporte beaucoup et lui permet de faire face à des urgences aujourd’hui. « Je rends grâce à Dieu. La vente du « Fouti » me permet de subvenir à mes besoins et d’aider mon mari dans la dépense quotidienne », ajoute-t-elle, confiante. Par jour, mère Diari cuisine 6 kilogrammes de riz blanc assaisonné par 1 litre et demi d’huile de palme assorti de poivre et de gombo ou d’oseille. Ses succulents plats sont vendus comme de petits pains à Vélingara. Une localité où elle porte fièrement le nom de reine du « Fouti ».

Ibrahima KANDÉ (Correspondant)

LAISSEZ-PASSER 

Incroyable, mais vrai

Par Cheikh Aliou AMATH

Manger du « ceeb u jën » pendant le Magal est un sacré coup de chance. Beaucoup de pèlerins en cherchent, mais peu d’entre eux en trouvent à Touba. Incroyable mais vrai sur cette terre sainte où notre plat national ne fait pas l’objet d’une grande vénération durant ces trois jours de célébration. Conséquences : ses inconditionnels sont presque dans l’impossibilité de sacrifier au rite de sa dégustation. Ladite recette culinaire n’est pas du goût des familles d’accueil qui ont d’autres formules au menu pour faire plaisir aux hôtes de Serigne Touba.

Si, en période de Magal, les Mourides se passent volontiers du « ceeb u jën », c’est parce qu’ils sont respectueux du « ndigël » (consigne) de Cheikh Ahmadou Bamba qui, en demandant aux croyants de notre pays de s’associer à lui, à chaque 18 Safar, pour ensemble sublimer, avec faste, le Créateur, a sollicité la préparation et la distribution d’assiettes du cœur à base de « njanaaw » (volaille), « gatt » (petits et grands ruminants), « geleem » (dromadaires). Il n’a fait état ni de « jën bu bees » (poisson frais), ni de « gejje » (poisson séché), encore moins de cymbium (yeet), ces intrants pour un « ceeb u jën » à la Penda Mbaye (son inventrice) aux saveurs multiples, aux sensations fortes et aux arômes colorés.

À Touba, l’on n’a que faire du « ceeb u jën ». Place au méchoui, poulet rôti, grillade et brochette de pigeons, avec différentes garnitures, mais aussi « ceeb u yapp » (riz à la viande), « ceeb u ginar » (riz au poulet), « puuc-paac » (bouillie de riz à la viande), ainsi qu’à la paëlla avec une dose de produits halieutiques (crevettes et crabes), « cere yapp » (couscous avec sauce à la viande), etc. La volaille de Sangalkam, les pigeons de Louga, les viandes des ruminants (chèvres, moutons, bœufs et dromadaires) de la zone sylvo-pastorale, les riz de la Vallée, de la Casamance et du Sine, les légumes des Niayes et du Fouta, entre autres mils du Baol, sont dans les assiettes du cœur à Touba.

Gavées de viandes rouge et blanche, les populations de la Cité de Cheikh Ahmadou Bamba, tout comme les pèlerins de retour chez eux, vont très vite renouer avec le poisson frais, fumé, séché et, aussi, le cymbium de la Grande et de la Petite-Côte pour ce « ceeb u jën » dont nous sommes tous accros. Nombreux vont aussi se jeter sur le fonio du Niani, le maïs du Niombato, le niébé du Ndiambour, le manioc du Cayor et l’arachide du Saloum pour des plats de « mafe », « suluxu », « daxin », « mbaxal u salum », « nieleng », « laax u soow », « laax u bisap », « ndambe » et « akara » dont on est sevré, le temps du Magal.

AU CŒUR DES ARCHIVES DU SOLEIL

HOMICIDE VOLONTAIRE

Un forcené fait irruption dans une maison et tue deux personnes

Dans un coup de folie, un forcené s’est introduit dans une maison à la cité Port et a mortellement poignardé El Hadji Ousmane Seck, la Suissesse Frigelle Joëlle en vacances au Sénégal et en a blessé deux autres. 

Le mécanicien Djibril Diavoye Keita n’était pas dans son meilleur jour. Non content d’entrer dans la maison d’El Hadji Ousmane Seck où il s’est permis de semer le désordre, il a aussi tué deux personnes. Djibril n’en était pas à son premier acte. Il avait déjà séjourné dans un centre psychiatrique. Ce jour-là, il s’est introduit dans la maison à la cité Port, vers 23 heures, et a trouvé la famille en train de préparer du thé. Muni de son sac et de son bol contenant du riz, il s’est dirigé vers un endroit pour prier. Après deux rakkas, il a commencé à égrener son chapelet. L’un des fils du maître des lieux lui aurait demandé de sortir de la maison parce qu’il faisait tard, mais il continua sa prière comme si de rien n’était. Au bout d’un moment, le fou a saisi son poignard et a balancé un coup qui a atteint Frigelle Joëlle qui se trouvait à côté. Cette dernière était avec une autre amie venue en vacances au Sénégal et était hébergée par la famille Seck dont l’un des fils se trouvait en Suisse.

Rien ne laissait prévoir un tel drame dans cette maison d’habitude point de rencontre des jeunes du quartier. Mais ce jour-là, il n’y avait pas beaucoup de monde et le vieux Seck s’en était réjoui avant d’aller se coucher après avoir pris un bain. Le forcené a ensuite voulu s’en prendre à Abdou Seck qui tentait de le maîtriser. Le fou, plus costaud, avait pris le dessus. Le vieux El Hadj Ousmane Seck sortit de sa chambre pour s’enquérir de la situation, ses enfants lui demandèrent de refermer la porte parce que le fou était armé. Le temps de s’exécuter, le forcené l’avait poignardé. Les enfants, occupés à sauver les filles enfermées dans le salon ne s’étaient rendu compte de rien. Djibril Diavoye Keita s’est ensuite dirigé vers Abdou Seck qui s’était réfugié dans les toilettes d’où il avait tenté de le déloger. Abdou a commencé à crier et les gens ont commencé à venir. Le forcené, voyant la foule, a voulu prendre la fuite. À la porte, il a rencontré Birahim, un autre fils du vieux qu’il a blessé à la tête. « Mon frère est tombé par terre et le fou a levé son poignard et le lui a planté. Ayant surpris son geste, je me suis jeté sur lui », a raconté Abdou la main dans le plâtre. En tombant, le fou a perdu son poignard et a été pris à parti par la foule, qui lui a fait passer un sale quart d’heure avant de le laisser dans un piteux état. Grièvement blessés, le vieux Ousmane Seck et la Suissesse sont évacués à l’hôpital. Sur le chemin de l’hôpital, la Suissesse a rendu l’âme tandis que le père de famille est décédé entre les mains des sauveteurs.

Samba Oumar FALL (source Adama MBODJ, « Le Soleil » du 15 octobre 1996)



Source : http://lesoleil.sn/feuilles-dhivernage-ndombo-nana...