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"Le 30 mai 2025 restera une date charnière pour l'économie gabonaise", Thibaut C. Mambenda Yamba

Rédigé par leral.net le Mercredi 25 Juin 2025 à 10:52 | | 0 commentaire(s)|

A la faveur du Conseil des Ministres du 30 mai dernier, le président de la République a pris la courageuse et historique mesure d'interdire l'exportation du manganèse brut, à compter du 1er janvier 2029. Le Gabon, 2e producteur mondial de ce minerai stratégique, franchit ainsi un cap décisif vers sa souveraineté industrielle.
En tant que citoyen concerné (bien que non-expert des problématiques relevant du secteur minier), mon analyse sans fioritures, s'articule autour des 4 axes suivant (...)

- LIBRE PROPOS /

A la faveur du Conseil des Ministres du 30 mai dernier, le Président de la République a pris la courageuse et historique mesure d'interdire l'exportation du manganèse brut à compter du 1er janvier 2029. Le Gabon, 2e producteur mondial de ce minerai stratégique, franchit ainsi un cap décisif vers sa souveraineté industrielle.

En tant que citoyen concerné (bien que non-expert des problématiques relevant du secteur minier), mon analyse sans fioritures, s'articule autour des 4 axes suivant :

1. Plan Économique
2. Plan Juridique Et Politique
3. Plan Technologique Et Industriel
4. Plan Social Et Environnemental

1. Plan Économique

Opportunités :

Création de valeur ajoutée : Transformer le manganèse localement (alliages, batteries, chimie) génère plus de revenus que l'export brut.
Industrialisation : Développement d'usines de traitement, créant des emplois et attirant davantage des investissements directs étrangers (IDE).
Diversification : Réduction de la dépendance aux cours mondiaux des matières premières.

Défis :

Investissements lourds : Nécessité d'infrastructures (énergie, transports) et de capitaux pour la transformation.
Compétitivité : Le Gabon doit rivaliser avec des pays déjà positionnés (Afrique du Sud, Chine) sur les produits transformés.
Risque sur le court terme : Transition difficile si les exportations chutent avant que la filière locale ne soit rentable ; fluctuation des cours mondiaux des matières premières entrainant ainsi le fléchissement des recettes

Solution :

Partenariats public-privé (ex : avec Eramet/Comilog) pour partager les coûts de production.
Incitations fiscales pour attirer les transformateurs étrangers.

2. Plan Juridique et Politique

Atouts :

En 2010, le Gabon a adopté des mesures visant à créer de la plus-value dans la filière bois, notamment l'interdiction d'exporter de grumes. En dépit de la volonté des autorités d'alors, d'amorcer l'industrialisation de ce secteur, les résultats attendus demeurent atones.
Cette mesure qui traduit la détermination des plus hautes autorités à structurer et à développer le secteur industriel gabonais, a pour substrat juridique le code minier de 2019 (vérifier les dispositions du code minier qui sont susceptibles de sous-tendre la mesure évoquée ici).

Risques :

Contentieux avec les investisseurs : Les contrats miniers existants (ex : Comilog) pourraient prévoir des clauses protégeant les exportations brutes (les clauses sont arrêtées de manière conjointement).
Pression diplomatique : Les pays importateurs (Chine, Inde) pourraient réagir négativement.

Solution :

Négociations anticipées avec les opérateurs miniers pour adapter les contrats.
Période de transition (2025–2029) pour permettre aux entreprises de s'adapter.

3. Plan Technologique et Industriel

Potentiel :

Le manganèse est critique pour les batteries électriques et l'acier. Le Gabon peut viser des niches comme les alliages de manganèse pur (très demandés).
Existence d'un savoir-faire local via Comilog (filiale d'Eramet).

Limites :

Manque d'expertise : Le pays devra importer des technologies/compétences pour la transformation avancée.
Énergie coûteuse : La transformation nécessite une électricité abondante et bon marché (défi au Gabon).

Solution :

Formation accélérée en métallurgie (universités, partenariats étrangers).
Développement des énergies renouvelables (barrages, solaire) pour réduire les coûts.

4. Plan Social et Environnemental

Bénéfices :

Emplois locaux : La transformation créerait des milliers d'emplois qualifiés, directs et indirects
Réduction de l'impact environnemental : Moins de transport de minerai brut = empreinte carbone réduite.

Préoccupations :

Résistance des mineurs artisanaux dépendants de l'export brut.
Pollution industrielle si les usines ne sont pas régulées strictement.

Solution :

Intégrer les artisans miniers dans la chaîne de valeur.
Normes environnementales strictes pour les nouvelles usines.

Conclusion : faisabilité sous conditions

La mesure est ambitieuse mais réalisable si le Gabon :

1. Sécurise les investissements (publics/privés) pour la transformation.
2. Anticipe les conflits juridiques avec les miniers étrangers.
3. Développe les infrastructures énergétiques et logistiques.
4. Implique les partenaires historiques (ex : Eramet) pour un transfert de technologie.

Exemple inspirant : L'Indonésie a interdit l'export de nickel brut en 2020, forçant sa transformation locale. Malgré des tensions initiales, le pays attire maintenant des géants comme Tesla. Le Gabon pourrait suivre une voie similaire.

Le Citoyen Concerné
(bien que non-expert des problématiques relevant du secteur minier)
Thibaut C. MAMBENDA YAMBA



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/libre-propos/art...