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Gabon I Nouvelle constitution : Ils ont dit "Non !"

Rédigé par leral.net le Lundi 22 Septembre 2025 à 17:32 | | 0 commentaire(s)|

Il faut se souvenir de ce que représentait la Transition gabonaise en septembre 2024. Un an après le coup d'État militaire d'août 2023, l'heure était venue de transformer la promesse de rupture en texte fondateur. L'Assemblée constituante, convoquée pour examiner le projet de révision constitutionnelle du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema, devait donner au régime ses nouveaux habits institutionnels. On parlait de rééquilibrer les pouvoirs, d'encadrer la durée de la Transition, (...)

- POLITIQUE /

Il faut se souvenir de ce que représentait la Transition gabonaise en septembre 2024. Un an après le coup d'État militaire d'août 2023, l'heure était venue de transformer la promesse de rupture en texte fondateur. L'Assemblée constituante, convoquée pour examiner le projet de révision constitutionnelle du général-président Brice Clotaire Oligui Nguema, devait donner au régime ses nouveaux habits institutionnels. On parlait de rééquilibrer les pouvoirs, d'encadrer la durée de la Transition, d'instaurer des garanties. Bref, de sceller par la loi ce que la force avait imposé par les armes.

Dans ce climat où chacun savait que les dés étaient pipés, le vote final avait tout du cérémonial. Plus de huit cents amendements avaient été retenus pour donner le vernis du pluralisme, et le vote à main levée n'était qu'une formalité. L'immense majorité des députés et sénateurs nommés par la junte avaient pour mission de dire "oui", et même de l'exprimer fort. Pourtant, au milieu de cette mécanique huilée, un incident s'est produit : des voix se sont élevées pour dire "non !".

Le 22 septembre 2024, une date banale sur le calendrier, est ainsi entrée dans notre Histoire politique. Trois sénateurs avaient choisi l'abstention, Armelle Yembi Yembi, Pierre-André Kombila et Marcel Djabio. Mais huit parlementaires ont franchi la ligne. Ils ont voté contre : Leonel Ella Engonga, Raphaël Bandega Lendoye, Marcel Libama, Geoffroy Foumboula, Jean-Valentin Leyama, Ghislain Malanda, Jean-Remy Yama et Michel Ongoundou Loundah.

Leur geste n'a pas empêché l'adoption du texte, évidemment. Mais ce refus, assumé à visage découvert, a fissuré le décor. Dans un parlement transformé en chambre d'écho de la Transition, ils ont osé rappeler que la conscience ne se lève et ne se baisse pas au rythme du bâton de commandement. Dire non, ce jour-là, c'était refuser d'avaliser une Constitution faite pour servir le pouvoir plutôt que le peuple.

L'analyste politique Romuald Assogho Obiang a trouvé les mots justes : « Je ne suis pas surpris que ceux-ci soient ceux-là. La patrie se souviendra que même quand la République est soldée, une poignée de Gabonais se sont battus pour maintenir debout le Gabon éternel. » Cette phrase claque comme un rappel à l'ordre. Oui, la République fut mise en solde ce 22 septembre, mais tous n'ont pas accepté d'en devenir les caissiers résiduels.

Car il ne faut pas s'y tromper : la Transition ne redoutait pas le débat, mais le symbole. Et le symbole est là. Dans un hémicycle verrouillé, certains ont osé défier la logique de troupeau. Dans un pays habitué aux ovations obligatoires, certains ont brisé l'applaudimètre. Ils savaient qu'ils perdraient le vote, mais ils savaient aussi que l'Histoire, elle, les regardait.

C'était un 22 septembre. Une date désormais chargée, parce qu'elle rappelle que dans ce pays où l'on veut tout acheter, il reste des choses qui ne sont pas à vendre. Un simple non, prononcé à contre-courant, vaut parfois plus que mille oui servis à genoux. Et ce jour-là, huit parlementaires ont fait le choix de relever la tête.

MOL



Source : https://www.gabonews.com/fr/actus/politique/articl...