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QUESTIONS DE COMMUNICATION AU SÉNÉGAL, FAITS DIVERS ET DÉFIS NATIONAUX

Rédigé par leral.net le Samedi 4 Octobre 2025 à 00:56 | | 0 commentaire(s)|

Aujourd’hui la caractéristique dominante dans les médias occidentaux et leurs périphéries est qu’ils sont davantage dominés par les faits divers, les polémiques politiques ou sociales, que les débats de fond sur le développement qui restent confinés...

Aujourd’hui la caractéristique dominante dans les médias occidentaux et leurs périphéries est qu’ils sont davantage dominés par les faits divers, les polémiques politiques ou sociales, que les débats de fond sur le développement qui restent confinés aux experts, aux tribunes ou aux conférences. Dans les faits divers, ce sont les scandales chez les grandes vedettes et autres stars de la politique ou du monde des arts, et la violence qui retiennent l’attention. Cette situation interpelle tous les décideurs dans le monde et toutes les sociétés. D’ailleurs il est relativement aisé d’établir un lien pertinent entre cet état d’esprit forgé à l’échelle planétaire par le système idéologique dominant et les graves dérives qui menacent la paix et la stabilité internationales.

Si en Occident les forces productives ont atteint un niveau permettant, normalement, à tous de se nourrir, se vêtir et se loger, chez nous ce n’est pas le cas. Nous ne devrions donc pas nous permettre de traiter cette problématique des medias de la même manière qu’on la traite en Occident.
Notre pays est dans une sous-région où la guerre fait des ravages qui affectent les 2/3 de sa population soit plus de 300 millions d’âmes. Depuis une décennie que cela dure, il n’ y a que récemment qu’une infime partie de l’opinion sénégalaise commence à s’y intéresser lorsqu’on s’est aperçu des menaces qui pèsent sur la vie de nos concitoyens sur l’axe Dakar Bamako et sur les flux de marchandises avec le Mali notre principal partenaire commercial.

Pourtant chez nous et en Afrique en général, règnent encore la faim et la malnutrition, l’ignorance et la maladie, le chômage massif et le sous-emploi. S’il n’est pas possible de mettre à contribution ce levier fondamental qu’est la presse dans la société pour vaincre de tels défis, il y a matière à réflexion.

En ce qui concerne le Sénégal, il est généralement admis par tous qu’il y a un besoin d’ajustement individuel et collectif. C’est le prix à payer si nous voulons nous en sortir. Il se trouve que les nouvelles autorités du pays semblent s’engager résolument dans cette voie par-delà les critiques et même parfois les quolibets. Beaucoup d’initiatives prises le prouvent dont le succès ouvrirait la voie à un meilleur avenir pour notre peuple. Une réforme en profondeur des médias dans le cadre de cet ajustement global est nécessaire. Cette réforme dépasserait sûrement de loin l’état de la situation actuelle et elle est d’une grande urgence. Un plan de redressement économique et social vient d’être lancé dans un contexte de controverses sur le FMI et, subséquemment sur la dette publique du pays. Mais de cette controverse on ne retient que les détails et les faits divers. ́ La dette de l’Afrique y compris celle du Sénégal est une ignominie du capitalisme international néolibéral mais, au vu du rapport de force, il nous faut la payer.

Arrêtons-nous sur ce point clé de la dette cachée. J’ai entendu le Président Sall s’étonner de la possibilité même de l’existence de cette catégorie de dette cachée. D’abord, son existence n’est plus sérieusement contestée à partir du moment où les seules sources de référence à savoir la Cour des comptes et le FMI ont conjointement confirmé le fait. La dette cachée a été signalée au Mozambique et ailleurs. Au Sénégal, le chef de mission du FMI, Edward Gemayel, a déclaré qu’il y a, je le cite, «une décision très consciente de sous-estimer le stock de la dette pendant les années antérieures ». je souligne l’expression « une décision très consciente ». Mieux (ou pire), au Sénégal le niveau de cette dette cachée se serait révélé supérieure de près de deux (2) fois les 6 à 7 milliards de dollars déclarés par le FMI et la Cour des comptes.

Des sources comme Standard & Poor’s évoquent à la place, un montant qui fait presque le double (13 milliards) de dollars soit un accroissement d’environ 6000 milliards Cfa sur le stock déjà existant. Le Fmi quant à lui serait en train de travailler sur un scénario de 11 milliards. En vérité, aucune controverse sur l’existence de cette dette n’aurait dû occuper le débat public entre les anciens gestionnaires du pays et les nouveaux dès lors que d’une part, les nouvelles autorités ne sont responsables d’aucun centime emprunté parce qu’elles n’étaient pas là au moment des faits et que, de l’autre, la responsabilité des anciennes autorités est désormais établie. La poursuite de cette controverse n’aurait qu’une motivation politicienne car il va être désormais périlleux pour les tenants de l’ancien régime de maintenir la critique contre une équipe qui doit trouver les moyens d’éteindre le feu qu’on a soi-même allumé.

Il nous faut véritablement une communication nouvelle dans notre paysage public. Une nouvelle posture dont la seule ligne de partage demeurera la défense et la promotion des intérêts fondamentaux du Sénégal, son indépendance c’est-à-dire sa dignité. Le régime en place se doit de réorganiser le monde de la presse dans une démarche participative. Il faut résolument réformer les codes y compris l’échafaudage actuel pour un nouveau dispositif capable de jouer sa partition dans le nouveau sillon qui se creuse. Les autorités doivent décliner très nettement ce qu’elles attendent des acteurs du monde des medias dans le nouveau cours politique qui s’ouvre et les acteurs de leur côté exprimeront leurs attentes. On aura ainsi un paysage médiatique tout à fait nouveau avec une nouvelle perception des droits et devoirs, des libertés et responsabilités.

Le Premier ministre Ousmane Sonko s’adressant à la diaspora sénégalaise depuis Milan, a lancé un appel public à l’épargne (APE) en donnant l’exemple de la contribution de la diaspora italienne d’Amérique ou de la diaspora turque en Allemagne dans l’édification économique de leurs pays respectifs. Pour assurer le succès de cet appel public à l’épargne et, d’une manière générale, les objectifs du plan de redressement économique et social et de l’Agenda 2050, il a appelé à un recentrage du débat public sur nos priorités de développement et non sur des faits divers. « On ne discute pas économie, agriculture, éducation, investissements » dit-il. Ce message s’adresse, insiste-t-il, à tous les Sénégalais. Oui assurément dès lors que tout le monde est concerné par les plans et les programmes mais, selon moi, ceux qui soutiennent les nouvelles orientations politiques sont les premiers interpellés. A propos de ce qui a été dit à Milan, la mise en œuvre sera aussi de porter les objectifs auprès des populations notamment en explicitant davantage l’expérience de la diaspora italienne ou turque ou d’autres encore.
Il est vrai que les réseaux sociaux offrent de multiples opportunités pour un travail de masse rapide et efficace mais la finalité restera toujours le terrain. En somme, rien ne peut remplacer la présence physique et la chaleur humaine qui motive, qui galvanise et qui met à niveau dans un rapport de réciprocité. Comment y arriver doit être la seule préoccupation.

Quel est dès lors l’intérêt de croiser le fer sur la question de savoir si ceux qui sont allés à Milan ont pris le TGV ou un Airbus A380 ou s’ils ont marché à pied ? L’essentiel est qu’ils étaient là et ont probablement bien écouté et compris le message.

C’est par cette dynamique de focus sur l’essentiel dans le débat public et de descentes sur le terrain pour expliquer, que la tendance actuelle sera inversée. C’est aussi, me semble-t-il, le premier combat à remporter parce que c’est un combat politique, idéologique et culturel à côté des tâches étatiques et techniques. Sans une victoire décisive sur ce terrain, les préoccupations de fond ne seront pas portées comme il le faut aux populations et cela impactera la marche vers l’avant.

Comment développer les joint-ventures annoncés dans un esprit professionnel de sérieux et de rigueur pour encourager et rassurer les futurs partenaires ?
Comment s’organiser dans la discipline pour mener le travail d’explication, de mise à niveau et surtout de mobilisation autour des objectifs assignés pour changer nos réalités ?
Les stratégies de prise en charge politique doivent répondre à ces questions et accompagner la prise en charge gouvernementale que font les ministres, directeurs et techniciens. Il convient de repérer dans le discours des hautes autorités ce qui relève du mot d’ordre qu’il faut s’efforcer de mettre en œuvre.

Une telle dynamique de contact avec les larges masses du peuple travailleur est ce qui transforme les appels et les mots d’ordre « en force matérielle » capable de changer les choses. Bien sûr les faits divers sont un aspect de notre vie en société et doivent nous intéresser mais plutôt sous l’angle de mieux comprendre nos ressorts sociaux dans leurs forces et leurs faiblesses pour en féconder des politiques de renforcement des aspects positifs et de rectification des faiblesses. Mais lorsque les faits divers finissent par cannibaliser les grands défis et les grandes menaces qui pèsent sur l’avenir de nos enfants, il importe de s’ajuster. Nous en sommes là aujourd’hui. Transformer les difficultés en opportunités a été la voie que d’autres ont suivie pour être aujourd’hui sur les cimes du monde.
Nous le pouvons et nous le ferons sans aucun doute !

 

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Alioune


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