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L'HISTOIRE JAMAIS RACONTÉE DE LA CSE

Rédigé par leral.net le Samedi 24 Mai 2025 à 01:35 | | 0 commentaire(s)|

Omar Sow, patron de la Compagnie Sahélienne d'Entreprise et fils du défunt milliardaire Aliou Sow, livre ses vérités sans fard. Entre héritage empoisonné, relations complexes avec le pouvoir et quête spirituelle, l'homme de 60 ans se confie comme jamais

Dans un entretien fleuve accordé au podcast Afropod, Omar Sow, patron de la CSE et fils du défunt milliardaire Aliou Sow, livre ses vérités sans fard. Entre héritage empoisonné, relations complexes avec le pouvoir et quête spirituelle, l'homme de 60 ans se confie comme jamais.

Omar Sow, président-directeur général de la Compagnie Saélienne d'Entreprise (CSE), a brisé le silence sur son parcours atypique d'héritier contraint dans une interview accordée au podcast Afropod. Loin de l'image du fils à papa, l'homme de 60 ans révèle les dessous d'une succession complexe et sa quête de sens après trois décennies à la tête de l'empire familial.

L'histoire commence en 1970. Aliou Sow, alors directeur des opérations chez Lachelle à 36 ans, sent qu'il a atteint son plafond de verre. "À cette époque-là, on ne mettait pas un Sénégalais au poste de directeur général", explique Omar Sow. Ingénieur de travaux publics de formation, son père décide de créer sa propre entreprise de BTP.

Grâce à Amadou Sow, directeur général de l'Union Sénégalaise des Banques, Aliou Sow trouve un partenaire français : le groupe Fougerol (aujourd'hui Eiffage). La CSE naît avec un capital réparti à 45% pour Aliou Sow, 45% pour Fougerol et 10% pour l'USB.

Mais les débuts sont difficiles. "Pas de boulot pendant 9 mois", raconte Omar Sow. "Ma mère, assistante au PNUD, faisait tourner la popote." Ce n'est qu'après ce passage à vide qu'arrivent les premiers contrats. En 1976, Aliou Sow rachète les parts de Fougerol pour devenir propriétaire à 90% de sa société.

"Si j'avais été ne serait-ce que le deuxième, j'aurais eu un autre destin", confie Omar Sow sans détour. Diplômé en finance, il rêvait d'une carrière à New York plutôt que dans le béton. "Je fais un métier que je n'aime pas", assume-t-il, expliquant que seul son statut d'aîné l'a poussé à reprendre les rênes de l'entreprise familiale.

Dès l'enfance, les visites dominicales sur les chantiers avec ses frères forgent son destin. "On est né dedans", se souvient-il, même si à l'époque, les chantiers ne l'attirent pas du tout. "Mon père ne m'a jamais dit 'Omar va faire ça', mais fils aîné, je n'étais pas stupide. Je voyais bien que la petite boutique créée en 1970 commençait à prendre de l'ampleur."

Le 28 septembre 1987 marque le début officiel de sa "mission". Dans un bureau solennel, son père l'accueille comme attaché de direction avant de l'envoyer en Sierra Leone, puis en Guinée comme directeur pays.

L'héritage en trompe-l'œil

Contrairement aux idées reçues, Omar Sow tord le cou au mythe de l'héritage facile. "Mon père nous a laissé une image de milliardaire, mais il ne nous a pas laissé des milliards en banque", précise-t-il. "Quand il est parti en 2017, la CSE était au fond du trou. On nous devait plein d'argent, on peinait à payer les salaires."

Cette réalité l'a contraint à un travail de restructuration majeur, divisant la CSE en quatre entités spécialisées : CSE pour les routes, CSE Immobilier pour le bâtiment, CSE Granulats pour le concassage, et CSE Énergie. "Rien que cette réorganisation a boosté notre chiffre d'affaires", explique-t-il, l'activité routière plombant auparavant la rentabilité globale.

L'entretien lève le voile sur les relations complexes entre entrepreneurs et politiques. Omar Sow raconte la première rencontre houleuse entre son père et l'ancien président Abdoulaye Wade : "Ça s'est très mal passé. Wade lui a dit 'Tu es égocentrique, on est tous partis de rien, tu n'es pas le seul'."

Cette mésentente a paradoxalement permis à Omar de prendre les commandes. "Wade ne nous aimait pas", résume-t-il. Mais l'arrivée d'Abdoulaye Wade au pouvoir en 2000, avec des ministres de l'âge d'Omar, change la donne. "C'est moi qui amenais mon père rencontrer Idrissa Seck. Mon père a compris que la roue avait tourné."

Aujourd'hui, le groupe s'est diversifié dans l'énergie avec une centrale à Saint-Louis, l'industrie avec une usine de tuyaux PVC, et possède des participations bancaires. "On ne va pas mettre tous les œufs dans le même panier", justifie Omar Sow, qui a également quitté certains pays du Sahel jugés trop instables pour se recentrer sur le Sénégal, la Guinée, le Gabon et la Côte d'Ivoire.

Une transformation spirituelle

À 60 ans, Omar Sow a opéré une transformation radicale. Depuis 18 mois, il commence chaque journée à la mosquée pour la prière de Fajr. "C'est the meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie", confie-t-il.

Cette évolution spirituelle s'accompagne d'un changement de priorités. "Pour réussir sa vie, il ne s'agit pas d'être l'entrepreneur le plus riche ou d'accumuler des biens, c'est d'impacter sur le maximum de vies", philosophe-t-il, citant son engagement auprès de jeunes entrepreneurs comme Mustapha "Maraz".

Fidèle à sa philosophie "travailler pour mieux vivre et non vivre pour travailler", Omar Sow prépare activement sa succession. Il annonce vouloir quitter ses fonctions en 2029 : "Je veux voir le système fonctionner sans moi."

En attendant, il diversifie ses activités entre les chevaux de course en France, les îles Bijagos en Guinée-Bissau, et ses projets philanthropiques futurs, notamment la création d'un orphelinat.

Son conseil aux jeunes Africains ambitieux ? "Il faut croire en ce que vous voulez devenir et ne jamais lâcher. La pensée est créatrice." Un message d'espoir teinté de réalisme de la part d'un homme qui a transformé un héritage contraignant en success-story, tout en gardant les pieds sur terre.

Une leçon de vie qui résonne particulièrement dans un contexte où les questions de succession et de bonne gouvernance agitent le continent africain.

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https://www.youtube.com/watch?v=6Jxxn4Sm2W8&t=11s
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Farid


Source : https://www.seneplus.com/economie/lhistoire-jamais...