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Fièvre de la Vallée du Rift au Sénégal : Entre alerte sanitaire et risques pour les populations

Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Octobre 2025 à 21:56 | | 0 commentaire(s)|

Face à l’augmentation des cas confirmés de fièvre de la Vallée du Rift (FVR) au Sénégal, les autorités sanitaires sonnent la mobilisation générale. Cette maladie virale, à l’interface entre la santé animale et la santé humaine, impose une gestion rigoureuse pour limiter ses impacts sanitaires, économiques et sociaux. Une zoonose à surveiller de prèsLa fièvre […]

Face à l’augmentation des cas confirmés de fièvre de la Vallée du Rift (FVR) au Sénégal, les autorités sanitaires sonnent la mobilisation générale. Cette maladie virale, à l’interface entre la santé animale et la santé humaine, impose une gestion rigoureuse pour limiter ses impacts sanitaires, économiques et sociaux.

Une zoonose à surveiller de près
La fièvre de la Vallée du Rift est une zoonose virale : elle touche d’abord les animaux, mais peut aussi infecter l’être humain. Chez l’homme, l’infection survient le plus souvent à la suite d’un contact direct avec du sang, des organes ou des fluides d’animaux contaminés — lors de l’abattage, du traitement des carcasses ou d’interventions vétérinaires —, ou indirectement via des piqûres de moustiques infectés. Jusqu’à présent, aucune transmission interhumaine documentée n’a été observée.

La période d’incubation — le temps entre l’exposition au virus et l’apparition des symptômes — est de deux à six jours. La majorité des infections humaines restent asymptomatiques ou bénignes, se manifestant par un tableau de type “grippe” : fièvre soudaine, douleurs musculaires, fatigue, céphalées.Dans une minorité de cas, l’infection évolue vers des formes sévères : atteintes oculaires (lésions rétiniennes), méningo‑encéphalite ou fièvre hémorragique, cette dernière pouvant conduire au décès (taux de létalité élevé dans ce cas).

État de l’épidémie au Sénégal et enjeux
Depuis le 21 septembre 2025, le Sénégal a enregistré 140 cas confirmés de FVR et 18 décès selon le ministère de la Santé. Les régions du nord, notamment Saint‑Louis, sont particulièrement touchées : Richard‑Toll et Saint‑Louis figurent parmi les zones les plus concernées.

Cette situation suscite une inquiétude justifiée. D’une part, la FVR provoque des pertes économiques majeures dans le secteur de l’élevage (mortalité animale, avortements, baisse de la productivité) qui affectent la sécurité alimentaire et les revenus des éleveurs. D’autre part, la proximité entre populations humaines et bétail, les mouvements d’animaux et les conditions environnementales (zones humides, infrastructures d’irrigation favorisant la prolifération des moustiques) intensifient le risque de transmission.

Par exemple, dans d’autres pays d’Afrique, les flambées de FVR sont souvent corrélées à des phénomènes climatiques : de fortes pluies, des inondations ou des conditions favorables à la reproduction vectorielle (moustiques) déclenchent ou amplifient les épidémies.

Diagnostic, traitement et mesures de contrôle
Le diagnostic de la FVR repose sur des techniques de laboratoire : RT‑PCR (amplification des acides nucléiques du virus) et tests sérologiques (ELISA pour les anticorps IgG / IgM). Les manipulations d’échantillons non inactivés exigent des conditions de confinement biologique strictes (niveau de biosécurité élevé).

Il n’existe pas de traitement antiviral spécifique largement reconnu. La prise en charge repose surtout sur des soins de soutien : hydratation, contrôle des symptômes, surveillance des complications. Un vaccin inactif expérimental existe pour les personnels à haut risque, mais il n’est pas homologué pour un usage général.

En milieu animal, la vaccination préventive demeure la mesure la plus efficace pour limiter les flambées. Cependant, vacciner pendant une flambée active est déconseillé en raison des risques d’amplification du virus liés aux pratiques (réutilisation d’aiguilles, flacons multidoses). Par ailleurs, limiter les déplacements de troupeaux, instaurer une surveillance vétérinaire active, et mettre en place des systèmes de détection précoce dans les élevages sont essentiels pour prévenir la propagation.

Sur le plan humain, les stratégies de prévention incluent :

  • la sensibilisation aux risques liés au contact avec les animaux, le sang ou les tissus infectés ;
  • le port d’équipements de protection (gants, masques, lunettes) dans les abattoirs ou lors de manipulations animales ;
  • la cuisson complète de la viande, la pasteurisation du lait ;
  • l’usage de moustiquaires imprégnées, de répulsifs et de vêtements couvrants pour réduire les piqûres de moustiques ;
  • la lutte antivectorielle dans les zones à risque (traitement larvicide des gîtes larvaires, assainissement).

Les soignants doivent appliquer les précautions standard lors de la manipulation des échantillons biologiques pour éviter tout risque — même si aucun cas de transmission interhumaine n’a été documenté jusqu’à présent.

Perspectives et défis
Pour affronter efficacement cette crise, le Sénégal doit conjuguer plusieurs leviers :

  1. renforcer la coordination entre les secteurs animal, humain et environnemental selon l’approche « Une seule santé » (One Health) ;
  2. améliorer les capacités de surveillance animale et humaine, avec des laboratoires équipés et du personnel qualifié ;
  3. développer des outils d’alerte précoce fondés sur les données climatiques et épidémiologiques, pour anticiper les flambées ;
  4. engager des campagnes de sensibilisation durables, en particulier dans les zones rurales à forte densité d’élevage ;
  5. mobiliser des ressources financières et techniques, avec des partenaires nationaux et internationaux (OMS, FAO, OMSA).

Au-delà de la phase aiguë, ce défi sanitaire révèle l’importance stratégique de renforcer les systèmes de santé, de rapprocher la recherche et la surveillance, et de construire une résilience durable face aux maladies zoonotiques. Le chemin sera long, mais les alertes actuelles donnent l’urgence d’agir avec rigueur, transparence et solidarité.



Source : https://xalimasn.com/2025/10/16/fievre-de-la-valle...