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Samedi 13 Janvier 2018

Francs-Maçons - Rehfram 2018 à Dakar : Qu’est-ce qui a changé entre 1992 et 2018 ?


Le Sénégal va accueillir les 26es Rencontres Humanistes et Fraternelles Africaines et Malgaches du vendredi 2 au samedi 3 février 2018. Ces rencontres qui se profilent, viennent après celles de Douala en 2016 et Antanarivo en 2017. Notre cher Sénégal, une incarnation d’une laïcité tolérante, organise pour une seconde fois, ces Rencontres, après celles de 1992.



Le Sénégal est à la croisée des chemin. Une très grande rencontre du loge maçonnique  (REHFRAM), devant enregistrer plus de 600 inscriptions est ouverte à tous les francs-maçons, sœurs et frères apprentis, compagnons et maîtres dans un grand hôtel de Dakar.
 
La source précise qu'il s'agit de la rencontre des principales obédiences maçonniques africaines, organisées par la Conférence des Puissances Maçonniques d’Afrique et de Madagascar, créée à Libreville en 1996. « Le Sénégal a été élu pays hôte pour la seconde fois, accomplissant ainsi un cycle parfait, après les premières Rencontres des 28 et 29 Novembre 1992 », lit-on.
 
Il revient, estime-t-on, à la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique d’Afrique (GLTSA) d’en assurer la maîtrise d’œuvre, qui se déroulera sans les rituels habituels. Mais, ces rencontres prévues va suivre même, un calendrier chargé, consacré à des réunions et des visites de sites touristiques entre  Dakar et ses environs.

Seulement, la grande équation reste de savoir comment un tel événement peut-il se tenir dans un pays comme le nôtre. Des rencontres de la sorte ne peuvent qu'heurter la conscience de la communauté sénégalaise. Puisque le pays s'est toujours targué d’être un pays laïc avec une forte prédominance religieuse, musulmane et catholique. Même s’il existait quelques poches d’athées ou de non croyants, la pratique des religions, les Mosquées et les Eglises jouent un grand rôle dans la vie des Sénégalais.

Est-il nécessaire de rappeler que des érudits, très engagés y ont œuvré âprement pour l’implantation de l’Islam, cohabitant pacifiquement avec le christianisme. Ainsi, ces deux entités religieuses prédominantes, sont ancrées depuis belle lurette dans les cœurs des croyants sénégalais.
 
Mais, depuis quelques temps, le Sénégal semble s’ouvrir à d'autres pratiques et formes de croyance que l'on retrouve dans les sectes et autres loges. Leurs membres qui se donnent volontiers du "frère", vivaient dans l’anonymat total, avec leur codes et rituels . Une prudence s’imposait à eux mais ils n'en recrutent pas moins.

Certains sénégalais, bien informés des connotations et approches, évoquent l’appât basé sur le pouvoir et l’argent. Mais aussi, la liberté d’action et de jouissance qui permettent aux adeptes de vivre une vie sans contrainte, de disposer d’une liberté d’action et de mouvement. Cette vision, considérant l’Islam ou le Christianisme comme une contrainte, semble détourner et orienter la nouvelle génération vers ces loges.
 
Constat… Auparavant celui qui intégrait une loge dit maçonnique refusait de tomber le masque. Même si son train de vie et son comportement en société ne manquait pas d'alimenter commentaires et suspicion.  Maintenant, la question qui se pose est de savoir: qu’est-ce qui a changé entre-temps, pour permettre aux adeptes de loges ou obédiences maçonniques de s’afficher au vu et au su de tous. Qui aurait cru qu'un jour, des rencontres d’une loge maçonniquepouvaient avoir pignon sur rue, ici en terre  sénégalaise ?
 
Mais, certains Sénégalais interpellés rappellent qu’en 1992, la rencontre avait su garder toute sa discrétion et son caractère secret. Rien n’avait échappé alors au contrôle des organisateurs. Peut-être qu’ils avaient une certaine peur d’être traqués ou perturbés, ce qui n’est plus d’actualité aujourd’hui. Peut-être que les Sénégalais, avec la porosité des frontière et la destruction des normes sociétales préétablies, sont aujourd'hui plus enclins à s’adonner à la recherche de pouvoir et de richesses matérielles, jetant par dessus bord tout leurs croyances passées.
 
Aujourd’hui, il a été constaté de la part des membres de ces loges une plus grande ouverture, plus d’audace et de témérité pour s’ouvrir et s’offrir des spectacles en public. Est-ce dans l'air du temps? Les populations osent faire de manière ostentatoire, des choses impensables, il y a de cela quelques années. Ce qui nous pousse à nous interroger sur la posture de l'Etat et son Ministère de l'Intérieur, garant de la sécurité publique et du culte , quant à la tenue d'un tel événement.

Les Sénégalais ont besoin de savoir comment de telles rencontres ont pu être autorisées au Sénégal...Sans compter le contexte tendu du procès en cours de terroristes sénégalais, qui peut être prétexte, dans l'opinion publique, à bien d'amalgames pour ne citer que le "moins" pire des scénarii !
 

 
Leral