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Parrainage et Modélisation financière (Par Pape Diop)

Rédigé par leral.net le Mercredi 15 Août 2018 à 13:27 | | 0 commentaire(s)|

Parrainage et Modélisation financière (Par Pape Diop)
Étant donné qu'un électeur ne peut parrainer qu'une seule candidature, quelle logique y aurait-il à parrainer une pour laquelle l'on n'aura pas voté ? De plus, quelle cohérence y a-t-il à aller dans l'urne pour entretenir un secret qui, de toute évidence, n'y est plus. Le parrainage, sous cet angle, est une violation du secret du vote : «Kone_kay_nañ_murri_mbañ_nguaccè_yi »

Hormis le dispositif légal (loi 81) de réglementation des partis politiques et le principe moins onéreux du bulletin unique, la science informatique ne permet pas de nos jours, la vérification de signature (d'ailleurs évolutive). Tout autre procédé d'authentification des signatures rallonge les délais et, est susceptible d'imposer le doute raisonnable.

Maintenant, venons-en aux faits. Un candidat déclaré ne verse une caution pour un parrainage, mais pour une candidature retenue. On ne paie pas pour collectionner des parrains, mais des votes à l’élection.

Alors, qui paiera la facture du parrainage si ce n'est l'État ? La question est plutôt comment.

De manière arithmétique (basée sur un fichier électoral de 6 millions 500 mille), chaque candidature devra disposer au maximum de 53 mille fiches de parrainage pour chacune des 14 régions du Sénégal. En effet, 742 mille fiches de parrainage devront être imprimées dans les règles pour chaque candidature afin d'espérer mobiliser au grand maximum 1% des électeurs à raison, au moins, de 2 mille parrains effectifs dans 7 régions différentes.

L'explication est simple. Pour chaque candidature, elle réside dans l'optimisation des chances, c'est-à-dire maximiser le nombre de parrains sous contrainte de la carte électorale. De toute évidence, aucune candidature sérieuse ne tablera sur un nombre de parrains égal à 0,8% de la taille du fichier électoral. Ce serait minimiser consciencieusement son profit.

APPLICATION NUMÉRIQUE :

6 régions × 2000 + 53000 (autres) = 65000 parrains.

 Le nombre maximal de parrains qu’il est utile de recueillir dans une région est de 53000, car un seul parrain de plus compromettra la logique des 2000 nécessaires pour chacune des 6 régions servant à rafistoler le trou obligé.

 C’est un jeu de hasard aux combinaisons multiples car aucune candidature ne sait combien de parrains avoir dans chaque région, mais la constante est qu’il n’est pas indiqué de dépasser 53000 dans une région.


Dès lors, avec déjà le nombre de candidats déclarés (qui n'en finit pas) à la Présidentielle du 24 février 2019, le total de fiches à établir risque incontestablement d’apostropher les charges d'une élection du genre en temps normal. À cela s'ajoute le coût des bulletins de vote qu'il faudra encore imprimer aux couleurs de tous les candidats retenus. Lequel coût supplétif est égal, cette fois-ci, au produit de la taille du fichier électoral par le nombre de candidats parrainés.

De facto, plus on a des candidats au parrainage, plus les charges s'alourdissent. À ce rythme, le parrainage va, mathématiquement, droit vers un coût financier inédit de la Présidentielle 2019 au Sénégal. Encore que la modification inscrite dans le code électoral est pour un parrainage intégral, c’est-à-dire un régime qui s’applique à toutes les élections. Ou bien, il est prévu d’envoyer les candidatures déclarées à la Fac et à leurs charges pour la reprographie des fiches de parrainage une fois le modèle décrété ?

Déjà pour seulement 5 candidatures en temps normal, il faut imprimer 5 fois la taille du fichier électoral en termes de bulletins de vote. De surcroît, avec le parrainage effectif de 5 seuls candidats déclarés, il s'y ajoute comme préalable la multiplication du nombre (53000) simulé à l’application numérique par 5 en termes de fiches de parrainage. Quelle facture !

Par ailleurs, il faudra pédagogiquement se demander comment un test puisse se faire sans que les critères soient préétablis. Qui dispose du fichier électoral (carte électorale incluse) à part le ministère de l'Intérieur ? Qui va collectionner chez des cibles qu’il ignore ? Qui connaît les modalités d'application sérieuse du parrainage à cette date ? Pour cette dernière question, même le ministère de l'Intérieur n'a pas un élément de réponse. Pour éteindre la dissonance, il faut un accès en continu à l'information publique.

Décidément, qu'est-ce que le Président de la République Macky Sall a fait jusque-là pour la démocratisation via le numérique pour parler sous un autre registre d'encadrement de l'utilisation d'internet ? Une orientation en ce sens pourrait même parer à cette situation très compliquée et coûteuse du parrainage afin de jeter les bases du vote électronique.




Papa DIOP, universitaire.
Professeur Sciences Appliquées Et Technologies