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Premières Dames : du pouvoir d’influence à la conquête d'un vrai pouvoir (Par Mme Fatimé Raymonne Habré)

Rédigé par leral.net le Lundi 10 Septembre 2018 à 10:46 | | 0 commentaire(s)|

 
Nous assistons, depuis une vingtaine d'années, tant sur le plan international qu’africain, à la reconnaissance et à l'institutionnalisation, de la figure d’épouse de Président. La Première Dame est devenue un acteur significatif de la vie politique, que ce soit, de manière formelle ou informelle. Aux États Unis, la First Lady fait partie de l'administration, elle a des collaborateurs et un budget officiel. L'appellation Première Dame est très récente, elle est la traduction de First Lady. Lors de la visite inaugurale aux Etats Unis, d’un paquebot français en 1935, l'épouse du Président français de l’époque effectua une visite qui eût beaucoup de succès. La presse américaine ne sachant pas comment l’appeler traduisit l’expression First Lady par Première Dame. Ainsi, est née cette appellation. Il faudra attendre le dernier mandat de Chirac pour voir l'utilisation de nouveau de l’expression Première Dame, et, sous Nicolas Sarkozy, pour le voir sur le site de l’Elysée.
 
En Afrique ou ailleurs, du fait de la particularité de sa position, à un battement de cœur de l'homme, le plus puissant du pays, sans mandat ni titre officiel, ni texte qui régit son statut, ne pouvant porter plainte en raison de l’immunité présidentielle (en France), de nombreuses rumeurs, supputations ont été diffusées contre elle ; et pourtant, ces circonstances n’ont pas empêché la Première Dame d’avoir un rôle primordial, qu'il soit symbolique ou beaucoup plus concret.
 
Nombre d'entre elles ont su imprimer leur marque, parfois, exercer une influence capitale dans l'histoire de leur pays.
Leur personnalité, leur propre histoire vont définir et influer leur trajectoire : ainsi Simone Gbagbo, Hillary Clinton, Danielle Mitterrand n'exerceront pas le même type de pouvoir d'influence qu'une Bernadette Chirac, Evelyne Bongo ou Carla Bruni.
 
Toutes se retrouvent à jouer ce rôle traditionnel que la société attend d'elles, à savoir un rôle de représentation, d’accueil, de réception, de bonnes œuvres, de compassion, de conversations mais aussi d'élégance, sur ce point, rien n’a changé. Surfant sur les valeurs féminines, par exemple, en Afrique, comme celles de la discrétion dans l'espace public et une absence d'ingérence dans la chose politique, la Première Dame s’est construite une image apolitique, féminine qui est, ainsi, exploitée pour lui permettre de se rapprocher du peuple, et, de contribuer à polir l'image de son président de mari, en lui donnant une face plus humaine. Sensée lisser l'image du régime par des actions caritatives, son action peut, toutefois, servir de base critique contre le régime.
 
Elle est, quelque part, le maillon faible, « Je suis son talon d’Achille » dira une Première Dame française. Si on veut attaquer le Président, on commence par sa femme. Nombre d’entre elles ont subi des attaques. Valérie Trierweiler, compagne de François Hollande, plus violemment que d’autres en France. Soulignons, qu’elle n’était pas protégée par les liens du mariage (fondement de sa légitimité). Ce fut son erreur, plus que celle de François Hollande.
 

Présentée comme une figure de l’émancipation des femmes, la Première Dame symbolise t-elle vraiment cette émancipation ?
 
Celle-ci n'existe que, par la fonction de son mari et ne dispose, à priori, d'aucune autonomie ou indépendance, par rapport au pouvoir. Présente dans l'intimité de son époux, elle apparaît comme une figure apolitique, humaine, bienfaisante, une personne ressource, expression de la civilité, et, par conséquent, membre de la "société civile" ? Une position paradoxale symptomatique des évolutions et ambiguïtés contemporaines.
 
On peut se demander  comment passe t-on de l'effacement de l’épouse à une visibilité accrue par des actions sociales et humanitaires pour, enfin, conquérir un véritable rôle politique national ? Est –il besoin de rappeler que, dans sa maison, la femme parle, dirige, gère, arbitre, conseille, juge et décide, chaque jour, sur  beaucoup de questions.
 
Fallait-il rester, dans les coulisses, et, laisser le destin des femmes se jouer par les dés des hommes et se contenter d’être une observatrice docile? De cette station de pouvoir, il est logique que, la Première Dame veuille s’impliquer par elle-même, dans la définition de son rôle, et, ne pas se contenter de conseiller sur l’oreiller.
 
Si Mme Yvonne De Gaulle a été une Première Dame discrète, effacée, austère, elle a, dans l'ombre, joué un rôle. Dans ses Mémoires, le Général De Gaulle lui rendit hommage :"Sans elle, rien de ce qui a été, n'aurait pu être." Sobre et patiente, à sa manière, elle a tenu son rôle, loin du monde de la politique, monde d'intrigues, disait-elle. Elle veilla, au respect strict, des convenances protocolaires comme l’exigence de tenues correctes. Elle était très atypique, n'a jamais donné d'interview et il n'existait aucun enregistrement de sa voix. Les journalistes l'ont découvert  à sa mort.
 
Autres temps, autres mœurs, me diriez-vous? Dans les années à venir, on notera qu'il n'existe pas de réflexion applicable à toutes les Premières Dames, bien au contraire, les contextes, les conjonctures expliquent certaines différences d'un pays à l’autre.
 
La Première Dame choisit et, parfois définit, elle-même, de jouer un rôle très actif en politique : ce fut le cas de Simone Gbagbo, d'Hillary Clinton, Bernadette Chirac. Concernant cette dernière, même si, ses actions s'inscrivaient dans les objectifs présidentiels, elle s'est mêlée des luttes de clan et de personnes, au sein de la majorité au pouvoir, soit comme une redoutable adversaire, soit comme une influente alliée.
 
Danielle Mitterrand avait une certaine autonomie, par rapport à son mari,  dans l'action de sa fondation "France Libertés". Elle s'engagea pour la cause du peuple sahraoui, pour son autodétermination. Ses actions provoquèrent un incident diplomatique avec le Maroc du Roi Hassan II qui répliqua, lors d'une célèbre interview télévisée en traitant la Première Dame de France d'"épouse morganatique ".
 
Mitterrand parlera de coup de poignard dans le dos de son épouse, mais, la laissera faire car cela l'arrangeait bien, elle était ainsi sa caution de Gauche. De même, un Laurent Gbagbo laissera faire Simone, sur de nombreux plans, parce que cela lui convenait parfaitement, il pouvait ainsi dire : « Ce n'est pas moi, c'est Simone ! La Première Dame, un fusible ?
 
Certaines ont aimé leur rôle de soutien politique à leur époux, comme Simone Gbagbo, Bernadette Chirac, Hillary Clinton beaucoup moins, faisant campagne pour son mari, elle lança le slogan "Deux pour le prix d'un!"
 
Ainsi donc, on constate que le rôle et le statut de la Première Dame ne sont jamais remis en cause, il s'impose de fait, mais un rôle et une influence qui évoluent avec la société, avec la situation des femmes, avec la place prépondérante des médias, et, d'une communication qui s’installe, désormais, au cœur de l'exercice du pouvoir.
 
La reconnaissance de sa visibilité sociale et politique est acquise. Désormais, on considère que la Première Dame peut favoriser l'expression de dynamiques sociales. La communauté internationale, les Nations Unies l'ont sollicité à l'échelle continentale, dans la lutte contre le Sida, la mortalité maternelle et infantile etc. Il y a, sans conteste, un ensemble de facteurs nouveaux dans la politique internationale, et dans les modes d'exercice du pouvoir politique qui contribue, à la montée en puissance des Premières Dames.
 

Le positionnement de la Première Dame, comme un élément à part entière d'une action politique, et, partant intégré dans le dispositif de la communication politique, a entraîné la mise en place d'une véritable logistique. La création d'une fondation pour développer ses actions sociales et mettre en avant, ce rôle de compassion, a suscité l’installation  d'un staff qui entoure et conseille la Première Dame, et, qui œuvre à une extension progressive de ses domaines d'intervention.
 
La façon dont l'action de la Première Dame est perçue, reçue, voire réclamée par les citoyens sur le plan national, est révélatrice de la place prise désormais, par certaines Premières Dames dans l'espace public africain.
 
La Première Dame va, aussi, utiliser pour agir  les ressorts locaux du pouvoir. Le réseau familial, religieux, au sens large, les réseaux dits traditionnels dont les femmes sont, depuis longtemps, les garantes.
 
Une politique de la compassion portée et soutenue par le courant libéral.
 
La montée en puissance des Premières dames renvoie à une période d’émancipation des femmes, portée par les pays occidentaux, mais aussi, par les institutions internationales. Elle correspond aussi, à une période où l’essor des idéologies libérales est sans précédent, valorisant les différentes déclinaisons des sociétés civiles.
 
L'action des spécialistes de la Com va entraîner une personnalisation beaucoup plus forte du pouvoir, autour du Président et de la famille présidentielle. Le rôle de la Première Dame sera conçu, pour mettre en place des relations de clientèle, au sein de la société. Au delà de la politique, des œuvres de bienfaisance construite, autour du discours, portant sur l'épouse qui vient au secours de la souffrance des populations, on remarquera qu’on va lentement glisser vers une véritable politique de la compassion.
 
Il s’agira, alors, d'identifier les groupes vulnérables, de lutter contre les pandémies, de diminuer les souffrances. Force est de constater qu'il ne s'agira pas de mettre en place, par exemple, un autre système de santé, d’éducation, ou d'acquérir de nouveaux droits sociaux, ou encore de s’impliquer sérieusement à promouvoir et améliorer la situation des droits politiques, économiques et sociaux des femmes .
 
Ce glissement vers la mise en forme de cette politique de la compassion sera accompagné par les institutions internationales et, en cela, il fournit un éclairage intéressant sur la mutation des modes de gouvernement en Afrique où les Premiers Dames sont ainsi utilisées. La conséquence de cette politique internationale de la compassion, sera l'abandon par les Etats de parts importantes de leur mandat social. Faut-il souligner que cette politique s'inscrit, en droite ligne de l'idéologie libérale qui théorise le retrait de l’Etat et la liquidation, de fait, des biens publics.
NICOLAS SARKOZY ET SA FEMME CECILIA A LA SOIREE WEISSMAN A L' ORANGERIE DU CHATEAU DE VERSAILLES EN 1993
 
C’est donc dans cette niche, d'un État social en ruine, que vont s'arrimer les activités les plus symboliquement et politiquement importantes des Premières Dames.
 
Un véritable pouvoir d’influence.
 
Installée au cœur du pouvoir d'Etat, à un battement de cils de l'homme le plus puissant du pays, ayant à portée de main un budget subséquent, des collaborateurs, des réseaux importants, des relations utiles au sein de l'appareil étatique, la Première Dame a, désormais, les moyens de sa politique, si l’on peut dire.
 
La Première Dame a, aussi, l'oreille du Président et la possibilité de faciliter, entre autres, une audience qui n'arrive pas, ou, d'écouter une personne en difficulté avec le Président, elle peut être une médiatrice précieuse, elle est ainsi, une voie d'accès au Président, en dehors des voies protocolaires habituelles.
 
Ainsi, lorsque Rachida Dati, Garde des sceaux, renvoie son directeur de cabinet qui lui désobéit ouvertement. Ce dernier va se plaindre auprès du PM François Fillon qui le rassure sur ce limogeage qui ne passera pas, lui dit-il. Il va, ensuite, informer Sarkozy qui téléphone à Rachida Dati et lui demande, de se calmer et de passer le voir, le soir. Rachida Dati, consciente des difficultés qui l’attendent, va voir Cécilia Sarkozy et lui explique la situation. Celle-ci téléphone à Sarkozy, et, obtint le limogeage du directeur de cabinet. Sarkozy demandera à Rachida, de ne plus passer par Cécilia, en cas de nouveaux problèmes. Rachida confessera, qu'elle doit sa place au gouvernement à Cécilia et elle appréciera, encore plus, d'avoir bénéficié de sa protection rapprochée, dans cette affaire de séparation, d’avec son directeur de cabinet.
 
Bruce Hortefeux déclara : « C'est Cécilia qui décide de tout ? C'est vrai ! Qui d'entre nous, n'a pas entendu Sarkozy dire : Va voir avec Cécilia" Certains ministres diront, « Elle a un droit de vie et de mort sur tous. Elle organise et coache tout ce qu'elle veut faire. Elle met son nez et son visage partout et contrôle tout, tout, tout. »
 
Capacité d'influencer le choix dans la désignation de ministres mais pouvoir aussi, de les défendre en cas de crise.
Autre continent, le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo lève son verre en disant : "Je lève mon verre à Simone. Si j'ai gagné, c'est à elle que je le dois. Elle a fait 60 % du travail". Au moment de la formation du  gouvernement, Simone  imposera son veto, sur le choix de la Ministre de la femme choisie par le Président Gbagbo, tout comme, elle placera sa cousine germaine au poste de Ministre, chargée de la lutte contre le Sida.
 
En Afrique, la Première Dame s'intéressera aux femmes qui siègeront dans le gouvernement, particulièrement, celle qui occupera le ministère des femmes, et, celle qui occupera le poste de présidente des femmes du parti au pouvoir. Deux postes stratégiques pour elle, et, il est primordial qu'elle soit sur la même longueur d'ondes que ces responsables.
 
De ce positionnement au cœur du pouvoir, on peut parfaitement supposer que si une femme est Premier Ministre, alors, les sources de tensions seront nombreuses, dans cet espace présidentiel, entièrement contrôlé et sous surveillance de la Première Dame.
 
Dans cet élargissement de ses domaines d’intervention et de consolidation de son pouvoir d'action, la Première Dame s'attachera très tôt à la parfaite connaissance de cet espace présidentiel. Qui fait quoi, comment et avec qui ?
 
Connaître cet espace de pouvoir, c'est être capable de décrypter son fonctionnement, de comprendre ceux qui sont importants, qui font tourner la machine, d'identifier rapidement, ceux qui sont les plus proches du Président et sur qui, il se repose pour travailler.
Les qualités féminines d'intuition, de discernement rapide lui permettront après une première approche, de savoir sur qui il faut compter, pour être bien renseignée. Dans cette approche cool, de nombreuses destinées se jouent, gare à ceux qui la snoberont, ou, qui auront, envers elle, une arrogance contenue. Ils l'apprendront à leurs dépens, et, surtout, découvriront les changements qui s'opèrent, très vite, en l'homme politique, hier, candidat, et, celui qui est devenu Président de la République, bien assis, sur son trône.
 
Après la maîtrise du fonctionnement des différents cercles de pouvoir, et le contrôle de l'entourage du Président de la République, trois autres services importants vont intéresser, au plus haut point, la Première Dame.
 
Il s'agit des services financiers, des services de sécurité et des services du Protocole.
L'argent, c'est la puissance, pour agir, pour influencer, il faut disposer des fonds nécessaires. C'est une question centrale, et, elle est réglée directement par le Président lui même, et ce, avec celui qui a la gestion de ces fonds, en présence de la Première Dame. C'est une personne clé de la Présidence avec qui, elle doit nécessairement s’entendre. Très souvent, il n'y a aucun problème compte tenu des enjeux.
 
La sphère privée, prunelle de ses yeux.
 
Si la Première Dame évolue dans un espace public et politique, il n'en demeure pas moins, que sa sphère domestique et privée est plus importante à ses yeux. En toute logique d’ailleurs, toute sa légitimité, ne repose t-elle pas sur son statut d'épouse du Chef, du Président.
Chacun aura compris que, l'homme de pouvoir attire la gent féminine, il dégage un fort attrait, et, à un pouvoir de séduction indéniable : pouvoir, puissance, argent, privilèges, avantages, luxe ; un cocktail enivrant qui fait rêver.  Sarkozy dira au moment de son divorce avec Cécilia : »Je peux avoir toutes les femmes que je veux ! »
 
C'est pourquoi, la Première Dame veillera, à tout prix, à contrôler cet espace public, pour s’assurer le contrôle de son espace privé, car elle aura, très vite, réalisé que ces espaces, dans lesquels elle vit et se meut, peuvent totalement échapper à son contrôle effectif, en raison des différents rôles, que jouent les collaborateurs de son époux Président.
 
Faute d'avoir compris les enjeux, beaucoup de personnes se sont vues écartées de l'entourage présidentiel.
Les services protocolaires sont ceux, qui conduisent des personnes qui ont sollicité des audiences, auprès du Président, ou encore, des personnes que le Président souhaite voir, partant de là, on peut comprendre que l'agenda quotidien du Président soit surveillé discrètement. Certaines Premières Dames ont mis en avant un rôle de protection du Président, Cécilia Sarkozy dira : « Je dois veiller sur lui parce qu’il a un réel problème de comportement.. » Hinda Deby laissera entendre que des collaborateurs, très proches d’Idriss Deby ont profité, qu’il soit dans son verre, pour lui faire signer des nominations et autres décisions. Elle avait, alors, organisé une vraie purge, pour, diront certains, désormais, pouvoir le faire, elle seule.
 
Autre service stratégique et sensible pour la Première Dame ; ce sont les services de sécurité du palais, de la garde rapprochée, ceux qui sont partout avec le Président, et ce, 24h sur 24h, 7 jours sur 7. Est-il utile de préciser que la Première Dame doit savoir où est le Président et ce qu'il fait ?
 
C'est pourquoi, les personnes qui travaillent dans ces deux services, doivent répondre aux sollicitations de la Première Dame, parfois d'eux mêmes, pour bénéficier d'avantages, ou malgré eux, pour conserver leurs postes et éviter des problèmes. Toutefois, afin de verrouiller le système d'informations, des personnes sûres sont parfois positionnées, elles sont bien briefées, et, le plus souvent, ce sont  les responsables de ces services qui le font, pour plaire à la Première Dame, et, lui assurer loyauté et collaboration, sur une question très sensible et importante pour elle.
 
Ce qu’il faut comprendre, quand il est question de sécurité, la personne qui informe sur, par exemple, l'identité d'une visiteuse du soir, en lieu et place, d'une réunion annoncée. En tant qu'agent de sécurité, il n'a, aucunement, le sentiment de porter atteinte à la sécurité du Président. Cela permet au système de fonctionner.
NICOLAS SARKOZY ET SA FEMME CECILIA A LA SOIREE WEISSMAN A L' ORANGERIE DU CHATEAU DE VERSAILLES EN 1993 
Citons deux exemples, bien loin, de nos contrées africaines. La presse américaine a révélé que Michelle Obama s'était plainte que les agents des services secrets, chargés de la sécurité de Obama, la menaient en bateau pour couvrir une liaison de Barack Obama.
 
Bernadette Chirac, quant à elle, se disputera, régulièrement, avec le patron de la sécurité à l'Elysée, au sujet des sorties nocturnes de Jacques Chirac, en véhicule banalisé. Plus récemment, l'escapade de François Hollande, en scooter, avec un garde, dissimulant son visage derrière un casque, prouve bien, les milles et un stratagèmes d'un homme de pouvoir, qui a bien le sentiment qu’ il est surveillé par la Première Dame, et, tente d'échapper à la toile d'araignée.
 
 Cécilia Sarkozy parlera, avec amertume, du comportement du Président français avec les femmes, de ses incartades, de ses soirées organisées, en dehors de Paris, dans des garçonnières avec sa bande de copains et des call girls, que les services de sécurité vont l'aider à organiser, de sa liaison avec une célèbre journaliste, qui l’accompagnera au Maroc, en cachette.
 
On réalise ainsi que, dans cet espace de pouvoir, qu'est l'espace présidentiel, l'homme de pouvoir est, en quelque sorte, isolé, enfermé, dans des contraintes protocolaires, mais aussi, soumis à d’étouffants impératifs de sécurité, et, qu'il va essayer de s'en échapper, pour une bouffe d'oxygène, pour une escapade pour alléger sa lourde, pesante et stressante charge quotidienne de travail. Il doit, pour cela, arriver à dribbler la surveillance habile et discrète, mise en place par la Première Dame. Il lui reviendra de débusquer, grâce à son shadow cabinet interne, qui sont les hommes de la Première Dame, histoire de s'assurer de leur absence, pour monter l’escapade.
 
Faute d'avoir pu le faire, Bill Clinton, Président des États Unis, a géré son escapade au sein même, de la Maison Blanche, ce qui a donné l'incroyable affaire Monica Lewinsky. La First Lady, Hillary Clinton connaissait, depuis longtemps, les multiples infidélités de son mari, bien avant, qu'il soit Président. Elle pensait que, l'importance et le prestige de ses fonctions à la Maison Blanche, l’avaient changé. Nous avons souligné, plus haut, l'attrait irrésistible de la gent féminine pour l'homme de pouvoir, Hillary Clinton l’avait-elle réellement oublié, ou, avait-elle, volontairement, fermé les yeux ?
 
François Mitterrand a, quant à lui, sorti la grosse artillerie, pour organiser sa double vie, son escapade permanente. Depuis de longues années, lui et son épouse, Danielle Mitterrand n'était plus un vrai couple. Lui, le Président vivait bien avant son élection avec Anne Pingeot, sa compagne avec qui, il avait eu une fille, hors mariage, Mazarine. Danielle Mitterrand, elle, vivait avec son professeur de gymnastique. Élu, Mitterrand décida de transformer un bâtiment proche de l’Elysée, d'y faire construire une passerelle permettant au Président de passer de ses bureaux, à cet immense appartement où vivaient sa maîtresse et sa fille, et ce, incognito.
 
Il décréta qu'un Secret Défense, total et absolu, devait être organisé  autour de cette vie, qu'il avait aménagée secrètement. Tous les services de sécurité et de défense, se sont mobilisés, comme s'il était question de danger contre la sécurité nationale, pour préserver cette vie estampillée du sceau du secret défense absolu, et ce, pendant plus de 14 ans. Hallucinant !
 
La Première Dame face aux Hommes du Président :
 
Dans certaines organisations de pouvoir, il y a ceux, que l'on appelle, les hommes du Président.
Ils peuvent être des anciens compagnons du Président, des personnes qui ont milité à ses côtés, et, combattu ensemble pour accéder au pouvoir. Ces hommes constituent  un carré de fidèles et ont accès au Président facilement. La Première Dame peut, ne pas avoir de bonnes relations, avec certains d'entre eux. Ces hommes du Président sont, aussi, ceux qui connaissent le mieux le couple, l'ont vu évolué, interviennent, parfois, quand il y a des disputes. Ces hommes et femmes proches sont ceux qui vont constater les premiers, que le pouvoir change un homme, mais aussi, une femme.
 
Précisons, qu’ils n’appartiennent pas à la Cour de la Première Dame. Force est de constater qu’une cour de courtisans et courtisanes, prêts à la servir, à l’informer, à la conseiller, entoure quotidiennement la Première Dame. Cet empressement et cette bienveillance, autour de sa personne, se remarquent  aussi, par le fait, qu’une Première dame est une dame qui reçoit, énormément, de cadeaux de toutes parts et de toutes sortes : hommes d'affaires nationaux et internationaux, dirigeants de sociétés nationales et multinationales étrangères, ambassades étrangères, hommes politiques étrangers et nationaux etc.... Des cadeaux personnels et des dons à sa fondation. Des cadeaux et des dons, loin d’être désintéressés.
 
Dans l’hypothèse de relations conflictuelles, entre un membre de ce carré de fidèles proches du Président avec la Première Dame, trois stratégies ont été utilisées, pour solutionner ce problème.
 
Première stratégie, c'est la méthode directe ; d'une confrontation avec la Première Dame, celle-ci mettra son poids sur la balance pour éjecter l'indésirable. Ces hommes du Président que Cécilia Sarkozy appellera la "bande" de Nicolas, elle les a affrontés pour imposer des ministres, comme le porte parole, Xavier Bertrand, mais aussi, « pour amener de nouveaux visages à Sarkozy, il fallait affronter le clan, la bande. Sans relâche.» dira t-elle.
 
Seconde tactique ;  il s’agira de trouver un rival à ce membre qui pose problème, au sein même du groupe des Hommes du Président, un homme d’un poids politique équivalent, pour que sa parole porte, et, il s’agira de l’utiliser pour l’affaiblir, le discréditer, par n’importe quel moyen. Il va de soit que ce complot ne doit, jamais, dévoiler l’implication de la Première Dame, c’est fondamental.
 
Troisième possibilité ; très fréquente, il s’agira de susciter un mariage entre cet homme avec une personne proche de la Première Dame, une amie, une parente proche. Et le tour est joué, cet homme sera, désormais, dans le camp de la Première Dame, et, dans tous les cas, « neutralisé ». Le placement de femmes, auprès d’hommes appartenant aux cercles du pouvoir politique, (parti et gouvernement), économique (monde des affaires), militaire (défense) a été constaté au Rwanda, le FPR de Kagamé avait placé des femmes Tutsi, auprès de nombreux hauts responsables Hutus, à l'époque du régime d'Habyarimana, et ce, à des fins de renseignements, avant de lancer son offensive armée sur Kigali. Cette stratégie est aussi pratiquée au Tchad.
 
On peut préciser que, souvent, les hommes visés sont, d’emblée, intéressés car conscients, qu’ils consolident leurs assises, dans le pouvoir en place. C’est un jeu d’alliances réciproques, sources d’informations utiles pour renforcer les positions de chacun.
 
Suivant, toujours, l’objectif d’un renforcement de sa sphère d’influence, une autre étape sera franchie, quand on assistera, au placement de membres de la famille directe, présentés, comme ayant plus de gages de confidentialité et de loyauté. C’est un baromètre intéressant qui permettra d’apprécier l’ampleur de la main mise du cercle familial, de la Première Dame sur l’appareil étatique. Par exemple, dans le régime  d’Idriss Deby, Hinda Deby a son frère qui est ministre, un autre frère est DG de la société pétrolière, un autre est le Chef de la garde rapprochée de Deby, sa sœur est au Protocole, une autre à Dubaï pour la collecte des revenus pétroliers pillés du Tchad. A cette emprise, s’ajoutera l’étau de la famille d’Idriss Deby Itno, qui a, la part la plus importante des postes de responsabilité (50) dans la machine étatique.
Force est de souligner que le cas du Tchad révèle un habile jeu, d’un couple de prédateurs au cœur de l’Etat qui s’associe, se partage les rôles, pour leurs intérêts bien compris, en pillant le pays, exactement, comme l’ont fait, le couple Ben Ali de Tunisie.
 
Ainsi, observe t-on que l’homme politique, habile, a compris le rôle de la Première Dame à ses cotés, il va, ainsi, concéder des espaces, céder parfois sur des décisions, la laisser placer ses hommes et femmes, dés l’instant, où il s’est assuré que cela ne nuit pas à ses intérêts politiques. La Première Dame, un instrument aux mains du Président ?
 
Souvent, le peuple parle de forces mystiques activées par la Première Dame. Politique et Mystique: voilà un autre domaine d’intervention géré, exclusivement, par la Première Dame. Les pratiques mystiques sont convoquées pour protéger le Président, pour lui assurer succès dans ses réalisations,  pour qu’il soit plus fort que ses adversaires, qu’il soit aimé par son peuple, ou, à défaut, que « la bouche des mécontents » soit fermée. Le choix sur les formes de pratiques mystiques, sur l’appréciation de leur bien fondé et l’investissement à consentir, est aux mains de la personne, la plus proche et la plus sûre du Président, autrement dit, la Première Dame. Ce qui augmente, encore plus, son influence dans cet espace présidentiel.
La politique peut se moquer de la mystique, mais, c’est encore, la mystique qui nourrit la politique. 
 
Que se passera t-il dans cet espace public, politique, en cas de grave crise, dans la sphère privée, au sein du couple ?
 
Dans ce registre, la plus grave crise connue est l’affaire Monica Lewinsky, un scandale planétaire qui a connu une médiatisation exceptionnelle. Le Président américain Bill Clinton en 1999, a entretenu une relation avec Monica Lewinsky, jeune stagiaire, à la Maison Blanche. Interrogé, il mentit sous serment, au sujet de l’existence de relations sexuelles entre eux. Ce mensonge sous serment de Clinton lui valut une procédure d’impeachment, qui fut bloquée, in extremis, par le Sénat.
 
Quelle fut la réaction de la First Lady américaine Hillary Clinton ?
 
Dans son livre autobiographique, "Mon histoire", elle explique :" Mes sentiments personnels et mes convictions politiques se heurtent. Bill n'était pas, seulement, mon mari, il était aussi mon président et je pensais qu'en dépit de tout, il menait l'Amérique et le monde sur un chemin, que j'approuvais toujours. Je savais aussi que ce que je dirais ou ferais, influenceraient, non seulement, l'avenir de Bill, le mien, mais aussi, celui de l'Amérique. Notre couple était aussi sur la balance mais les faiblesses de Bill ne constituaient pas une trahison de l’Amérique.” Relevons, que l’ambition personnelle de la First Lady Hillary a prit, quelque part, le dessus sur ses sentiments personnels. Elle a privilégié, dans la gestion de cette crise, une position politique pour servir ses ambitions politiques, déjà là, et qu’on verra se préciser et prendre forme, dés la fin du mandat de Bill Clinton.
 
Autre pays, autre crise, en France, à l'Elysée, Cécilia Sarkozy se sépare d'avec Nicolas Sarkozy, elle a rencontré un autre homme et le quitte. Gros scandale, premier divorce pour un Président français, en cours de mandat. Dans un livre entretiens, elle explique les fêlures dans leur couple, bien avant, sa rencontre avec Richard Attias : " J'ai toujours existé pour servir mes époux, et ce, dans leur ombre ». Elle avait besoin de s'affranchir de cette image, de se construire par elle-même. Elle songe à être candidate aux législatives à Neuilly, puis, aux municipales, comme le lui a proposé, Jean François Copé. Mais Sarkozy dira Non. « Sans comprendre, il dira Non, et, ne proposera rien en échange » regrettera t-elle. Sa bande d'amis parlera d'un risque politique pour lui. Elle songera à écrire un livre. Sarkozy dira encore Non. Et pourtant, il ne cessait de clamer, en public,  son amour pour elle. « Il voulait une femme classe, bien habillée, qui soit à ses côtés, un point c'est tout.» précisera t-elle. Elle n’en pouvait plus.
 
Une Première Dame avec des ambitions politiques affichées et présentant un risque politique, pour le Président, lequel réagit, bloque ses ambitions, démontrant ainsi son pouvoir. Edifiant ! Le risque politique évité, le risque affectif le remplaça et balaya tout.
Le risque politique empêcha Winnie Mandela d’être la Première Dame d’Afrique du Sud, et c’est, en ayant  détruit cette légitimité d’épouse du Chef, que Nelson Mandela, le staff de l’ANC et le pouvoir blanc ont démarré l’élimination politique de la personne qui incarnait le plus, les idéaux de la défense des populations noires face au régime de l’Apartheid. (Voir la chronique sur Winnie Mandela) .
 
Depuis bien longtemps, les hommes font de la politique entre eux. Les règles du jeu politique, ses codes, ses pratiques, sa culture, son langage ont été créés, forgés et institutionnalisés par et pour les hommes. Dans ce champ politique, les femmes sont sous-représentées et considérées comme des usurpatrices d'un attribut masculin, qu'est le pouvoir politique. La Première Dame, comme on a pu le voir, est aussi, un reflet du fonctionnement du pouvoir et de ses dispositifs. Elle nous a renseigné aussi, sur la place de la femme dans le couple, en politique, dans la société, et, dans les coulisses de l’exercice du pouvoir.
Certains Premières Dames ont compris que le vrai pouvoir, ce n'est pas toujours, celui qui brille sous les lambris dorés des palais. C'est aussi, et surtout, celui qui s'exerce à l'ombre, sur les hommes de pouvoir, mais jamais contre eux.
 
« CHRONIQUE AFRIQUE DEBOUT »
Premières Dames : du pouvoir d’influence à la conquête d'un vrai pouvoir.