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Quand la langue nous joue des tours

Le français est mondialement reconnu pour ses exceptions et ses faux amis. Petit florilège de ces pièges qui donnent à notre langue tout son sel. Par Louise Cuneo


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Octobre 2018 à 19:17 | | 0 commentaire(s)|

Traîtresse virgule

On ne badine pas avec les virgules  ! Leur emplacement peut considérablement influer sur le sens d'une phrase. Ainsi, « On va manger, les enfants » diffère notablement de « On va manger les enfants ».

Mots à maux

En linguistique, lorsque des mots ont la même prononciation, ils sont dits « homophones » : « Cette dame dame le sol », « Assis sur son lit, il lit »… Les « homographes », eux, s'orthographient de la même manière. L'analyse de leur fonction dans la phrase est indispensable pour en comprendre le sens… et parvenir à les énoncer à haute voix correctement. Essayez donc  !

Nous portions nos portions. Les poules du couvent couvent. Mes fils ont cassé mes fils. Je vis ces vis. Cet homme est fier ; peut-on s'y fier  ? Nous éditions de belles éditions. Je suis content qu'ils nous content cette histoire. Il convient qu'ils convient leurs amis. Ils ont un caractère violent et violent leurs promesses. Ces dames se parent de fleurs pour leur parent. Ils expédient leurs lettres ; c'est un bon expédient.

Ils négligent leur devoir ; moi, je suis moins négligent. Ils résident à Paris  chez le résident d'une ambassade étrangère. Ces cuisiniers excellent à composer cet excellent plat. Les poissons affluent d'un affluent de la rivière. Nous objections beaucoup de choses à vos objections. Nous nous oignons de purée d'oignons. Nous relations nos relations. Il est né à l'est. Tu as un as dans ton jeu. J'ai fait un nœud de chaise avec ce bout de bout.

Non binaires

Certains noms communs jouent avec nos nerfs et changent de genre avec le nombre. Ainsi, « amour », « délice » et « orgue » sont masculins au singulier et féminins au pluriel (grand amour, premières amours). Certains mots, de leur côté, n'ont pas de genre défini, tels « après-midi » ou « enzyme ».
Autre bizarrerie : « gens ». Précédé d'un adjectif, il est féminin (les petites gens) ; il est masculin quand il est suivi de la préposition « de » (les gens de lettres) et quand l'adjectif le suit (des gens petits) ou qu'il le précède, suivi d'une virgule (« Naïfs, les gens le croient… »). 

Le mot « hymne » est masculin lorsqu'il évoque un chant païen, mais féminin lorsqu'il désigne un chant religieux dans la liturgie chrétienne (l'hymne national, des hymnes latines).

Certains adjectifs n'ont qu'un genre féminin. C'est le cas de « enceinte », « bée » (bouche bée), « cochère » (une porte cochère) ou « épinière » (la moelle épinière).

Passe-temps

Les verbes défectifs – bruire, choir, gésir, paître, quérir, traire… – ne se conju­guent pas à toutes les formes. Les verbes spécifiquement impersonnels ne peuvent être employés qu'à la troisième personne du singulier et se conjuguent avec le pronom « il » à tous les temps, sauf à l'impératif (« il pleut »). Certains peuvent être également employés à la troisième personne du pluriel (s'ensuivre), alors que d'autres n'existent qu'à l'infinitif (accroire, quérir…).

Une fois, ça va  !

Les pléonasmes, répétitions dans un énoncé de mots ayant le même sens, sont légion dans le langage courant : « tri sélectif », « taux d'alcoolémie », « réserver à l'avance », « opposer son veto », « danger potentiel »... La palme revient aux trois occurrences de « au jour d'aujourd'hui » : « hui » signifie aussi « en ce jour »  !


La rédaction de leral...