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Les meuniers au bord du gouffre : La hausse du prix du sac de farine est inévitable

Le 18 septembre dernier, les meuniers avaient fait une sortie pour réclamer une hausse du prix du sac de 50 kg de farine afin qu’il soit porté à 18.500 francs Cfa. Quinze jours après, ce même sac de 50kg coûterait 19.300 francs Cfa. Parce qu’entre-temps, sur le marché mondial, le prix du blé est passé de 220 euros (143. 212 FCfa) à 325 euros (211. 546 FCfa) la tonne. C’est énorme, car représentant 50 % de plus. "Le Témoin"


Rédigé par leral.net le Vendredi 1 Octobre 2021 à 10:23 | | 0 commentaire(s)|

Les meuniers au bord du gouffre : La hausse du prix du sac de farine est inévitable
C’est dire que la filière est profondément touchée par cette folle envolée des prix des matières premières. Le réajustement tarifaire devient alors la seule bouée de sauvetage d’une filière au bord du gouffre désormais.

A peine 15 jours après avoir alerté l’opinion nationale et internationale pour que soit appliquée la vérité des prix sur le sac de 50kg de farine, ce qui ferait passer son prix à 18.500 FCfa contre 16.000 FCfa en cours actuellement, les 7 meuniers industriels (GMD, NMA, FKS, OLAM, SEDIMA, MDS, BASMALA) sont d’ores et déjà au bord du gouffre. Et risquent d’y basculer si leur revendication n’est pas entendue. Car, la situation de dégrade rapidement.

Déjà, le prix de 18.500 francs Cfa qu’ils réclamaient n’est plus suffisant pour leur permettre d’équilibrer leurs charges. Il faudrait que le sac de 50 kg de farine soit désormais vendu à 19.300 FCfa pour qu’ils puissent espérer s’en sortir. C’est donc dire que les meuniers attendent une réponse robuste et rapide de l’Etat, pour sauvegarder un tissu industriel qui s’est complètement essoufflé.

La survie d’une filière qui injecte environ 3500 tonnes de farine par jour dans l’activité nationale — alors que les besoins journaliers sont de 1300 tonnes seulement —, pour une production de 8.000.000 de baguettes générant 1000 emplois directs et près de 15.000 emplois directs, est vraiment menacée.

« Dans cette affaire, les meuniers, le Gouvernement et les consommateurs sont dans le même bateau. Que ce soit l’industriel, le boulanger ou l’Etat pour son rôle de stabilisateur, nous sommes embarqués dans le même bateau, il faut alors que nous arrivions à trouver la meilleure manœuvre de marché. Le problème est le suivant. Il y a d’abord une réalité économique, elle n’est pas simplement sénégalaise, mais elle est mondiale.

Le Sénégal ne produit pas de blé et n’en produira pas pendant des années et des années encore. Dire que nous allons utiliser nos céréales locales pour faire du blé, soyons honnêtes, s’il existait d’autres céréales qui pouvaient remplacer la farine de blé, le monde entier en profiterait. La farine existe depuis près de 5 000 ans. Le blé est l’unique céréale pour faire de la farine, le meilleur et le plus économique pour le produit qui doit être fait
», indique Frank Bavard, secrétaire général de l’Association des meuniers industriels du Sénégal (AMIS).

« Or, le blé est importé et les coûts mondiaux du blé ont extrêmement évolué. Est-ce que c’est la faute du président de la République ? Non. Est-ce que c’est la faute des meuniers ? Non. Est-ce que c’est la faute des boulangers ? Non. Nous subissons cette réalité économique de plein fouet.
Quand le pétrole augmente, la pompe aussi. Nous sommes directement impactés par les matières premières. L’Etat doit accepter la vérité des prix. Il n’est pas responsable d’une hausse du sac de la farine. L’Etat doit dire qu’importe, puisque les matières premières ont augmenté dans le monde, et que le blé a augmenté, le sac de farine doit aussi augmenter.

Le blé est passé de 220 euros à 325 euros la tonne. C’est énorme. C’est 50 % de plus. Parce qu’il y a eu plusieurs phénomènes qui se sont conjugués. Surtout la covid-19. Les paysans russes, français, argentins, australiens n’ont pas eu la covid-19. Ils ont continué à produire, mais eux, subissent les dérèglements de l’économie mondiale causés par la covid-19
», ajoute Frank Bavard.

Pour un nouveau prix du sac à 19.343 FCfa au lieu de 18.500 FCfa

Au niveau de l’AMIS, on rejette toute volonté d’imposer à l’Etat la hausse du prix du sac de farine de 50kg à 18.500 FCfa et maintenant à 19.300 FCfa.
« Quand vous avez quelque chose qui augmente de plus de 100 euros, vous avez un impact de 80 % là-dessus. Sans blé, on ne peut produire de farine. Avec la Covid-19, les traders ont spéculé sur la filière, il y a les phénomènes d’inflation. Il y a aussi à côté la Chine qui s’est mise à importer des tonnes de blé. Une situation inédite alors qu’elle n’en importait pas.

La Chine a drainé tous les bateaux vers elle, du coup il n’y a plus de bateaux pour venir en Afrique. Cela augmente les coûts du transport. Or l’économie mondiale se fait à partir de la Chine. L’on se rend compte qu’il y a impacts Covid, Transport, Traders, Chine. Ces impacts ont fait que les prix du blé ont augmenté de 100 euros.

Or, il n’y a aucun meunier qui fait un bénéfice de 100 euros, pour dire que ce n’est pas grave une hausse de 100 euros
», argumente Frank Bavard, par ailleurs Dg des Grands Moulins de Dakar (GMD). L’AMIS ne s’explique pas le jeu de yo-yo des autorités sur la question.

« Au début de l’année, quand le prix du blé a augmenté, nous avions voulu aussi augmenter le sac de farine de 50kg, mais le ministre du Commerce, Assome Diatta, nous avait fait comprendre que l’Etat est dans une situation compliquée et demande un effort aux meuniers. Ce que les meuniers ont accepté, en bloquant la hausse du sac. Nous avons noté du côté du gouvernement une baisse de la TVA au 1er janvier, mais ce n’est pas suffisant pour couvrir la hausse du blé sur l’international.

La farine du Sénégal est la moins chère de la sous-région. On est à 19. 343 FCfa le sac de 50 kg, alors qu’à Abidjan, le même sac est vendu est à plus de 21.000 FCfa. Le problème, c’est l’écartèlement au niveau de la baguette de pain. Les boulangers ont une solution. Ils disent que le prix de la farine n’est pas un souci. Ce qu’ils veulent, c’est fabriquer du pain à partir des formats autorisés. A ce niveau, il n’est pas possible de forcer quelqu’un à faire un pain à 150 FCfa sur lequel, il n’a pas de rentabilité ».





Le Témoin