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Thiès : Décès du chanteur Adama Seck alias « Sécka »

Rédigé par leral.net le Samedi 3 Mai 2025 à 20:42 | | 0 commentaire(s)|

La capitale du Rail est plongée dans la tristesse et la consternation depuis le décès du musicien Adama Seck, dit Sécka, survenu ce samedi 3 mai 2025 à la mi-journée, des suites d’une maladie. Véritable monument de la musique, il était surnommé le « chanteur de toutes les générations ». Sécka a marqué l’âge d’or du « Royal Band » de Thiès aux côtés de figures emblématiques comme James Mapathé Gadiaga et Grock Sarr, chef d’orchestre. À cette époque, les mélodies thiessoises envoûtaient les mélomanes du Sénégal et d’ailleurs, qui affluaient chaque week-end vers la capitale du Rail pour vibrer dans des boîtes de nuit mythiques telles que « Sanghomar » ou « Poussin-Bleu ».

Adama Seck, illustre fils de Thiès, quitte un temps le « Royal Band » pour fonder son propre groupe, le « Super Royal ». Avec ce dernier, il sort son titre emblématique, « Samba Alaar », particulièrement prisé par les Sénégalais. Ce morceau, qui lui permet d’acquérir une maison et de connaître un succès tant artistique que financier, marque un tournant dans sa carrière. Seyelatyr, actuel chef d’orchestre du groupe, alors jeune recrue, raconte : « C’est avec cet album que Sécka a sillonné le Sénégal, jusqu’en Gambie. »

Sécka est également invité surprise à Bercy, où il interprète « Samba Alaar » aux côtés de Youssou Ndour, le « Roi du Mbalax ». Malheureusement, cet album ne verra jamais le jour. Un an plus tard, des tensions internes fragilisent le groupe, qui finit par se dissoudre. Seyelatyr explique : « J’ai quitté le groupe avec feu Jacky, le saxophoniste. La plupart des musiciens sont partis à Dakar ou à Saly Portudal. La gestion était chaotique, avec trop de musiciens. C’était l’anarchie. »

À cette période, Sécka traverse des moments difficiles, devenant presque invisible. En 2013, il confie à Seyelatyr : « Je remets tout entre tes mains. » Ce dernier devient chef d’orchestre et prend les rênes du groupe. Il signe un contrat avec « Le Palais des Arts », une boîte de nuit du groupe WaFlash à Thiès, pour changer d’environnement, le night-club « Le Gorom » n’attirant plus certains mélomanes.

Le groupe se remet au travail et sort un album de 12 titres accompagné de trois clips : « Kou nék ak beusseum », « Notre compagnon de toujours » (dédié à feu Jacky) et un morceau salsa, « Woma-woma », très apprécié. Ce renouveau redonne vie au « Super Royal », rebaptisé plus tard « Secka et les Damels ». Ce nom, initialement inspiré d’une marque de cigarettes, est ensuite « cayorisé » par Seyelatyr en « Les Damels », en hommage aux valeureux rois du Cayor, préférant la mort au déshonneur.

Sécka, un homme sobre et respecté

À Thiès, Sécka est perçu comme le « chanteur de toutes les générations ». Les musiciens locaux s’accordent à dire : « Quand les jeunes affluent en boîte, on dirait que Sécka vient de naître, comme un nouveau talent. Il a su s’adapter avec le temps, notamment grâce à son look et sa présence scénique. » Seyelatyr précise : « Il s’entraînait régulièrement pour rester en forme et garder la ligne. »

Contrairement aux rumeurs, Seyelatyr insiste : « Sécka n’a jamais touché à l’alcool. À Thiès, il était respecté de tous, en paix avec chacun. Toujours souriant, il discutait avec tous, même les enfants. Humble, accessible, pacifique, d’une simplicité attachante, il était aimé et estimé dans la ville aux deux gares. » Sécka participait à toutes les cérémonies familiales – décès, baptêmes, mariages – et observait pieusement le ramadan, malgré son aversion pour la faim.

Toujours jeune et dynamique, Sécka contrastait avec ses anciens collègues du « Royal Band ». Sa musique, célébrant le Cayor, le Rail et l’amour, était une source intarissable d’identité thiessoise. Pour Ndèye Ndiaye Dione, du quartier Diamaguène, expatriée à Louga, écouter Sécka lui permettait de retrouver ses racines : « Chaque note la ramenait à Thiès. »

Seyelatyr décrit Sécka comme un « chanteur typiquement thiessois, faisant résonner les harmonies du Cayor-Diankhène, le sifflement du train, l’âme du Rail ». Dans « Fiir », il promettait à sa fiancée « le Train et le Ghef de gare » en cadeaux. Seyelatyr ajoute : « Là où Sécka jouait, une clientèle fidèle et aisée de Thiès suivait, ne lésinant pas sur les moyens. »
 



Source : https://senemedia.com/annonce-80314-this-dcs-du-ch...