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Gouvernance de l’eau : A Dakar, les ministres africains adoptent une feuille de route historique

Rédigé par leral.net le Mardi 30 Septembre 2025 à 01:30 | | 0 commentaire(s)|

C’est une date que retiendront sans doute longtemps les acteurs de la gouvernance hydrique en Afrique. Réunis à Dakar pour la 14ᵉ session ordinaire de l’Assemblée générale du Conseil des Ministres africains chargés de l’Eau (AMCOW), 18 ministres en charge du secteur, accompagnés de leurs délégations et de plusieurs dizaines d’experts, ont adopté ce lundi […]

C’est une date que retiendront sans doute longtemps les acteurs de la gouvernance hydrique en Afrique. Réunis à Dakar pour la 14ᵉ session ordinaire de l’Assemblée générale du Conseil des Ministres africains chargés de l’Eau (AMCOW), 18 ministres en charge du secteur, accompagnés de leurs délégations et de plusieurs dizaines d’experts, ont adopté ce lundi, la nouvelle Vision et Politique africaines de l’Eau à l’horizon 2063, un document stratégique censé guider le continent vers une gestion durable, équitable et résiliente de ses ressources en eau.

Ce moment, qualifié d’”historique” par plusieurs participants, s’inscrit dans un contexte de pression croissante sur les ressources hydriques africaines, exacerbée par le changement climatique, la croissance démographique et les enjeux de développement.

Une vision continentale à long terme pour un bien commun vital

Le texte adopté vise à aligner les politiques nationales et régionales sur une feuille de route commune, en cohérence avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les Objectifs de Développement Durable (ODD), en particulier l’ODD 6 qui garantit l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement.

“L’eau est une ressource vitale, transversale à tous les secteurs. Sans eau, il n’y a ni sécurité alimentaire, ni santé publique, ni stabilité sociale”, a déclaré à l’ouverture des travaux le ministre sénégalais de l’Eau et de l’Assainissement, soulignant le rôle moteur du Sénégal dans l’élaboration de cette vision.

La Vision 2063 de l’Eau se veut à la fois inclusive, innovante et pragmatique, plaçant les communautés au centre des décisions, tout en intégrant les enjeux technologiques, institutionnels et financiers.

Des outils concrets pour une mise en œuvre coordonnée

L’adoption de la vision n’a pas été un simple exercice de principe. Les ministres ont également validé plusieurs outils de mise en œuvre qui devront en garantir l’application effective dès les prochaines années :

  • Le Programme stratégique sur les eaux souterraines, pour renforcer la résilience hydrique du continent ;
  • Le Plan stratégique opérationnel 2026-2030 de l’AMCOW, qui fixe les grandes priorités sur cinq ans ;
  • Le Business Plan 2026-2030, conçu pour mobiliser les financements nécessaires à la réalisation des projets.

Ces outils traduisent une volonté claire : sortir du cadre déclaratif, pour entrer dans une phase opérationnelle, structurée, avec des indicateurs de suivi, des financements identifiés, et une coordination régionale renforcée.

Une démarche participative et technique en amont

Avant l’adoption officielle du texte, les travaux préparatoires avaient déjà mobilisé plusieurs dizaines d’experts et techniciens. Le Comité technique consultatif de l’AMCOW s’est réuni pendant deux jours à huis clos pour examiner ligne par ligne les propositions à soumettre aux ministres.

Cette méthode de travail, saluée par les participants, a permis de renforcer le consensus autour du document final, en prenant en compte les spécificités régionales, les priorités nationales et les retours d’expérience des acteurs de terrain.

“C’est un véritable processus de co-construction”, confiait un représentant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). “Cette vision ne vient pas d’en haut, elle est portée par les réalités des pays.”

Une mobilisation à l’échelle continentale et au-delà

La session de Dakar a rassemblé des ministres de 18 pays africains, ainsi qu’une quinzaine de représentants ministériels, des organisations régionales, des bailleurs internationaux, et des centaines de participants en ligne, signe d’un engagement croissant pour une gouvernance hydrique intégrée à l’échelle dontinent.

Ce rassemblement souligne également l’importance croissante de l’hydro-diplomatie africaine, dans un contexte où de nombreux pays partagent des bassins fluviaux ou des nappes souterraines transfrontalières, et où les tensions autour de l’eau pourraient s’aggraver dans les décennies à venir.

“L’eau doit unir, pas diviser”, a rappelé un participant d’Afrique australe. “La Vision 2063 est aussi un outil de paix.”

Le Sénégal en première ligne : leadership confirmé

Pays hôte de cette session stratégique, le Sénégal a renforcé son positionnement comme acteur central des questions d’eau en Afrique. Fort de son expérience dans la gestion des ressources hydriques et de son influence diplomatique, Dakar s’impose une fois encore comme un hub régional des politiques publiques de l’eau.

Le choix du Sénégal pour accueillir cette session n’est pas anodin : après avoir coorganisé en 2022 le 9ᵉ Forum mondial de l’eau, le pays a continué à s’impliquer activement dans les réflexions continentales et internationales.

“Le Sénégal entend jouer un rôle moteur en mobilisant les acteurs publics, privés, africains et internationaux autour de solutions innovantes pour atteindre l’ODD 6”, rappelle un communiqué publié à l’issue des travaux.

Et maintenant ? Vers la mise en œuvre effective

Avec l’adoption de la Vision 2063 de l’Eau, le plus difficile commence : traduire l’ambition politique en réalisations concrètes. Cela implique :

  • des réformes législatives dans plusieurs pays ;
  • le renforcement des institutions de régulation de l’eau ;
  • la mobilisation de financements internationaux ;
  • la participation active des communautés locales ;
  • la mise en place de mécanismes de suivi-évaluation transparents.

L’AMCOW, en tant qu’organe continental, aura la responsabilité de piloter ce processus, de suivre les engagements des États membres, et de soutenir techniquement les pays les moins avancés.

Une étape majeure, mais pas une fin en soi

L’adoption de la Vision et Politique africaines de l’Eau 2063 constitue une étape fondatrice dans la construction d’un avenir hydrique sûr pour l’Afrique. Elle acte la reconnaissance par les États africains de l’eau comme un bien commun stratégique, transversal et non renouvelable, dont la gestion nécessite coopération, innovation et inclusion.

Reste désormais à transformer cette vision en résultats concrets, pour les millions d’Africains qui, encore aujourd’hui, n’ont pas un accès fiable à l’eau potable ou à l’assainissement de base.

Car 2063, c’est déjà demain.



Source : https://xalimasn.com/2025/09/29/gouvernance-de-lea...