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Gabon I Samuel Vaslin, l'enfant du pays

Rédigé par leral.net le Mardi 15 Juillet 2025 à 12:35 | | 0 commentaire(s)|

Jeudi 17 avril 2025, Paris. Lendemain de la disparition d'Aaron Boupendza. Hasard du calendrier : le rendez-vous du jour, planifié en amont, est lié au football et au Gabon. Un lendemain de défaite des Madrilènes face aux Gunners. L'actualité donne encore plus de sens à l'interview. C'est au détour d'une émission du Club des 5 (YouTube), lors de la CAN 2021 qui révéla Boupendza — et sa position de hors-jeu qui n'en était pas une — que Freddy Khoula (ancien journaliste sportif passé par (...)

- FOOTBALL /

Jeudi 17 avril 2025, Paris. Lendemain de la disparition d'Aaron Boupendza. Hasard du calendrier : le rendez-vous du jour, planifié en amont, est lié au football et au Gabon. Un lendemain de défaite des Madrilènes face aux Gunners. L'actualité donne encore plus de sens à l'interview.
C'est au détour d'une émission du Club des 5 (YouTube), lors de la CAN 2021 qui révéla Boupendza — et sa position de hors-jeu qui n'en était pas une — que Freddy Khoula (ancien journaliste sportif passé par Canal+, RFI, TV5) fut reçu en tant qu'invité. À l'époque, peu d'émissions gratuites de qualité évoquaient la compétition africaine. Celle-ci proposait une couverture quotidienne spéciale des rencontres de la Coupe d'Afrique des nations.
Au cours de l'échange, Khoula mentionna l'enfance passée au Gabon par le maître de cérémonie de cette émission — celui-là même qui nous reçoit en 2025. C'est alors que naît notre envie d'en savoir plus sur Samuel Vaslin, son parcours personnel et professionnel.

Charbo'

Comment vous arrivez au Gabon ?

Comme beaucoup de fils d'expatriés. Mon père travaille dans l'agroalimentaire, il est fils de militaire et a grandi quelques années au Sénégal. Après, il est revenu en France, a fait ses études et il est rentré à Carrefour. Quand il a rencontré ma mère, elle avait toujours rêvé de vivre à l'étranger, elle aimait beaucoup le soleil, la mer, etc.

À 2 ans, on part à Mayotte et mon père a eu deux offres d'emploi, la Côte d'Ivoire et le Gabon. La CI c'est la période des tensions de 1999 donc il se dit qu'on va aller au Gabon, qu'on rentrera en France ou peut être, on ira ailleurs. J'arrive au Gabon en 2000 et mes parents sont partis à la retraite en 2020. De deux ans, on est passé à vingt ans et j'ai 5 ans quand j'arrive. Je me suis retrouvé à Charbonnages, l'école conventionnée.

En 2013, je passe mon BAC et je pars en France comme souvent, l'UOB est fermée et pendant deux ans, elle est en grève. Je voulais faire journalisme et je savais qu'au Gabon, il n'y avait pas de débouchés ni d'étude particulière.

Comment se passe votre scolarité ?

J'ai fait quasiment tout mon primaire aux Charbonnages, juste quelques mois à Bambino Village (Nzeng Ayong) parce que ma mère était prof là-bas et un an à Gros Bouquet 1, parce qu'elle travaillait à l'école juste à côté, Okapi. Le primaire est incroyable, c'est bête, mais au Gabon, il fait beau tous les jours. Tu sors à la récré, foot, on va jouer au King Of après. Entre le foot et l'école toute la journée.

Après, Blaise Pascal, c'est le lycée français à l'étranger, une bonne vie, on ne va pas se mentir. Plus de liberté, tu peux traîner avec les copains. De superbes souvenirs, que ce soit en primaire ou au collège-lycée. Les notes n'étaient pas folles. J'étais comme dans une équipe de foot, partisan du je sais qu'il faut 42 points pour se maintenir, je les avais, après la fin de saison, c'était en roue libre. J'avais mon dix de moyenne et j'en profitais. Outre le côté foot, c'est un pays calme, à 12/13 ans, tu peux sortir avec tes potes, tu vas à la piscine au Saoti, te promener à la Saba. Que des bons souvenirs.

Il me semble que vous y étiez, il n'y a pas si longtemps. [Juin 2024]

Sur place, j'ai toujours des amis. Je le précise parce que ça fait partie de mon expérience de la vie, d'avoir vu comment ça se passe. Il y a expat et expat, c'est-à-dire que j'étais dans la bonne école à Charbonnage, où il y avait deux types. Les expatriés militaires, qui restaient entre eux et les autres, qui ont pour certains des parents ayant grandi au Gabon. Je ne dis pas tous les militaires, mais la moyenne était élevée. Les enfants de militaire, tu sentais qu'il y avait limite, les consignes des parents, tu vas à l'école, tu prends le bus, tu reviens au Camps de Gaulle, etc. Il y avait les autres expat, on était avec tout le monde. Il n'y avait pas de différence avec les locaux, ça a permis que je n'aille pas qu'au CCF et Bowling.

Je m'entraînais au foot à l'OPT, il y avait tous les papas qui venaient nous voir. J'ai développé plein d'amitié, ce qui fait qu'aujourd'hui mes parents ne sont plus là, mais entre mes amis qui sont retournés bosser là-bas, plus les gens que tu connais qui vivent sur place, j'ai beaucoup de connaissances.

D'où vous vient votre passion pour le foot ?

Comme tout le monde, je suis un 95, trois ans après, 1998 puis l'Euro 2000. Ma passion pour le foot, elle est née au Gabon. Ce qui est normal, car j'étais trop jeune pour kiffer, mon père me mettait un peu dedans. Je pense que ce sera pareil quand j'aurais un enfant, dès 2-3 ans je lui achèterai des maillots. Je n'étais pas spécialement dans ça, et puis je suis arrivé au Gabon, très vite à la récré, tout le monde jouait au foot. À l'époque des VHS, j'avais celle de France 98, Euro 2000 et surtout peu de temps après que j'arrive il y a la CAN 2000 qui est au Nigeria, je crois et qui est gagnée par le Cameroun dans mes souvenirs, avec Samuel Eto'o qui marque lors de la finale Cameroun - Nigeria. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'étais avec mon père devant le match, avec la ferveur, pareil, il était pour Bordeaux, il m'a transmis en regardant leurs matchs.

C'est venu naturellement, je le voyais à l'école, y'en a qui kiffait DBZ, mon kif , c'était de regarder les matchs et de jouer au foot. Il y a le côté passion, ça peut être un défaut comme une qualité parce que quand j'aime quelque chose comme un film, je peux le regarder quinze fois s'il faut dans la semaine. Dans le foot, c'est pareil, la cassette de la CDM 98, je me la suis remis dix fois par semaine, je connais tous les buts, tous les matchs. Pareil pour l'Euro 2000, la CAN, je me refaisais les matchs à l'époque où l'on n'avait pas les replays, mais Canal+ Afrique les rediffusait la journée.

Le Gabon et encore plus l'Afrique de manière générale, il n'y a pas plus grosse terre de foot au monde parce que la plupart des gens sont passionnés par ça.

Tu vas à Casablanca (Maroc), tu ne vas pas croiser un mec dans la rue qui n'est pas pour le Réal ou le Barça. Ils sont même tous désignés par ça, soient ils sont pour le Wydad ou le Raja. Je me souviens de la culture foot que j'ai vu quand j'étais gamin, ça m'a donné un plus, je m'en suis rendu compte vingt ans après en arrivant en France, dans mes débuts de journaliste. Parce que j'accompagnais souvent mon père qui bossait pour Gaboprix, et à l'entrepôt, je parlais de foot avec les employés. Ils suivaient tous les matchs, la passion se développe comme ça, tu es dans un endroit où les gens sont passionnés. Au bout d'un moment, cela devient naturel.

La Panthère de Gironde

Votre père est originaire de Bordeaux ou juste supporter des Girondins ?

Mon grand-père était militaire, mon père est né à l'hôpital militaire (Paris), sinon il a grandi au Sénégal, en Algérie parce que ma grand-mère est algérienne. Mon père en France, c'est un peu comme moi, finalement, il est nulle part. Sa famille s'est installée vers Toulouse quand ils sont rentrés en France, après il a commencé à travailler pour Carrefour Aquitaine donc à Bordeaux. On va dire que son attache en France est dans cette ville. Il a rencontré ma mère là-bas et comme il était commercial, il avait des places pour le stade. En plus de venir de Toulouse, mon père était rugby à la base, il aimait bien le foot. Il s'est pris de passion pour les Girondins au début des années 90. Il aimait déjà un peu avant avec Alain Giresse, etc. C'est la dernière fois que Bordeaux était en Ligue 2 avant le grand bazar de ces dernières années. Il a commencé à développer ça, après je comprends, il est devenu supporter quand Zinedine Zidane arrive un an après.

© D.R

Vous revenez souvent sur ce club, notamment sur les réseaux sociaux.

Quand je suis arrivé dans ce métier en France, on te faisait le poncif, un journaliste doit être neutre. Non, un journaliste c'est un être humain. Il a des sensibilités, il y a de la subjectivité dans ses avis.

Je préfère que tout le monde sache que je suis supporter de Bordeaux, de l'équipe de France et du Gabon, mais par contre la personne qui vient de me dire que je suis trop gentil avec ces équipes, je ne l'ai jamais vu en face de moi.

Au contraire, je pars du principe, j'aime ce club et tout le monde le sait, mais c'est que je dénonce, ce qui ne va pas. Pareil avec le Gabon et la France, je ne me suis jamais caché de qui je supportais, personne peut m'accuser de faire leur propagande.

Écran total

Qu'est-ce qui vous amène à faire des études de journalisme ?

Il y a deux choses, la passion pour le foot, mais aussi le fait d'avoir grandi au Gabon. D'être connecté via la France et l'actualité par la télévision. L'avantage quand tu vis au pays, souvent, tu as Canalsat, ça te donne accès à beaucoup de chaînes.

Tu rentres la journée, tu regardes tes matchs et émissions de foot. Le soir avec tes parents tu vas regarder les infos, Canal+, Le Grand Journal, etc. Je me suis demandé, qu'est-ce qui se rapproche de cela ? Soit tu fait du terrain autour, mais quand t'es gamin, tu ne penses pas à devenir éducateur. Journaliste en fait, c'est génial, tu passes à la télé, tu commentes les matchs, t'es payé pour les regarder et faire de l'actualité, informer les gens, faire un relais.

À ce moment-là, quelles sont vos références journalistiques ?

J'ai deux couloirs sport/foot, mes deux bases de références, c'est Canal+. Il y a le couloir sportif avec L'équipe du dimanche, le Canal Football Club, tout ça m'a donné envie en plus d'aimer le foot, de m'ouvrir. Le fait de bouffer des matchs tout le temps, de regarder des émissions, ça vient naturellement.

Il y a une autre fibre qui est un peu plus actualité. Des émissions comme LGJ m'a donné envie de faire ça. J'ai toujours été passionné par les contenus radio/télé.

Au Gabon, j'écoutais RMC, RFI surtout le matin, je regardais les émissions de téléréalité comme Star Academy, Secret Story, Koh Lanta. Je te rajoute les émissions de Canal et leur couverture des matchs. Après tu découvres le métier quand tu arrives et tu te dis, ce n'est pas exactement ce que j'avais imaginé.

© D.R

Vous êtes plutôt Thierry Gilardi ou Thierry Roland ?

Le premier, c'est un modèle. Roland - Larqué, j'ai grandi en regardant la cassette de 98 avec eux, comprenant sept matchs commentés sur Canal+ avec Thierry Gilardi et la finale que mon père avait enregistrée sur TF1, où Thierry Roland prononce sa célèbre phrase à la fin :

« Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. »

J'arrive à m'inspirer d'un peu tout le monde. Roland outre le personnage qui pouvait être clivant par notamment des prises de position que je ne partage pas du tout. Sinon il y avait quelque chose d'iconique dans leur duo et commentaire. Ce qu'il y avait chez Gilardi et que t'as aussi avec Grégoire Marmotton, l'une de mes plus grosses références (le ton, la manière dont il raconte les matchs).

Ça passe aussi par des présentateurs pas foot (Michel Denisot, Ali Baddou, Yann Barthès), des mecs qui me parlaient. Je regardais ce qu'ils faisaient, mais aussi certaines femmes. J'ai eu la chance d'avoir bossé avec Laurence Ferrari depuis que je suis rentré.

24 Heures Chrono

Vous êtes un journaliste à part entière. Quelle est votre journée type ?

Je n'en ai pas vraiment. Ma journée, chargée type, c'est travailler à Canal+ en tant que Chef d'édition. Sur une grosse journée, je vais faire un 8 h - 17 h si mon émission est de 14 h - 17 h.

© Le Club Des 5

Généralement, je rentre chez moi, je me pose et repars à 20 h - 21 h pour Le Club des 5. On va regarder les matchs ensemble avec les équipes, commencer à déterminer quels angles à utiliser. Avant, c'était en direct, maintenant, c'est enregistré. On balance plus en mode contenu YouTube qu'émission. Si on en a une à tourner, ça va nous prendre entre une heure et une heure et demie. À 2 h du matin, la journée est finie. Tu fais des choses différentes, la première partie de la journée, tu vas plus être dans un aspect responsabilité, backup, tu travailles dans l'ombre, tout repose sur toi. LCD5, il y a énormément de responsabilités parce que nous sommes les chefs de projet, mais je vais déléguer à mon rédacteur en chef. Il va trouver les angles, je vais regarder le match, voir ce que je peux isoler, savoir comment je peux relancer mes chroniqueurs. Deux tafs différents, mais intéressants et qui se complètent, c'est pour ça, que je le fais.

Quand vous êtes chef d'édition, c'est en direct ?

Les deux. Je fais beaucoup de directs.

Cinq Étoiles

Comment se forme le Club des 5 ?

Très simplement. Je rentre en 2013, je postule dans plusieurs écoles et la meilleure dans laquelle je suis choisi est à Paris. Dès que j'arrive en France, j'ai ce côté-là, du petit gars qui arrive du bled, pour moi un studio de télé, c'est un truc de fou. Même si je suis étudiant, je me dis tout de suite, que j'ai envie de faire de la radio, télé. J'ai envie d'au moins m'exercer et je trouve une radio étudiante à l'époque qui s'appelle VL. Là-bas et je commence à faire des émissions d'actu, de sport, etc. Au fur et à mesure du temps, comme c'est une radio étudiante, forcément il y a beaucoup de roulement.

Photo issue du compte Facebook de Samuel Vaslin

Il y en a qui commence un mois et puis qui arrête, ça ne leur plaît pas, etc. Je suis à l'école avec Romain Beddouk, qui est notre animateur du Club des 5. Un jour, il voit que je fais une émission sur VL, qu'il trouve sympa et me demande s'il peut venir. Il vient, je le présente à l'animateur, il fait sa petite émission. Entre temps, j'ai rencontré deux personnes qui font déjà partie de l'équipe, Walid Acherchour et Bilal Achour-Tani. On faisait ça tous les lundis soir, une émission sur le foot, le but était de décrypter les cinq grands championnats européens et d'avoir un invité.

Au début, il y a une grosse équipe de chroniqueurs et à la fin, on s'est retrouvé à quatre. On s'est vite rendu compte que tous les quatre, on s'entendait bien et qu'on arrivait à produire quelque chose d'intéressant. Toutes les semaines, on était avec un présentateur plus âgé que nous, son but était d'inviter que des gens qui bossaient dans les médias. Didier Roustan (paix à son âme), Vincent Duluc, Rolland Courbis, que des personnes en place, qui nous disaient avoir appréciés. La plupart voulait rester jusqu'à la fin de l'émission. Elle commençait par l'interview de l'invité et après, on faisait un débat par championnat européen.

Au bout d'un moment, on s'est dit, aujourd'hui en France (2017), un an avant la Coupe du Monde, on sort de l'Euro 2016, la couverture médiatique du foot en France, ça reste des émissions de la TNT, type 20h Foot, dans laquelle j'ai bossé, L'Équipe du soir, L'After, Infosport. Le traitement du foot est très léger. On va parler du PSG, l'OM, Lyon, mais tout le reste, on va le traiter, mais très peu. Alors qu'il y a Griezmann qui joue à l'Atlético, qui est l'un des meilleurs joueurs du monde et vient de faire une finale de Ligue des Champions. Pogba est en train de tout péter à la Juve, Varane au Réal. On a des petits mecs qui sont en train de sortir de partout. On regarde tous les championnats. Walid Acherchour s'enferme du vendredi soir au dimanche soir pour regarder quasiment tous les matchs qu'il peut.

On en parle à la radio, qui a un studio de télé, car ils étaient associés avec une boîte de communication. Au début, ils nous disent :

Vous êtes fous, une quotidienne foot en France, bénévole en plus, ça ne va jamais marcher. Vous n'allez jamais tenir le rythme.

On a répondu, laissez nous essayer. Avec Bilal, Romain, Walid et moi, on se réunit pour trouver un nom d'émission : 5 grands championnats européens, le club des 5. On va tenter sur YouTube, qui vient de lancer le direct. Il y a peu de gens qui l'utilisent encore. Quand on commence, les premiers mois sont durs. Tous les soirs couchés à 2 h du matin. Rentrer chez soi, grâce aux copains ou taxis et financièrement ça te coûte.

L'École des Champions

Et vous êtes encore étudiants.

La réalité, c'est qu'au-delà du fait que ça se passe bien, avec les invités qu'on a, en Janvier 2017, Romain, Bilal et moi finissons nos études. Romain est pris à TPMS d'Estelle Denis sur C8 et Infosport+, Bilal à SFR Sport, moi à Itélé (Pascal Praud, Julien Pasquet) et Infosport+. On rentre tous les trois dans une grosse rédaction. Dans tous mes stages, je n'ai pas réussi à avoir de gros médias. Walid est repéré parce que dans les invités qui venaient à la radio VL, il y avait Daniel Riolo. Il en parle à des collègues, dont un qui bosse à FranceInfo. Ce dernier embauche Walid, qui commence à faire du plateau.

© Le Club Des 5 / Radio VL

Bilal, Romain et moi, nous bossons en backup dans les chaînes de sport. On voit comment ça se passe à l'intérieur et ce qu'on nous donne comme retour à la radio avec les interviews faites. Il faut qu'on se structure, qu'on devienne une vraie rédaction. Même si c'est bénévole, on va créer des postes comme en télévision, qui vont avoir le même travail. On va faire une rédaction, discuter, faire un plan, un mec en régie qui va lancer les éléments. Un nouveau pari : ramener ce qu'on a appris dans les médias et transposer nos avis en modèle web, ainsi voir si ça plaît aux gens.

On a deux piliers, le premier, la structure qu'on a apprise dans les médias, qui nous a permis d'avoir la nôtre, c'est-à-dire toujours du monde pour travailler. Jamais, de soir où l'on se retrouve sans pouvoir faire une émission, parce qu'il nous manque quelqu'un. Le deuxième pilier, on reste dans notre ADN, regarder les matchs, les décrypter et parler que de foot. Parce qu'à l'époque la coupe de cheveux de Pogba, la sœur de Neymar, c'étaient les débats qui tournaient (mode, PSG maudit ? Cavani, est-il une fraude ?).

Il y a beaucoup mieux à faire et on a une chance qui a joué, c'est l'année de l'explosion de Kylian Mbappé. Je pense qu'il y a une génération qui s'est mise à suivre le foot qui avait 12-13 ans. On était leur émission, les seuls et les premiers à arriver. Pour eux, on est devenu le premier interlocuteur et la référence.

Vous semblez être les plus identifiés dans ce style décontracté de parler foot, sans se prendre au sérieux. Alors que si j'ai bien suivi, la formation journaliste sportif ce n'était pas ce qu'il y avait de plus joyeux.

Les écoles de journalisme pour la plupart, ce sont des écoles privées. Cela veut dire, tu payes, soit t'as envie de taffer et tant mieux pour toi. Si tu n'as pas envie de taffer, de toute façon, je prends ton oseille, si t'as envie de le perdre, c'est ton problème. On a capté qu'à l'école, t'allais faire des trucs, mais ça reste du basique. Forcément, on t'apprend le béaba, à l'époque, c'était encore la presse écrite.

C'est 50/50, 50 %, je fais mes études sérieusement, j'essaye d'avoir mon diplôme, 50 %, je commence à pratiquer, cela permet de rencontrer des gens, qui nous ont encouragé et passé du bon temps avec nous. Déjà se confronter à la pratique, qu'elle soit devant ou derrière un micro.

Tout ce qu'on t'explique à l'école, la flamme ne va pas s'allumer de suite. Pour nous cela a été comme ça, après chaque être humain est différent. Romain, c'est le plus âgé, il avait 25 ans, moi le plus jeune, j'avais 20 ans. On se retrouvait le lundi soir, à vingt personnes et parmi nous, il y avait les deux ordis de la radio. Une ou deux heures à débattre de foot, mais c'était quali. Personne ne nous écoutait, mais les rares qui venaient nous voir, les invités, aimaient le débat :

Même s'il n'y a que ma mère qui écoute, j'ai envie de parler avec vous.

Si c'est le cas dans la cave d'une radio étudiante, peut-être que pour la suite, ils auront envie de nous écouter sur un autre plateau.

© Le Club Des 5

Qui fait le choix des titres drôles et bien trouvés de certaines émissions ?

Les jeux de mots, il y a deux personnes au CD5 qui sont fortes. C'est Farez Hachem, le rédacteur en chef, mais sans te mentir, j'ai énormément de répartie. Pour la blague, j'aime toujours le jeu de mots. À la base, il y avait Farez et moi qui étions les pionniers, mais maintenant, tout le monde y est.

Hier soir, par exemple sur le match du Réal [16 avril 2025 - Ligue des Champions], on a titré Mariage Blanc. Avec Farez, on a mis plus de temps à trouver le titre, que le conducteur, qui est naturel. On sait qu'on va parler de la catastrophe, le fait qu'il n'y a pas eu de remontada, de Mbappé, Vinicius, Bellingham, la suite de la saison ratée. En dix minutes, on l'avait fait. Par contre on a mis une heure pour une miniature.

© Le Club Des 5

Émission, Média, Plateforme

Quel est l'invité ou l'émission qui vous fait passer un palier ?

Il y a eu plusieurs paliers. La première émission où l'on a fait des vues, c'est le PSG - Réal, le 6 mars 2018, je m'en souviens très bien, l'élimination à la maison. La deuxième année d'Emery, la première année de Neymar et Mbappé. Je crois qu'on fait 20 000 vues, qui pour nous à l'époque, on a l'impression d'être à Hollywood. Le premier cap qu'on a passé, c'est la Coupe du Monde 2018. On fait des émissions sur tous les matchs, des scores incroyables, dont 200 000 sur chaque match du Maroc.

Le deuxième step pour l'émission, paradoxalement, c'est la période Covid. On commence à amener des invités, il y a Lacrim, Mehdi Maïzi, Dinos, Alexandre Ruiz. Fin de confinement jusqu'à fin 2020, il y a successivement les invités, interviews, plus le Final Eight, avec le PSG qui part en finale, le Barça qui prend 8 - 2. On était 10 000 en live. En tant que présentateur, c'est un gros boulot. Au début, quand on est 30 en live, ça va, je vois les commentaires. Quand il y a 1 500, 5 000, même 9 000 comme on a fait à un moment donné sur la LDC, tu as les yeux qui clignotent, il y a beaucoup de messages.

Une troisième étape dans notre développement, les galères de studio, parce que la boîte avec laquelle on bosse, qui nous donne le studio, n'est pas réglo sur plusieurs points. Ils nous mentent, lorsqu'il y a des travaux à faire, cela doit être trois semaines, ça prend six mois. Ça a mis un coup d'arrêt.

© Le Club Des 5

On a regardé ce qui se faisait sur YT et vu qu'il y a deux choses qui marchent, des émissions courtes (30 minutes) et enregistrées comme on fait aujourd'hui et qu'on met en podcast. La personne qui veut juste écouter ses trente minutes de débat, elle les a. Lors de l'arrivée dans notre nouveau studio, on a enlevé le côté plateau télé, il est plus convivial, avec un petit canapé et trois micros. On est devenu une plateforme de production, parce que vers 2022, ce qui pète pour les gens, ce sont les plateformes. Ils changent leur mode de consommation. C'est fini de zapper à la télé. Si le mec veut avoir le débrief de la fin du match comme si on est en live, ce sera dispo. Il peut aussi le faire demain à 17 h pour être tranquille à la maison ou s'il préfère à 8 h. On peut produire les interviews des joueurs, j'ai fait Le Club des Socios, pour faire du reportage dehors. Il y a différents types de contenus. Aujourd'hui, tu en as pour tous les goûts. Le mec qui n'est pas trop fan de foot, mais qui adore voir les artistes, il y a les interviews, etc.

Surtout que vous prenez du temps avec les invités.

Pour nous, c'est primordial. Si c'est pour faire les mêmes interviews de Raphaël Domenach au CFC, Raphaël le fait très bien. On voulait dire aux joueurs, je caricature un peu, si vous nous expliquez, l'important, ce sont les trois points, que la concurrence est saine et que vous allez vous donner pour l'équipe, il y a peu de gens qui en doutent. Par contre, qu'on vienne parler une heure, tu nous racontes ton parcours, trois heures, des fois.

© Le Club Des 5

Par exemple avec Anelka.

On a fait trois heures avec lui, parce que le mec te raconte comment tu vis un transfert en Premier League. Il part à Arsenal en 1997, moi, j'ai deux ans. Comme on lui a dit en interview, ma génération avec Walid, on se mange la deuxième vague d'Anelka. Retour en 2005 en Bleus, l'arrivée à Chelsea en 2008. On découvre que Nicolas Anelka est un Top Joueur peut-être Top 10 Mondial à son meilleur niveau. C'est intéressant, parce que pour nous, ce n'était pas le cas. Les premiers, à avoir essuyé le foot business, c'est Messi - Ronaldo, en fait, je comprends que lui aussi. On n'a pas pris conscience quand on était jeune de ce qui se passait avec Anelka. Quand tu l'écoutes des années plus tard et que tu prends du recul sur 25 ans de foot après, il a raison. C'est le premier à avoir essuyé les plâtres.

L'invité que vous aimeriez avoir ?

S'il n'y en a qu'un, c'est Zidane. Maintenant, est-ce que ce serait le plus intéressant ? Vous me demandez, le mec avec qui j'ai envie de me retrouver trois heures dans une pièce, Zinedine Zidane. Pour le coup, c'est la fibre gabonaise qui va prendre un peu le dessus, si je dois faire une interview sans filtre, Samuel Eto'o. Pas d'interview, on se parle entre voisins. Il n'y a pas de faux-semblant, on se parle, on se sait.

AB9

Nous venons de perdre tragiquement Aaron Boupendza. Quel souvenir gardez-vous de lui ?

Je suis très touché. Déjà Aaron, c'est une déception footballistique parce que je suis supporter de Bordeaux et quand un gabonais arrive (André Biyogo Poko, dernièrement Jacques Ekomié), c'est mon joueur. C'était un mec que j'aurais voulu voir évoluer à Bordeaux. Énormément de talent, tout le monde le disait, le mec facile, limite trop. Il jouait quand il voulait, comme au quartier, à Kalikak avec ses potes. Toujours pas fait les bons choix, quelques bêtises dans sa jeunesse, ce qui fait que ça l'a pollué. En termes de qualité, je le trouvais très fort. Même avec le Gabon, je sais qu'on l'a beaucoup critiqué, notamment lors des éliminatoires de la CAN, il n'avait pas réussi à marquer un but. Il devait prendre le flambeau d'Aubameyang, cela avait été compliqué. Je trouve que c'était un danger sur le terrain, grosses qualités, grosses frappes, beaucoup de personnalité.

Le départ à Cincinnati, je ne comprends pas. Tu viens de faire la Turquie, tu sors d'une très bonne CAN, il part quelques mois au Qatar, où ça se passe plutôt bien. C'était le moment. En plein mercato au mois de janvier, la CAN t'a donné un crédit, repars en Europe, même en Ligue 2. La Championship en Angleterre, si t'arrives à te canaliser, tu vas marcher.

Je le disais hier soir dans le Club des 5, je voulais lui rendre un hommage, des Boupendza, on en connaît tous. Ce mec que t'as eu dans ton club qui était fort, genre lui dans trois ans, c'est la star. Quelques mauvais choix. Petite déception pour lui, car je pense qu'il pouvait marcher. Après, il n'a pas eu une vie facile. On ne va pas rentrer dans les détails, parce que je ne sais pas où ça en est sur beaucoup d'aspects, notamment juridiques. Il n'a pas rencontré les bonnes personnes avant d'arriver à Bordeaux.

Je pense qu'à l'image de sa mort tragique très jeune, il n'a pas eu la trajectoire qu'il méritait, de vie de footballeur parce que les personnes qu'il a rencontrées plus jeune, lui ont fait du mal.

Cela pose vraiment une question de manière générale sur la santé mentale dans le foot et sur les vrais problèmes qui le gangrènent. Beaucoup les dénoncent, ces personnes au-delà d'être malveillantes sont même malsaines dans ce genre de milieu. Je pense qu'Aaron a été victime aussi de ça, ce ne sera pas le dernier, mais j'espère que ce sera un cas de conscience.

Autant les Bouanga, Aubameyang, Allevinah, Lemina et d'autres avaient le cadre familial qui faisait en sorte qu'ils soient équilibrés.

C'est sûr quand tu prends les trajectoires : Aubame, c'est le Mbappé gabonais, il y a papa qui connaît le foot, etc. Pierre-Emerick a grandi dedans. Je pense que c'est le fait qu'il a été programmé pour ça, qui lui a permis de faire une carrière. Les qualités qu'il a à la base ne sont pas suffisantes pour faire la carrière qu'il a faîtes. Par contre, le travail justement, le cadre qu'il s'est donné, l'exigence, font qu'Aubameyang, t'aimes ou pas le style, de 2012 à 2023, je prends son année à Marseille parce qu'il n'y a que Drogba qui l'a fait au 21e siècle. Il y a quand même des bons joueurs qui sont arrivés à l'OM entre temps.

PEA, c'est Top 5/10 attaquants au monde.

Je vois Suarez, Benzema, Cavani, Kane devant, peut-être David Villa, Zlatan et Lewandovski sur cette époque.

Jim, j'ai l'impression que c'est différent, il n'était pas programmé pour le football professionnel. Il a eu le déclic à 24/25 ans, l'appel avec le Gabon, il a rejoint Clermont. C'est un bon gars, intelligent, sérieux, ses coéquipiers l'adorent, un bonheur dans le vestiaire. Il a eu les qualités humaines pour monter. Denis, c'est un peu des deux, un talent brut, un peu arrogant en Ligue 2, il faisait des trucs que les autres ne savaient pas faire. Il a eu la CAN 2017, qui lui a fait passer le cap aussi dans sa tête. Après, c'est devenu un bon joueur. Tu sens aussi qu'il y a le cadre.

Aaron était dans une attaque à quatre avec eux. Il est formé à Mounana, au pays, arrive à Bordeaux, c'est compliqué, il se fait virer pour différentes raisons. À Pau, Tours, ça s'est plus ou moins bien passé, en fonction des scénarios. Pour le coup, Boupendza, c'est l'écorché vif. Le fait qu'il a réussi à être pro, t'as envie de le féliciter par rapport au cadre qu'il avait : bravo, c'est solide.

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Tu es obligé de regretter qu'il n'ait pas eu d'encadrement autour, parce que s'il en avait eu, peut-être que t'aurais pu développer le joueur autrement, lui donner des bons conseils. Je vois encore la story de Mario hier, qui s'adresse à tous les gens qui l'ont envoyé là-bas [Chine]. Je n'ai pas tout décrypté, je ne sais pas s'il parle des agents, des potentiels problèmes qu'il aurait eu plus jeune. C'est un melting-pot, un enfant du football et on ne l'a pas assez accompagné. Lemina qui fait une excellente saison d'ailleurs, qui depuis 3 ans est remarquable professionnellement, alors que je n'ai pas toujours été tendre avec lui.

La tanière

Est-ce qu'on n'est pas sur une génération qui a eu les bonnes opportunités contrairement aux précédentes et se prend réellement au sérieux ? Même si ça semble être sur le tard. Une génération qui peut servir d'exemple aux nouvelles ?

Je ne sais pas, j'ai eu l'impression qu'au Cameroun, il y a une cassure. J'adore Aubameyang, beaucoup de respect, sa carrière en sélection est incroyable. On pourra toujours regretter qu'il n'ait jamais passé le cap d'emmener l'équipe plus haut. Avant lui, tu ne fais pas de CAN. Je suis arrivé au Gabon en 2000. La première CAN du Gabon, c'est 2010. J'ai vécu dix ans au Gabon, où la compétition, je la regarde avec les gardiens en bas, les maliens, sénégalais, camerounais.

Eux étaient concernés, on n'était pas dedans.

Aubameyang a apporté quelque chose, mais 2022, ça marque une rupture. Quand Lemina et lui sont sortis du groupe pour leur Covid, mais surtout pour leur comportement. Neveu aurait bien voulu les garder, même s'ils avaient le Coronavirus. Par contre, à un moment donné quand les gars faisaient n'importe quoi…

La génération qui devait prendre la suite, c'était celle de 2022, avec en-tête Aaron, Allevinah et Denis parce qu'il n'y avait rien au-dessus du collectif. Cette CAN 2021, j'ai été fier de la voir et bravo à Neveu, on avait un groupe ! Aux Comores, ce n'est pas fou. Ghana, on y va, on prend le premier but, on ne lâche pas, on vous met le but et on vous élimine. Maroc on arrive, tiens, prenez ! Burkina, si l'arbitre connaît les règles du jeu, on le sort aussi. Ce qu'elle fait quelques mois, jusqu'au retour de PEA et ML, pour les deux derniers matchs de qualifications et on ne se qualifie pas. La génération actuelle donne l'impression de faire un retour en arrière de cinq ans. Attention, ça peut être un reset, on peut dire qu'il s'est passé des choses biens et pas biens. On va garder le bien et essayer de repartir avec Pierre et Mario, les patrons, Bruno Ecuele Manga, le taulier, on va essayer sur les autres retours de former une équipe, ce que j'espère. J'ai préféré le visage et la mentalité sans stars de Neveu ou alors avec des stars en devenir, que le Gabon d'aujourd'hui. Je trouve que sur les derniers matchs ça va, mais il y a un énorme travail de Mouyouma là-dessus. Tactiquement, l'équipe est plus cohérente et motivée.

Votre pronostic pour la CAN au Maroc ? Vous avez d'ailleurs assisté au tirage au sort des groupes. Quelle était l'ambiance sur place ?

Super ambiance, le Maroc, je pense qu'ils vont organiser une CAN magnifique, peut être la plus belle jamais organisée. Parce que déjà il y a un travail qui a été fait de manière générale sur leur football. Je vois très peu d'écart aujourd'hui entre le football marocain et l'européen. Il y a des pays qui sont en retard par rapport au développement du Maroc. Pas les plus gros, ni les cinq grands championnats européens, pas les Pays-Bas, pas le Royaume-Uni, mais si on commence à aller plus loin : le championnat Roumain, Tchèque, Slovène. Je ne suis pas sûr que c'est un meilleur niveau, ni mieux organisé. C'est important de le dire. Il va y avoir une superbe ambiance, de très bons stades, en plus on va le jouer en hiver (doux), à 15/20 degrés. On sera à Marrakech. Juste avant le tirage au sort, j'y étais, il ne fait pas chaud, il ne fait pas froid. Je pense qu'on peut faire quelque chose.

Le Cameroun, on les connaît, ils vont vouloir nous faire le bruit, la bouche !

Ils ont cinq CAN, on n'en a pas. Je pense que ça peut leur faire du mal. La Côte d'Ivoire, j'ai beaucoup parlé avec Émerse Faé le jour du tirage au sort, parce qu'on l'avait reçu au CD5 après son titre. Il m'a dit que ce n'est pas une bonne nouvelle de jouer le Gabon, il a appelé tout de suite Mouloungui, parce qu'ils se connaissent de Nice. Le Mozambique, équipe qu'on a vue à la dernière CAN et qui peut être chiante.

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Je pense qu'on est largement en lice pour être le meilleur troisième, comme en 2022, c'est un groupe où tu peux être deuxième. On joue d'abord le Cameroun le 24 décembre, ça fera un bon Noël et on peut mettre la pression sur la CI. Si elle ne joue pas son premier match, c'est toujours dur un premier match de CAN quand t'es tenant du titre. Je pense que ça peut être très compliqué. Deuxième match Mozambique, dernier match contre la Côte d'Ivoire. Ce qui est intéressant, c'est que si tu fais un bon résultat (match nul) contre les Lions Indomptables, ils vont être dos au mur au 2e match contre les Éléphants. Imaginons aussi que les Ivoiriens fassent un mauvais résultat face aux Mozambicains, ils seront aussi dos au mur. Si les Panthères gagnent contre le Mozambique au deuxième match, elles arrivent avec quatre points, t'es qualifié dans une CAN à 24, au moins en meilleur troisième. Surtout le dernier match, la CI vient jouer sa qualification pour sa première place, c'est elle qui aura la pression. Je pense que le groupe est fait pour qu'on sorte troisième minimum.

Même si les trois équipes étaient à la dernière CAN, si tu ne fais pas troisième, c'est un gros échec.

Il n'y a pas d'excuses, on est au Maroc, les terrains sont beaux.

Vous gardez un œil sur le championnat gabonais ? Quel regard avez-vous dessus ?

Quand j'étais gamin, je regardais les résultats dans L'Union. J'allais regarder quelques matchs, Téléstar [Delta Téléstar Gabon Télécom FC] jouait à l'OPT. Aujourd'hui, non, parce que déjà, c'est compliqué, tu ne vois pas les matchs. Il y a eu la coupure, les deux ans d'arrêts, j'avoue que ça m'a coupé. Je n'ai plus d'attache, il y avait le FC Sapin que j'aimais bien avec Daniel Cousin. Même le Téléstar n'existe plus.

Photo issue du compte X @FreddhyKoula de gauche à droite : Freddhy Koula, Samuel Vaslin & Elton Mokolo

Par contre, grâce à Freddhy Koula, je regarde beaucoup ce qu'il partage sur les jeunes joueurs. Notamment, quand il y a la liste des convoqués, il y a les locaux, que je ne connais pas. J'essaye de me renseigner, de voir avec lui et il m'explique, de suivre ce qui se passe, mais je ne regarde plus comme avant les résultats tous les lundis, voir qui a marqué, je connaissais les joueurs.

On a bien évolué au Gabon niveau foot depuis une dizaine d'années. La plupart de nos joueurs jouent en Europe. Je vais plus regarder ceux qui y jouent, que ceux au Gabon.

Il y a désormais une meilleure couverture des footballeurs africains dans différents championnats via des comptes sur les réseaux sociaux, je pense notamment @foot_dafrique @JoueursGA @gabonaises sur X. On constate qu'il y a beaucoup de championnats méconnus, mais surtout ça donne une idée que certains peuvent vivre de leur métier en tant que professionnel.

Et aussi se faire connaître parce que je prends l'exemple de Shavy Babicka, qu'on ne connaissait pas. Il ne jouait pas dans une équipe éclatée non plus. C'était, je crois Ferencváros en Hongrie. Une équipe qui joue régulièrement la Coupe d'Europe quand même, mais c'est un joueur, il y a dix ans, jamais t'en parle. Avec les réseaux sociaux, t'as des mecs qui suivent les championnats nordiques, etc.

Top 1 joueur mondial

Je n'ai pas un joueur, il y en a beaucoup que j'aime, mais pas un en particulier. Pogba, il y a quelques années, jusqu'à sa blessure, mais plus que le joueur, c'est aussi l'homme, ce qu'il dégage, le sportif. S'il n'a pas cette trajectoire, je pense que c'est le joueur ultime dans ma vie. Avec beaucoup de personnalité, du physique, mais techniquement tellement au-dessus. Messi pendant des années, la rivalité à Blaise Pascal, c'était soit t'étais Réal Ronaldo, soit Barça Messi. J'ai choisi le second camp. La finale 2009, la tête de Messi m'a envoûtée pour quinze ans, je me souviens, on était vers le Port Môle. Je ne sais plus comment ça s'appelait. À l'époque, ils avaient mis un écran géant, une soirée Heineken, je crois.

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Je suis aussi un fan de Neymar. Si vous me demandez de choisir un joueur dans ma vie et que vous me dites que je ne peux regarder qu'un seul : Zinedine Zidane. Ce n'est pas original. Sans blasphémer, mais c'est Zizou Christ, on ne touche pas. J'aime les artistes avec beaucoup de personnalité. Mbappé, je ne suis pas toujours fan de l'homme, mais l'émotion qu'il m'a fait vivre contre l'Argentine, je n'ai jamais vécu ça de ma vie. Je ne vous parle pas de sport, mais de la manière dont il m'a fait péter un câble quand il égalise en deux minutes. C'est un des rares moments de ma vie devant un match de foot, où dans mon cerveau, je ne sais plus où je me trouve. On a couru partout, mais je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé pendant 5 minutes. C'est comme au bled quand il pleut, carré rouge à la télé ! À Bordeaux, je n'oublie pas Yoann Gourcuff sur une année, Malcolm, Chamakh.

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Je vais rester sur Pogba, parce que 98, je l'ai vécu en k7, Zidane, c'est une icône, il a joué à Bordeaux, mais Paul Pogba ce qu'il m'a fait vivre en 2018… C'est le symbole de cette équipe de France. PP m'a refait aimer l'un de mes deux pays footballistiquement. Il m'a redonné des émotions, la fierté, l'envie de regarder des matchs de Série A. Pour le petit clin d'œil, parce que ça me fait toujours mal de voir où il en est aujourd'hui.

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Top 2 club all time

Bordeaux-Barça. Il n'y a pas de doute. Bordeaux, c'est mon club, ça ne s'explique pas. C'est comme quand t'es amoureux d'une femme. Le Barça parce que vraiment, quand t'aimes le foot, ce qu'il m'a procuré. La finale 2009, où on était tous en train de se sauter dans les bras sur le but de Messi. La finale 2011 incroyable, je me souviens, c'était une soirée de fou. 2009, 2011, 2015 ! Le dribble de Leo sur Boateng, vous savez comment on est au Gabon, la honte ! Ce que ce club m'a fait vivre. Je ne suis plus fan du Barça, mais j'ai de l'affection. Ce que j'ai compris en voyant les Girondins, avec tous les malheurs qui arrivent, quand il en arrive au FC Barcelone, cela ne m'atteint pas.

Top 3 joueurs gabonais

[Il réfléchit longuement.] Il y a Bruno Ecuele Manga, formé à Bordeaux, même s'il n'y a quasiment jamais joué. Dans le Top 3, il y est, ne serait-ce que pour la longévité. Je suis un peu tiraillé, parce que j'ai en tête mes premiers matchs au Stade Omnisport Omar Bongo, avec Shiva Star N'Zigou, Mouloungui, Daniel Cousin, c'étaient mes gars ! Quand je suis petit, ce sont les boss de la nation, j'ai une nostalgie avec eux.

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J'ai envie de les mettre dans mon Top 3, mais je ne peux pas t'enlever Aubameyang, parce que ne serait-ce que la CAN 2012. Le lycée avait fermé. Je pars en France avec deux potes du Gabon, à Bordeaux, on arrive le jour du Gabon - Maroc, c'est essentiel pour la qualification. Il y a eu le premier match, face au Niger, on fait un 1-1, je confonds peut-être avec 2017, j'ai un doute. On va dans un kebab, grand drapeau du Maroc, t'as le patron qui commence à entendre trois bindis qui parlent avec l'accent. Il se dit, mais ils sortent d'où ils viennent me provoquer dans mon fast food ? PEA ce qu'il fait sur ce match, je vais te dire en numéro 1, parce que c'est le meilleur joueur gabonais de l'histoire, c'est très compliqué de ne pas le mettre.

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Shiva Star en 2, le gars a mal tourné, mais plus pour le souvenir. Je me souviens de lui, quand j'étais tout petit, je regardais les matchs, c'était à Nantes. Il avait un truc. J'aime beaucoup Mouloungui dans le même style, qui était intéressant et qui a une meilleure carrière. N'Zigou avait un truc qui me parlait, comme Georges Ambourouet, pareil latéral droit, pas fou, Sedan. Aubame, Shiva et Bruno, petite mention quand même à l'ami Ovono, parce que j'étais gardien, c'était le papa.

Top 4 événements sportifs

Coupe du Monde 2018 en numéro 1, forcément. Pour deux raisons, le côté fan de sport et professionnel, parce que c'est la première fois de ma vie que j'ai couvert une compétition de A à Z et ça se termine par une victoire. Avec en plus, ce n'est pas toujours le cas, de la réussite, professionnellement, on a bien marché, on s'est démarqué et développé. Les gens ont commencé à nous reconnaître dans la rue. Jamais vécu plus fort qu'en 2018.

CAN 2012 en numéro 2, bien sûr, même s'il y a deux semaines où je suis en France, la première et la dernière semaine, je suis là. La Côte d'Ivoire - Zambie, c'était fou, juste avant j'étais allé voir le Gabon - Brésil au Stade de l'Amitié, il y avait un vrai truc.

2016 aussi, parce que c'était en France et plutôt intéressant. L'Euro en numéro 3, la ferveur. J'ai adoré, on sortait d'une période d'attentats. Ayant grandi au Gabon, on m'a toujours demandé si l'Afrique ce n'est pas dangereux ? Ça va, je suis arrivé en France, pendant deux ans, il y a eu des attentats.

Attendez les gars, je retourne chez moi, votre pays, c'est comment ?

L'Euro, y'a pas un incident. Un côté sympa. Dernière compétition que je n'oublierai jamais, Ligue des Champions 2009 - 2010, Bordeaux qui termine premier de sa poule avec le Bayern, on tape la Juve au retour et à l'aller, on fait match nul, 16 points sur 18. Meilleure équipe européenne à ce moment-là. On joue l'Olympiakos. C'est peut-être fou, je pense que Bordeaux pouvait gagner la LDC en 2010. Typiquement, le Bayern va en finale, alors qu'on les a tapés deux fois, 2 - 0 chez eux.

Ce qui est drôle sur ces quatre compétitions, la seule que j'ai savourée avec du recul, c'est la CDM 2018. J'ai 23 ans cette année-là, vécu Bordeaux en LDC, en me disant qu'on en reverra d'autres, pareil pour le Gabon à la CAN 2012, etc. Puis j'ai compris en 2018, que ce que tu vis, tu vas peut-être le vivre qu'une fois, donc profite. Non seulement, on a la victoire, mais j'ai la maturité de me dire : kiffes.

Top 5 joueurs africains

Eto'o en 1, je ne te fais pas dans l'ordre pour les quatre autres. Il y a le côté journaliste et humain, j'hésite toujours à donner ce top qui serait logique. Par exemple, All Time, je suis obligé de te mettre Sadio Mané et Mohamed Salah. Ce dernier, je pense même qu'on est pas loin du meilleur joueur africain de tous les temps. Par ce qu'il fait depuis six ans, c'est monumental ! On peut enlever le mot africain, Salah fait partie des meilleurs joueurs en Premier League All Time dans un Top 10. Subjectivement, Eto'o, Drogba, tu ne peux pas y échapper. Yaya Touré, c'est compliqué de l'enlever aussi. PEA c'est mon porte-drapeau et en dernier Marouane Chamakh, histoire magnifique, joueur incroyable.



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/football/article...