Kaffrine-Le personnel enseignant du lycée Babacar Cobar Ndao dénonce une gestion "frauduleuse, solitaire et menaçante"

L’atmosphère est lourde au lycée Babacar Cobar Ndao de Kaffrine. Dans une déclaration rendue publique, les enseignants de l’établissement, à travers leurs représentants syndicaux du CUSEMS et du SAEMS, accusent le proviseur de pratiques «?nébuleuses?», de «?falsifications?» et de «?violations répétées des droits professionnels et pédagogiques?». Une situation qu’ils jugent «?profondément préoccupante?».

Selon les enseignants, depuis sa prise de fonction en 2021, le proviseur du lycée Babacar Cobar Ndao serait à l’origine de graves dérives dans la gestion administrative et pédagogique.

Dans la déclaration lue par le professeur d’espagnol et représentant du CUSEMS, Maba Bousso et professeur d’anglais et représentant du SAEMS, Modou Diop, il est accusé notamment de procéder à la «?falsification des bulletins scolaires?».

Ils expliquent que «?les notes sont modifiées arbitrairement sur la plateforme, alors que les enseignants n’y ont même pas accès?», ajoutant que certaines disciplines comme les mathématiques sont parfois «?totalement effacées des bulletins?» ou voient leurs coefficients «?réduits sans motif?».

Les enseignants dénoncent également la «?manipulation volontaire des livrets du baccalauréat?», affirmant que «?des élèves, qui selon les moyennes devraient redoubler, sont déclarés admis avec une nouvelle moyenne mensongère, signée du proviseur?». Avant de poursuivre : «Le proviseur annule unilatéralement des décisions de redoublement, sans explication valable, et prétend agir sur instruction de l’Inspection d’Académie (IA)?», déplorent les enseignants.

Ils assurent détenir «?des preuves matérielles et numériques de ces faits?».

Un lycée devenu "poubelle régionale"

Il est aussi décrié dans le document une politique d’admission jugée laxiste. Selon eux, le lycée est devenu une «?poubelle régionale?», accueillant des élèves exclus d'autres établissements sans critères objectifs.

«?Des élèves avec des moyennes de 5 ou 6 sont systématiquement admis au passage. Certains font trois à quatre fois la classe de seconde, ou refusent de redoubler, vont dans le privé, puis reviennent?», regrettent-ils.

Pour eux, cette situation contribue à la «?chute libre?» du taux de réussite, affectant la crédibilité de tout le système éducatif régional.

Le 6 mars dernier, un incident en salle de classe a cristallisé les tensions. Un professeur de mathématiques aurait été «?publiquement humilié?» par le proviseur, qui voulait lui imposer la réintégration d’élèves exclus.

À la suite de cette altercation, les enseignants ont observé un «?mouvement d’humeur?», soutenu par l’Association des chefs d’établissement, celle des parents d’élèves et une mission spéciale de l’IA.

Mais au lieu d’une désescalade, ils affirment que le proviseur a tenu des propos provocateurs. «?Vous avez perdu, moi j’ai gagné?», aurait-il lancé. Depuis, certains enseignants disent avoir été menacés de «?sanctions ou de redéploiement?».

Des sanctions jugées abusives

Les syndicats accusent également le proviseur d’avoir baissé de façon «?arbitraire?» les notes administratives de certains enseignants. «Alors qu’elles étaient positives l’année précédente et diminuées sans justification».

Plus grave encore, «?19 professeurs ont été retirés de la liste des correcteurs d’examen, ». Une décision perçue comme une «?violation grave des droits professionnels?», d’autant plus qu’elle s’accompagnerait d’une «?fuite de données personnelles sensibles?».

Les enseignants dénoncent également une gestion solitaire de l’établissement.

«?Aucun Conseil de gestion n’a été organisé durant l’année scolaire 2022–2023, et pour 2023–2024, nous avons été exclus de toute décision?», regrettent-ils. «?Le proviseur se considère comme "l’alpha et l’oméga" du lycée.?»

Estimant que «?l’Inspection d’Académie de Kaffrine n’est plus un interlocuteur crédible?», les enseignants s’adressent directement au ministre de l’Éducation nationale.

«?Nous exigeons une enquête indépendante et immédiate, la suspension du proviseur et le respect des procédures et des droits des enseignants?», réclament-ils.

Ils préviennent que si aucune suite n’est donnée, ils pourraient rendre publiques les preuves en leur possession .

Et de conclure : «?Le divorce entre les enseignants du lycée Babacar Cobar Ndao et le proviseur est acté. Il ne peut plus diriger cet établissement. Nous refusons qu’un individu, proche de la retraite, sacrifie nos carrières et l’avenir des élèves.?»

Contacté pour recueillir sa version, le proviseur Leïty Fall a déclaré ne pas vouloir réagir pour le moment.

Source : https://senemedia.com/annonce-81494-kaffrine-le-pe...