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Rapport de mission du Fmi : Le pire est à venir

Le gouvernement a toujours besoin d’argent, pour faire face à la baisse des recettes que la crise financière est en train d’occasionner, et qui va aller en s’aggravant. Mais, il aura aussi besoin de s’attaquer à d’autres goulots d’étranglement, longtemps négligés.


Rédigé par leral.net le Samedi 11 Avril 2009 à 14:25 | | 0 commentaire(s)|

Rapport de mission du Fmi : Le pire est à venir
S’il y avait besoin d’illustrer la situation difficile des finances publiques de l’Etat, l’épisode des actions de la Sonatel que l’on veut céder à France Télécom serait assez illustratif. Voilà en effet, que l’Etat cherche à renoncer à des rentrées d’environ 30 milliards de francs par an, l’équivalent des dividendes que lui rapportent ses actions Sonatel, pour un «cash» de 137 milliards de francs Cfa, montant de la transaction qu’il a passé avec France Télécom. Or, en vérité, ces 137 milliards de francs, ne représentent pas plus qu’un mois de recettes fiscales du Sénégal. Cette situation explique aussi, quelque part, que les pouvoirs publics n’aient pas trop voulu médiatiser le rapport de la dernière mission du Fmi au Sénégal, venue évaluer la mise en œuvre de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe), passé entre le gouvernement et le «gendarme» de la finance des pays pauvres et émergents.
Or, dans ce rapport, publié à l’issue de son séjour, le chef de la mission, M. Johannes Mueller, déclare que la crise financière internationale commence à faire sentir ses effets au Sénégal. Et, cela arrive à un moment où le pays peine à relever des effets de la crise économique et budgétaire vécue depuis l’année dernière. Et, contrairement aux prévisions optimistes de la mission précédente, qui prévoyaient un taux de croissance de 3,9% pour 2008, le chef de la mission a déclaré que, «en dépit d’une forte performance de l’agriculture, la croissance économique a chuté à 2,5% en 2008, près de moitié moins que le taux de croissance tendanciel. Il est prévu qu’elle s’élève modérément à environ 3 % en 2009, reflétant la reprise des opérations d’une entreprise importante de phosphates (Ics) et le règlement en cours des factures impayées du gouvernement».
Et, pour ce qui concerne l’année en cours, le même rapport de début décembre dernier, suscité, projetait des perspectives de 5,5% de croissance en moyenne, portée par le bâtiment, les transports et les télécommunications. Qu’est-ce qui s’est passé entre le 5 décembre 2008 et le 2 avril 2009, qui explique le pessimisme latent de M. Mueller et de son équipe ? Tout simplement que la crise financière internationale, tant prédite, est en train de prendre ses quartiers au Sénégal, enfin. Le chef de mission, patron direct de Alex Segura, déclare que les principaux «canaux de transmission» de ladite crise internationale sont «un déclin des transferts de fonds des expatriés, du prix des matières premières, de la demande externe et de l’investissement direct étranger».
En conséquence, il faudra s’attendre à une baisse des recettes, souligne-t-il. Mais sur ce point, Mueller et ses services n’ont pas été les premiers. Déjà, la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), dans ses dernières notes de conjoncture, signalait cette baisse des recettes. Même si elle est gênante, elle n’a pas encore atteint un niveau inquiétant. Or, le bradage massif des actions de la Sonatel, auquel l’Etat a l’intention de s’adonner, laisserait croire que la situation est devenue dramatique. Serait-ce parce que le fameux train de vie de l’Etat est en panne de carburant ? Or, le Fmi recommande, dans son rapport de mission, qu’il soit apporté une réduction sensible à ces fameuses «dépenses non prioritaires», telles qu’elles sont nommées, dans un langage très diplomatique.

Goulots d’étranglement
Les discussions sur le programme du Sénégal vont se poursuivre à Washington. Il faudrait espérer que les deux parties parlent, enfin, des véritables goulots d’étranglement à la croissance économique. Tous reconnaissent que le Sénégal ne pourra jamais se sortir d’affaire avec un taux de croissance de moins de 7%. Or, ce niveau semble chaque année, toujours plus lointain. Parce que les coûts de l’énergie, entre autres freins, sont toujours prohibitifs pour tous les secteurs de l’économie. Or, tout le monde sait qu’il est possible de réduire la charge de l’électricité sur le secteur productif de l’économie, et sur les ménages les plus pauvres, afin de booster les échanges. Mais cela, le Fmi semble ne pas trouver la nécessité de le dire.
De même, depuis un certain temps, le fameux «gendarme» a, semble-t-il, décidé de détourner chaque fois le regard, devant les crimes économiques qui s’opèrent. Le dernier en date étant la vente, en catimini, des actions de la Sonatel. Après avoir longtemps bloqué des quatre fers, le représentant du Fmi au Sénégal, Alex Segura, s’est-il épuisé et a-t-il laissé faire ? Au moment où l’Etat a besoin de mettre en valeur toutes ses niches de recettes, est-il sage de laisser faire les prédateurs ?
mgueye@lequotidien.sn

Alioune Diop