L’importance de la revendication relative au droit au logement dans les plateformes revendicatives des enseignants rend pertinente une réflexion sur les solutions à apporter à ce problème. L’incidence budgétaire d’une solution concernant un corps de métier aux effectifs aussi importants oblige en effet à réfléchir sur les moyens devant permettre d’éviter les désordres, dus à ce problème, dans le système éducatif.
Une fois qu’ils s’installent, en effet, l’année scolaire, qui a ses exigences en matière d’heures d’enseignement effectivement assurées, est très vite menacée dans sa valeur fondée d’abord sur le temps de travail dans les classes. La question du logement des enseignants est particulièrement sensible et constitue une cause importante de grèves et de durée des grèves, malgré des acquis considérables de l’action revendicative des syndicats d’enseignants. Il importe qu’elle soit résolue, en une solution économique, plutôt que constituant une cause de lourdeur dans le budget du secteur de l’éducation.
La fonction enseignante a bénéficié, dans le cadre des réflexions sur les conditions de travail de l’enseignant, d’un consensus mondial qui peut être exprimé ainsi : donner à l’enseignant dont 70% du travail se fait à domicile, un logement bâti ou, à défaut, une indemnité compensatrice. Le devoir de son employeur qu’est l’Etat, ou le patron du secteur privé dans le système éducatif, est de rendre possible cette condition décente de travail. Le problème n’est plus de justifier l’attribution d’un logement ou de ce qui en tient lieu, il est dans les difficultés à satisfaire cette revendication syndicale. Et la difficulté pour l’Etat vient des effectifs du corps enseignant. Le croît démographique, en effet, ne descendant pas, depuis plusieurs décennies, au-dessous de 2,7% par an, génère des effectifs importants non seulement des élèves mais aussi des enseignants.
Le taux d’encadrement, qui a des effets sur la qualité de l’enseignement et aussi sur les conditions de travail des enseignants et d’études des élèves, a ses exigences. On ne peut pas s’installer sans souci dans les situations de nécessité consistant en des effectifs de 50à 80 élèves par classe. Pour faire de la qualité il faut évoluer vers un encadrement plus rapproché des élèves par le maître. Celui-ci est le continuateur d’aînés imaginatifs et ayant l’esprit de sacrifice ; mais la modernité de l’enseignement et la qualité qu’elle engendre ne s’accommodent pas avec les conditions de travail qu’imposent les décisions de nécessité et les retards dans l’équipement.
Les classes multigrades furent des solutions de débrouillardise qui ne font pas partie des conditions définitives de la qualité dans le travail de l’enseignant. Il faut qu’il y ait beaucoup d’enseignants, c’est-à-dire suffisamment pour pouvoir générer la qualité par la mise en œuvre d’une pédagogie moderne. Il doit être compris par tous nos concitoyens que l’éducation coûte cher et qu’il est normal que dans tous les pays du monde le budget de l’éducation coûte à l’Etat des crédits très importants. Il faut en effet investir pendant longtemps, de manière continue, pour avoir des locaux décents et surtout, former des maîtres et assurer un fonctionnement régulier des enseignements.
Et dans ce secteur la formation est nécessairement continue. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication imposent à l’enseignant une mise à jour périodique des enseignements et des méthodes. L’enseignant sans ordinateur va être de plus en plus une situation dépassée parce qu’en contradiction avec l’apport important de ce nouvel adjuvant du maître dans son bureau, à domicile, ainsi que de l’élève dans la salle d’informatique au collège ou au lycée, ou encore dans la salle que les parents aménagent aux enfants pour le travail à la maison.
Tout cela dit que la modernité et la qualité des enseignements et apprentissages divers coûtent cher. Dans ce contexte le logement bâti, défini depuis un demi-siècle au moins comme un outil indispensable de l’enseignant, doit être conçu comme un problème aussi urgent à régler que celui que constituent la craie et le tableau noir. Le débat à ce sujet, n’est plus de s’en tenir à cette vérité d’identification des problèmes. Il est de savoir comment les ressources limitées des Etats, du nôtre sûrement en tout cas, peuvent être utilisées au mieux en des solutions rationnelles, réalistes et réellement économiques.
Donner une indemnité augmente naturellement le budget de l’enseignement, le fait apparaître comme un secteur dévoreur des finances publiques. Fort heureusement le consensus mondial sur les conditions de travail de l’enseignant met en première place le logement bâti, pour ensuite mentionner une solution alternative : une indemnité compensatrice permettant à l’enseignant d’être dans des conditions décentes pour les 70% de son travail professionnel.
La solution recherchée, celle du logement bâti, est susceptible d’alléger le poids budgétaire que constitue le coût du logement et pour les finances publiques et pour le portefeuille de l’enseignant. Dans le contexte actuel de mise en œuvre en cours de l’Acte III de la Décentralisation le problème est soluble. L’ambition peut en effet être, dans un premier programme, de constituer un patrimoine bâti de logements de fonction permettant de loger les deux tiers des cent vingt mille enseignants en exercice. Le maillage de l’espace scolaire et universitaire national en cités des enseignants constitue alors un marché que l’Etat peut se partager avec l’initiative privée. Il créera ainsi rapidement, avant même le terme de l’exécution d’un deuxième programme, la situation de logement des enseignants faisant de l’indemnité de logement un besoin exceptionnel. L’Etat détenteur du pouvoir règlementaire considérera alors ses intérêts de gestion économique en appréciant les situations sociales faisant solliciter l’indemnité de préférence au logement bâti.
L’enseignant logé aura la possibilité, grâce à cette situation, de réserver, dans son plan de vie, une place importante à la construction ou à l’achat personnels de son logement personnel. Le fait d’être logé en effet lui permettra de s’organiser pour réaliser cet élément important de son plan de vie qu’est la maison, pour tout citoyen.
Les exécutifs des collectivités locales pourront, avec dynamisme, contribuer à la réalisation de ces programmes pour les enseignants de manière que dans chaque ville, dans chaque collectivité locale de l’espace rural, il soit créé une cité des enseignants, concernant, selon la carte universitaire, aussi bien les enseignants de l’école élémentaire que les professeurs des collèges, ceux des lycées que ceux des universités lorsque la construction de celles-ci n’ aura pas satisfait tous les besoins en logements de leur corps enseignant.
Si l’Etat prend une telle option, celle de créer et d’enrichir son patrimoine bâti pour le logement dans chaque région, il rationalise ses dépenses pour le logement. Il construit alors, en des emplacements attribués par les conseils municipaux, les locaux pour le logement qui permettront de satisfaire l’importante demande que constituent les besoins des enseignants, sans que l’indemnité de logement ne crée désormais de conflit grave entre l’employé et son employeur, ni ne constitue une raison de paralyser le système scolaire au détriment du temps des études et de la qualité de la formation.
Ne pas loger l’enseignant, quel que soit le prétexte, ne supprime pas le droit au logement de l’enseignant parce qu’il est reconnu comme lié à la fonction enseignante. L’Etat, par conséquent, gagne en climat social en ne s’orientant pas vers la suppression autoritaire du droit au logement de l’enseignant. Il est de meilleure sagesse qu’il cherche plutôt à rendre gérable la satisfaction du droit au logement de ce grand corps de métier par lequel l’Etat renouvelle ses ressources humaines et la Nation perpétue ses valeurs et son idéal commun de vie commune que fortifient l’éducation et la formation.
En définitive, il est évident que satisfaire le droit au logement des enseignants n’a pas de solution unique consistant à définir un niveau moyen de l’indemnité et à l’attribuer à tous les enseignants. L’indemnité de logement pour les enseignants est une solution à incidence lourdement budgétaire chaque année.
L’Etat peut et doit se doter d’un patrimoine bâti qui lui permettra de disposer de logements décents pour les enseignants et de ne devoir plus que règlementer l’entretien, consacrant à cette fin des crédits à volume raisonnable. Attribuer l’indemnité au lieu du logement bâti sera alors une décision exceptionnelle que l’Etat, qui a le devoir de prévoir autant que possible les situations spéciales, se ménagera pour maîtriser le champ social dans le fonctionnement des services.
Dakar, le 04 mai 2015.
Madior DIOUF.
Une fois qu’ils s’installent, en effet, l’année scolaire, qui a ses exigences en matière d’heures d’enseignement effectivement assurées, est très vite menacée dans sa valeur fondée d’abord sur le temps de travail dans les classes. La question du logement des enseignants est particulièrement sensible et constitue une cause importante de grèves et de durée des grèves, malgré des acquis considérables de l’action revendicative des syndicats d’enseignants. Il importe qu’elle soit résolue, en une solution économique, plutôt que constituant une cause de lourdeur dans le budget du secteur de l’éducation.
La fonction enseignante a bénéficié, dans le cadre des réflexions sur les conditions de travail de l’enseignant, d’un consensus mondial qui peut être exprimé ainsi : donner à l’enseignant dont 70% du travail se fait à domicile, un logement bâti ou, à défaut, une indemnité compensatrice. Le devoir de son employeur qu’est l’Etat, ou le patron du secteur privé dans le système éducatif, est de rendre possible cette condition décente de travail. Le problème n’est plus de justifier l’attribution d’un logement ou de ce qui en tient lieu, il est dans les difficultés à satisfaire cette revendication syndicale. Et la difficulté pour l’Etat vient des effectifs du corps enseignant. Le croît démographique, en effet, ne descendant pas, depuis plusieurs décennies, au-dessous de 2,7% par an, génère des effectifs importants non seulement des élèves mais aussi des enseignants.
Le taux d’encadrement, qui a des effets sur la qualité de l’enseignement et aussi sur les conditions de travail des enseignants et d’études des élèves, a ses exigences. On ne peut pas s’installer sans souci dans les situations de nécessité consistant en des effectifs de 50à 80 élèves par classe. Pour faire de la qualité il faut évoluer vers un encadrement plus rapproché des élèves par le maître. Celui-ci est le continuateur d’aînés imaginatifs et ayant l’esprit de sacrifice ; mais la modernité de l’enseignement et la qualité qu’elle engendre ne s’accommodent pas avec les conditions de travail qu’imposent les décisions de nécessité et les retards dans l’équipement.
Les classes multigrades furent des solutions de débrouillardise qui ne font pas partie des conditions définitives de la qualité dans le travail de l’enseignant. Il faut qu’il y ait beaucoup d’enseignants, c’est-à-dire suffisamment pour pouvoir générer la qualité par la mise en œuvre d’une pédagogie moderne. Il doit être compris par tous nos concitoyens que l’éducation coûte cher et qu’il est normal que dans tous les pays du monde le budget de l’éducation coûte à l’Etat des crédits très importants. Il faut en effet investir pendant longtemps, de manière continue, pour avoir des locaux décents et surtout, former des maîtres et assurer un fonctionnement régulier des enseignements.
Et dans ce secteur la formation est nécessairement continue. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication imposent à l’enseignant une mise à jour périodique des enseignements et des méthodes. L’enseignant sans ordinateur va être de plus en plus une situation dépassée parce qu’en contradiction avec l’apport important de ce nouvel adjuvant du maître dans son bureau, à domicile, ainsi que de l’élève dans la salle d’informatique au collège ou au lycée, ou encore dans la salle que les parents aménagent aux enfants pour le travail à la maison.
Tout cela dit que la modernité et la qualité des enseignements et apprentissages divers coûtent cher. Dans ce contexte le logement bâti, défini depuis un demi-siècle au moins comme un outil indispensable de l’enseignant, doit être conçu comme un problème aussi urgent à régler que celui que constituent la craie et le tableau noir. Le débat à ce sujet, n’est plus de s’en tenir à cette vérité d’identification des problèmes. Il est de savoir comment les ressources limitées des Etats, du nôtre sûrement en tout cas, peuvent être utilisées au mieux en des solutions rationnelles, réalistes et réellement économiques.
Donner une indemnité augmente naturellement le budget de l’enseignement, le fait apparaître comme un secteur dévoreur des finances publiques. Fort heureusement le consensus mondial sur les conditions de travail de l’enseignant met en première place le logement bâti, pour ensuite mentionner une solution alternative : une indemnité compensatrice permettant à l’enseignant d’être dans des conditions décentes pour les 70% de son travail professionnel.
La solution recherchée, celle du logement bâti, est susceptible d’alléger le poids budgétaire que constitue le coût du logement et pour les finances publiques et pour le portefeuille de l’enseignant. Dans le contexte actuel de mise en œuvre en cours de l’Acte III de la Décentralisation le problème est soluble. L’ambition peut en effet être, dans un premier programme, de constituer un patrimoine bâti de logements de fonction permettant de loger les deux tiers des cent vingt mille enseignants en exercice. Le maillage de l’espace scolaire et universitaire national en cités des enseignants constitue alors un marché que l’Etat peut se partager avec l’initiative privée. Il créera ainsi rapidement, avant même le terme de l’exécution d’un deuxième programme, la situation de logement des enseignants faisant de l’indemnité de logement un besoin exceptionnel. L’Etat détenteur du pouvoir règlementaire considérera alors ses intérêts de gestion économique en appréciant les situations sociales faisant solliciter l’indemnité de préférence au logement bâti.
L’enseignant logé aura la possibilité, grâce à cette situation, de réserver, dans son plan de vie, une place importante à la construction ou à l’achat personnels de son logement personnel. Le fait d’être logé en effet lui permettra de s’organiser pour réaliser cet élément important de son plan de vie qu’est la maison, pour tout citoyen.
Les exécutifs des collectivités locales pourront, avec dynamisme, contribuer à la réalisation de ces programmes pour les enseignants de manière que dans chaque ville, dans chaque collectivité locale de l’espace rural, il soit créé une cité des enseignants, concernant, selon la carte universitaire, aussi bien les enseignants de l’école élémentaire que les professeurs des collèges, ceux des lycées que ceux des universités lorsque la construction de celles-ci n’ aura pas satisfait tous les besoins en logements de leur corps enseignant.
Si l’Etat prend une telle option, celle de créer et d’enrichir son patrimoine bâti pour le logement dans chaque région, il rationalise ses dépenses pour le logement. Il construit alors, en des emplacements attribués par les conseils municipaux, les locaux pour le logement qui permettront de satisfaire l’importante demande que constituent les besoins des enseignants, sans que l’indemnité de logement ne crée désormais de conflit grave entre l’employé et son employeur, ni ne constitue une raison de paralyser le système scolaire au détriment du temps des études et de la qualité de la formation.
Ne pas loger l’enseignant, quel que soit le prétexte, ne supprime pas le droit au logement de l’enseignant parce qu’il est reconnu comme lié à la fonction enseignante. L’Etat, par conséquent, gagne en climat social en ne s’orientant pas vers la suppression autoritaire du droit au logement de l’enseignant. Il est de meilleure sagesse qu’il cherche plutôt à rendre gérable la satisfaction du droit au logement de ce grand corps de métier par lequel l’Etat renouvelle ses ressources humaines et la Nation perpétue ses valeurs et son idéal commun de vie commune que fortifient l’éducation et la formation.
En définitive, il est évident que satisfaire le droit au logement des enseignants n’a pas de solution unique consistant à définir un niveau moyen de l’indemnité et à l’attribuer à tous les enseignants. L’indemnité de logement pour les enseignants est une solution à incidence lourdement budgétaire chaque année.
L’Etat peut et doit se doter d’un patrimoine bâti qui lui permettra de disposer de logements décents pour les enseignants et de ne devoir plus que règlementer l’entretien, consacrant à cette fin des crédits à volume raisonnable. Attribuer l’indemnité au lieu du logement bâti sera alors une décision exceptionnelle que l’Etat, qui a le devoir de prévoir autant que possible les situations spéciales, se ménagera pour maîtriser le champ social dans le fonctionnement des services.
Dakar, le 04 mai 2015.
Madior DIOUF.