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Forêts, aires protégées… : Un déclassement normé

Rédigé par leral.net le Jeudi 17 Juin 2021 à 20:46 | | 0 commentaire(s)|

Le déclassement d’une forêt peut être motivé par l’intérêt général. À l’échelle d’un département, la superficie déclassée doit être l’équivalent de celle classée, si le domaine forestier couvre moins de 20 % de la superficie. Ces précisions sont de l’enseignant-chercheur, Mamadou Diop, de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.   […]

Le déclassement d’une forêt peut être motivé par l’intérêt général. À l’échelle d’un département, la superficie déclassée doit être l’équivalent de celle classée, si le domaine forestier couvre moins de 20 % de la superficie. Ces précisions sont de l’enseignant-chercheur, Mamadou Diop, de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.  

L’enseignant-chercheur, Mamadou Diop, présente les cas de figure pouvant justifier le déclassement d’une forêt ou d’une aire protégée. Il précise, d’emblée, que seul le Président de la République est habilité à soustraire un périmètre du domaine forestier classé. Mais, souligne-t-il, dans un entretien accordé, le 16 juin 2021, au « Soleil », cet acte doit obéir aux règles en vigueur. Au Sénégal, le retrait d’une aire d’une zone classée a été toujours inscrit dans les codes forestiers de 1965 et de 2018. « Si l’on se réfère au code forestier, le déclassement d’une forêt ou d’une terre à vocation forestière ne peut intervenir que pour un motif d’intérêt général ou en cas de transfert de responsabilités de l’État en gestion forestière au profit d’une collectivité territoriale qui garantit la pérennité de la forêt », explique cet enseignant-chercheur à l’Institut des sciences de l’environnement (Ise) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).

Après le décret présidentiel, il est nécessaire de requérir l’avis de la Commission nationale de conservation des écosystèmes composée environ d’une vingtaine de membres. Cette dernière est chargée d’étudier les demandes de classement, de déclassement et de défrichement.

Le déclassement doit être compensé par des classements, dans un département, si le domaine forestier de l’État couvre moins de 20 % de la superficie. Autrement dit, l’équivalent de la superficie extraite de la protection doit être soumis à la protection dans le même département, à défaut, dans un autre département. « Il faut signaler que lorsque, dans un département, le domaine forestier de l’État représente moins de 20% de la superficie, les demandes de déclassement ne peuvent être étudiées que dans la mesure où elles sont assorties de propositions de classement portant sur des surfaces équivalentes », détaille Dr Mamadou Diop qui ajoute : « Je peux me tromper. Mais je pense que le taux de classement dans le département de Guédiawaye représente 20% de la superficie de la circonscription administrative ».

Les enjeux d’un classement 

L’enseignant-chercheur salue l’initiative de création du parc forestier urbain Dakar-Yoff. Mais, cela ne peut pas, à ses yeux, compenser le déclassement de 150,28 ha de la bande de filaos. « D’abord, d’ans la bande de filaos, le déclassement porte sur une superficie de 150,28 ha alors que seuls 10 hectares seront aménagés pour les besoins du parc forestier urbain. Ensuite, la bande de filaos est un périmètre de restauration avec une fonction particulière : la stabilisation des dunes pour la protection des cuvettes maraîchères et des habitations », soutient celui qui présente les avantages du classement simultané de 10 forêts dans des zones riches en biodiversité. Cette décision aidera le Sénégal à augmenter le potentiel de séquestration du carbone, de la conservation de sa biodiversité et à lutter contre la désertification. « Le fait d’identifier dix espaces particuliers du fait de la nature de leurs écosystèmes et des espèces qui y vivent participe à une meilleure préservation des ressources naturelles et plus particulièrement à la conservation de la biodiversité. Cette décision permet à ces forêts de continuer à remplir pleinement leurs fonctions écologiques, économiques et socioculturelles », analyse le Dr Diop.

Idrissa SANE 

SAUVEGARDE DE LA BIODIVERSITÉ

L’augmentation de la superficie des aires protégées recommandée 

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystèmes (Ipbes) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ont fait des recommandations pour atténuer les effets néfastes du réchauffement de la planète. Le 11 juin 2021, dans le rapport intitulé : « Aborder conjointement la biodiversité, les crises climatiques et leurs impacts combinés », 50 experts du climat et de la biodiversité ont recommandé la multiplication des aires protégées dont les superficies actuelles ne représentent que 15 % des terres et 7,5 % des océans. « Les estimations mondiales des besoins exacts en aires protégées pour assurer un climat habitable, une biodiversité autosuffisante et une bonne qualité de vie ne sont pas encore bien établies, mais se situent entre 30 et 50 % de l’ensemble des surfaces océaniques et terrestres », lit-on sur le site de l’Institut de recherche pour le développement (Ird). Les experts ont également insisté sur l’augmentation des ressources financières pour la surveillance et l’amélioration de la gestion, entre autres.

I. SANE

 



Source : http://lesoleil.sn/forets-aires-protegees-un-decla...