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France: Le pari budgétaire risqué du Premier ministre François Bayrou

Rédigé par leral.net le Mercredi 16 Juillet 2025 à 11:16 | | 0 commentaire(s)|

Le 15 juillet, le Premier ministre français a dévoilé son plan ambitieux pour réduire la dette colossale de la France, qui dépasse les 3 300 milliards d’euros, ainsi que le déficit public. Ce plan vise à réaliser près de 44 milliards d’euros d’économies dès l’an prochain, en demandant des efforts à « tout le monde ». Parmi les mesures phares, François Bayrou propose de geler les dépenses sociales et le barème de l’impôt, ou encore de supprimer deux jours fériés. Le chef du gouvernement reconnaît lui-même prendre un risque avec cette thérapie de choc proposée, dans un contexte politique compliqué.


France: Le pari budgétaire risqué du Premier ministre François Bayrou
Personne, ou presque, n’est surpris par les appels à la censure lancés abondamment par l’opposition depuis hier mardi. Toutefois, ces appels comportent des nuances. D’un côté, les Insoumis, comme on a pu l’entendre ce mercredi 16 juillet sur RFI, plaident pour une censure rapide. De l’autre, les deux autres formations clés - le Rassemblement national (RN) et le Parti socialiste (PS) - adoptent une posture plus mesurée, tout en brandissant la menace d’une censure. Marine Le Pen conditionne son soutien à une révision du plan par le Premier ministre, tandis qu’Olivier Faure pose comme condition, que le budget soit modifié.

François Bayrou, quant à lui, se montre ouvert au dialogue, tout en insistant sur un objectif clair : ramener le déficit à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain. Il n’a de toute façon guère le choix. Sur la proposition de suppression de deux jours fériés, le chef du gouvernement semble disposer à discuter. Cette mesure choc, très parlante pour l’opinion publique, peut d'ailleurs être qualifiée de prise de risque.

D’autres mesures controversées, comme celles concernant les retraites et le remboursement des médicaments, rappellent des propositions déjà formulées l’an dernier. Ces dernières avaient conduit à la censure de Michel Barnier, prédécesseur de François Bayrou.

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Les critiques ont déjà commencé, notamment de la part de Laurent Wauquiez, chef des députés Les républicains (LR), qui juge le plan trop axé sur les hausses d’impôts, insuffisant en matière de réduction des dépenses et muet sur le coût de l’immigration. Pour l’instant, aucune menace explicite de retrait de soutien au gouvernement, mais des amendements sont déjà promis lors de l’examen budgétaire.

Enfin, un acteur, même en retrait, reste incontournable : le président de la République, Emmanuel Macron. Ce dernier presse le Premier ministre de préserver les entreprises et le budget de la défense. En Conseil des ministres ce mercredi, le président Macron a salué « la vertu du courage, de l'audace, de la lucidité et de regarder les objectifs d'investissement auxquels la France doit faire face, selon la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas. Il a remercié le Premier ministre, encouragé le gouvernement et rappelé que le nerf de notre nation, c'était bien sûr la croissance », estimant que « les dispositions (...) prises vont dans le sens de la croissance ».

Tous ces éléments promettent des débats intenses dans un contexte financier tendu et politiquement délicat. Une censure apparaît probable, une dissolution possible. Les enquêtes d’opinion joueront sans doute un rôle clé dans les stratégies des différents acteurs.

Présenter un budget de manière prématurée permet ainsi de gagner du temps pour négocier, tout en obligeant les oppositions à évaluer les risques et à assumer leurs responsabilités.

RFI