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Les Etats africains peuvent-ils rembourser les milliards de Khadafi ?

Rédigé par leral.net le Jeudi 3 Mai 2018 à 12:48 | | 0 commentaire(s)|

Les Etats africains peuvent-ils rembourser les milliards de Khadafi ?

Et avec lui sont partis les torrents de pétrodollars qui coulaient sur le pays et qui ont inondé les pays voisins et même plusieurs Etats africains. Sept ans après la révolution, le gouvernement libyen veut recouvrer les fonds prêtés par Kadhafi.

Principale raison évoquée par le gouvernement d’union nationale, la baisse des recettes du trésor libyen. «Depuis 2011, les ressources libyennes se sont réduites. La production du pétrole a atteint, tout récemment, des niveaux qui nous permettent de l’exporter », a expliqué Mohamad Taher Siala, ministre libyen des Affaires étrangères lors d’un entretien accordé à RFI.

Enjeux politiques et sécuritaires

La fluctuation des cours mondiaux de l’or noir et les dissensions internes notamment avec le maréchal Khalifa Haftar qui contrôlent l’Est de la Libye, ont un effet dévastateur sur les revenus du pays. Les autorités de transition estiment la production pétrolière du pays à 500 000 barils en 2017. Une quantité dérisoire alors que le pays, sous la poussée de la communauté internationale doit organiser des élections d’ici la Fin 2018. Mais, la Libye doit surtout pacifier son territoire. Il y a quelques jours, l’attaque d’un centre d’enregistrement des électeurs est venue rappeler l’urgence d’un retour à la stabilité.

Malgré cette conjoncture bien perceptible, certains analystes voient dans la volonté du gouvernement libyen de recouvrer ses fonds un effet d’annonce visant à calmer les ardeurs des pays africains qui, comme le Tchad soutiennent le maréchal Haftar, principal opposant au gouvernement d’union nationale, en violation de la charte de l’Union Africaine.

Les pays africains peuvent-ils rembourser 30 000 milliards F CFA ?

La pression viendrait du fait que (et beaucoup d’analystes en conviennent) la plupart des pays africains ne sont pas en mesure de rembourser les montants colossaux obtenus grâce à la générosité de Kadhafi. On parle de plus de 67 milliards de dollars, soit plus de 30 000 milliards de F CFA que le guide libyen aurait prêtés à des pays africains. Des prêts qui se sont souvent traduits dans de nombreux investissements via la Libyan Africa Investment Company (LAICO), société qui donne son nom au plus grand réceptif hôtelier de la capitale burkinabé.

De Ouagadougou à Johannesburg en passant par Abidjan, l’ancien guide libyen s’est montré généreux, porté par sa volonté de prouver que les pays africains peuvent eux aussi se développer. «Le guide n’ pas créé cette société pour faire des bénéfices. Il n’en a pas besoin. Ce projet vise à montrer aux occidentaux que les Africains sont tout aussi capables de mettre en place des projets technologiques de qualité concurrente », avait confié, courant 2010, le PDG de Green Network, une compagnie de téléphonie mobile lancée à Abidjan et qui quelques années après la chute de Laurent Gbagbo a été démantelée par les nouvelles autorités pour incapacité à respecter son cahier de charges.

Une procédure à l’issue incertaine

Au nombre des pays africains endettés auprès de la Libye, certains ont connu des changements à leurs têtes, quelquefois brutalement. Et, il n’est pas évident que les nouveaux dirigeants reconnaissent ses dettes qui, quelquefois ont leur part de deal et autres retro commissions non officialisées dont les bénéficiaires dans certains cas ne sont plus aux affaires. Par ailleurs, il faut dire que la conjoncture économique et la situation sécuritaire qu’ils traversent ne permettent pas à plusieurs pays africains de se payer le luxe de régler la dette libyenne.

Au Burkina Faso, au Niger, au Mali ou au Tchad, pour ne citer que ces pays-là, la priorité est la lutte contre le terrorisme djihadiste. Les autorités libyennes ont beau mettre en avant les possibilités d’échelonnement, voire même d’effacement d’une partie des intérêts de la dette, elles devront faire preuve de grande patience. Encore qu’il n’est pas si sûr que les pays africains qui se sont jusque-là montrés peu bavards sur le sujet, accepteront tous de payer.