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Hommage au Professeur Oumar Sankharé - Par Fatimé Raymonne Habré


Rédigé par leral.net le Dimanche 1 Novembre 2015 à 01:51 | | 0 commentaire(s)|

Cher Professeur et cher frère. Ce lundi 26 octobre 2015, vous m'aviez rendu visite à 12h00 pour avoir de nos nouvelles et celles de votre frère, le Président Hissein Habré. Certes, vous étiez un peu fatigué mais jamais, je n'aurais cru que, quelques heures plus tard, vous nous quitteriez pour toujours.

Cher professeur, cher frère, que le Tout Puissant vous accueille en son paradis éternel. Amine!

Les mots me manquent et me paraissent insuffisants, insignifiants pour parler de vous.

Illustre professeur, j'ai toujours été étonnée par votre simplicité, votre extraordinaire modestie, votre disponibilité et votre amabilité.

Nos échanges fructueux sur tant de sujets: l'Université, la jeunesse africaine, les élites africaines, la politique, l'histoire, l'évolution de l'Afrique, le Tchad, le Sénégal etc.. me manqueront. Vous m'avez tant appris, merci Professeur, merci mon frère.

Ce lundi 26, jour de notre dernière rencontre mais aussi votre dernier jour parmi nous, en partant, vous avez réitéré vos salutations à votre frère, le Président Habré en promettant d'aller le voir samedi si les CAE acceptaient de vous délivrer le fameux permis de visite.

Oui, nous avions échangé sur les permis de visite qui vous ont été refusés à vous et à notre frère Moriba Magassouba par M. Mbacke Fall parce que vous aviez pris position et dénoncé cette mascarade judiciaire. On vous a fait tourner pendant plus d'une semaine; mais, infatigable, vous faisiez ces multiples va et vient, malgré votre santé fragile, sans obtenir le renouvellement de votre permis. Je vous ai demandé, cher frère, de laisser tomber, et de les laisser dans leur autisme car seule votre intention comptait pour moi.

Dans cette dure épreuve qui nous a été imposée, vous avez toujours été à nos côtés, mieux que cela, vous vous êtes levé et vous aviez exprimé vos sentiments sur cette affaire Hissein Habré. En faisant cela, vous démontriez que vous aviez conservé votre capacité d'indignation mais plus encore,que vous ne pouviez rester indifférent, silencieux devant cette machine infernale qui roulait vers nous et sur nous.

Cher Professeur, cher frère, vous étiez un homme intègre, sans maslaha, sans calcul, comme il en existe malheureusement de moins en moins.

Vous étiez aussi un homme courageux, vous avez su garder malgré votre engagement en politique, votre indépendance d'esprit et d'analyse sur la politique sénégalaise mais aussi sur les rapports entre les États africains et l'ancienne puissance coloniale.

Agrégé en Lettres Classiques, Agrégé en Grammaire, parlant plusieurs langues, vous étiez un savant et, en toute logique, vous devriez être une icône de la Francophonie partout dans le monde et particulièrement en Afrique où vous demeuriez le seul à avoir ces diplômes prestigieux.

Et pourtant, la Francophonie et ses institutions ne vous ont rien apporté; pire, on vous a écarté délibérément de l'ensemble des institutions de la Francophonie parce que ses dirigeants vous ont reproché d'avoir fait des émissions et d'avoir parlé de la politique de désenghorisation dans de nombreux domaines.

Cher professeur et cher frère, vous n'avez pas mis votre savoir au service des chapelles politiques. Bien au contraire, vous avez formé des générations d'hommes et de femmes, issus de nombreux pays, vous avez contribué à l'éveil de leur conscience; et, nullement intéressé par l'argent, les honneurs, la vie facile, vous meniez une vie modeste, digne et dans le respect de tous.

Dans ce monde où les valeurs sont en totale déliquescence, où l'argent est roi, où la politique est le moyen le plus rapide pour s'enrichir, vous avez fait le choix d'une vie simple, détachée des futilités du modernisme envahissant, préservant ce faisant votre liberté de pensée, de parole et d'action. Vous en aviez chèrement payé. Homme de vérité, de courage et de bien, fortement attaché à sa dignité et tout autant aux idéaux, règles et principes de vie qui étaient les vôtres, vous étiez aussi d'une fidélité en amitié, désintéressée, sincère et inusable.

Que le Tout Puissant, le Tout Miséricordieux vous agrée parmi ceux qu'Il comble de ses faveurs. Amine

Mme Fatimé Raymonne Habré.