Leral.net - S'informer en temps réel

[MARCHE VERS PÂQUES] Comme dans une belle olympiade spirituelle… – Par Emmanuel Diédhiou

Rédigé par leral.net le Vendredi 24 Mars 2023 à 19:59 | | 0 commentaire(s)|

On ne s’en rend pas toujours compte, mais c’est extraordinaire comme la civilisation judéo-chrétienne a marqué ou influencé, notamment en occident et dans les vieilles terres de mission, nos modes de vie et de penser, et ce en dépit d’une sécularisation absorbante et nihiliste. Notre langage ordinaire en est imprégné, avec des formules bibliques, des […]

On ne s’en rend pas toujours compte, mais c’est extraordinaire comme la civilisation judéo-chrétienne a marqué ou influencé, notamment en occident et dans les vieilles terres de mission, nos modes de vie et de penser, et ce en dépit d’une sécularisation absorbante et nihiliste.

Notre langage ordinaire en est imprégné, avec des formules bibliques, des proverbes, des aphorismes, bref un champ lexical qui témoigne d’une certaine prégnance du christianisme dans les cultures qui, des siècles durant, ont été pénétrées par l’Evangile de la vie. Le nier c’est se méprendre sur ce fil d’Ariane qui, de génération en génération, a guidé l’histoire de l’humanité depuis qu’une humble naissance a permis de dater les événements sous le mode avant ou après Jésus-Christ.

Ainsi, dit-on de quelqu’un qu’il s’est en dimanche pour saluer sa belle mise vestimentaire, correcte et sans fioritures extravagantes. Et quand l’atmosphère est recueillie, propice à l’écoute et à l’élévation spirituelle, on parle volontiers de silence de cathédrale, comme pour rappeler à nos consciences parfois tourmentées que nos Eglises et nos lieux de prière imposent une tenue, une retenue !

Tout se passe donc comme si en nous demandant de retrouver la valeur ascétique et mystique du silence, pour mieux écouter la parole de Dieu et la laisser retentir dans nos vies au moyen de la charité, le Pape François, en ce temps de carême 2023 qui est à son plein déploiement, voulait nous réconcilier avec notre être profond dont la splendeur éblouit quand nous tendons l’oreille à cette voix singulière qui retentit d’une musique ineffable : Ecoutez-le ! (Mt 17/5)

L’écoute est une dimension importante de la vie de foi qu’il nous faut redécouvrir, apprivoiser et cultiver, dans un monde bruissant de contradictions, où les tonneaux vides, comme des cymbales triomphales, nous dictent une rythmique cacophonique et bien dommageable pour notre santé physique, mentale et spirituelle.

Le grand Pape Benoit XVI faisait déjà remarquer, à la suite des grands mystiques des premiers siècles de l’ère chrétienne, que le « grand mystère qui dépasse toute parole nous appelle au silence », nous permettant ainsi, dans l’oraison, d’établir une relation entre le plus intime de nous-même et Dieu, le Dieu de la brise légère et non de l’ouragan ou du tremblement de terre.

L’écoute n’est donc pas seulement une disposition psychologique, semblable à la trêve des confiseurs, une pause, une bouderie puérile ou encore un arrêt momentané que nous observons, distraits, le temps de reprendre de plus belle nos jérémiades de pèlerins perdus ! Elle s’origine plutôt dans la tradition la plus célébrée de l’alliance entre Dieu et son peuple comme en atteste les débuts de la prière la plus solennelle de la liturgie juive : Shéma Israël !

Du coup, comme l’a souligné avec force le Cardinal Sarah, alors Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, retrouver la force du silence c’est lutter énergiquement pour que dans nos vies et plus encore dans nos liturgies sacramentelles la dictature du bruit ne puisse étouffer la voix de Dieu qui retentit dans nos consciences, véritables sanctuaires de sa présence.

Comme il peut être difficile pour notre civilisation digitale aux mondanités, hélas, criardes et frivoles, de faire place honorable au silence, ce silence qui dispose à l’écoute et qui favorise la vraie rencontre avec Dieu dans la prière ! Une âme candide, réceptive et toute transparente à la volonté de Dieu. La vierge Marie nous en donne l’exemple accompli est une âme qui écoute d’abord et qui s’instruit, ensuite, de la sagesse qui provient de Dieu.

Heureusement que des moments forts du calendrier liturgique comme le temps béni de Carême nous donnent de savourer la douceur et l’extraordinaire nectar des eucharisties recueillies, priantes, avec des chants bien à propos, qui tranchent d’avec ces célébrations jadis inconnues parce que bruyantes, exubérantes, égocentriques, avec des foules hystériques, au son des Alléluia stridents et autres Kembo, où danses endiablées et applaudissements spectaculaires font perdre le nord à plus d’un ! Dire que Cardinal Thiandoum s’en offusquait…

Plaise au Seigneur, par l’Intercession de la vierge Marie, Notre-Dame du silence, qui gardait tous ces événements et les méditait dans son cœur, que nos cœurs de pénitents s’établissent, à leur tour, fermement là où se trouve la vraie liberté.

Nous aurons alors gagné le pari d’une saine et sainte olympiade spirituelle qui, au sommet de la montagne comme sur la plaine verdoyante de nos occupations humaines, nous aura connectés à Dieu par Jésus Christ et dans l’Esprit saint.

Emmanuel DIEDHIOU
Vice-Président du CINPEC



Source : https://lesoleil.sn/marche-vers-pacques-comme-dans...