La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a lieu tous les 25 novembre depuis 1999.
À cette occasion, nous avons contacté Clémence Pajot, la directrice du Centre Hubertine Auclert, le centre francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes, qui lutte notamment contre les inégalités et les discriminations envers les femmes.
Elle nous a aidé à établir différentes manières d’accompagner une femme victime de violences à travers des phrases adéquates et un soutien indispensables.
C’est la première réponse que conseille Clémence Pajot à faire à quelqu’un qui se confie à vous après avoir été victime de violences. Ne pas douter de sa parole, même si vous ne voyez ou n’aviez pas vu de traces ou d’indices: les femmes ont souvent «tendance à dissimuler leurs coups et leur mal-être», explique Clémence Pajot, et «les auteurs de violences sont souvent de très grands manipulateurs».
Elle avance également qu’il est «parfois difficile de croire qu’une personne a priori “bien sous tous rapports” soit capable de tels actes», et pourtant «toutes les femmes peuvent être concernées et ce, dans tous les milieux sociaux.»
Être à l’écoute sans émettre de jugements est très important. Clémence Pajot explique que l’une des nombreuses stratégies de l’agresseur est d’isoler la victime: «C’est faire en sorte que la personne agressée n’ait plus personne à qui se confier ou qui puisse être témoin de ce qui lui arrive.»
Il ne faut jamais brusquer la personne victime de violences et lui dire «tu dois faire ci, tu doire faire ça», mais plutôt la rassurer au mieux en lui rappelant qu’elle peut compter sur vous et que vous êtes là pour l’aider, quoi qu’elle décide de faire.
Beaucoup de personnes ont tendance à dire que les «femmes se sont fait violenter», ce qui suppose que ce serait de leur faute: «Il ne faut jamais inverser la faute, c’est toujours l’auteur de l’agression qui est coupable», tient à préciser Clémence Pajot. Elle ajoute qu’il est très important «de mettre des mots sur ce qu’elle vit».
«C’est grave, quelle que soit la forme de violence», et c’est puni par la loi. Clémence Pajot nous rappelle que le premier type de violence est psychologique, mais «qu’on a tendance à l’oublier». Viennent ensuite les violences physiques, sexuelles, verbales et économiques et qu’elles peuvent se faire «au sein du couple, au travail ou dans la rue.»
Rappeler à la personne victime de violences qu’elle n’y est pour rien car l’agresseur aura toujours tendance à vouloir la rabaisser et à lui faire croire qu’elle est responsable de sa situation. Cette culpabilisation se traduit par de nombreuses remarques passives-agressives, «t’es maladroite», «t’es nulle», «tu ne sers à rien», «si je m’énerve, c’est parce que t’es bonne à rien» etc. Et «quand on est sous emprise, on doute encore plus de tout» ajoute Clémence Pajot, ce qui rend l’estime de soi encore plus difficile pour la victime.
La manière de s’habiller ou le fait d’être sortie à tel endroit, à telle heure ne justifiera jamais le droit de violenter une femme. Comme l’explique Clémence Pajot à BuzzFeed France, «porter une jupe n’est pas un crime et jusqu’à preuves du contraire, l’espace public appartient à tout le monde.» Elle avance également que «toutes les femmes peuvent subir une forme de violence, quel que soit le physique, quelle que soit la tenue».
En Égypte par exemple, une organisation a créé Harrassmap, une application qui permet de signaler et recense les actes d’harcèlement sexuel. Dans un article deRue89, la déléguée générale de l’organisation Reem Wael expliquait entre autres recevoir des témoignages de femmes voilées:
L’agresseur est le seul responsable, RIEN ne justifie l’agression.
Il faut accepter le fait que toutes les femmes ne sont pas prêtes à se séparer de leur conjoint ou à porter plainte, mais il faut aussi pouvoir les orienter. «Toutes les femmes peuvent se faire aider, il faut appeler le 39 19, le numéro d’écoute nationale avec des psychologues ou des assistantes sociales vont la conseiller.» Des professionnels qui vont entendre quelle est sa situation et l’orienter au mieux, vers des associations locales ou directement adaptées à ses besoins (juridiques, psychologiques, matériels etc).
Les 4 chiffres importants à retenir:
- Une femme sur cinq en Europe a subi des violences physiques ou sexuelles, et presque une sur deux des psychologiques, selon une enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne parue l’an dernier et relayée parLibération.
- Chaque année, en France 216 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime.
- En région Île-de-France 80 à 90 % des femmes déclarent
des violences psychologiques (dénigrement, mépris,
humiliations…)
- Selon les données de la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis.
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