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Mamour Cissé (Vice-président de l’Assemblée nationale) : «Je suis un allié fidèle mais pas fantoche»

Le fameux désormais ex-représentant résident du Fmi à Dakar connaissait bien le 6e vice-président de l’Assemblée nationale, Mamour Cissé, qui l’a, une fois, interpellé dans nos colonnes sur son silence sur le scandale de la vente des terrains de l’aéroport. De Segura, Mamour Cissé dit que ‘le bonhomme est troublant’. Même s’il rejette une tentative de corruption de la part de l’Etat sénégalais, le député avoue que les autorités ont été très maladroites dans cette affaire de ‘cadeau d’adieu’. Mamour Cissé, qui est pourtant membre de l’opposition, profite de cet entretien pour s’expliquer sur ses divergences avec les organisateurs des assises nationales et Benno Siggil Senegaal. Entretien


Rédigé par leral.net le Jeudi 29 Octobre 2009 à 13:28 | | 1 commentaire(s)|

Mamour Cissé (Vice-président de l’Assemblée nationale) : «Je suis un allié fidèle mais pas fantoche»
Wal Fadjri : Quelle lecture avez-vous de ce cadeau remis au représentant résident du Fmi Alex Segura par les autorités sénégalaises ?

Mamour CISSE : Je connais bien M. Ségura que j’ai reçu même dans mon bureau. Le bonhomme est troublant. Nous n’étions pas habitués à des prises de position publiques émanant de fonctionnaires internationaux, surtout ceux du Fmi et de la Banque mondiale. Ce monsieur, dans la pratique, s’est comporté parfois comme un chef de l’opposition, d’autres fois comme un super ministre des Finances du Sénégal qui donnait des bons points par ci et des mauvais points par là. Ce qui me heurtait. J’ai respecté ses points de vue sur un certain nombre de dossiers. Moi, je ne crois pas aux recettes miracles du Fmi ou de la Banque mondiale. Par conséquent, qu’on accorde autant d’importance à ces fonctionnaires internationaux, me choque. Ces gens n’ont jamais posé la problématique de notre développement.

Cela dit, je ne comprends pas que ce monsieur en fin de mandat et qui quittait le pays puisse faire l’objet de tant d’attention et de considération de la part d’un pouvoir contre lequel il s’était souvent acharné au point de lui remettre un paquet d’argent. Pour moi, on corrompt quelqu’un qui a un impact sur vous ou votre destinée. C’est pourquoi je ne veux même pas parler de corruption. Cela n’a pas de sens.

Wal Fadjri : Pourtant, Me Wade a avoué avoir remis cet argent en guise de cadeau en lieu et place d'une décoration.

Mamour CISSE : Me Wade a aussi affirmé : ‘C’est un non-sens de parler de corruption de quelqu’un qui vous quitte définitivement sans la moindre chance que vous puissiez vous rencontrer un jour’. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il n’y a pas eu corruption parce que Segura n’avait plus d’intérêt pour les Sénégalais. Même ceux qui lui ont donné cet argent, en étaient conscients. Sinon c’est très grave. C’est vrai que c’est répréhensible, car un Etat ne doit pas fonctionner comme cela. Et c’est pourquoi je condamne cette démarche de l’Etat du Sénégal. Je ne peux pas comprendre cette démarche.

‘Ce n’est pas en me mettant du sucre dans la bouche qu’on me dompte’

Wal Fadjri : Venons-en à votre entrée dans le bureau de l’Assemblée nationale. Certains observateurs voient dans votre élection au poste de vice-président une volonté du chef de l’Etat de vous dompter…

Mamour CISSE : Pour moi, il s’agit d’une élection. Mes collègues députés m’ont fait confiance, certainement avec la bénédiction de la majorité. Je le prends donc comme tel. Qui me connaît, sait que ce n’est pas en me mettant du sucre dans la bouche qu’on me dompte. Et puis, on dompte un rétif, un récalcitrant ou un nihiliste. De tout cela, dont je n’ai du reste nullement la vocation, je ne peux être caractérisé. Avoir ses opinions et manifester beaucoup de cran et de courage à les défendre ne signifie en rien qu’on soit un rebelle à apprivoiser ou à dompter. Aujourd’hui, mes avis peuvent déranger le pouvoir et arranger d’autres et demain vice-versa. C’est dire qu’on ne fait jamais l’unanimité. Mais enfin, à partir du moment où on se prononce dans le seul intérêt qui vaille, c'est-à-dire dans celui des populations, on peut aisément être quitte avec sa conscience parce que n’étant pas là pour plaire ou déplaire à qui que ce soit. C’est dans cette vision, soutenue par une option fondamentale, que je me suis irrémédiablement inscrit, tout comme mon parti.

Pour en revenir à votre question, c’est mal connaître le pouvoir et celui qui l’incarne que de verser dans certaines élucubrations du genre chercher à dompter un tel ou un autre. Il faut être positif en évitant de voir de la manipulation ou de la complaisance là où il n’y en a pas. En politique, ce sont toujours les circonstances qui dictent les choix. Il faut donc se garder de confondre ouverture et offre de friandises. Dans les circonstances particulières que connaît notre pays, la majorité a plus besoin de se doter de clairvoyance et d’esprit d’ouverture que d’un fouet pour dompter je ne sais qui. Enfin, s’agissant du poste de 6e vice-président de l’Assemblée nationale que j’occupe à présent, il s’avère plus un sacerdoce qu’une sinécure. Ce qui me conforte d’autant dans une vigilance citoyenne en tant que député du peuple.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui va désormais changer dans les relations entre le Psd/Jant Bi et le Pds ou entre Mamour Cissé et Me Wade ?

Mamour CISSE : J’ai soutenu Me Wade à la présidentielle. Au lendemain de cette élection, j’ai pris mes distances pour aller aux élections législatives sous la bannière de mon propre parti. Encore une fois, je ne suis pas un libéral, même si j’ai eu, avec beaucoup de Sénégalais, à défendre le programme du candidat Wade. Il avait gagné et gouvernait avec sa majorité. Ce n’est pas mon problème. Il avait ses raisons de ne pas associer le Psd/Jant Bi que je dirige. L’important, c’est qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. S’ils ont pensé corriger une injustice, je dis grand bien leur fasse.

S’agissant maintenant nos deux partis, je n’ai pas encore senti cette amorce. Mais, laissons les choses se dérouler d’elles-mêmes et le moment venu, j’aviserai. Naturellement, je suis un allié et je l’assume dans un total esprit de loyauté, mais aussi dans un esprit critique constructif. Ainsi, le soutien que je peux apporter à Wade et à son gouvernement, c’est que, à chaque fois qu’ils poseront des actes dans le seul intérêt des populations, je serai le premier à applaudir. Mieux, je m’investirai personnellement dans leur vulgarisation. Donc je suis et serai un allié fidèle, mais pas fantoche.

’C’est dans la difficulté de la mise en œuvre de la vice-présidence qu’il faut chercher le retard apporté à la désignation du titulaire du poste’

Wal Fadjri : Au cours d’un entretien avec Wal Fadjri, vous dénonciez l’accaparement par le Pds de tous les postes au détriment de ses alliés. Considérez-vous maintenant que cette injustice a été réparée ?

Mamour CISSE : Je viens d’évoquer cette question en passant. Mais je dois dire qu’il ne me paraît pas décent de monnayer un soutien. En revanche, il me semble normal, voire impérieux que des alliés qui ont travaillé ensemble sur un programme et ont eu à le défendre ensemble, se mettent ensemble pour le dérouler. C’est la moindre des choses. C’est dans cette optique qu’au Psd/Jant-Bi, nous nous attendions à ce que le compagnonnage se poursuive au-delà de la campagne électorale. Pour différentes raisons, cela ne s’était pas fait. Que cela se fasse maintenant, c’est de ce point de vue que je dis qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Je ne m’inscris pas dans une dynamique de chantage pour être récompensé. Parce que le Sénégal, c’est 12 millions d’habitants, donc 12 millions de compétences. Que Bamba Ndiaye, Me El Hadji Diouf, Seydou Diouf et Mamour Cissé intègrent le bureau de l’Assemblée nationale, c’est une bonne chose, parce que ce sont des compétences qui étaient là, mais malheureusement ignorées, alors qu’ils sont porteurs de différences et de sensibilités fécondes et constructives.

J’ai été agréablement surpris de constater que notre élection n’a, d’ailleurs, pas fait grincer des dents au sein de la majorité. Cela veut dire que dans le seul intérêt du bien précieux qui nous est commun et qui est notre pays, les uns et les autres, nous pouvons parfaitement transcender certaines contingences et autres péripéties de la vie politique nationale. Et cela signifie aussi que la majorité a les capacités intellectuelles, morales et politiques d’apprécier l’apport bénéfique des autres et de s’ouvrir à eux.

Wal Fadjri : En tant qu’allié de Me Wade, comment avez-vous accueilli sa déclaration de candidature à la présidentielle de 2012 ?

Mamour CISSE : Je l’ai accueillie avec beaucoup de respect. Mais connaissant Wade, s’il a annoncé si tôt sa candidature, c’est qu’il avait senti un relâchement dans son staff et dans son parti. Le fait qu’il se soit déterminé tôt et qu’il ait clarifié tôt sa position d’entrée de jeu évacue les éventuelles dispersions et autres spéculations fantaisistes, tout en lui permettant de rassembler sa famille politique autour de lui. Et puis, il faut se rendre à l’évidence, dans les circonstances actuelles, hors la personne de Wade (il ne termine pas la phrase). Ce sont là des considérations pouvant justifier qu’il ait anticipé la déclaration de sa candidature pour la présidentielle de 2012 qui, à bien des égards, comporte d’énormes enjeux.

Wal Fadjri : Vous n’êtes donc pas de ceux qui pensent qu’il s’agit d’une diversion.

Mamour CISSE : Diversion par rapport à quoi ou à qui ? Si c’est par rapport à son fils Karim Wade, je dois rappeler qu’au lendemain de la déclaration de cette candidature, Karim a été le premier à le féliciter. Et il a promis d’œuvrer à la victoire de son père. Si Karim Wade a des ambitions, je crois que le moment venu, il le déclarera ouvertement. Karim est un citoyen sénégalais. A ce titre, il lui est loisible de briguer les suffrages de ses compatriotes. Il n’a pas besoin de se cacher derrière son père ou derrière quelqu’un d’autre. Donc il ne me paraît pas pertinent d’apprécier la candidature de Wade comme une manœuvre de diversion ou comme une posture de cheval de Troie.

Wal Fadjri : Est-ce que ce n’est pas pour vous aligner derrière sa candidature que Me Wade s’est subitement souvenu de ses alliés à l’Assemblée nationale en vous confiant des responsabilités ?

Mamour CISSE : C’est peut-être sa vision, mais en l’état actuel des choses, cela ne traduit pas la réalité. Personnellement, je n’ai pas encore de contact direct avec Me Wade pour discuter de sa candidature. Je constate, comme tous les Sénégalais, qu’il y a des actes qui sont posés. On a vu, par exemple, le retour de cette grande royale Aminata Tall. Il y a aussi ceux-là qui, en dépit de leur défaite lors des locales de mars 2009, ont conservé leurs positions. Donc, il est bien évident qu’au niveau du Pds, l’heure est au rassemblement. Il n’y a plus de chasse aux sorcières. Les énergies sont en train d’être mobilisées pour les concentrer sur la candidature et subséquemment sur la victoire de leur mentor, Me Wade. C’est vous dire ainsi que le président Wade me paraît plus préoccupé par la reconstruction de sa maison politique que par autre chose. Si bien que, jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai pas encore eu de contact avec le Pds dans le cadre de cette candidature.

Ce qui ne nous empêche pas de vaquer nous aussi à nos occupations. C’est ainsi qu’il y a quelques semaines, nous avons effectué notre rentrée politique à Niacourab où nous avons installé la section de la localité ainsi que le bureau provisoire du Mouvement des enseignants du Psd/Jant Bi. D’ailleurs, lors de cette manifestation, le Bureau politique de notre parti qui avait fait le déplacement, a dû refréner l’ardeur des militants qui piaffaient d’impatience pour ce qui est de l’expression de notre position par rapport à l’échéance cruciale de 2012 et qui ne cessaient de scander ‘Mamour Cissé, candidat en 2012 !’. Il leur a été signifié qu’il leur faudra prendre leur mal en patience en attendant que les instances du parti prennent la bonne décision en temps opportun, probablement en novembre 2010. C’est à ce moment que nous nous prononcerons. Et quelle que soit la décision arrêtée, elle sera vigoureusement défendue. En d’autres termes, ce sera du ’dem ba diekh’ (aller jusqu’au bout, Ndlr). Qu’il s’agisse de notre candidature propre ou qu’il s’agisse de soutenir quelqu’un.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui justifie, selon vous, le retard constaté dans la nomination du vice-président ?

Mamour CISSE : A l’Assemblée nationale, je n’ai pas voté ce projet de loi que je ne trouvais pas pertinent. Je suis d’avis avec le professeur Serigne Diop que notre architecture institutionnelle n’avait nul besoin d’un poste de vice-président de la République qui pose beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résout. Du reste, je pense que c’est dans la difficulté de sa mise en œuvre qu’il faut chercher le retard apporté à la désignation de son titulaire.

‘Quand il y a un plancher pour l’âge de la candidature à la présidentielle, il doit y avoir un plafond. Cette question n’a pas été prise en compte par les Assises nationales’

Wal Fadjri : Au lendemain des élections locales marquées par la percée de l’opposition, vous aviez décidé de signer la Charte des assises nationales. L’avez-vous finalement fait ?

Mamour CISSE : Je suis allé voir le président des Assises nationales, Amadou Makhtar Mbow, et nous sommes restés très longtemps à discuter sur les conclusions de ces travaux. Je signale que j’avais envoyé une délégation lors de la restitution des conclusions. Donc, j’ai été logique avec moi-même. En fait, le signal qui a été donné en mars 2009 durant les élections locales était tellement sérieux que je me suis dit que notre position de départ qui consistait à nous mettre en marge des Assises nationales, n’était pas la meilleure. Parce que, tout simplement, une partie des Sénégalais était favorable à ces Assises nationales et l’a manifesté. C’est ainsi que j’ai envoyé des gens pour aller voir ce qui se passe dans ces Assises. Il était donc normal d’aller voir le président des Assises pour discuter avec lui. Mais, j’avais des réserves et je le lui ai dit. Quand il y a un plancher pour l’âge de la candidature à la présidentielle, il doit y avoir un plafond. Cette question n’a pas été prise en compte par les Assises.

L’autre problème, c’est que je ne crois pas que le Sénégal ait besoin d’un régime parlementaire. C’est un luxe qui risque de nous coûter très cher. Ce qui était valable sous la IVe République française ou en Italie et en Israël aujourd’hui, ne l’est pas forcément au Sénégal. Surtout qu’on va assister au règne des comités centraux parce que les gens vont en coalitions.

Le troisième point de divergence avec les Assises nationales, c’est qu’il faut établir le statut d’ancien chef d’Etat pour qu’il ne soit pas soumis aux tribunaux de droit commun. Sauf pour crimes contre l’humanité ou haute trahison. Un président de la République doit avoir un statut lui permettant de quitter le pouvoir en toute quiétude et lui assurant une sortie honorable. C’est ce faisceau de réserves qui m’a empêché de signer les conclusions des Assises nationales.

‘Segura se comportait parfois comme un chef de l’opposition et parfois comme un super ministre des finances du Sénégal’

Wal Fadjri : Est-ce à dire que vous avez aussi renoncé à votre projet de nouer alliance avec Benno Siggil Senegaal ?

Mamour CISSE : Voyez ce qui se passe aujourd’hui dans cette coalition. Chacun prêche pour sa chapelle en tirant sur les autres. Ce n’est pas encourageant. Et je vous assure que si Bennoo se prive d’une candidature unique en 2012, il lui sera très difficile de battre Me Wade. Surtout que même avec une candidature unique, le jeu serait encore loin d’être fait. C’est ma conviction personnelle. Cela dit, même si je ne suis pas à Bennoo, ce qui se passe là-bas m’intéresse. J’écoute attentivement comme tous les Sénégalais. Mais il se trouve qu’il y a tellement de querelles de chapelles au sein de cette coalition que cela n’augure rien de bon.

En ce qui me concerne, je veillerai toujours à assumer une opposition responsable, car je m’oppose à une certaine forme de gouvernance, mais j’adhère tout de même à de nombreux actes posés par le pouvoir en place. En commission technique, à l’Assemblée nationale, certains ministres sont passés, mais ce que j’ai vu et entendu me rassure. Aussi, je suis conforté dans l’idée qu’il est totalement improductif de verser dans le nihilisme ou dans une opposition systématique. Or, c’est ce que fait Bennoo. Je comprends alors pourquoi nous sommes perçus comme une alternative par tous ceux qui ne se retrouvent pas dans la mouvance présidentielle et dans Benno Siggil Senegaal.

Wal Fadjri : Allez-vous défendre la suppression du second tour agitée par le parti au pouvoir ?

Mamour CISSE : Les Sénégalais sont assez mûrs pour ne pas s’inscrire dans cette dynamique, même si je respecte la position de ceux-là qui agitent cette idée et disent que puisque l’opposition dit qu’elle est majoritaire au Sénégal, on peut bien se passer d’un second tour. Cela se fait aux Etats-Unis, en Inde, au Brésil, etc., donc c’est un argumentaire qui peut tenir la route. Cependant, le Sénégal, dans sa tradition démocratique, a toujours respecté le mode de scrutin à deux tours. Ce serait une régression démocratique de supprimer alors le second tour. Ce qu’on oublie, c’est que les Sénégalais savent prendre leurs responsabilités chaque fois que de besoin. Un scrutin à un tour ou à deux importe peu. L’essentiel est de faire confiance au peuple souverain, en définitive seul détenteur du pouvoir suprême. Un peuple qui est, au demeurant, très en avance sur sa classe politique et dont il convient de se méfier du fait de ses capacités de distance et de réserves à tort assimilées à une désaffection ou à un aveuglement et qui se révèlent implacables dès qu’il est question de passer devant les urnes.

Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
source Walfadjri

Pape Alé Niang


1.Posté par badag51 le 29/10/2009 14:07 | Alerter
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Mara avait bien signifié à Wade que tout le monde n’était pas fait pour le palais et qu’il avait en sa possession plusieurs moyens d’épauler ceux qui se sont battus à ses côtés pendant longtemps. Ce sage conseil a valu à Mara l’animosité de certains qui n’ont ménagé aucun effort pour le mettre en mal avec Wade et, comme ce dernier est impulsif et sensible aux éloges, ils ont fini, à force de chanter ses mérites et de dénigrer Mara, par le dresser contre lui.
Leur objectif atteint, pour pouvoir agir à leur guise, ils ont mis dans la tête de Wade qu’il peut se faire succéder par son fils et tout le monde connaît la suite. Ce projet absurde et insensé allait déterminer toutes les politiques initiées dans le pays et impacter négativement sur l’évolution des choses, les choix politiques, économiques, sociaux etc.
Depuis le départ de Mara des affaires, les scandales se sont tellement multipliés que les sénégalais, naguère fiers de leur président, ont aujourd’hui honte de lui. Il a perdu toute crédibilité ici et de par le monde et ce. Les arrivent qui l’entourent ont même le culot de présenter la cuisante défaite du 22 mars comme une éclatante victoire, empêchant ainsi Wade de tirer les meilleures leçons de cet avertissement populaire.
Il est grand temps que Wade fasse appel à Mara pour sauver ce qui reste des meubles s’il reste encore quelque chose car, à force de ruser, de calculer et de retarder le retour de celui qui le secondait admirablement du fait des états d’âme de ceux qui l’ont poussé dans la fange, il continue à décevoir le peuple qui lui a retiré sa confiance. Et comme ce peuple ne veut même pas voir son fils en peinture, penser à lui comme éventuel successeur ne ferait qu’approfondir le fossé qui sépare désormais Wade de son peuple.
C’est sûr que si Idy était resté à côté de Wade, on n’aurait pas eu à déplorer certains scandales, la république serait restée debout et Wade n’aurait pas manqué l’opportunité d’écrire les plus belles pages de l’histoire politique de ce pays. Hélas ! Deux saint- louisiens haineux et jaloux des exploits de Mara et de sa proximité avec Wade ont poussé à ce dernier à l’accuser de vol en promettant de lui fournir des preuves. Engagement qu’ils n’ont jamais pu respecter car, comme il n’y a pas eu de vol, il ne peut pas y avoir de preuve. Attendons l’extinction du soleil pour voir.
Mieux, ce sont ces deux mêmes phénomènes qui lui ont conseillé de penser à son fils pour sa succession pour barrer la route à Mara. Ah méchanceté quand tu nous tiens ! Pour les avoir écoutés, Wade a posé des actes malheureux, fait des choix catastrophiques et commis la grande erreur de se séparer de ses meilleurs collaborateurs pour s’entourer de minables opportunistes qui ne lui sont d’aucune utilité. Au contraire, ils sont à l’origine de ces déboires qu’il connaît présentement.
Il est communément admis que celui qui ne sait plus où il va doit retourner d’où il vient. Ceux qui entourent Wade ont brouillé toutes ses pistes. Il ne lui reste qu’à profiter de la petite marge de manœuvre qui lui reste encore pour retourner auprès de ses anciens compagnons et collaborateurs afin de connaître une fin de magistère moins sombre.
Badag51

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