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«La Gauche est tombée dans son propre piège» : Les inepties et contradictions du Professeur Ibou SANE (Par Ousmane Ndoye)

Rédigé par leral.net le Vendredi 25 Août 2017 à 17:40 | | 0 commentaire(s)|

«La Gauche est tombée dans son propre piège» : Les inepties et contradictions du Professeur Ibou SANE Ou quand le Professeur tombe dans son propre piège


Dans une interview parue dans le journal "Sud quotidien" en date du 23 août 2017, le Professeur Ibou Sané, dans le contexte de la création du Mouvement LD-Debout au sein de la LD, se fend d’une « réflexion » centrée sur le positionnement de la Gauche dans l’espace politique et social du Sénégal.

A l’analyse, cette expression malheureuse est un recueil d’inepties et de contradictions.

Le Professeur commence par établir que les partis politiques de Gauche semblent rater à jamais, l’occasion de gouverner un jour le Sénégal, à cause de leur idée de « révolutionnaires ».

Si on commençait par rappeler la signification de la révolution : selon le Larousse, il s’agit entre autres d’un « changement brusque d’ordre économique, moral, culturel, qui se produit dans la société ».

Et, en effet, le Mouvement LD-Debout, qui est aligné sur les valeurs et objectifs de la LD, ne serait pas malheureux si au Sénégal, nous avions un changement brusque qui permette la réalisation de notre vision : celle d’avoir une société humaniste, solidaire, inclusive, égalitaire et juste, démocratique et participative, patriotique, libre, souveraine et maîtresse de ses ressources, prospère et assurant le libre épanouissement de tous.

Mais, il faut surtout noter que nous avons fait notre mue depuis fort longtemps, quand nous avons opté pour une conquête démocratique du pouvoir, en témoigne les participations de notre parti, la LD, à plusieurs élections depuis sa légalisation en 1981.

Et, parce que nous ne sommes pas en déphasage par rapport à la réalité sénégalaise, la LD-Debout qui est un mouvement de rectification au sein de la LD, a choisi, non la révolution, mais de travailler patiemment à la conscientisation accrue des masses, afin de faire triompher cette vision d’un Sénégal meilleur, à travers un projet de société structuré autour de mesures prioritaires visant, en particulier, la refondation de nos institutions et l’amélioration de la gouvernance économique et sociale.

Le Professeur poursuit pour s’enfoncer, en déclarant que les partis de Gauche ont « autant de problèmes parce qu’ils « marchent toujours à l’idéologie ».

Rappelons encore au Professeur que les idéologies ne sont que des représentations dans lesquelles les hommes vivent leurs rapports à leurs conditions d’existence (culture, mode de vie, croyance), et de ce fait, tous les êtres humains ont une idéologie.

Au demeurant, le Professeur nous a présenté son idéologie : « La vie, c’est de l’intérêt. ». Et plus loin, il nous conseille dans ce sens « les partis de Gauche ont tout intérêt à nouer des alliances, ne serait-ce que pour qu’ils y trouvent leur compte et qu’ils permettent aux cadres, d’avoir des avantages. »

Et c’est le même Professeur qui nous dit quelques lignes plus tard, que « quand ils disent qu’ils travaillent pour les masses… Les hommes politiques au Sénégal travaillent pour eux mêmes, mais pas pour les populations. S’ils travaillaient pour les populations, je vous assure que la gouvernance politique serait magnifique, tout comme celle économique. » Et il conclut en ces termes : « les lignes ne bougent pas ».

Justement cher Professeur, notre objectif, c’est de faire bouger ces lignes.

Mais le problème est plus profond parce que le phénomène ne semble pas se limiter pas aux seuls hommes politiques : cette hypocrisie n’épargne aucun segment de notre société, y compris certains intellectuels, qui n’analysent plus pour éclairer le Peuple mais qui sont plutôt devenus des instruments de l’obscurantisme socio-politique.

Professeur, nous notre idéologie, ce ne sont pas les avantages personnels; en effet, il y a un intérêt dans notre démarche, celui de l’intérêt général, parce que ce n’est que par la mise en avant de l’intérêt général, par ceux qui sont élus pour s’en occuper, que la paix, la sécurité et le bien-être de tous peuvent être garantis.

Ce n’est qu’en pensant à l’intérêt général que nous pouvons assurer que nos enfants et les futures générations, grandiront et vivront dans un pays, un continent et un monde meilleurs que ceux dans lesquels nous vivons, aujourd’hui.

Le Professeur continue de s’enfoncer, cette fois-ci dans une contradiction manifeste. Il nous dit que « la plupart des personnes n’ont pas compris que de plus en plus le monde est gouverné par des alliances et des coalitions.

Aucun parti, fut-il puissant, ne peut partir seul. Il faut qu’ils sachent que dans un élan unitaire, c’est la seule condition qu’ils participent dans le projet social. » Ensuite, le Professeur nous dit que « depuis 2000, les partis de Gauche sont des «faiseurs de roi», critiquant de ce fait notre participation aux coalitions.

Défendant la politique du gouvernement du Président Macky Sall – nous ne lui en contestons pas le droit, au demeurant– le Professeur s’enlise et déride le projet de société de la LD: « Maintenant, à l’intérieur, ils  ont une ligne qui prône un peu «la future révolution».

Pour rappel, le projet de société de la LD est inspiré des conclusions des Assises nationales et du projet de Constitution de la CNRI : une aspiration de « future révolution » très partagée par de larges segments de notre Peuple.

Puis, toujours dans ce sillage, le Professeur continue : « Or, quand on regarde bien le gouvernement de Macky Sall, c’est l’esprit de masse pour transformer la société pour permettre à l’économie de mieux fonctionner. »

Ainsi la révolution n’a jamais été faite par une masse ? La révolution, ce n’est pas pour transformer la société ? La révolution, c’est pour ne pas permettre à l’économie de mieux fonctionner ? C’était justement cela que voulait la « future révolution » prônée par les Assises nationales. Et le Professeur atteignit le fonds.

Quand on atteint le fonds, il faut arrêter de creuser, mais cet adage ne marche pas pour notre cher Professeur ; il continue avec une autre contradiction « Certains pensent qu’ils ne sont pas concernés par les projets de Macky Sall, parce qu’ils ne s’y retrouvent pas. Ils n’ont pas de postes. »

 En effet, le Professeur nous avait fait comprendre dans un premier temps, que nous avions « l’esprit révolutionnaire » et que nous étions « dépassés »; plusieurs lignes plus tard, il dit que nous ne voulons pas la révolution, nous voulons des postes, ce qui nous ramène dans son air du temps de « la vie, c’est de l’intérêt. »

Puis, le Professeur rappelle à notre mémoire que « c’est Macky Sall qui est élu et c’est lui qui définit la politique de la Nation » et que nous devons simplement souhaiter « qu’il réussisse pour que le Sénégal décolle. »

Ainsi pour notre cher Professeur, personne n’a droit au chapitre, au débat, et ne peut exprimer une autre vision ! En effet, selon lui, « en Afrique, les gens ne veulent que personne décolle » et « on ne parvient pas à décoller à cause de ces problèmes politiques ».

Cher Professeur, ce n’est évidemment pas parce qu’il y a des citoyens qui pensent qu’il y a une autre voie pour décoller, qu’on n’arrive pas à «décoller», de surcroît, quand on est sur une voie (notre système) qui ne nous permet pas de décoller, tel que largement étudié et documenté dans le cadre des travaux et conclusions des Assises nationales.

Et le Professeur nous indiqua notre seule alternative : « renforcer les partis de l’opposition actuelle …. partis politiques (qui) sont contrôlés par les libéraux », oubliant au passage que l’APR est un parti libéral. N’insultez pas notre avenir, Professeur !

Puis, sans crier gare, le Professeur se radicalisa : « Je pense qu’il faut tuer le ver tout de suite pour éviter que la Ld explose ! » Ce vif intérêt pour la LD nous émeut : nous penserons à vous envoyer une carte de membre, Professeur…

Certainement pour que le Professeur nous aide à nous « inscrire dans la mobilité…(être) dans les alliances… trouver de bons repères et des emplacements. »

Sinon, notre cher Professeur ne nous rejoindra certainement pas dans l’opposition car « l’opposition ce n’est pas facile. Si vous n’avez pas les moyens, vous ne tenez pas longtemps. Il faut maintenir sa cour. Si vous n’avez pas de base en politique, vous n’avez rien. Or, la base, il faut l’entretenir. »

Bref, le Professeur nous convie au banquet de l’opportunisme et du clientélisme politiques qui ont fait le lit, de l’indépendance du Sénégal à aujourd’hui, de nos près de 60 années de gâchis en termes d’opportunités ratées de véritable progrès économique et social.

Mais ce discours ressemble étrangement à celui de certains de nos responsables  qui ont en réalité, renoncé au projet politique de la LD, et qui nous disent : il faut que nous fassions comme les « libéraux tropicaux », à savoir prendre l’argent du Peuple et lui redonner des miettes ; et puisque ce dernier ne comprend rien et ne comprendra jamais rien, nous pourrons élargir nos bases avec ce clientélisme et, si on ne peut accéder au Pouvoir, au moins continuer de goûter aux délices du Pouvoir

Professeur, le modèle prôné par la LD-Debout est tout autre : il s’agit d’un modèle qui promeut les valeurs positives d’intégrité, de travail et de respect de la dignité humaine,  assure la bonne gouvernance, et garantit la séparation et l’équilibre des pouvoirs qui donnent sens à la démocratie et à l’Etat de droit.

Et c’est ce modèle que nous comptons partager avec le Peuple sénégalais, avec l’ensemble des forces politiques et sociales qui partagent notre vision, pour, tel que le décline notre Manifeste du 19 Août 2017, « conduire les véritables changements et les profondes transformations politiques, économiques et environnementales, sociales et culturelles, qu’appelle la situation du pays ».

Et, que dès sa genèse, notre projet puisse mobiliser une aussi grande énergie destructrice dont vous en faites le porte-parole, quoiqu’en étant erratique dans l’expression, nous conforte dans la pertinence de notre démarche. Merci Professeur !


Ousmane Ndoye
Membre du Bureau politique de la LD
Chargé de l’organisation de la Coordination des Cadres