leral.net | S'informer en temps réel

Grogne autour des factures d’électricité: Amadou Bâ face à un adversaire de taille

Candidat de Benno Bokk Yakaar à la Présidentielle de février 2024, Amadou Bâ doit faire face à la crise née de la hausse des factures d’électricité.


Rédigé par leral.net le Lundi 23 Octobre 2023 à 14:27 | | 0 commentaire(s)|

Après avoir renoncé à un troisième candidature controversée, Macky Sall, président en exercice du Sénégal, a désigné son Premier ministre, Amadou Bâ comme son dauphin. Ce, après un long processus marqué par des consultations dirigées par une équipe la tête de laquelle, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Dans ce nouveau challenge, l’ancien ministre de l’Economie et des Finances compte déjà sur le soutien sans réserve du chef de l’Etat, qui a promis de s’investir pleinement pour que son candidat et celui de la majorité présidentielle, gagne les joutes électorales de février 2024. Il faut dire qu'Amadou Bâ présente un profil intéressant, pour avoir dirigé des départements stratégiques ces dix dernières années.

De ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Bâ est passé aux Affaires étrangères, avant de sortir du gouvernement. Après une période de disgrâce, il revient aux affaires, mais cette fois-ci, en qualité de chef de l’attelage gouvernemental qu’il dirigera jusqu’aux élections de 2024. Mais le scrutin du 25 février 2024 ne sera pas une partie de plaisir pour le Premier ministre. Le candidat de Benno doit déjà faire face à une adversité interne, car aussitôt annoncé comme le choix de Macky Sall, il a été contesté par plusieurs membres de la majorité. Certains d’entre eux ont même déclaré leur candidature et ont, depuis, retiré leurs fiches de parrainages, pour obtenir le quitus qui leur permettra de concourir dans moins de quatre mois.

C’est le cas d’Aly Ngouille Ndiaye, de Mame Boye Diao, qui font partie des compagnons de la première heure de l’actuel président. Que dire de Mahammed Boun Abdallah Dionne qui, à l’instar de ces deux caciques du pouvoir, a également décidé de participer aux élections, au grand dam de l’unité prônée par son ancien employeur. Le Premier ministre qui n’est pas un champion électoral, pour avoir déjà perdu à plusieurs reprises chez lui, aux Parcelles assainies, doit aussi faire face à une opposition qui se rend à la présidentielle en rangs dispersés, mais qui n’a pas dit son dernier mot. L’un de ses membres (de l’opposition) et non des moindres, Ousmane Sonko qui a maille à partir avec la justice, pour avoir été condamné dans deux affaires qui le mettent pour l’instant hors des starting-blocks, est en train de lutter pour revenir dans la partie. S’il y parvient, ce sera une menace avérée pour un sacre de Amadou Bâ, compte tenu de sa popularité chez une bonne frange de la population.

Amadou Bâ sera-t-il électrocuté par la hausse des factures d’électricité ? Mais le plus grand adversaire du candidat du pouvoir, reste la crise sociale cristallisée ces derniers temps par la hausse notée dans les factures d’électricité. En effet, plusieurs centaines d’abonnés de la Société nationale d’électricité (Senelec) ,qui cherchent le diable pour lui tirer la queue, ont constaté une hausse vertigineuse de leur facture du dernier bimestre et n’ont pas manqué de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une forfaiture.

La journaliste Oumy Ndour a lancé le 5 octobre dernier, une pétition sur Internet et à ce jour, elle a enregistré pas moins de 43 070 signatures, soit une moyenne de 2300 par jour. Une mobilisation sans précédent pour fustiger « la hausse abusive des factures d’électricité », qui n’a pas laissé de marbre les responsables de la société d’électricité. L’initiatrice de cette campagne citoyenne, a été reçue par le Directeur général de la SENELEC, Pape Mademba Bitèye, à qui elle a exposé les griefs des populations, quant aux abus de la société d’électrification. Suite à cette rencontre, elle a été reçue le 20 octobre par la Commission de régulation du secteur de l’Energie (CRSE), sous la direction de Ibrahima Niane.

A cette occasion, ce dernier à qui un mémorandum de 10 points a été présenté, a pris des mesures pour la résolution de la crise. Il a été annoncé la convocation de la Senelec, le 24 octobre devant la Commission, pour une séance d’explications sur ces hautes notées ces derniers jours. Face aux griefs des abonnés, la Senelec brandit la période de forte chaleur et la non rationalisation de la consommation de l’électricité par leur clientèle.

Un argument qui résiste mal aux faits, selon les initiateurs de la campagne « Non à la hausse abusive des factures d’électricité ». Ils invitent la société d’électricité à balayer devant sa porte, en ce qui concerne la consommation démesurée du courant. Toutes choses qui font dire à certains observateurs, que la Senelec est en train de gérer ce bras de fer de manière inintelligente. Ce, à quelques mois d’une élection aussi cruciale que celle de février 2024.

Le Premier ministre, par ailleurs candidat du pouvoir en place, ne devrait-il pas se saisir personnellement de ce dossier, pour désamorcer une bombe qui risque de lui exploser à la figure au soir du 25 février ? Qu’attend-il pour recevoir les pétitionnaires et leur tenir un discours de vérité sur les raisons de cette hausse des factures ? Il faut rappeler qu’en janvier dernier, le gouvernement du Sénégal a annoncé la suppression de la subvention dans le secteur de l’énergie, afin de financer des projets sociaux d’ici 2025. Selon l’alors ministre de l’Economie et des Finances, cette mesure devrait permettre à notre pays d’économiser 422 millions de dollars (261 milliards FCfa), soit 163 millions de dollars (100, 8 milliards FCfa) du secteur de l’électricité et 259 millions de dollars de produits pétroliers (160,2 milliards FCfa).

Selon le vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), Momar Cissé qui est intervenu sur les ondes de la RFM, les hausses constatées sont dues à la suppression de cette subvention étatique. Il était attendu que cette suppression de la subvention représentant 4% du PIB, entraîne une hausse de 16.72% sur les prix de l’électricité. Cependant, les autorités avaient rassuré les clients de la Senelec, dont la consommation n’excède pas 150 kWh/mois qu’ils ne seraient concernés par cette mesure.

Mais à l’arrivée, il semble bien évident que personne n’a été épargné, même s’il faut reconnaître que ces dernières années, des efforts ont été faits pour une bonne couverture nationale de l’électrification. Selon l’ancien ministre du Pétrole et des Energies, Aïssatou Sophie Gladima, le taux d’électrification du Sénégal s’établit au niveau national, en fin 2022, à 85% en milieu urbain et 60% en milieu rural, ajoutant que « l’accès universel est presque une réalité en milieu urbain ».

À ces efforts, d’autres doivent être ajoutés pour que le « gorgorlou » (crève-la-dalle) n’alloue pas les 2/3 de son maigre salaire, chaque deux mois, à sa facture d’électricité. Tout candidat qui l’ignore, risque d’avoir un réveil brutal au lendemain du 24 février.







Le Dakarois

Ousmane Wade