Medouneu Terre de Grâce : Quand Dieu choisit le silence des collines pour parler au monde

Je suis originaire du département du Haut-Como, né des terres de Medouneu en général et dans le village Avang (36 kilomètres du centre) en particulier, cette ville-frontière posée aux confins de la Guinée équatoriale, qui regorge de trésors encore méconnus. La sœur Alphonsine Eyeang Mba, à l'origine du témoignage ici rapporté, est ma tante maternelle. C'est à elle, humble servante du Seigneur, que je rends hommage. C'est aussi par elle que je vous invite à découvrir un miracle de notre temps : la Grotte Mariale de Medouneu, révélée dans une vision spirituelle et aujourd'hui vénérée comme un lieu de prières, de grâce et de guérison.

I. Medouneu, entre nature, mystère et sacré

1. Une ville carrefour enracinée dans l'invisible

Entourée de collines verdoyantes, de forêts anciennes et de sentiers secrets, Medouneu ne se livre pas facilement. Elle se mérite. Ici, les paysages ne sont pas seulement beaux ; ils parlent. Les pierres ont une mémoire. La brume qui descend des monts le matin est comme une prière muette. Ce territoire respire le sacré, sans faire de bruit.

2. Les Monts Efaut : sentinelles d'éternité

À la sortie de la ville, deux inselbergs monumentaux appelés localement Monts Efaut dominent le paysage. Ces géants de pierre, recouverts de végétation et parfois perdus dans les nuages, offrent un espace de méditation en altitude. Les anciens affirment qu'ils sont habités par les esprits de la nature, et que l'on y ressent des présences invisibles. On y va en silence, comme on entre dans un temple.

II. La Grotte Mariale : un lieu révélé, une mission divine

1. Le témoignage prophétique de la Sœur Alphonsine Eyeang Mba

C'est en 2011, lors d'un songe reçu pendant les vacances, qu'elle eut la vision fondatrice :

> « Je dormais… et me suis retrouvée dans un lieu inconnu, parsemé de pierres. J'ai vu l'icône de la Vierge sur une pierre, et j'ai commencé à réciter le chapelet. Derrière elle, un feu immense brûlait sans rien consumer. Une voix intérieure me dit : “C'est ici qu'on doit me mettre.” À gauche, la statue de Saint Jean-Baptiste s'anima… Plus loin, une sœur blanche habillée en blanc marchait sans toucher le sol… Je criai : ‘Ma sœur Nyangue !' Elle répondit trois fois : Wa yé yèbé. Je me réveillai à 5 heures du matin, tremblante, et appelai immédiatement Sœur Marie-Catherine pour lui raconter ce que j'avais vu. »

Ce récit, profond et déroutant, ne relève pas de l'imagination. Il inaugure une expérience spirituelle fondatrice, aujourd'hui confirmée par de nombreux pèlerins. La grotte existe, visitée, vénérée, et source de grâce.

2. De la vision à la consécration : L'histoire s'écrit

À son retour des vacances, nous sommes allées ensemble visiter le lieu exact de la vision. Ce que nous avons découvert correspondait fidèlement aux images perçues dans son rêve.

À son retour de la France, animée d'un sentiment de mission intérieure, Soeur Catherine a contacté un certain Monsieur Ludovic, un laïc engagé, pour initier la construction de la grotte mariale.

Une fois les travaux achevés, le sanctuaire fut officiellement béni le 31 mai 2014 par l'abbé Prosky, alors aumônier des sœurs. Ce moment solennel marquait l'inauguration spirituelle d'un lieu désormais consacré à la prière, à la grâce et à la dévotion mariale.

Deux ans plus tard, à l'occasion de l'Année jubilaire de la Miséricorde en décembre 2016, Monseigneur Jean-Vincent Ondo Eyene, évêque du diocèse d'Oyem, se rendit sur les lieux. À la suite de cette visite pastorale, il déclara officiellement que la Grotte Mariale de Medouneu devenait un lieu de pèlerinage diocésain, national et international.

Cependant, le sanctuaire reste en développement. Il manque encore plusieurs infrastructures essentielles : une chapelle, la statue de Saint Jean-Baptiste, des sanitaires pour les pèlerins, ainsi qu'un espace d'accueil organisé.

Les étapes du pèlerinage

L'accès à la grotte s'effectue selon un rituel bien structuré. Il est recommandé de :

s'inscrire au préalable auprès des responsables du site, descendre en prière, en récitant le chapelet ou en suivant le chemin de croix pour les catholiques, pour les non-catholiques, d'autres formes de prières personnelles sont encouragées.

Une fois arrivé au sanctuaire :

le pèlerin allume une bougie, récite des prières personnelles, puise de l'eau bénite qu'il verse symboliquement aux pieds de la statue de la Vierge Marie, accomplit un acte de pénitence silencieuse, comme expression d'humilité et de conversion.

Ceux qui souhaitent effectuer un bain de purification doivent porter un pagne blanc ou une tenue blanche, signe de pureté intérieure.

Confirmation du caractère sacré du lieu

En cette Année jubilaire des pèlerins de l'espérance, Monseigneur Jean-Vincent Ondo Eyene a de nouveau confirmé le statut de lieu de pèlerinage de la grotte mariale. De nombreuses paroisses, groupes spirituels et pèlerins individuels s'y rendent régulièrement pour recevoir les indulgences plénières, offertes par l'Église à ceux qui viennent en esprit de repentance, de foi et de prière.

On y vient non pour consommer un miracle, mais pour rentrer dans une alliance intime avec le mystère. Et nombreux sont les témoignages de guérison, de naissance après stérilité, de Paix retrouvée.

III. Une perspective d'avenir : faire de Medouneu un sanctuaire naturel et spirituel

1. Le tourisme de l'âme : une voie pour le développement local

Le Gabon a souvent misé sur un tourisme élitiste et côtier. Pourtant, c'est dans ses terres profondes, comme Medouneu, que se trouvent des trésors inexplorés. Le développement d'un écotourisme spirituel, à faible impact écologique mais à forte intensité symbolique, peut changer les destins locaux :

des jeunes peuvent devenir guides spirituels ou naturalistes, des femmes peuvent ouvrir des gîtes d'accueil, des communautés peuvent proposer des pèlerinages thématiques, des chercheurs peuvent étudier les récits mystiques et les écosystèmes sacrés.

Medouneu peut devenir un “Lourdes africain”, enraciné dans les traditions fang et ouvert à l'universalité chrétienne.

2. Préserver le sacré, organiser la ferveur

Mais il faudra organiser sans dénaturer. L'Église locale, les autorités traditionnelles, les croyants et les acteurs du développement devront travailler ensemble pour :

– protéger le site,

– organiser les visites et les pèlerinages,

– garantir la sobriété du lieu, et maintenir le silence et la prière au cœur de tout.

Medouneu, promesse vivante pour le Gabon et pour le monde

Medouneu n'est pas un vestige, c'est une source. Une source d'eau. Une source de foi. Une source d'avenir. Ce lieu dit quelque chose de plus grand que lui : que le Gabon est encore un pays où Dieu agit.

Il est temps pour nous, Gabonais, de réenchanter nos terres intérieures. De croire que nos villages sont porteurs de miracles. De faire connaître au monde ce lieu discret, où la Vierge s'est manifestée, où la pierre prie, où l'eau guérit, où la foi se régénère.

En écrivant ce texte, j'accomplis une dette de mémoire envers ma tante, sœur Alphonsine Eyeang Mba, mais surtout envers cette terre qui m'a vu naître, et envers Dieu, qui, en silence, continue d'écrire des pages sacrées dans les coins les plus reculés de notre pays.

Medouneu n'attend plus que nous.

Francis Edgard SIMA MBA
Consultant international (MCCA),
Analyste Politique, fils du Haut-Como,
témoin d'un miracle pour notre temps.