Bakary Touré, la cinquantaine, marié et père de famille, est venu de Lompoul où il travaille comme géomètre dans une entreprise de travaux publics chinoise, passer la fête avec sa petite famille à Dakar.
Croyant que les prix des moutons allaient baisser vers la fin, il a attendu la veille de la Tabaski pour aller à la recherche d’un petit ruminant. Mauvaise surprise ! Non seulement les moutons étaient épuisés, mais l’ami Bakary s’est vu obligé, pour ne pas rentrer bredouille, de se rabattre sur une brebis payée au prix fort : quatre-vingt quinze mille francs ! La veille de l’Eid-El-Kébir 2019 a été très longue pour le géomètre Bakary Touré.
Ce dernier, en service à Lompoul dans une entreprise chinoise, a débarqué à Dakar pour la Tabaski. Pourtant, la veille de son départ pour la capitale, son épouse lui avait conseillé d’acheter un mouton dans les « loumas » ou marchés hebdomadaires de la région de Louga. Mais il avait jugé les prix exorbitants. « Les prix des moutons sont chers ici dans le village, et il faudrait en plus prévoir le transport. Le fait de descendre à Kebemer pour ensuite prendre une autre voiture, peut avoir des conséquences sur l’animal. Mieux vaut acheter à Dakar, c’est moins pénible » avait-il argué à sa femme. On n’écoute jamais suffisamment nos épouses ! Notre géomètre est donc rentré à Dakar avec, comme seul bagage, un sac rempli de chemises et de pantalons sales. C’est-à-dire son linge.
Accompagné de son fils de huit ans, et de sa fille de six ans, Bakary sort de sa maison tranquillement aux environs de 11 heures, pour aller chercher le mouton pour la fête, au foirail de Diamaguène. En cours de route, il croise des gens qui ont déjà acheté et leur demande si les prix étaient abordables. « Oui », lui répond-on, « mais cela dépend de la taille du mouton que tu veux ». Dans son for intérieur, il se réjouit de pouvoir obtenir un bon bélier pour la fête. Il fait un crochet chez un ami au quartier Diacksao 1, dans la commune de Tivaouane-Diacksao, près de l’école Moustapha Khaly Ndiaye. Cet ami lui avait signalé la présence d’un troupeau dans les environs. Après avoir marchandé avec le vendeur peulh, ils ne sont pas tombés malheureusement d’accord sur les prix proposés. Le berger peulh vendait des moutons avec une corpulence moyenne entre 95 000 F CFA et 150. 000 FCFA. Le mouton que son fils avait aperçu sur le tas, n’était pas dans ses cordes. Car Modou Kâ, le vendeur, lui, réclamait 120.000 francs.
Bakary prend résolument la direction du foirail du coin. Une fois sur les lieux, et pour la première fois, il doit se rendre à l’évidence que l’affaire est loin d’être dans la poche. Il y a de cela deux ou trois jours, lorsqu’il rentrait sur Dakar en provenance du village de Lompoul situé à une quarantaine de kilomètres de Kébémer, il était sûr que les moutons allaient être suffisants pour toute la population de Dakar. Malheureusement, ce qu’il a vu la veille de la Tabaski, le laisse pantois. La quasi-totalité des moutons a été vendue. Il ne reste que quelques rares espèces squelettiques vendues à prix d’or. Las, il décide de pousser vers Keur Massar dans l’espoir que, dans cette commune, les moutons seraient plus abordables.
La risée des voisins
Hélas, la situation est quasi identique à celle qu’il avait laissée au « daral » de Sicap-Mbao. Là aussi, point de moutons. Pis, des chèvres et des brebis sont proposées aux acheteurs. Bakary ne savait plus quoi faire. Il regrette de n’avoir pas acheté les moutons de Modou Kâ. Entre-temps son téléphone sonne, on lui signale qu’il y a des troupeaux au niveau de « tableau Tivaouane ». Sans réfléchir, il hèle un taxi et fonce. Cette fois-ci, il trouve des moutons acceptables mais chers. Ne sachant quoi faire, il décide alors d’acheter une brebis. Il sait qu’il risque d’être la risée de ses voisins. C’est pourquoi, il a décidé d’attendre une heure avancée de la nuit pour introduire la bête chez lui.
Sa femme, qui n’en revenait pas, lui balance : « Tu sais que tu n’as pas de Tabaski (Ndlr, tu n’as pas fait de sacrifice règlementaire (car le mouton doit présenter certaines caractéristiques), en achetant cette brebis. Tu veux me faire honte, mais saches que le matin de la Tabaski tu ne la sortiras pas de la maison ». Durant toute la nuit, la malheureuse épouse n’a pas arrêté de pleurer en dépit de l’invite au calme de son mari.
Bakary qui a essuyé les invectives de sa femme et de ses enfants, croit que c’est la pire fête de Tabaski qu’il a eu à passer depuis sa naissance. Il a promis à sa femme et sa famille d’acheter désormais le mouton bien avant la fête, pour éviter d’être la risée de tous et de jeter la honte sur sa famille. En voilà un qui ne pardonnera jamais à Samba Ndiobène Kâ, cet affront !
tactic.sn
Croyant que les prix des moutons allaient baisser vers la fin, il a attendu la veille de la Tabaski pour aller à la recherche d’un petit ruminant. Mauvaise surprise ! Non seulement les moutons étaient épuisés, mais l’ami Bakary s’est vu obligé, pour ne pas rentrer bredouille, de se rabattre sur une brebis payée au prix fort : quatre-vingt quinze mille francs ! La veille de l’Eid-El-Kébir 2019 a été très longue pour le géomètre Bakary Touré.
Ce dernier, en service à Lompoul dans une entreprise chinoise, a débarqué à Dakar pour la Tabaski. Pourtant, la veille de son départ pour la capitale, son épouse lui avait conseillé d’acheter un mouton dans les « loumas » ou marchés hebdomadaires de la région de Louga. Mais il avait jugé les prix exorbitants. « Les prix des moutons sont chers ici dans le village, et il faudrait en plus prévoir le transport. Le fait de descendre à Kebemer pour ensuite prendre une autre voiture, peut avoir des conséquences sur l’animal. Mieux vaut acheter à Dakar, c’est moins pénible » avait-il argué à sa femme. On n’écoute jamais suffisamment nos épouses ! Notre géomètre est donc rentré à Dakar avec, comme seul bagage, un sac rempli de chemises et de pantalons sales. C’est-à-dire son linge.
Accompagné de son fils de huit ans, et de sa fille de six ans, Bakary sort de sa maison tranquillement aux environs de 11 heures, pour aller chercher le mouton pour la fête, au foirail de Diamaguène. En cours de route, il croise des gens qui ont déjà acheté et leur demande si les prix étaient abordables. « Oui », lui répond-on, « mais cela dépend de la taille du mouton que tu veux ». Dans son for intérieur, il se réjouit de pouvoir obtenir un bon bélier pour la fête. Il fait un crochet chez un ami au quartier Diacksao 1, dans la commune de Tivaouane-Diacksao, près de l’école Moustapha Khaly Ndiaye. Cet ami lui avait signalé la présence d’un troupeau dans les environs. Après avoir marchandé avec le vendeur peulh, ils ne sont pas tombés malheureusement d’accord sur les prix proposés. Le berger peulh vendait des moutons avec une corpulence moyenne entre 95 000 F CFA et 150. 000 FCFA. Le mouton que son fils avait aperçu sur le tas, n’était pas dans ses cordes. Car Modou Kâ, le vendeur, lui, réclamait 120.000 francs.
Bakary prend résolument la direction du foirail du coin. Une fois sur les lieux, et pour la première fois, il doit se rendre à l’évidence que l’affaire est loin d’être dans la poche. Il y a de cela deux ou trois jours, lorsqu’il rentrait sur Dakar en provenance du village de Lompoul situé à une quarantaine de kilomètres de Kébémer, il était sûr que les moutons allaient être suffisants pour toute la population de Dakar. Malheureusement, ce qu’il a vu la veille de la Tabaski, le laisse pantois. La quasi-totalité des moutons a été vendue. Il ne reste que quelques rares espèces squelettiques vendues à prix d’or. Las, il décide de pousser vers Keur Massar dans l’espoir que, dans cette commune, les moutons seraient plus abordables.
La risée des voisins
Hélas, la situation est quasi identique à celle qu’il avait laissée au « daral » de Sicap-Mbao. Là aussi, point de moutons. Pis, des chèvres et des brebis sont proposées aux acheteurs. Bakary ne savait plus quoi faire. Il regrette de n’avoir pas acheté les moutons de Modou Kâ. Entre-temps son téléphone sonne, on lui signale qu’il y a des troupeaux au niveau de « tableau Tivaouane ». Sans réfléchir, il hèle un taxi et fonce. Cette fois-ci, il trouve des moutons acceptables mais chers. Ne sachant quoi faire, il décide alors d’acheter une brebis. Il sait qu’il risque d’être la risée de ses voisins. C’est pourquoi, il a décidé d’attendre une heure avancée de la nuit pour introduire la bête chez lui.
Sa femme, qui n’en revenait pas, lui balance : « Tu sais que tu n’as pas de Tabaski (Ndlr, tu n’as pas fait de sacrifice règlementaire (car le mouton doit présenter certaines caractéristiques), en achetant cette brebis. Tu veux me faire honte, mais saches que le matin de la Tabaski tu ne la sortiras pas de la maison ». Durant toute la nuit, la malheureuse épouse n’a pas arrêté de pleurer en dépit de l’invite au calme de son mari.
Bakary qui a essuyé les invectives de sa femme et de ses enfants, croit que c’est la pire fête de Tabaski qu’il a eu à passer depuis sa naissance. Il a promis à sa femme et sa famille d’acheter désormais le mouton bien avant la fête, pour éviter d’être la risée de tous et de jeter la honte sur sa famille. En voilà un qui ne pardonnera jamais à Samba Ndiobène Kâ, cet affront !
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