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Hollande et Gayet encore en une de "Closer" : un 2e épisode creux... guidé par le fric ?

Rédigé par leral.net le Vendredi 17 Janvier 2014 à 18:06 | | 0 commentaire(s)|

Malgré la plainte déposée par l’actrice, "Closer" continue de dérouler le feuilleton François Hollande - Julie Gayet. Quitte à survendre son contenu. Thierry de Cabarrus a lu "l'enquête" publiée par "Closer" ce vendredi 17 janvier et n'y a pas trouvé beaucoup d'informations qui confirmeraient la rumeur.


Ainsi donc, "Closer" ne s’est pas embarrassé de scrupules et il a remis ça, ce vendredi 17 janvier, avec "de nouvelles photos" et "de nouvelles révélations" sur la supposée relation amoureuse entre François Hollande et Julie Gayet.

Poussé par une sorte de curiosité, peu glorieuse j’en conviens, mais très humaine en apprenant la nouvelle, je suis allé ce jeudi soir comme tout le monde sur le site du magazine et j’ai lu avec une certaine avidité le texte d’accroche, destiné à pousser le lecteur internaute à se ruer sur le magazine papier en bonne place dans les kiosques.

Et là, grosse déception : non seulement je n’ai rien appris de nouveau mais en plus, j'ai constaté que le deuxième épisode de cette série qui ressemble à "Scandal", le feuilleton romantico-politique de Canal Plus, ne tenait vraiment pas ses promesses, et qu’il était d’autant plus creux sur le fond, bricolé d’infos usées comme des bouts de ficelle, qu’il était boursouflé et grandiloquent sur la forme.

Dès lors, ma décision a été prise : je n’irai certainement pas dépenser 1,50 euro, même pas par solidarité pour un journal qui, comme ses confrères, a de plus en plus de mal à survivre dans sa version papier.

Recettes supplémentaires

Chacun ses préférences, je préfère être abonné au "Monde" et à "Libé" qui, eux aussi, connaissent une situation financière difficile mais correspondent davantage à mes centres d’intérêt plutôt qu’à un magazine qui flatte mes instincts de voyeur en bêtifiant autour d’une prétendue histoire d’amour, fût-elle "hors norme" puisque se déroulant sous les ors de la république.

Donc, "Closer" serait parvenu, nous dit-on, à stopper pour un temps sa chute des ventes grâce à son "scoop mondial" sur "cette idylle qui agite la presse internationale" selon les expressions un rien pompeuses du magazine people.

Non seulement il a écoulé en 48 heures son tirage habituel mais il a réimprimé en urgence 150.000 numéros supplémentaires pour satisfaire la curiosité de ses lecteurs. Voilà qui représente un joli succès : un demi million d’exemplaires, soit une manne de 300.000 euros de recette supplémentaire.
De quoi donner envie au magazine de continuer de semaine en semaine cette entorse spectaculaire à la déontologie journalistique française et d’engranger de l’argent même s’il perd le procès que vient de lui intenter l’actrice pour atteinte à sa vie privée.

Le calcul est vite fait : si "Closer" doit verser les 50.000 euros de dommages et intérêts que réclame Julie Gayet (après avoir acheté les phortos 30.000 euros) l’opération demeure une affaire rentable qu’il convient pour le groupe Mondadori de faire fructifier, quitte à laisser la rédaction "survendre" un contenu somme toute désormais plutôt léger.

Car il y a non seulement de l’argent à gagner, mais aussi toute cette publicité gratuite, ce retentissement phénoménal pour ce journal people qu’on disait en perte de vitesse.

Un storytelling abusif

Pour autant, les lecteurs qui vont acheter ce second numéro vont-ils en avoir pour leur argent ? Sans doute non. Car si j’en juge par le contenu de l’article mis en ligne sur son site, le nouveau numéro de "Closer" semble aussi creux et léger qu’une bulle médiatique prête à crever et disparaître.
Il suffit pour s’en convaincre de décortiquer un peu cet article d’accroche pourtant vendeur puisqu'il affirme, dans son titre : "François Hollande, Julie Gayet : ils s’aiment depuis deux ans !"

Là, on se dit que c’est du lourd, et qu’on va apprendre des révélations à la fois spectaculaires et croustillantes sur les débuts de cette supposée histoire d’amour. Sauf qu’il n’y a rien du tout d’avéré, nada, pas la moindre anecdote, pas le moindre détail qui soit une nouveauté ou autre chose qu’hypothèses ou rumeurs plus ou moins crédibles.

Qu’on en juge : quand "Closer" dit que le président et l’actrice "s’aiment depuis deux ans", c’est une simple déduction, fondée sur le fait que l’actrice, une militante socialiste qui avait soutenu la campagne de Ségolène Royal en 2007, a décidé, en 2011, de rejoindre le camp de François Hollande.

En fait, il s’agit là d’une "information" sans preuve, d’un détournement abusif qui rappelle le précédent détournement de "Closer", quand le magazine avait mis en ligne le clip de campagne du candidat socialiste en 2012 dans lequel l'actrice lui exprimait son soutien et son admiration.

Sous le titre accrocheur "Julie Gayet raconte sa première rencontre avec François Hollande", le magazine avait attiré les lecteurs sur un mensonge, faisant passer cette vidéo militante et peu regardée de quelques milliers de vues à près d’un million...

La presse à scandales

Alors, c'est vrai, c'est bien fait. Car pour faire tenir debout ce tissu fragile composé d’hypothèses et de bruits, de mensonges et de déductions osées, "Closer" utilise une bonne vieille technique mise au point voici plus d’un demi-siècle par les flibustiers de cette presse qu'on n'appelait pas encore "presse people" mais "presse à scandale".

Ce sont les "rewriters", ces journalistes assis, de moins en moins nombreux dans les rédactions, écrivains ratés dotés d’une jolie plume et qui, à partir de quelques photos volées, de rares points de repères de dates et de bouts de biographie des personnages, sont capables de vous trousser une histoire d’amour, un drame sentimental à faire pleurer Margot.

Depuis quelques années, ces "auteurs" dotés d’une carte de presse ont peu à peu déserté "Ici Paris" et "France Dimanche" pour rejoindre "Voici", "Gala", "Closer" et quelques autres. Mais leur travail n’a pas changé.

L’article de "Closer" ressemble à une histoire montée de toutes pièces, digne des bluettes de Guillaume Musso ou de Marc Lévy, un roman photo à trois personnages. C'est un trio classique du roman rose avec un homme tiraillé entre deux femmes, l’une jeune et belle et l’autre, belle et malheureuse.

Un vocabulaire particulier

Cette construction faite de clichés et d’imaginaire est aussi fragile qu’une toile d’araignée mais elle tient grâce notamment à l’utilisation d’un vocabulaire particulier qui nourrit notre imaginaire et à quelques faits avérés qui viennent crédibiliser l’ensemble.

Ainsi, dans l’article publié sur le site de "Closer", on trouve les mots propres à l’idée que chacun se fait d’une histoire d’amour : il y a le coup de foudre quand elle a "des étoiles plein les yeux" ; il y a les rituels qui s’installent quand ils ont "des rendez-vous secrets" ; il y a la compagne délaissée qui se bat pour "reconquérir son homme" et qui "gagne la première manche".

Le vocabulaire n’hésite pas non plus, le cas échéant, à emprunter aux contes de fée : Julie est "sa nouvelle dame de cœur", François est l’hôte du "château", Julie est "sa dulcinée".

L'interprétation des faits

Oui mais comment rendre cette histoire crédible ? Simplement en truffant cet article de quelques dates et anecdotes bien réelles, comme par exemple, quand en avril 2012, des journalistes aperçoivent Julie Gayet discutant avec Thomas Hollande, le fils du futur président, pendant le meeting du candidat socialiste à Vincennes.

Rien ne prouve, à l’évocation de ce fait, que Julie Gayet et François Hollande sortent ensemble. Quoi de plus normal en effet que la militante socialiste qui participe au clip de campagne du candidat rencontre le fils de ce dernier ? D'autant que Thomas est le compagnon de la chanteuse Joyce Jonathan qui, elle, connaît bien Julie Gayet.

On le voit, on est ici dans l’interprétation des faits qui, mis bout à bout, construisent un roman lisible, donc crédible. Le problème, c'est que tout cela, ce prétendu scoop, cette rumeur n’est pas (pour combien de temps encore ?) une réalité avérée, qui repose sur des faits tangibles et démontrés.

Cela ressemble pour l'instant à une belle histoire troussée par des auteurs au service de la presse people.