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Pourquoi fleurit-on les tombes à la Toussaint ?

Malgré l'éloignement géographique, la tradition demeure, notamment grâce à l'émergence de sociétés qui s'en chargent à votre place.


Rédigé par leral.net le Mercredi 1 Novembre 2017 à 15:06 commentaire(s)|

Même si la fréquentation des cimetières tend à diminuer, les familles se déplacent toujours en nombre à la Toussaint pour fleurir les tombes.LP/GUY GIOS

«Si vous veniez me visiter chez moi, vous viendriez très certainement avec des fleurs. C'est ce je fais aussi pour mes parents lorsque je me rends à leur dernière demeure. C'est d'abord un hommage, une forme de politesse. Ensuite, c'est la marque de mon souvenir. La preuve que je ne les oublie pas.» Voilà pourquoi Dominique, 72 ans, de Créteil, ira fleurir dans un des cimetières de la ville les tombes de son père et de sa mère à la Toussaint, «même si le jour des défunts est le lendemain», précise- t-elle «en bonne chrétienne».

«Entretenir la mémoire»

Jour férié oblige, les familles choisissent en effet le 1er novembre pour visiter les tombes de leurs proches. Et si l'évolution des modes de vie et une plus grande mobilité -- on est de moins en moins nombreux à habiter près de son lieu de naissance -- font baisser régulièrement la fréquentation des cimetières, lorsque les familles se déplacent pour la Toussaint, elles le font toujours les bras chargés de fleurs. Ça, ça ne change pas.

Benjamin se rendra également, avec ses deux enfants sur la tombe de sa grand-mère, «avec surtout de la bruyère : je n'aime pas les chrysanthèmes», précise l'agent administratif de 46 ans. «Je ne le fais pas tous les ans car je vis en région parisienne et ma grand-mère est enterrée en Bretagne. Mais comme je serai dans le coin pour les vacances scolaires, j'en profite pour le faire. Fleurir sa tombe est une façon pour moi d'entretenir sa mémoire auprès de mes enfants de 14 et 7 ans qui ne l'ont pas connue. Il ne me viendrait pas à l'esprit de venir sans une composition florale.»

 

Dans les secrets d’un cimetière

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L'essor de sociétés spécialisées

L'éloignement géographique mais aussi l'incapacité physique de se déplacer ou le manque de temps pour fleurir la tombe de proches, ont favorisé l'essor d'une activité particulière. Les sociétés sont en effet de plus en plus nombreuses à le faire à votre place. La petite dernière s'appelle Tombissime , qui, via Internet, permet de fleurir et d'entretenir à distance les sépultures de vos proches.

Depuis 2008, l'entreprise 
En sa mémoire  s'occupe de ces mêmes missions, partout en France, pour le compte de particuliers. Même chose pour le site Dans nos coeurs  qui, en plus de fleurir une sépulture se veut un lieu d'échange et de soutien après un décès. Enfin, les services de livraison de fleurs s'adaptent pratiquement tous pour proposer cette prestation à la Toussaint.

Une tradition ressuscitée au XIXe siècle

Bref, tout est fait pour maintenir cette tradition dont les origines restent obscures. Si les premiers chrétiens le faisaient, l'Eglise condamna cette coutume à cause de son origine profane. Il faut attendre le XIXe siècle pour la voir réapparaître. Avec des fleurs naturelles bien sûr, mais il est de moins en moins rare de voir sur les tombes des fleurs artificielles. Olinda, elle, a déjà fleuri celles de ses parents en prévision de la Toussaint... au mois d'août.

De nationalité portugaise, elle a profité de son séjour lors de ses vacances estivales pour faire son «devoir», comme elle dit. «C'est très mal vu dans mon pays de ne pas entretenir les tombes de la famille. Pas respectueux du tout. Comme je ne pourrai pas être là pour honorer mes morts, je pose tous les ans des fleurs artificielles sur les sépultures pour que ça reste joli plus longtemps.» A-t-elle transmis ce rite à ses enfants ? «Il y a de fortes chances, puisque mes trois fils sont français, que je décide d'être enterrée ici. J'espère qu'ils feront la même chose pour moi.»

5,3 millions de foyers ont acheté des fleurs pour fleurir une sépulture l’an dernier.


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